Citations de Paul C. Doherty (333)
- Voici ce que j'ai décidé, déclara le magistrat. Au printemps, je vous inviterai à Londres et vous présenterai à l'évêque. C'est l'un de mes amis et il ne sera que trop heureux de vous ordonner prêtre et de faire rédiger une lettre par ses scribes.
Ranulf frappa la table de ses gantelets cloutés.
- Je suis votre serviteur Sir Hugh, en temps de paix, comme en temps de guerre. Vous m'avez sauvé du gibet. Je vous dois la vie. Aucun pape, aucun roi, aucun prêtre ne pourra jamais annuler cette dette.
Le monarque retomba dans l'une se ses rêveries. Il s'était souvent demandé s'il pourrait enlever Ranulf à Corbett et les dresser l'un contre l'autre : Corbett avec son amour de la loi et son insistance pour donner aux cours de justice toute leur importance, et Ranulf qui, au contraire, croyait et l'exécution rapide et sommaire des félons, ce qu’Édouard appréciait.
Édouard tambourina des poings sur la table et rugit de rire.
- C'est merveilleux de vous revoir, Hugh ! sourit le souverain.
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- Nous pensions que vous étiez bon pour le dépositoire, Hugh ! Un carreau d'arbalète en haut de la poitrine ?
- Ranulfe-atte-Newgate, lui dit-il sans préambule, te souviens-tu de notre première rencontre ? Tu étais crasseux, affamé et prêt à monter dans la charrette du bourreau.
- Je m'en souviens tous les jours, Messire. De toute ma vie, je n'ai eu que deux amis : l'un que j'ai rencontré ce jour-là, et l'autre qui était le pauvre Maltote. Alors avant que vous n'éleviez des objections, souvenez-vous de Maltote. Cette putain avait réellement pensé finir ses jours dans un couvent confortable ! Justice a été rendue.
- J'ai exécuté la justice royale rétorqua Ranulf.
Il tira un parchemin de sous son pourpoint et le tendit au magistrat.
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Corbett parcourut l'ordre royal.
"Au sherif et aux baillis de la ville et de notre cité d'Oxford, aux proctors de l'université, salut ! Sachez que ce qu'accompli notre bien-aimé et loyal clerc, Ranulf-atte-Newgate, dans et autour d'Oxford, l'a été pour le bien de la Couronne et le bon gouvernement de notre royaume. Sous notre sceau, Teste me ipso Édouard, roi d'Angleterre."
Il n'existe ni groupes rebelles, ni conspirateurs parmi les templiers. Nous nous trouvons simplement en présence d'une tentative de discrédit à leur encontre, visant à ce que le roi dissolve l'ordre et aplanisse ainsi le chemin pour Philippe le Bel.
- J'ai besoin de vous ici, Hugh.
- Et mon épouse a besoin de moi à Leighton ! Vous m'avez donné votre parole Sire, vous, Édouard d'Angleterre, dont la devise est " Ma parole est mon honneur."
- C'est vrai... quelquefois... Et d'autres fois, non.
- Que dites-vous Messire ?
Le clerc ne se retourna pas, mais se contenta de hocher la tête. Ranulf fit une grimace et décocha un clin d’œil à Maltote.
- Notre vieux "Maître Longue Figure" et ses accès de mélancolie murmura-t-il.
- Hugh, revenez !
Le roi debout, balançait l'épée entre ses mains.
- vous n'êtes pas un pion, Corbett, mais vous me devez tout. Vous connaissez tous mes secrets. Je vous ai octroyé un bon manoir à Leighton et vous êtes riche, à présent. Maintenant, je vais vous offrir plus ! Agenouillez-vous !
Surpris, Corbett mit un genou en terre tandis que le monarque s'empressait de le toucher du plat de l'épée sur la tête et les épaules, avant de lui donner une petite tape sur la joue !
- Je vous fait chevalier !
Corbett et Craon se donnaient l'accolade et échangeaient le baiser de la paix. Ensuite, Craon recula, un rictus aux lèvres, et siffla entre ses dents :
- Un jour, Corbett, je vous tuerai !
- Vous essayerez Monsieur, et vous échouerez une fois de plus, comme vous l'avez fait récemment.
Édouard Ier d'Angleterre avait octroyé ce manoir de Leighton à Corbett, non seulement pour services rendus à la Couronne, mais aussi avoir mis sur pied des réseaux d'espionnage en Angleterre, Écosse, France et Flandre.Corbett avait accepté cette responsabilité avec plaisir, mais les renseignements qu'il avait rassemblés laissaient entrevoir d'autres problèmes. Il avait l'impression qu'ayant semé le vent, il allait récolté la tempête.
- Combien de temps resterez-vous ici ?
- Des mois répondit-elle. Assez longtemps pour que vous vous rétablissiez et m'épousiez !
Corbett en aurait crié de joie. Il eut l'impression que l'hiver s'achevait, que le printemps était enfin arrivé, et que grâce à Maeve, la vie méritait d'être vécue.
Mal à l'aise, l'évêque s'agit sur le banc de bois dure.
- Ce n'est pas Benstede, dit-il d'un ton tranchant qui est dangereux ; c'est vous et votre don pour découvrir la vérité !
Le roi tapota l'épaule de Corbett.
- Je vous souhaite un agréable séjour ici. Vous êtes un fidèle serviteur de la Couronne et vous avez choisi la voie qu'il fallait, quoi que vous en pensiez maintenant.
- Comment t'appelles-tu ? demanda Corbett.
- Ranuf. Et vous ?
La réplique avait fusé. La voix dure avait l'accent de la cité.
- Je suis Hugh Corbett, clerc à la Cour royale, et je détiens peut-être ta grâce.
.../...
- J'ai besoin de toi, pour me guider dans les égouts de cette ville, et je ne parle pas de ceux qui coulent sous nos pieds.
Burnell en serait resté là, s'il n'avait été agacé par l'air imperturbable du jeune clerc. Aussi jeta-t-il en guise d'avertissement :
- C'est une tâche dangereuse. Vous allez sonder des eaux boueuses ! Prenez garde que la vase et les herbes ne vous entrainent au fond et ne vous noient !
- Rien s'étonna l'officier. C'est tout ce que tu as à offrir ?
- C'est le mieux que je puisse faire, confirma Télamon en soutenant son regard. Je suis médecin, pas thaumaturge.
- Pourtant, j'ai entendu dire que tu savais ligaturer les veines, recoudre la chair, empêcher le sang de couler...
- Oui, je sais soigner ce qui a été frappé, cassé, coupé ou déchiré, mais la peau de ces hommes a été brûlée. Je ne peux pas la remplacer.
.../...
- Les blessures dues au feu sont incomparablement plus terribles que celles provoquées par le fer ou le bronze.
L'officier soupira et saisit le long et mince poignard qu'il avait devant lui.
- Que dois-je faire ?
Tu connais ton devoir, répondit Télamon.
- Et puis, quand il n'aura plus rien à t'apprendre ? demanda Télamon.
- Le sang n'a que trop coulé, murmura Alexandre. Je compte sur toi : après le coucher du soleil, porte-lui une coupe de ciguë. Qu'il descende dans les ténèbres de l'Hadès, ce renégat, que ceux qui l'ont précédé apprennent de sa bouche, que c'est Alexandre de Macédoine qui l'envoie !
Télamon songea aux morts qui s'entassaient sur le champ de bataille.
- Es-tu comme ton père, médecin ? Ne supportes-tu plus l'odeur du sang ?
Alexandre pencha la tête sur la gauche comme s'il voyait Télamon pour la première fois.
- Il y a un fossé entre nous murmura-t-il. Je le regrette, mais je me dois d'accomplir ma destinée.
- Le massacre de ces mercenaires en faisait-il partie ?
Alexandre se frappa le poignet, espiègle.
- Ce fut une faute... l'ivresse du sang née de la bataille, et je n'ai pas le pouvoir de revenir en arrière.