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Citations de Paul Guth (97)


Le téléphone à tué une des formes les plus exquises de l'esprit français : l'art épistolaire.
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Quand je vis, du dehors, la maison qui m'attendait, j'eu peur. Elle penchait si fort qu'elle ne pouvait, me semblait-il, que tomber. Mon collègue qui était du pays m'affirma qu'il connaissait dans la ville une centaine de maisons qui penchaient davantage. C'était le charme du Moyen Âge, que venaient photographier les touristes. Ma propriétaire aussi penchait. C'était une vieille dame, veuve d'un général. Elle se propulsait en avant par un déboîtement qui, à chaque pas, inclinait son corps selon un angle dangereux. Les lois de la pesanteur exigeaient qu'elle tombât. Par un miracle dont elle ne semblait pas étonnée, elle restait debout.
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L’école n’a pas à endoctriner, elle n’a pas d’avantage à se poser en rivale de la famille.
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Dans ma naïveté des débuts, j'ai cru qu'on faisait le professorat pour poursuivre, en enseignant, une aventure artistique. Il me semblait inadmissible qu'on enseignât le dessin ou la musique sans faire de la peinture ou de la musique. Or, parmi mes camarades d'études du professorat de dessin, deux seulement ont continué à peindre.
Mon enseignement est vécu. Il sera d'autant plus riche que mes élèves se rendront compte que leur professeur ne se borne pas à les endoctriner de haut, mais qu'il vit avec eux la même aventure.
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Autrefois, les illettrés étaient ceux qui n'allaient pas à l'école .Aujourd'hui, ce sont ceux qui y vont .
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J'avais fini mon service militaire. J'attendais ma nomination de professeur.
" Ah ! soupirait mon père, si tu t"étais contenté de la licence, tu aurais pu rester ici !..."
Mon agrégation lui causait des soucis. D'une part il s'en montrait fier. J'étais le seul intellectuel de la famille et il trouvait très beau qu'en République le fils d'un mécanicien pût, à coups de bourses, être agrégé.
" Les agrégés, expliquait-il à ses amis, deviennent ministres, écrivains, ou présidents du Conseil..."
Il avait lu un article de la Petite Gironde qui citait Jules Romains, Daladier, Herriot...Il s'imaginait peut-être que le président de la République et l'Académie consultaient chaque année les listes d'agrégation et distribuaient les portefeuilles et les fauteuils suivant le classement.
Mais il restait une tristesse, que mon père gardait pour lui. Ou qu'il partageait avec ma mère, dans ces conversations secrètes qu'un fils ne connaît jamais tout à fait. Cette agrégation allait peut-être "me rendre fier".
(incipit)
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Je découvris avec tristesse que ma chaire ne comportait pas une caisse en bois pleine. Le prestige ordonne de cacher les jambes. L'Eglise et la Justice le savent. Elles enveloppent de robes leurs prêtres et leurs juges. Un cardinal et un président de la Cour de Cassation dont on verrait les mollets ne représenteraient plus ni Dieu ni Thémis.
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Les mots -bouche- et -cuisse m'avaient toujours ému. -Cuisse- à cause de ses deux s, qui reproduisent le glissement, l'une contre l'autre, des cuisses satinées des femmes. -Bouche- à cause de la chaleur du ou, suivi du ch, qui reproduit la moiteur des lèvres qui se mêlent.
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On a comparé jadis les Français à des coqs. De Gaulle les verra en veaux. Moi en taupes. La taupe est un petit mammifère aux yeux minuscules qui n'y voit goutte. Elle vit sous terre en creusant des galeries.
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Oui, les femmes sont les égales de l'homme. Mais, de grâce, Qu'elles ne deviennent pas leurs singes !
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Le latin nous aide à connaître profodément le français dans ses secrets.
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Un jeudi matin j'allais sonner à la porte du docteur Fachot. L'ascenseur était détraqué. Je gravis les trois étages à pied. J'arrivai essoufflé. Une bonne m'introduisit dans un salon orné de quelques toiles abstraites. L'une représentait des espèces d’œufs brouillés au fromage, qui étaient peut-être un portrait d'aïeule. Une autre, deux tire-bouchons chevauchant un clou.
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Paul Guth
La chance ,c'est ce qu'on ne mérite pas .
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Se tenir debout exige un effort. De tous les animaux, l'homme est le seul qui l'ait réussi. Un miracle d'équilibre et d'énergie. Une civilisation d'équilibriste.
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"Faire l'amour". Aux temps de la pudeur, qui, pour mon bonheur, se prolongent encore en moi, ces mots me hérissaient. L'amour est un sentiment. On peut inspirer de l'amour, éprouver de l'amour. Mais comment le "faire" ? Dit-on "faire la pitié", "faire la joie" ?
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Les traditions de culture dans une famille peuvent encourager les descendants à imiter les ancêtres ou, au contraire, les écraser. Les fils des grands hommes sont souvent médiocres. Accablés au berceau par la gloire paternelle, ils se recouchent et dorment.
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- « C’était le plat préféré de Simplicissimus » annonça fièrement Scylla en posant une soupière ventrue sur la table de l’office
- « Ouais, ce qu’il préférait, c’était te le jeter à la figure lorsqu’il trouvait que tu lui en servais un peu trop souvent » corrigea fielleusement Charybde
- « Le brave homme » soupira Scylla, « toujours le geste pour rire ! Ce qu’on a pu s’amuser avec lui ! »
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J'avais fini mon service militaire. J'attendais ma nomination de professeur.
"Ah! soupirait mon père, si tu t'étais contenté de la licence, tu aurais pu rester ici!..."
Mon agrégation lui causait des soucis. D'une part il s'en montrait fier. J'étais le seul intellectuel de la famille et il trouvait très beau qu'en République le fils d'un mécanicien pût, à coup de bourses, être agrégé.
"Les agrégés, expliquait-il à ses amis, deviennent ministres, écrivains, ou présidents du Conseil..."
Il avait lu un article de La Petite Gironde qui citait Jules Romains, Daladier, Herriot... Il s'imaginait peut-être que le président de la République et l'Académie consultaient chaque année les listes d'agrégation et distribuaient les portefeuilles et les fauteuils suivant le classement.
Mais il restait une tristesse, que mon père gardait pour lui. Ou qu'il partageait avec ma mère, dans ces conversations secrètes qu'un fils ne connaît jamais tout à fait.
Cette agrégation allait peut-être "me rendre fier". Les instruments de mon élévation étaient les livres. Ces grimoires risquaient de m'éloigner de mes parents. Mon père les contemplait avec une admiration mêlée de terreur.
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Lui était une espèce de gnome en tricot de corps. Ses bras avaient la minceur de deux nouilles moisies. Ses omoplates saillaient dans le décolleté du tricot avec la netteté démonstrative de la planche "Squelette (vu de dos)" dans les livres d'anatomie. Autour de son crâne en œuf volaient des petits poils gris souris. Sa bouche où crevait une bulle se tordait dans un rictus.
Elle était aussi fluette que lui. Mais avec un acharnement d'avidité. Un chignon formait au haut de son crâne une pomme de chou. Des joues avalées, des dents que l'on devinait tremblotantes et, répandu sur tout son visage, un air d'égarement. J'aurais voulu toucher ce chignon. Il aurait explosé peut-être.
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Autrefois, émanant des siècles de culture, fleurissait le système "ne dites pas, mais dites". Une société trônant sur des certitudes édictait un code grammatical. Un manichéisme du langage : les mots corrects, les mots incorrects. La morale se prolongeait dans le langage : le bien et le mal, la lumière et l'ombre.
Le langage tenait lieu de carte d'identité. Plus que la vêture, il révélait votre condition sociale. Et votre culture, votre attitude à l'égard de la société, de ses lois, de sa religion, de son Dieu. Prononcer certains mots équivalait à une condamnation pénale. Au figuré, chaque Français avait un casier grammatical, symétrique de son casier judiciaire. Si l'un était vierge, l'autre aussi.
En classe, le professeur, gardien de la paix du vocabulaire, faisait circuler les mots selon des préceptes stricts. De sa règle, glaive flamboyant, cet archange du bien grammatical barrait au Diable l'accès du paradis des mots. D'un "Vade retro, Satanas!" grommelé dans sa barbe, il repoussait les mots incorrects, les mots vulgaires, les "gros mots", lépreux offusquant le soleil.
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