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Citations de Patrick Autréaux (159)


Sont-ils des saints ou des fous, ceux qui écrivent avec leur sang ?
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Le temps prend une amplitude et un rythme géologiques, quand on soigne : à la fois pressé et distendu, ralenti et tortu, il rend plus simple, natif en quelque sorte.
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Pendant la guerre d’Algérie, il était en fonction dans une municipalité remuante. Entre des affaires de convois d’appelés bloqués par les militants communistes, de querelles avec les autorités ferroviaires, de faiseuses d’anges, de gangs de faux-monnayeurs, il racontait une descente dans un foyer, supposé cacher des gars du FLN.
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En me disant au revoir, il m'a tenu par les yeux.
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Tout ce qu’il avait fait de noble, vraiment, les amis et les inconnus aidés ou sauvés sous l’Occupation puis à la Libération, son souci d’être juste, en privé et dans ses choix politiques, son ouverture d’esprit sans tapage, qui ne pouvaient le faire considérer ni comme un vieux con raciste ou réactionnaire, ni comme un beau parleur, dissonait douloureusement à cause de cette fêlure. J’avais souvent redouté d’entendre vibrer par là un mot inattendu contre moi.
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Il est bon de donner aux morts des idées pour se sauver.
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La lucidité m’avait toujours semblé la valeur suprême : après tant de morts, volontaires ou non, je m’appliquais à une docte ignorance et trottais dans les brumes en me dépiéçant pour désapprendre. J’écrivais comme un petit baudet, essayant de ne plus penser au visage de l’invisible ni à sa voix, éteignant mes intentions, n’attendant même plus d’être ébahi.
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Walden, terre d’asile dont la substance m’était si familière à cause de cette chair subtile — et magnétique comme certains corps, certaines peaux, certains visages — qui vient aux livres, lorsqu’ils s’enfoncent en nous en un puits de fumures, là où se discernent, flottant sur l’humus et dans la nuit, des ponts qui mènent vers le commun des expériences, vers cette vision sans image qui est clairvoyance, non seulement de ce qui unit les hommes mais de ce qui constelle silencieux leur univers.
Thoreau a un peu voyagé dans sa jeunesse et écrit le récit de ses marches dans le Maine, au Canada, sur le cap Cod. Mais Walden est l’œuvre d’un aventurier qui cesse de courir le monde pour y pénétrer — pour lui appartenir.
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Pour me rassembler, je relisais des passages de Walden, qui accompagnait sur ma table de travail les camarades des camps et les frères rudoyés par le large.
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Dans ces moments-là, j’étais agité par une de ces bourrasques déclenchées par les livres, qui, s’ils m’avaient apaisé bien des fois, me torturaient plus souvent encore.
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J’avais déjà renoncé à tout, je crois, à ce qui exigeait encore de naître, à devenir un jour écrivain. Des mécanismes intérieurs s’activaient, comme ceux qu’on imagine dans les temples et les sépultures antiques, qui font pivoter des cloisons pour livrer passage vers des galeries, des culs-de-sac et des sarcophages vides.
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Autant de passe-passe de la poésie qui transfiguraient des mots banals : cellule, nerf, tube, flux, vaisseau (que j’ai vu et entendu s’épanouir avec le plus d’étonnement, mêlant la mer et le sang, les grands fonds et l’horizon des nouveaux mondes, et secouant mon esprit pour le faire brasiller de joie et de gratitude) ; ou plus techniques : trochanter, défilé, scalène ou symphyse, mots qui embellissaient, malgré l’austérité de nos professeurs, les descriptions anatomiques ou physiologiques, et les extradaient des tripailles des cadavres que nous disséquions. Entre deux griffonnages de notes, ces visions me dictaient des poèmes.
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La littérature hagiographique est pleine de ces vainqueurs de la mort, qui font stigmates de leurs plaies, chassent les diables et apposent sur tout leur panacée.
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Kafka aussi venait me seriner sa leçon : il n’est de pire péché dans la vie intérieure que l’impatience.
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J’aurais voulu porter cette urgence à être dans l’esprit des gens que je voyais en consultation. On ne lance pas le brûlot chez ceux qui souffrent sans jouer aux apprentis sorciers. Et comment dire, sans en escamoter l’horreur et sans être indécent, la richesse terrible des désastres ? J’essayais bien de transmettre un je-ne-sais-quoi d’autre par mon visage ou ma voix. Les paroles ne suffisaient pas.
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Tant qu’avaient duré les traitements, j’avais accepté ma réclusion et ce repos forcés avec une certaine satisfaction : je méditais, je lisais, j’écrivais. Certes il y avait la maladie, mais grâce à elle j’allais m’engager sur une nouvelle route.
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Mourir est sans doute plus facile qu’on ne pense, mais je n’étais pas en train de mourir : je venais seulement d’apprendre que j’allais mourir. C’était plus compliqué à concevoir.
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En matière de destin, les dalles sur lesquelles on s’appuie pour comprendre sont suspendues dans le vide. On avance en suivant les marches d’un escalier qui, n’ayant ni haut ni bas, vallonne dans un pays brumeux, et dans sa propre histoire comme un lettré errant dans les montagnes.
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On écrit de partout au carmel normand. On vient sur ta tombe, on y apporte des offrandes et des demandes, on murmure des prières, c'est une chapelle de mots et de désirs, de petits objets, de souffrances qu'on dépose dans l'air ou sous forme d'une médaille, d'un papier, d'un stylo, d’un bouquet de violettes ou de roses, c'est aussi là qu'on sent se serrer contre soi des inconnus, morts ou vivants, exaucés ou déçus, qu'on attend son tour, car parfois la queue est impressionnante. Tu es engendrée de nouveau par tous ces gens qui t'ont lue ou souvent pas, qui savent que tu fais des miracles et se ruent vers Lisieux (c'est quand même moins loin que Lourdes pour bien des pèlerins, nouveau aussi), qui espèrent de toi des merveilles, toi qui te sentais impuissante et si éloignée des féeries. Ces gens viennent arracher une fleur au bord du cimetière, un brin d’herbe nourri par ta sainteté, ramasser un peu de terre, Ils attendent que tu renaisses. p. 65
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Ma grand-mère était morte après son pèlerinage. Mes parents avaient divorcé. On continuait de croire en toi. De n'importe quel médecin, on se serait détourné, on aurait crié au charlatan. Mais traversant les âges, plus ou moins dissimulé, restait cet attachement à ce qui, faute d’être une infaillible panacée, renfermait une étrange et vivante force. p. 44
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