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EAN : 9782909317212
108 pages
Textuel (01/12/1996)
3.93/5   7 notes
Résumé :
Ce premier ouvrage critique sur les conséquences de la « déferlante virtuelle » fait désormais figure de référence. Paul Virilio est l'une des rares sentinelles à oser dénoncer les dangers d'Internet. S'insurgeant contre le fantasme de la démocratie virtuelle, il lance ici un véritable appel à la résistance. Il réfléchit à haute voix sur les conséquences morales, politiques et culturelles de l'accélération du temps mondial, le cybermonde.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation

À propos de cette réduction des distances, vous écrivez dans
La Vitesse de libération : «la mesure est dans mon âme.»
Pouvez-vous préciser votre pensée à ce sujet?

Le monde est au-dedans de nous avant d'être au-
dehors de nous. Mais s'il est réellement au-dehors,
dans la géographie et dans l'espace-monde, il l'est
aussi à travers ma conscience du monde. Cette
conscience du monde, à moi qui me déplace, qui
suis animé, c'est mon mouvement et la nature de
mon mouvement. Un homme qui vit enfermé
dans un espace d'horizon restreint, comme beau-
coup de paysans du Moyen Age, n'a pas la même
conscience du monde que celui qui va aux anti-
podes en quelques heures. La mapping-mental, la
carte mentale, évolue avec la révolution des trans-
ports et la révolution des transmissions. Plus je vais
vite au bout du monde, plus j'en reviens vite et plus
ma carte mentale se réduit à rien. Aller à Tokyo
dans le même temps qu'il faut pour descendre à
Naples en train a réduit mon monde d'une façon
définitive. Je ne peux plus avoir la vision mentale
du monde que j'avais avant d'aller à Tokyo en
quatorze heures. Quand, par la suite, j'ai fait une
téléconférence à Tokyo avec huit heures de déca-
lage horaire, ma carte mentale a subi une nouvelle
contraction tout aussi définitive.

La mesure du monde est notre liberté. Savoir que
le monde autour de nous est vaste, en avoir
conscience, même si on ne pratique pas ce monde,
est un élément de la liberté et de la grandeur de
l'homme. Howard Hughes, qui a vécu le tour du
monde en quelques heures, est arrivé à un état
d'inertie mentale et de perte du rapport au monde.
Cela a d'ailleurs été pathologique chez lui. Il a été
un homme-planète et a identifié le monde à son
corps au point de ne plus souhaiter bouger de son
desert-in, l'hôtel de Las Vegas, puis de mourir
comme un malade mental...

La menace, et c'est cela le grand renfermement,
c'est d'avoir dans la tête une Terre réduite. Une
Terre constamment survolée, traversée, violée
dans sa grandeur nature et qui, par là même,
me détruit, moi, l'homme-planète qui n'a plus
conscience d'une étendue quelconque. Bien des
astronautes qui ont tourné autour de la Terre en
orbite ont éprouvé une sorte de vertige dans leur
propre relation à eux-mêmes. La conquête de l'es-
pace a été une expérimentation du délire de la
perte de la Terre. Non pas de la fin de la Terre,
mais de la perte mentale..
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Aujourd'hui, les nouvelles technologies véhiculent un certain type d'accident, et un accident qui n'est plus local et précisément situé, comme le naufrage du Titanic ou le déraillement d'un train, mais un accident général, un accident qui intéresse immédiatement la totalité du monde. Quand on nous dit que le réseau Internet a une vocation mondialiste, c'est bien évident. Mais l'accident d'Internet, ou l'accident d'autres technologies de même nature, est aussi l'émergence d'un accident total, pour ne pas dire intégral. Or cette situation-là est sans référence. Nous n'avons encore jamais connu, à part peut-être, le krach boursier, ce que pourrait être un accident intégral, un accident qui concernerait tout le monde au même instant.
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Car le propre de la vitesse absolue, c’est d’être aussi le pouvoir absolu, le contrôle absolu, instantané, c’est à dire un pourvoir quasi divin. Aujourd’hui, nous avons mis en oeuvres les trois attributs du divin : l’ubiquité, l’instantanéité, l’immédiateté, l’omnivoyance, et l’omnipuissance. p 17
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Il faut désormais essayer de repérer ce qui est négatif dans ce qui semble positif. Nous le savons, nous ne progressons à travers une technologie qu’en reconnaissant son accident spécifique, sa négativité spécifique… p 12
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La question de la vitesse est une question centrale qui fait partie de la question de l’économie. La vitesse est à la fois une menace, dans la mesure où elle est capitalisée, tyrannique et, en même temps, elle est la vie même. On ne peut pas séparer la vitesse de la richesse. Si l’on donne une définition philosophique de la vitesse, on peut dire qu’elle n’est pas un phénomène, mais la relation entre les phénomènes. p 14
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Vidéo de Paul Virilio
Ingénieur agronome, docteur en histoire des sciences et docteur en théologie, Jacques Arnould s'intéresse aux relations entre sciences, cultures et religions, avec un intérêt particulier pour deux thèmes : celui du vivant et de son évolution et celui de l'espace et de sa conquête. Il a consacré plusieurs ouvrages et articles d'histoire ou de théologie au domaine du vivant. Suite à la poussée de fièvre créationniste en France, à partir de janvier 2007, il a été sollicité par différents milieux, scientifiques, pédagogiques ou religieux, pour informer les publics de l'existence des courants créationnistes, de leur histoire, des questions qu'ils posent à nos sociétés. L'année 2009, consacrée à Darwin, a montré comment les idées de ce savant et de ses successeurs continuent à interroger nos contemporains et les invitent à des interrogations plus philosophiques. Il est également expert éthique au Centre national d'études spatiales (CNES), un poste encore un peu unique dans le monde de l'astronautique. Pourtant, cela rejoint une vraie attente de la part du public, mais aussi des acteurs et des dirigeants, leurs motivations ne pouvant en effet plus être les mêmes qu'il y a quarante ou cinquante ans.
Conférence : Construisons-nous notre propre cachot ? 30 juin 2022, 16h - 16h45 — Amphi 34A
Paul Virilio était maître-verrier, mais il ne s'est pas contenté d'habiller de lumière le vide creusé dans nos édifices de pierre et de verre. Sa pensée, aussi élégante qu'une voûte gothique, aussi audacieuse qu'un voile de béton, a scruté, critiqué, analysé nos constructions techniques, sociales et politiques jusque dans leurs recoins les plus cachés, leurs fondations les plus fragiles, leurs zones les plus dangereuses. Il a rappelé la finitude de notre monde, ce cachot dont parlait Blaise Pascal ; il a dénoncé les dérives de la technologie, les excès de la vitesse ; il a annoncé les accidents, les catastrophes à venir. Il a aussi échafaudé des plans pour habiter le vide, pour construire le futur. Il avait pour devise : « Rien derrière, tout devant. »
+ Lire la suite
>Processus sociaux>Changements sociaux>Causes du changement (acculturation, catastrophes naturelles, progrès techniques) (137)
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