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Citations de Paul Virilio (51)


Paul Virilio
L'image virtuelle, c'est la machine qui voit, qui sent à votre place et vous liquide en tant qu'être actif au profit d'un être passif.


(Le Monde de l'éducation - Juillet - Août 2001)
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Paul Virilio
La photographie a ouvert des horizons illimités à la pathologie du progrès, puisqu'elle nous a incités à déléguer à la multitude de nos machines de vision le pouvoir exorbitant de regarder le monde, de le représenter, de le contrôler.
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Paul Virilio
Nous sommes dans une société où le tempo est donné par l'ordinateur. Or, le temps humain n'est pas le temps des machines. Avant, le temps humain, c'était le passé, le présent, le futur. Aujourd'hui, c'est du 24/24, du 7 jours sur 7, c'est l'instantanéité. Ça explique combien il est difficile de vivre, de tout concilier, ça explique les suicides professionnels... Il ne faut pas que le réflexe remplace la réflexion. Il faut se laisser le temps de réfléchir, le temps d'aimer...
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Paul Virilio
La fin du monde est un concept sans avenir.
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Aujourd'hui, les nouvelles technologies véhiculent un certain type d'accident, et un accident qui n'est plus local et précisément situé, comme le naufrage du Titanic ou le déraillement d'un train, mais un accident général, un accident qui intéresse immédiatement la totalité du monde. Quand on nous dit que le réseau Internet a une vocation mondialiste, c'est bien évident. Mais l'accident d'Internet, ou l'accident d'autres technologies de même nature, est aussi l'émergence d'un accident total, pour ne pas dire intégral. Or cette situation-là est sans référence. Nous n'avons encore jamais connu, à part peut-être, le krach boursier, ce que pourrait être un accident intégral, un accident qui concernerait tout le monde au même instant.
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La globalisation des échanges n’est donc pas économique, comme on se plaît à le répéter depuis l’essor du marché unique, elle est d’abord écologique et intéresse non pas uniquement la pollution des substances, avec, par exemple, l’effet de serre atmosphérique, mais aussi la pollution de distances et des délais qui composent le monde de l’expérience concrète.
Autrement dit, la globalisation concerne l’effet de serre dromosphérique de l’enfermement dans l’accélération limite des télécommunications.
« Le temps du monde fini commence », décrétait Paul Valéry dès les années 20. Avec les années 80, le monde du temps fini débute. Devant cette finition intempestive de toute durée localisée, l’accélération de l’histoire récente vient buter contre le mur du temps réel, ce temps mondial et universel qui supplantera, demain, l’ensemble des temps locaux qui avaient su faire l’Histoire.
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À propos de cette réduction des distances, vous écrivez dans
La Vitesse de libération : «la mesure est dans mon âme.»
Pouvez-vous préciser votre pensée à ce sujet?

Le monde est au-dedans de nous avant d'être au-
dehors de nous. Mais s'il est réellement au-dehors,
dans la géographie et dans l'espace-monde, il l'est
aussi à travers ma conscience du monde. Cette
conscience du monde, à moi qui me déplace, qui
suis animé, c'est mon mouvement et la nature de
mon mouvement. Un homme qui vit enfermé
dans un espace d'horizon restreint, comme beau-
coup de paysans du Moyen Age, n'a pas la même
conscience du monde que celui qui va aux anti-
podes en quelques heures. La mapping-mental, la
carte mentale, évolue avec la révolution des trans-
ports et la révolution des transmissions. Plus je vais
vite au bout du monde, plus j'en reviens vite et plus
ma carte mentale se réduit à rien. Aller à Tokyo
dans le même temps qu'il faut pour descendre à
Naples en train a réduit mon monde d'une façon
définitive. Je ne peux plus avoir la vision mentale
du monde que j'avais avant d'aller à Tokyo en
quatorze heures. Quand, par la suite, j'ai fait une
téléconférence à Tokyo avec huit heures de déca-
lage horaire, ma carte mentale a subi une nouvelle
contraction tout aussi définitive.

La mesure du monde est notre liberté. Savoir que
le monde autour de nous est vaste, en avoir
conscience, même si on ne pratique pas ce monde,
est un élément de la liberté et de la grandeur de
l'homme. Howard Hughes, qui a vécu le tour du
monde en quelques heures, est arrivé à un état
d'inertie mentale et de perte du rapport au monde.
Cela a d'ailleurs été pathologique chez lui. Il a été
un homme-planète et a identifié le monde à son
corps au point de ne plus souhaiter bouger de son
desert-in, l'hôtel de Las Vegas, puis de mourir
comme un malade mental...

La menace, et c'est cela le grand renfermement,
c'est d'avoir dans la tête une Terre réduite. Une
Terre constamment survolée, traversée, violée
dans sa grandeur nature et qui, par là même,
me détruit, moi, l'homme-planète qui n'a plus
conscience d'une étendue quelconque. Bien des
astronautes qui ont tourné autour de la Terre en
orbite ont éprouvé une sorte de vertige dans leur
propre relation à eux-mêmes. La conquête de l'es-
pace a été une expérimentation du délire de la
perte de la Terre. Non pas de la fin de la Terre,
mais de la perte mentale..
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La mondialisation par la vitesse est une incarcération, y disparaît l'attente de la découverte. (13)
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Paul Virilio
À côté de la pollution des substances (dont traite l’écologie « verte »), il y a une pollution des distances : le progrès réduit à rien l’étendue du monde. Il y a là une perte insupportable, qui sera bien plus rapide que la pollution des substances. Et qui aura des conséquences autrement plus drastiques que celles relevées par Foucault à la suite du grand enfermement — la réalisation du grand enfermement, de l’incarcération du monde, dans un monde réduit par l’accélération des transports et des transmissions. Pour moi, l’écologie grise remet en cause la grandeur nature.

Entretien avec Jean Luc Evard, décembre 2008
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… on en arrive au nouveau nursage technologique proposé au monde par une nation américaine entrée en plein délire globalitaire. Et cela, simplement parce que la publicité de ses vieux produits traditionnels (Coca, jeans, Hollywood, Mickey, etc.) offre paradoxalement l’image d’un pays jeune !...Jeune ou plutôt infantile.
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Il semble utile de dénoncer la confusion soigneusement entretenue entre le savant et le champion, l’aventurier qui se porte avec violence à l’extrémité de ses limites physiques et l’homme de laboratoire qui s’aventure, à son tour, jusqu’aux limites éthiques celles-là, celui qui éprouve l’exaltation de jouer, plus que sa propre mort, celle du genre humain !
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Paul Virilio
Pour l’instant, la globalisation est un phénomène d’endo-colonisation. Et le colonisateur, c’est la vitesse, engendrée par le progrès de la technique (transports, transmissions, etc.). C’est le pouvoir de la vitesse, qui nous enferme, nous conditionne. C’est en ce sens que c’est une musicologie, un envoûtement.

Entretien avec Jean Luc Evard, décembre 2008
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Paul Virilio
Ce qui est en cause dans le progrès, c’est une accélération sans décélération, c’est-à-dire une hubris, une démesure.

Entretien avec Jean Luc Evard, décembre 2008
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Ainsi, derrière la propagande libertaire pour une démocratie directe (live), susceptible de renouveler la démocratie représentative des partis politiques, se met en place l’idéologie d’une démocratie automatique où l’absence de délibération serait compensée par un « automatisme social » semblable à celui du sondage d’opinion ou à la mesure d’audience de la télévision.
Démocratie-réflexe et sans réflexion collective, où le conditionnement l’emporterait sur la « campagne électorale », et où le caractère « démonstratif » du programme des partis céderait le pas au caractère strictement « monstratif » et spectaculaire d’un dressage des comportements individuels dont la publicité a depuis longtemps testé les paramètres.
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Si la vérité est ce qui est vérifiable, la vérité de la science contemporaine est moins l’ampleur d’un progrès que celle des catastrophes techniques qu’elle provoque.
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Chacun le sait, si ce qui est excessif est insignifiant, « une science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et une technoscience sans conscience de sa fin prochaine n’est jamais un sport qui s’ignore !
« Sports de l’extrême », ceux où l’on risque volontairement la mort, sous prétexte d’atteindre une performance-record.
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Emprise et piège du direct :
Nous vivons dans une société de communication liée aux ondes électro-magnétiques qui permettent le direct. Les technologies offrent une téléprésence au monde entier. Avec leurs pancartes en anglais, les protestataires de la place Tian'anmen ou de la place Rouge manifestent pour nous. Et nous, assis chez nous, nous manifestons avec eux.

A cet instant précis de l'histoire, se pose une question cruciale : peut-on démocratiser l'ubiquité, l'instantanéité, l'omnivoyance et l'omniprésence qui sont justement les apanages du divin, autrement dit de l'autocratie ?
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Face à la peur absolue, j’oppose l’espérance absolue
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[La danse est], rappelons-le, le premier langage, avant sa forme phonique... (101)
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Paul Virilio
Je considère qu’après la dissuasion militaire (Est-Ouest), qui a duré une quarantaine d’années, nous sommes entrés, avec la mondialisation, dans l’ère d’une dissuasion civile, c’est-à-dire globale. D’où les interdits si nombreux qui se multiplient aujourd’hui (exemples : un des acteurs de La Cage aux folles déclarant qu’aujourd’hui on ne pourrait plus tourner ce film ; oumon ami Éric Rohmer à qui son film, L’Astrée, a valu un procès, un président de conseil régional l’attaquant pour avoir déclaré que L’Astrée — le film — n’a pu être tourné sur les lieux du récit engloutis par l’urbanisation, tu te rends compte ?). Donc je suis très sensible au fait que nous sommes des Dissuadés.

Entretien avec Jean Luc Evard, décembre 2008
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Paul Virilio
On va là vers une révolution de l’emport, pas du transport, de l’emport, je veux dire : la quantité déplacée. Il y a là quelque chose qui a été vécu dans la déportation et l’extermination nazie. Il ne faut jamais oublier — etlà je suis d’accord avec R. Hillberg — que la déportation est plus importante que l’extermination. C’est la déportation qui a mené à l’extermination. Le mouvement de déplacement de population a été l’origine de l’extermination.

Entretien avec Jean Luc Evard, décembre 2008
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