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Citations de Pascale Clark (38)


J'ai appris la nouvelle le 24 juin 2019, c'était un lundi, les éditions Flammarion vont me publier.
Crois-moi, je n'avais pas prévu de t'embarquer dans cette histoire, tu ne demandais jamais rien, surtout, ne pas déranger, j'en connais qui s'en sont contentés. Quelques personnes dont j'ignore tout vont te découvrir, Frania, telle que je te connais, tu sauras les séduire par ton humour et les toucher par ton humanité. J'espère que mes mots ne t'apparaissent pas trop impudiques, tu t'es toujours débrouillée pour te faire oublier, en faisant parler les autres, ça t'arrangerait bien qu'ils viennent vers toi pour recevoir tes conseils de vie, tu savais tellement bien écouter sans juger, ta modernité et ta tolérance faisaient merveille, pendant ce temps-là, tu ne parlais pas de toi.
Je n'avais pas réalisé en tentant d'écrire sur ma disparition qu'elle allait coïncider avec la tienne dans un mimétisme stupéfiant.
Ma très chère Frania, nous ne serons plus jamais muettes, tu parles d'une histoire.
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Ta mort ne m'a pas tuée, mais elle ne m'a pas rendue plus forte. Il n'y a pas de raison non plus, cessons de çroire aux citations sur parole, quand bien même elles viendraient de Nietzsche, quand bien même elles consoleraient nos destinées misérables d'humains condamnés.
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Ça va mieux.
J'ai repoussé plusieurs propositions commerciales m'offrant un joli chèque pour poser ma voix au service d'une marque. Même en vivant sur mes réserves, je tiens encore. Le journalisme est devenu une activité décriée, insultée, vilipendée, méprisée, moquée, pour de bonnes et de mauvaises raisons, il restera mon métier aussi longtemps que j'aurais les yeux verts et que je serai née à Paris.
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Je n'avais plus parle depuis quatorze mois, à la radio s'entend. Les bâtonnets des jours sans direct s'accumulaient sur les murs de ma cellule mentale jusqu'à dessiner les contours grandissants de l'espace perdu. Les mots me manquaient, je manquais de mots pour tenter de définir la nature du vide. Comment évoquer ce fil invisible qui m'avait reliée toute ces années, jour après jour, à ces autres êtres humains que je ne connaissais pas, un par un tous ensemble, connectés à l'aveugle ?
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On semblait se diriger vers une rapide overdose, l'information emportait tout sur son passage. La durée de vie médiatique de la mort de Jean d'Ormesson, parti la veille, ne s'était comptée qu'en quelques heures, un immortel aux yeux bleus venait de rater son départ tel un Jean Cocteau écrasé par la disparition quasi concomitante d'Edith Piaf. La mort simultanée pouvait tuer, l'actrice américaine Farah Fawcett en savait quelque chose depuis l'au-delà, victime d'une double peine infligée par Mickaël Jackson. La mort de Johnny écrasait tout, ses obsèques tombaient le jour où nous fêtions ton anniversaire.
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Une tristesse me saisit en pensant à tous ces talentueux réalisateurs désormais sous-employés, condamnés par dépit à calculer leurs points retraite. Le son ne se chasse plus sur le terrain, les reporters ont été remplacés par des opérateurs numériques et des community managers. Les GAFA n'ont pas trouvé grande résistance en imposant leur loi de géants : en ligne, le son seul ne vaut pas un sou ; en ligne, rien ne vaut qui ne se voie. Tant qu'à faire avec facilité, les programmes des radios sont confiés à des visages connus passant à la télé, la boucle du renoncement est ainsi bouclée. Il n'y a plus qu'à concevoir des émissions en kit destinées à être découpées en séquences à poster sur les réseaux sociaux.
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Les journalistes et animateurs, les gens de radio, conservaient encore l'essentiel : la tessiture de leur voix, pulvérisée sur les champs magnétiques, sans autre artifice que la puissance du mystère.
Aujourd'hui, plus un présentateur qui ne soit filmé, c'était bien la peine de fuir autant les plateaux télé. Les radios, désossées de leurs sons, ont renoncé à leur matière première brute et aux trésors d'imagination qu'elle véhicule. "À la radio, l'écran est plus grand qu'au cinéma", s'il vivait encore, Orson Welles aurait perdu La Guerre des mondes.
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Simone Veil est morte un 30 juin à son domicile à quelques jours de son 90ème anniversaire. Je me souviens avoir pensé ou l'autre cette chose-là finissait par arriver et que le savoir depuis le début n'aidait nullement à l'accepter.
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En grandes dramaturges des pleurs et lamentations, afin de repousser la complainte, nous aurions commence par nous moquer de la situation : en ce début d'année 2019, Marine Le Pen débordait de compassion en réaction aux actes antisémites à nouveau en recrudescence - "Je te jure, elle est à deux doigts de rebaptiser l'un de ses chats Mazeltov ...". La haine du Front devenu Rassemblement s'était trouvé une nouvelle proie, les crocs nationaux s'acharnaient désormais sur les musulmans et sur les migrants, les obsessions antisémites du père avaient été envoyé dans la poubelle des détails de l'Histoire, la mutation avait eu le mérite de payer - "Je t'assure, si elle n'était pas aussi nulle en économie, il y aurait vraiment de quoi s'inquiéter." Une autre blonde de la famille, plus jeune et plus dangereuse, attendait déjà en embuscade, elle avait viré son patronyme Le Pen sans que le totem Maréchal ne lui pose le moindre problème.
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La matinale en direct depuis Jérusalem et Ramallah, lui en Israël, moi dans les territoires occupés, lui non juif malgré son nom, moi oui malgré le mien, en stéréo comme à front renversé. 14,63 kilomètres nous séparaient. Les ondes tentaient de réparer les antagonismes fondamentaux dans cette région où se confondaient l'histoire et la géographie.
Rarement m'étais-je autant sentie au cœur de mon métier : sur le terrain, enregistrant le bruit ambiant et les pouls humains, le son comme matière première à l'écriture radio, les mots se chargeraient de prendre la main.
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J'apprends a écrire vite, à défaut de pouvoir développer un style, j'apprends à estimer la valeur de l'info, j'apprends à établir une hiérarchie, il fut un temps où le journalisme n'était pas plongé dans un maelström brûlant et impatient plaçant tout et son contraire au même niveau.
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Si la rue des Martyrs pouvait parler, elle raconterait la ligne de vie d'une jeune femme brune aux yeux clairs d'une trentaine d'années sillonnant son tracé jusqu'à quatre fois par jour dans les deux sens les jours d'école, la moitié du temps, la silhouette élégante donne la main à ses deux jeunes enfants.
Quand je tente d'imaginer ce que ma mémoire échoue à restituer avec netteté, je te dessine un sourire aux lèvres.
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De retour à Paris, je reprends ma passion naissante là où je l'ai laissée, un casque sur les oreilles. Mon dépucelage s'est passé l'année d'avant dans un petit appartement de Villejuif au sud de la capitale sur Radio Trans Hélium. Fréquence de ma première fois : 99, on dirait une position du Kama-Sutra.
François Mitterrand vient d'arriver au pouvoir et la FM libérée bande désormais légalement dans tous les coins. L'Etat perd son monopole radiophonique, les "périphériques" émettant depuis l'étranger (le Luxembourg pour Rzdio Luxembourg ancêtre de RTL, l'Allemagne pour Europe n°1, Monaco pour RMC, Andorre pour Sud Radio) observent le paysage hexagonal pulluler de nouvelles antennes à la puissance limitée, à la publicité interdite et à l'amateurisme enthousiaste.
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Je viens d'une époque révolue où les voix ne se filmaient pas et où les journalistes étaient crus. Je viens de l'avant-virtuel, quand les peaux avaient l'exclusivité des empreintes digitales.
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Je t’ai épargné ce boueux, ce climat ambiant dégoûtant, la décrépitude du débat public, les populismes devenus populaires... vivre sous Trump, Bolsonaro, Salvini ou sous Hanouna, subir ce monde badigeonné de vulgarité.
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"Je suis retournée m'asseoir près de toi, ce n'est pas parce que tu ne parlais pas qu'il fallait t'oublier. Tu commencais à fatiguer, le bruit, l'agitation, j'ai fait disparaitre l'image de Laetitia écrasant une larme. Nous en avions assez vu, le théâtre en direct passait décidemment mal à la télévision."
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Des petits déjeuners, des révisions, des voyages nocturnes en voiture où ma voix était là, chaque moment pointé à l’occasion d’une rencontre fortuite le réchauffait le cœur ou me le glaçait, c’était selon, les deux sentiments composaient la mixture, plaisir d’avoir partagé, tristesse de ne plus.
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Je sais bien que les vêtements portés me rappelleront ce jour- là pour l'éternité.
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Juifs et musulmans pourraient aisément trouver un terrain d'entente: la place misérable que leur religion accorde aux femmes.
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(...) remercier le personnel soignant admirable de dévouement sur un champs de ruine.
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