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Citations de Patrick Süskind (621)


Maintenant il sentait qu'elle était un être humain, il sentait la sueur de ses aisselles, le gras de ses cheveux, l'odeur de poisson de son sexe, et il les sentait avec délectation. Sa sueur fleurait aussi frais que le vent de mer, le sébum de sa chevelure aussi sucré que l'huile de noix, son sexe comme un bouquet de lis d'eau, sa peau comme les fleurs de l'abricotier... et l'alliance de toutes ces composantes donnait un parfum tellement riche, tellement équilibré, tellement enchanteur, que tout ce que Grenouille avait jusque-là senti en fait de parfums, toutes les constructions olfactives qu'il avait échafaudées par jeu en lui-même, tout cela se trouvait ravalé d'un coup à la pure insignifiance.
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Et comme tous les scélérats de génie à qui un évènement extérieur trace une voie droite dans le chaos de leur âme, Grenouille ne dévia plus de l'axe qu'il croyait avoir trouvé à son destin. Il comprenait maintenant clairement pourquoi il s'était cramponné à la vie avec autant d'obstination et d'acharnement : il fallait qu'il soit un créateur de parfums. Et pas n'importe lequel. Le plus grand parfumeur de tous les temps.
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Pour Grenouille, il fut clair que, sans la possession de ce parfum, sa vie n'avait plus de sens.
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Les grandes conquêtes de l'esprit humain ont toutes leurs revers, elles valent toujours à l'humanité non seulement des bienfaits, mais aussi contrariétés et misère.

Première partie, Chapitre 11.
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Incompréhensible, ce parfum, indescriptible, impossible à classer d'aucune manière, de fait il n'aurait pas dû exister. Et cependant il était là, avec un naturel parfait et splendide. Grenouille le suivait, le cœur cognant d'anxiété, car il soupçonnait que ce n'était pas lui qui suivait le parfum, mais que c'était le parfum qui l'avait fait captif et l'attirait à présent vers lui, irrésistiblement.
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Grenouille était tout à fait détendu, sur son banc de la cathédrale Saint-Pierre, il souriait. […] Un moment, il resta assis, dans le calme du recueillement, aspirant à grands traits l'air saturé d'encens. Et de nouveau un sourire amusé flotta sur son visage : que ce Dieu avait donc une odeur pitoyable ! Qu'il était donc ridiculement mauvais, le parfum que répandait autour de lui ce Dieu. Ce n'était même pas de l'authentique encens, qui fumaillait dans ces casseroles. C'était un mauvais ersatz à base de bois de tilleul, de poudre de cannelle et de salpêtre. Dieu puait. Ce pauvre petit Dieu était puant. On l'escroquait, ce Dieu, ou bien il était lui-même un escroc, tout comme Grenouille — seulement bien plus mauvais !

Deuxième partie, Chapitre 32.
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Il aimait mieux laisser entière l'odeur de la mer, la conserver tout d'une pièce dans sa mémoire et en jouir sans partage. L'odeur de la mer lui plaisait tant qu'il souhaita l'avoir un jour dans tout sa pureté et en quantités telles qu'il puisse s'en soûler.
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Ce parfum unique était le principe supérieur sur le modèle duquel devaient s'ordonner tous les autres. Il était la beauté pure.
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Qui maîtrisait les odeurs maîtrisait le coeur des hommes.
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Son temps d'hibernation était terminé. La tique Grenouille bougeait de nouveau. Elle flairait l'air du matin. L'instinct de chasse le prit. Il avait à sa disposition la plus grande réserve d'odeurs du monde : la ville de Paris.
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A dater de ce jour, en revanche, il lui semblait savoir enfin qui il était vraiment : en l'occurrence, rien de moins qu'un génie ; et que sa vie avait un sens et un but et une fin et une mission transcendante : celle, en l'occurrence, de révolutionner l'univers des odeurs, pas moins ; et qu'il était le seul au monde à disposer de tous les moyens que cela exigeait : à savoir son nez extraordinairement subtil, sa mémoire phénoménale et, plus important que tout, le parfum pénétrant de cette jeune fille de la rue des Marais, qui contenait comme une formule magique tout ce qui fait une belle et grande odeur, tout ce qui fait un parfum : délicatesse, puissance, durée, diversité, et une beauté irrésistible, effrayante.
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Et plus tard, quand il apprit par des récits combien la mer était grande et qu'on pouvait voyager dessus pendant des jours sur des bateaux, sans voir la terre, rien ne le séduisit tant que de s'imaginer sur l'un de ces bateaux, perché à la cime du mât de misaine et voguant à travers l'odeur infinie de la mer, qui de fait n'était nullement une odeur, mais un souffle, une expiration, la fin de toutes les odeurs, et dans ce souffle il rêvait de se dissoudre de plaisir.
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[...] alors le flot de parfum devint une marée, elle le submergea de son effluve. Il fourra son visage sur sa peau et promena ses narines écarquillées de son ventre à sa poitrine et à son cou, sur son visage et dans ses cheveux, revint au ventre, descendit jusqu'au sexe, sur ses cuisses, le long de ses jambes blanches.
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Quand, ayant fini de prendre leur repas, les cannibales se retrouvèrent autour du feu, personne ne prononça un mot.
L'un ou l'autre éructait un peu, recrachait un petit bout d'os, faisait discrètement claquer sa langue, poussait d'un petit coup de pied dans les flammes un minuscule lambeau qui restait de l'habit bleu.
Ils étaient tous un peu gênés et n'osaient pas se regarder. Un meurtre ou quelque crime ignoble, ils en avaient tous au moins déjà un sur la conscience, hommes et femmes.
Mais manger un homme? Jamais de leur vie ils n'auraient pensé être capables d'une chose aussi affreuse. Et ils s'étonnaient d'avoir tout de même fait ça aussi facilement et de ne pas éprouver, cette gêne mise à part, la moindre trace de mauvaise conscience.
Au contraire ! Ils avaient bien l'estomac un peu lourd, mais le cœur était tout à fait léger. Dans leurs âmes ténébreuses, il y avait soudain une palpitation d'allégresse. Et sur leurs visages flottait une virginale et délicate lueur de bonheur. Sans doute était-ce pour cela qu'ils craignaient de lever les yeux et de se regarder en face.
Mais lorsqu'ils s'y risquèrent ensuite, d'abord à la dérobée, puis tout à fait franchement, ils ne purent s'empêcher de
sourire. Ils étaient extraordinairement fiers.
Pour la première fois, ils avaient fait quelque chose par amour.
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Ce parfum apothéotique, il entendait en laisser l'empreinte, comme avec un cachet, dans le fouillis de son âme noire, puis l'étudier minutieusement et dès lors se conformer aux structures internes de cette formule magique pour diriger sa pensée, sa vie, son odorat.
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Dans tout art, et aussi dans tout métier-...-le talent n'est presque rien, et l'expérience est presque tout, que l'on acquiert à force de modestie et de travail.
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Tout le malheur de l'homme vient de ne pouvoir rester seul dans sa chambre, là où est sa place. Dixit Pascal. Et Pascal est un grand homme, un Frangipani de l'esprit, un artisan dans le meilleur sens du terme, mais les gens de cette trempe ne font plus recette aujourd'hui. A présent, les gens lisent des livres subversifs, écrits par des huguenots ou des Anglais. Ou bien ils écrivent des libelles, ou de prétendues sommes scientifiques, où ils mettent en question tout et le reste. Rien de ce qu'on pensait n'est plus vrai, à les entendre; on a changé tout ça. Voilà que dans un verre d'eau nageraient de toutes petites bestioles qu'on ne voyait pas autrefois; et il paraît que la syphilis est une maladie tout ce qu'il y a de plus normale et non pas un châtiment de Dieu; lequel n'aurait pas créé le monde en sept jours, mais en des millions d'années, si du moins c'étaient bien lui; les sauvages sont des hommes comme nous; nos enfants, nous les éduquons de travers; et la terre n'est plus ronde comme naguère, elle est aplatie en haut et en bas comme melon - comme si ça avait de l'importance ! Dans tous les domaines, on pose des questions, on farfouille, on cherche, on renifle et on fait des expériences à tort et à travers. Il ne suffit plus de dire ce qui est et comment c'est : il faut maintenant que tout soit prouvé, de préférence par des témoins et des chiffres et je ne sais quelles expériences ridicules. Ces Diderot, d'Alembert, Voltaire, Rousseau, et autres plumitifs dont le nom m'échappe (il y a même parmi eux des gens d'Eglise, et des messieurs de la noblesse !), ils ont réussi ce tour de force de répandre dans toute la société leur inquiétude sournoise, leur joie maligne de n'être satisfaits de rien et d'être mécontents de toute chose en ce monde, bref, l'indescriptible chaos qui règne dans leurs têtes!
Où qu'on portât le regard, c'était l'agitation. Les gens lisaient des livres, même les femmes. Des prêtres traînaient dans les cafés. Et quand pour une fois la police intervenait et fourrait en prison l'une de ces signalées fripouilles, les éditeurs poussaient les hauts cris et faisaient circuler des pétitions, tandis que des messieurs et des dames du meilleur monde usaient de leur influence, jusqu'à ce qu'on libère la fripouille au bout de quelques semaines, ou qu'on la laisse filer à l'étranger, où elle continuait à pamphlétiser de plus belle. Et dans les salons, on vous rebattait les oreilles de la trajectoire des comètes ou d'expéditions lointaines, de la force des leviers ou de Newton, de l'aménagement des canaux, de la circulation sanguine et du diamètre du globe.
Et même le roi s'était fait présenter l'une de ces inepties à la dernière mode, une espèce d'orage artificiel nommé électricité : en présence de toute la Cour, un homme avait frotté une bouteille, et ça avait fait des étincelles, et il paraît que Sa Majesté s'était montrée très impressionnée. On ne pouvait imaginer que son arrière-grand-père, ce Louis-le-Grand qui méritait son nom et sous le règne béni duquel Baldini avait encore eu le privilège de vivre de nombreuses années, eût toléré qu'une démonstration aussi ridicule se déroulât sous ses yeux ! Mais c'était l'esprit des temps nouveaux, et tout cela finirait mal !
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Qu'il était donc ridiculement mauvais, le parfum que répandait autour de lui ce Dieu. Ce n'était même pas de l'authentique encens, qui fumaillait dans les casseroles. C'était un mauvais ersatz à base de bois de tilleul, de poudre de cannelle et de salpêtre. Dieu puait. Ce pauvre petit Dieu était puant. On l'escroquait ce Dieu, ou bien il était lui-même un escroc, tout comme Grenouille - seulement plus mauvais!
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Impossible ! C'est absolument impossible qu'un nourrisson soit possédé par le diable. Un nourisson n'est pas un être humain, cela n'en est que l'ébauche et son âme n'est pas encore formée. Par conséquent il ne présente pas d'intérêt pour le diable.
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Toutes ces grotesques disproportions entre la richesse du monde perçu par l'odorat et la pauvreté du langage amenaient le garçon à douter que le langage lui-même eût un sens ; et il ne s'accommodait de son emploi que lorsque le commerce d'autrui l'exigeait absolument.

Chapitre 5.
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