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Critiques de Pavel Vilikovsky (16)
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Un chien sur la route

Un auteur considéré comme le plus grand écrivain contemporain slovaque, un protagoniste, "intellectuel slovaque obsédé par Thomas Bernhard", un de mes auteurs de prédilection et un titre insolite, il n'en fallait pas plus pour que fascinée, je me jette sur ce livre.



Le narrateur est " un revendeur ambulant de Littérature slovaque", un éditeur à la retraite qui parcourt l'Europe pour la promotion des auteurs de son pays lors d'événements littéraires, qui lui sont désormais accessibles depuis la chute des barbelés. Donc nous sommes dans l'ère " post-communiste ", suite à la révolution de velours de 1989, dans un bourbier politique encore moins net qu'avant. L'autre avait au moins un nom, celui-ci c'est carrément le "no man's land". Qu'est-ce un Slovaque, pour un allemand, un autrichien, un français, un italien...dans cette nouvelle donne ? À travers ses pérégrinations en Europe, surtout en Allemagne et en Autriche, notre narrateur en vient souvent à cette question face à l'attitude indifférente et souvent ignorante des personnes vis-à-vis de son identité slovaque. Surtout que même lui semble indécis sur cette identité longtemps noyée dans celle hongroise, par la suite tchèque.



Première rencontre avec Vilikovski à l'humour pince-sans-rire, qui nous déballe ici les états d'âme d'un éditeur slovaque, mais surtout son propre amour pour la Littérature. Une Littérature qu'il a défendu bec et ongles même sous le communisme, roulant la censure, car il voulait "simplement que les lecteurs n'oublient pas que réfléchir est une belle chose". Mais il désespère du monde actuel où les lecteurs de la vraie Littérature sont une minorité et dont le nombre diminue inexorablement, par commencer dans son propre pays. Il répète à volonté dans le texte la question (clin d'oeil à Thomas Bernhard ) , " L'écrivain a-t-il besoin d'un monde qui n'a pas besoin de l'écrivain ?, à laquelle il finira par répondre, "Le monde n'a pas besoin d'écrivains, mais ce n'est pas de sa faute."



Avec un humour cynique, sans lésiner sur ses mots il ( le narrateur, Pavel ?) expose sous une lumière crue, aussi bien sa vie privée, pas des plus réussies, que la situation désastreuse de son pays à l'ère post-communiste ("La démocratie est aussi utile pour les Slovaques qu'un cure-dent à une vieille édentée "), y ajoutant une critique acerbe de ses compatriotes et collègues du milieu littéraire, sans épargner sa propre personne. Quand à son obsession pour Thomas Bernhard et son impitoyable haine envers l'Autriche et les autrichiens, il s'en sert surtout ici pour maintenir la verve de sa critique envers ses propres compatriotes et son pays.

Sans aucun doute un grand auteur et un beau livre riche en réflexions et références, à découvrir .



"Je ne sais pas si je suis le premier homme ou le dernier chien."

Youri Gagarine



Un grand merci aux éditions Phébus et NetGalleyFrance pour l'envoie de cet excellent livre et la découverte de ce grand auteur !

#UnChienSurLaRoute #NetGalleyFrance







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Un chien sur la route

Sur la route, le narrateur (double de l'auteur?) s'y est lancé peu de temps après la chute du Mur de Berlin et la Révolution de Velours en Tchécoslovaquie. Editeur slovaque "officiel" et vieillissant, il se met à parcourir l'Europe, enfin, surtout l'Allemagne et l'Autriche, pour y faire la promotion de la littérature de son pays. Oui mais voilà, quel est donc ce pays ? Après avoir été hongroise, austro-hongroise, englobée dans la Tchécoslovaquie, aujourd'hui en pleine ère post-communiste et dans les remous de la scission d'avec la Tchéquie, quelle peut bien être l'identité, la spécificité de la nation slovaque ? Au fil de ses pérégrinations, il ne cesse de s'interroger à ce propos, constatant que son pays, au mieux, indiffère les étrangers, quand ils n'en ignorent pas l'existence ou le confondent avec un autre. Et donc, sillonnant cette partie de la Mitteleuropa, le narrateur, ironique et désabusé, nous fait part de ses réflexions sur l'identité et le concept de nation, mais aussi sur le déclin de la Littérature, la vraie. Obsédé par l'auteur autrichien Thomas Bernhard et par les invectives furibondes de celui-ci envers ses propres compatriotes, il nous livre en miroir une critique de la société slovaque certes moins acerbe que celle de son auteur fétiche, mais tout aussi pointue et lucide. Sa rencontre avec une jeune Autrichienne vivant aux USA est, quant à elle, l'occasion de méditations plus intimes sur sa vie privée, et d'une scène d' "amour" (que j'ai trouvée à la limite du grotesque) qui est moins la rencontre de deux désirs que la conjoncture du désespoir et de la sollicitude.

Si le narrateur voyage sur les routes d'Europe et se promène sur les chemins de la réflexion littéraire, moi il m'a laissée sur le bord de ces routes, me perdant dans ses digressions, belles et intéressantes mais parfois trop riches. Sans doute en raison de mon manque de connaissance de l'histoire et de la culture slovaques, beaucoup de références m'ont échappé et m'ont empêchée d'apprécier à sa juste valeur ce texte d'un auteur considéré comme le plus connu des auteurs slovaques contemporains.

En partenariat avec les Editions Phébus via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Un chien sur la route

Road-trip littéraire en Autriche et en Allemagne par un ancien responsable éditorial à la retraite reconverti en conférencier spécialisé en littérature slovaque contemporaine, «vendeur-ambulant» et instrument de la politique culturelle de son pays, comme il se définit lui-même, parcourant salons et festivals littéraires dans une Mitteleuropa dont les frontières géographiques viennent encore une fois de bouger en cette fin de siècle. Si l'identité du personnage narrateur n'est jamais citée explicitement, ce dernier incarnerait de toute évidence un double fictionnel de l'écrivain. Unanimement considéré comme le plus grand auteur contemporain de Slovaquie, Pavel Vilikovsky, décédé en 2020, n'avait en effet commencé à connaître une véritable notoriété en tant qu'écrivain qu'après la Révolution de Velours, ayant auparavant, lui aussi, travaillé longtemps en tant qu'éditeur et traducteur.



UN CHIEN SUR LA ROUTE est un roman qui se tient en parfait équilibre entre le récit d'inspiration autobiographique à l'ironie douce-amère et l'histoire d'une rencontre amoureuse tardive et improbable, à la fois solaire et crépusculaire, décrite ici avec une grande sensibilité et réalisme, touchante y compris dans ses hésitations et maladresses (dont un scène au lit à mon sens anthologique, comme on en voit rarement en littérature, moins en tout cas, dirais-je, que dans la vraie vie..!).

Tout en brossant donc l'autoportrait sans concessions d'un intellectuel vieillissant, en perte de sens dans son rôle officiel d' «ambassadeur culturel» de son pays, UN CHIEN SUR LA ROUTE ne cesse de témoigner d'un amour inconditionnel pour la littérature en général et d'évoquer le désarroi de son auteur face à la marchandisation et à la standardisation outrancières qui règnent de nos jours sur la création littéraire («Aujourd'hui…qui aurait besoin d'un éditeur, un poste budgétaire inutile dans le coût du livre fabriqué de toute façon à perte? Au mieux, une maison d'édition un peu plus sérieuse embauchera un correcteur» - ou encore : «De même [que les cathédrales gothiques] les livres-cathédrales de jadis, on n'en trouve plus aujourd'hui ; aujourd'hui ne sortent que des livres qui ressemblent aux temples modernes : beaux à première vue, bien éclairés et accueillants. On peut s'y asseoir et passer un moment agréable mais la foi n'y est pas »).



L'auteur dresse également un réquisitoire éloquent contre les tentations nationalistes et les réappropriations identitaires auxquels chacun essaierait tant bien que mal de se raccrocher dans le contexte d'une nouvelle redistribution des cartes géographiques en Europe centrale, redessinées suite à la chute du mur de Berlin et à l'effondrement du bloc communiste.

«Il suffit de prendre un peu de recul et toutes ces couleurs nationales, soigneusement différenciées, se confondent en une tache centreuropéenne; (..) parler de nation n'a aucun sens ». Historiquement obligées à cohabiter sous différentes bannières impérialistes, unifiées artificiellement sous la tutelle politique de l'empire autrichien, puis soviétique, soumises aux aléas d'un pangermanisme historique (dont la survivance en filigrane d'un certain «Lebensraum», culturel et littéraire en tout cas, serait par ailleurs toujours perceptible en Europe centrale où un passage obligatoire par l'Allemagne est souvent de mise), les nouvelles entités politiques autonomes y émergeant à la fin de XXe siècle peinent à trouver une identité culturelle propre et se font souvent accompagner d'un mouvement de réveil «national» qui ne peut, selon Pavel , que conduire chacune de ces petites nations à se réfugier derrière leurs plus petits (et pires aussi, selon l'auteur!) dénominateurs communs respectifs..!

Que voudrait par ailleurs dire exactement «pur slovaque», se demande-t-il ironiquement?

«Un ciel slovaque, magyar, autrichien, serbe, croate, roumain…jusqu'à ce que Dieu en ait marre et fulmine : Je vous en donnerai du ciel ! Oust, espèce de voyous ! Allez brûler en enfer ! Bon, mais je dois avouer que j'ai aussi un ciel national slovaque. Chez nous tout ce qui est slovaque est toujours renforcé par l'adjectif national, comme si slovaque en soi n'était pas encore du pur slovaque ou bien comme s'il pouvait y exister un autre slovaque, pas national…».

Les Slovaques, plus particulièrement, en prendront ici bien pour leur grade! Qui aime bien, châtie bien, n'est-ce pas ? Par exemple, à propos de la jeune république Slovaque : «Nous avons toujours su adapter tous les régimes à notre image, nous avons su les apprivoiser, et c'est probablement la raison pour laquelle il nous est si difficile de nous en séparer – ils sont imprégnés de notre sueur et de notre odeur. Ça pue comme à la maison. Même la démocratie a déjà eu le temps de s'imprégner d'une authentique slovaquité. C'est comme ça : quelle que soit la nourriture qu'on nous donne à manger, nous régurgitons toujours des pommes de terre et du chou».

Obsédé et par moments littéralement possédé par l'esprit de Thomas Bernard qu'il n'arrive pas, malgré tous ses efforts dans ce sens, à exorciser complètement, notre commis-voyageur voue une fascination sans bornes à l'écrivain autrichien. Cette dernière n'est pas pour autant dénuée d'une certaine ambivalence. C'est ainsi que, ne cessant de faire des détours exprès pour aller visiter des lieux emblématiques cités par Thomas Bernhard, telle Schwarzach par exemple, le narrateur sera à chaque fois déçu par les attentes créées chez lui par l'écrivain, ou encore, évoquant dans un autre passage tout « l'enthousiasme et l'agacement» que l'autrichien éveille en lui, il finira par avouer: «parmi les écrivains que je n'aime pas, Thomas Bernhard est mon favori » !

On peut dire, comme le narrateur lui-même le reconnaîtra, que Thomas Bernhard est une sorte de « frère aîné » de notre vrp littéraire, celui même qu'on ne peut s'empêcher de vouloir imiter, mais dont on aimerait, ô combien, pouvoir se séparer. Dans tous les cas, les liens de parenté sont solides et indiscutables.

Qu'est-ce qui pourrait en même temps les différencier ?

Le fait que l'auteur ne se sente pas comme quelqu'un « d'exceptionnel » comme le grand imprécateur autrichien ? «Thomas Bernard - nous dit-il – est constamment en pétard. Il considère le monde comme une offense envers sa personne. Il se sent offensé par le fait que les gens qu'il doit fréquenter ne sont pas exceptionnels comme lui». Notre «vendeur-ambulant» préfère lui se demander systématiquement ce qu'il tient dans ses mains quand il «essaie de tâter sa vie»: «Moi, voyons, l'homme jeté à la merci du monde comme tous les autres. Seulement, qu'en est-il sorti de cette mienne souffrance ? (…) Je suis arrivé, au bout de soixante ans, à être juste un petit camelot avec son éventaire plein de verroterie, de peignes et autre pacotille. Mais ce n'est pas important (…) S'il n'y a rien de tragique en moi - alors qu'y a-t-il en moi ?».

Voilà, à mon sens, qui illustre bien tout le charme de ce récit tracé d'une plume sensible et sobre qui s'exerce à pratiquer autant l'hétéro que l'auto observation, l'hétéro que l'auto critique, où le sens de la formule lapidaire remplace à merveille des considérations geignardes ou les plaintes interminables, où l'ironie douce-amère teintée de mélancolie ne permet jamais d'atteindre des taux d'acidité trop corrosifs et dangereux pour la santé de tous, où un regard certes acerbe, mais toujours empreint d'humanisme et d'une certaine autodérision empêche systématiquement de s'auto-complaire dans ses propres obsessions, de se délecter de ses colères et diatribes personnelles, de se contenter de ses idoles et de ses mirages, pas plus que de ceux de ces contemporains. Pavel Vilikovsky n'aime pas les certitudes arrogantes, pas plus que les lamentations inutiles, déteste l'hypocrisie et s'oppose farouchement aux nationalismes comme réponse au terrible «déracinement de l'homme contemporain ».

Dans le concert euphorisant qui a suivi l'avènement d'une mosaïque de petits Etats en Europe, UN CHIEN SUR LA ROUTE lance un véritable pavé dans la mare centrale! L'auteur aura choisi pour épigraphe de son livre ce petit mot sibyllin du pionnier Youri Gagarine : « Je ne sais toujours pas si je suis le premier homme ou le dernier chien »; le «chien» du titre n'est autre, en fin de compte, que Pavel Vilikoksvi lui-même, invitant par l'intermédiaire de son double littéraire désenchanté ceux qui se laissent embarquer sur le chemin de l'illusion nationaliste à ouvrir les yeux et à rester vigilants. Attention ! Chien égaré sur la voie publique! Arrêtez de circuler comme si une autoroute sans dangers s'ouvrait désormais droit devant vous!



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Un chien sur la route

Monsieur Untel est un éditeur et traducteur slovaque à la retraite. Il continue néanmoins de voyager dans les pays limitrophes pour le compte du gouvernement, dans le but de promouvoir et de faire vendre la littérature slovaque. Il est en outre passionné par l’auteur autrichien Thomas Bernhardt. Nous suivons ce soixantenaire dans l’un de ses voyages, et il nous livre ses pensées concernant la littérature slovaque, allemande, autrichienne, mais aussi concernant le peuple slovaque, la manière dont il a vécu le joug communiste, et comment il a vécu le retour de la démocratie. Ce roman est pour moi une première découverte de la littérature slovaque, et je l’ai vraiment apprécié, pour sa réflexion sur les humains de ces pays de l’est, mais aussi pour sa réflexion sur la littérature de manière générale. Je ne l’ai pas trouvé très facile à lire, me demandant souvent où le narrateur voulait en venir, mais petit à petit les choses se mettaient en place, et le voyage se poursuivait. Une belle découverte.
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Vert et florissant...

La lecture de Vert et florissant est une bien curieuse expérience...L'auteur, Pavel Vilikovsky, attendra que la Slovaquie s'émancipe de l'Union soviétique avant de publier ses écrits.



Avec Vert et florissant, il nous plonge dans un monologue déroutant où l'on peine à distinguer les interlocuteurs du narrateur : est-ce nous, le lecteur ? Ce fameux colonel aux contours troubles ? Ou une tierce personne ?

Entremêlant scénettes truculentes et réflexions linguistiques, conseils pour espions et observations sur le terrain en Suisse et en Slovaquie, Vert et florissant est par moment totalement décousu, ou au contraire absolument hilarant. On s'amuse beaucoup des détails et saillies du narrateur, mais l'intérêt retombe parfois vite tant on se perd dans cette logorrhée ininterrompue.



Une impression finale mitigée ; si l'érudition de l'auteur ne fait aucun doute, il est difficile de comprendre le message ou le sens du récit : pour une fois, j'aurais apprécié une lecture critique ou explicative d'une personne spécialiste de l'auteur !
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Un cheval dans l'escalier

Le narrateur part d’abord dans ce que l’on pourrait considérer comme une aimable et brillante causerie, passant semble-t-il d’un sujet à autre, avec verve, humour et un sens de l’observation très aiguisé, qui font des débuts de ce livre un grand plaisir de lecture. Il s’embarque dans un voyage en bus, sans but semble-t-il, même si tout cela fait revenir des souvenirs. Ici ou là, il sème toutefois des indices, des fulgurances de mots justes et forts, nous laissant supposer que peut être tout cela n’est pas aussi léger et caractérisé par l’absurde qu’on aurait pu le penser dans un premier temps. Et la suite du livre nous le confirme bientôt. Son véritable sujet est la mort de la mère du narrateur, sujet autour duquel on tourne, avant de comprendre que c’est cela le noyau, le centre de gravité. Mais voilà, il ne s’agit pas de donner dans le tragique facile et dans le larmoyant, et donc l’auteur papillonne, parle d’autre chose, adopte un ton distancié. Mais ce n’est certes pas une fuite, ni un évitement, parce que le livre aborde vraiment ce qu'il peut y avoir de plus dur, de plus ambigu, de plus douloureux. Avec un ton particulier, dû au grand talent de l’auteur, qui rend finalement le livre d’autant plus fort et poignant qu’une description linéaire et réaliste au premier degré. Une lecture difficile à oublier.



Juste deux mots pour dire que je suis émerveillée par les quelques rares livres de littérature slovaque que j’ai pu lire récemment, et que je suis frappée qu’il y a, malgré des différences des personnalités et talents de leurs auteurs, des caractéristiques communes. La forme courte, une façon morcelée dans les récits, un côté absurde et un second degré permanent.



Malheureusement les autres auteurs que j’ai lus (Vladimir Balla et Václav Pankovčín) n’ont pas été à ma connaissance traduits en Français, et pour l’instant je n’ai pas trouvé d’autres pistes pour continuer à explorer cette littérature, ce que je regrette énormément.

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Un chien sur la route

« Je ne sais toujours pas si je suis le premier homme ou le dernier chien » Youri Gagarine"



C’est l’histoire d’un représentant de commerce en littérature qui parcourt l’Europe après la chute du mur de Berlin. Il est slovaque. Il a un « petit faible » pour Thomas Bernhard, cet écrivain autrichien qui détestait tout et d’abord son pays et s’emballait de son propre énervement.

Au cours de son périple, il rencontre une autrichienne devenue américaine. Il lui donne un prénom : Gretka, version slovaque de Margie. Elle aime bien. Une « histoire » nait entr’eux.

Ce représentant ayant vécu sous la férule des régimes communistes et y ayant perdu beaucoup d’illusions, se sent un peu vieux. Il est mélancolique et s’est forgé sa propre philosophie. Il pense que la notion de nation, de patrie, d’idéologie, de religion n’a aucun sens : »j’étais le slovaque, en Zambie ou à Singapour, je serais l’Européen et, sur la lune, l’homme tout simplement. » « Ce qui est le plus difficile, et le plus important, c’est de savoir choisir à temps dans le bric à brac de la vie, ce qui compte le plus pour nous. »

Hum ! Je suppose que tout ce qui précède n’est pas faux mais cela ressemble à un compte rendu CHATGPT.

Car ce « chien sur la route » a une intelligence subtile doublée d’une grande sensibilité .Il est d’une drôlerie et d’une impertinence acérée. II présente là une fresque intellectuelle – voire

philosophique – décapante, où le monde européen tel qu’il est de part et d’autre de ce que fut l’ex-rideau de fer en prend plein son grade. « En ce qui me concerne, communistes ou pas communistes, j’ai vécu ma vie, exactement comme vous la vôtre »,

Jamais de clichés. Projecteurs continus sur les sujets les plus divers, et sur un ton désabusé: la mentalité slovaque, la crise de la démocratie, la démocratisation des masses dans les pays de l’est, le communisme, l’Europe face aux nations, la musique, l’amour, le mariage, la vie de couple, l’identité féminine.

C’est aussi une mélancolique déclaration d’amour et d’adieu à la littérature. Nous n’arrivons pas à croire que la littérature est en perdition– c’est un peu comme le réchauffement climatique… Il faut qu’un Slovaque vienne nous le dire avec la force de celui qui a lutté pour ne pas être totalement décérébrés par le régime communiste



Et l’histoire d’amour ?? : La première nuit !! Exceptionnelle de tendresse, de sincérité et de drôlerie … et après… ? Ça finit……. bien sûr. Il n’a pas vraiment su écouter.

Une pépite qui avec une franchise parfois cruelle, dit à au lecteur ses quatre vérités.



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Un chien sur la route

J’enchaine actuellement la lecture de romans reçus en service de presse par l’intermédiaire de NetGalley.fr, avec des fortunes diverses : Le monde à nos pieds de Claire Léost m’avait beaucoup plu, avant que Je veux rentrer chez moi de Dominique Fabre ne m’indiffère presque totalement.



Cette fois, il s’agit d’un roman intitulé en français Un chien sur la route, traduction française d’un livre en slovaque de Pavel Vilikovsky, un auteur que je ne connaissais pas du tout mais qui est semble-t-il l’un des grands écrivains slovaques contemporains, si ce n’est le plus grand.



" Juste après la chute du mur de Berlin, un intellectuel slovaque obsédé par Thomas Bernhard sillonne « l’Europe des alentours » de son pays, principalement l’Autriche et l’Allemagne. Plus ou moins officiellement chargé de promouvoir sa culture nationale, ce « Slovaque officiel » rencontre des publics au mieux curieux, sinon franchement indifférents. Jusqu’au jour où sa route croise celle de la troublante Grétka, une Autrichienne installée aux États-Unis.



Roman du dépaysement, Un chien sur la route est également une déclaration d’amour joyeuse à la littérature. "



Nous suivons donc le périple d’un éditeur slovaque qui parcourt principalement l’Autriche et l’Allemagne dans une sorte de tournée de promotion de la littérature slovaque, peu de temps avec la chute du mur de Berlin.



Malheureusement ce récit m’a profondément ennuyé. Hormis quelques passages plus marquants sur la littérature ou la notion de nation, j’ai eu l’impression de suivre de longs bavardages sur des sujets pas forcément passionnants, notamment sur la question de la nation slovaque. Je connais mal la culture slovaque et son histoire, mais je ne pense pas en avoir appris beaucoup plus en lisant ce roman, tant il m’a semblé s’adresser à un public déjà connaisseur.



J’ai insisté pendant les deux premiers tiers du livre mais j’ai fini par parcourir le dernier tiers en sautant certains passages, tant cela m’ennuyait.



C’est donc une nouvelle déception avec cette lecture qui m’a ennuyé et que j’ai eu du mal à terminer malgré toute ma bonne volonté.
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Neige d'été

C’est une des dernières œuvres de Pavel V.ilikovsky., parue en 2014



Neige d’été est le titre français. C’est joli ; le titre slovaque est neige fugace ou éphémère. Titre énigmatique dans les deux langues. Dans la traduction de Vivien Cosculluela aux éditions de l’Aire à Vevey.



La forme est originale, comme toujours chez cet auteur qui innove dans ses différents récits. Dans Vert et florissant par exemple, la narration était accompagnée d’un intertexte plus ou moins cocasse, en tout cas décalé, tel le Traité sur l’équitation de Xénophon . Ici le texte est découpé en sections désignées par des lettres et des numéros. On va de 1 à 5 et chacun de ces numéros correspond à des thèmes qu’on pourrait qualifier peut-être de « moments », dans un esprit lefebvrien, En effet ces thèmes, inégalement développés suivent un fil, un fil de vie, de critique de la vie quotidienne, associant une réflexion généraliste et une expérience pratique, (bien que l’horizon marxiste me semble bien lointain). Le lecteur est invité à dégager et à nommer au fur et à mesure, l’identité de chacun de ces fils, dont l’un est par exemple qu’est-ce que l’identité? Il n’est pas question de se laisser simplement porter par l’histoire. La lecture est ici nécessairement une cocréation.

Comme dans une recherche personnelle, quelques individualités se détachent, fidèles accompagnatrices du narrateur – le frère, (faux) jumeau est un linguiste qui, appliquant à chaque chose son esprit scientifique, a tôt fait de tout mettre dans de petites cases, la mère associée à des expériences à jamais énigmatiques, un ancien condisciple un peu filou qui prône à présent le salut par le bouddhisme, et surtout la femme du narrateur qui elle, a une histoire, celle de sa progressive dégénérescence cérébrale.

En fait, c’est à une décomposition, un effilochement que nous assistons au cours du récit : le narrateur est englouti dans la perte des repères de sa femme qui remet en question sa propre mémoire, et par là son identité.

Ce livre sans histoire est une représentation de la vie même au moment où elle se décompose entre analyses, réflexions et pertes. Le thème de la mort s’impose bientôt, équitablement réparti entre les différents numéros. Un des fils du récit lui est plus explicitement consacré, celui de l’avalanche, le glissement d’une masse neigeuse qui ensevelit tout sur son passage. Tout – c’est les personnes, mais aussi les peuples, les petits peuples tels les Indiens dont le frère a étudié la langue (et les Slovaques menacés de disparition).



Finalement, au fil de la lecture, tout en se rattachant aux thématiques proposées dans ces « moments », on ressent une tension « structurante » entre le désir de structure, la reconstruction du vécu réparti dans de petites cases désignées par des lettres et des numéros, comme l’aurait fait le frère (peut-être un alter ego) et la force de l’avalanche destructrice, du mouvement qui emporte tout sur son passage .



Il est de plus en plus certain que le cloisonnement de la réalité ne tient pas, ne résiste pas à l’épreuve de la vie. A propos de la disparition des tickets de quai dans les gares, l’auteur donne sa définition de l’amour : l’amour, c’est quand quelqu’un s’en va et que l’on a le sentiment de vouloir lui dire quelque chose. On sent que c’est quelque chose d’important et d’urgent, même si ça n’en a pas l’air, mais on n’arrive vraiment pas à se souvenir de ce que c’est…cela ne nous dérange pas d’aller à la caisse et de sacrifier soixante centimes pour acheter un ticket de quai…Quelqu’un pourrait penser que mesurer ou comparer l’amour avec un ticket de quai revient à déconsidérer un sentiment noble. ….Mais le ticket est l’expression symbolique de notre incapacité désespérée à dire et de notre espoir d’y arriver cependant, même si le temps vient à manquer et que nous sentons d’ores et déjà que nous n’y arriverons pas. Cette douleur douce-amère, c’est d’après moi ça, l’amour, mais je ne veux cependant imposer ma vue à personne. Si l’amour est si en vogue, c’est parce que chacun peut s’imaginer sous ce terme ce qu’il souhaite. . C’était le numéro 2j, plutôt centré sur l’identité, mais on y distingue sans difficulté le thème du départ, de l’éloignement, de la perte, de l’échec, mais aussi celui du sentiment amoureux, autre thème de ce récit.



Incapacité désespérée à dire, mais espoir d’y arriver cependant : c’est une définition modeste et désabusée du rôle de l’écrivain. La synthèse pourrait-on dire de l’identité, qui passe par une nomination et du naufrage de ces notions. Pas plus que l’âme, le caractère, la personnalité ou l’identité, l’amour ne peut faire l’objet d’une définition, mais c’est le langage qui fait débat. Si l’amour est en faveur, c’est que chacun peut s’imaginer sous ce terme tout ce qu’il souhaite.



Une œuvre littéraire slovaque ne fait généralement pas l’impasse sur la spécificité centreuropéenne de cette question de l’identité. Madame Kral est-elle vraiment Madame König ? Le narrateur fait évidemment allusion au fait que les citoyens de la Tchécoslovaquie ont dû /ou parfois préféré /changer de nom (comme un Mohammed chez nous qui deviendrait Kevin pour plaire aux identitaires). Le frère a aussi un grand-père qui a eu un nom hongrois, un nom slovaque, ainsi qu’un diminutif hongrois. Son identité en était-elle affectée ?



L’intellectualisme de ce propos pourrait faire penser au genre de l’essai philosophique. Ce n’est pas affaiblir la valeur d’un texte littéraire que d’y voir une expérimentation et une réflexion qu’on chercherait plutôt dans les essais. Le narrateur de ce livre est cependant aussi un poète dont son frère se moque, car il est pourvu de la sensibilité de celui qui entend l’herbe pousser . C’est lui qui peut entendre aussi, grâce à la finesse de son ouïe la première plaque de neige se détacher.

….Actuellement, une avalanche se dirige vers nous.

Dieu ne fait plus partie de l’équation. Un skieur indiscipliné avait fait du hors piste quelque part ou un alpiniste sans foi avait grimpé à des hauteurs où il n’y avait peut-être même plus de neige, mais des plumes dont les anges s’étaient débarrassées à l’automne pour que de nouvelles puissent ensuite leur pousser, des plumes d’hiver, plus épaisses. Peut-être que ce n’est pas une avalanche de neige qui déboule sur nous, mais une avalanche de plumes, dis-je à Stéphan. On ne la voit pas encore et…lorsqu’elle s’écrasera sur nous nous ne la reconnaîtrons pas comme étant une punition divine. La majorité des humains votera juste démocratiquement pour la désigner comme une catastrophe naturelle.



C’était le fragment 3c. Tant qu’il y a des anges, on peut croire que les choses ont un sens.

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Un chien sur la route

Une première rencontre prometteuse avec la littérature slovaque.



Dans Un chien sur la route de Pavel Vilikovsky, nous suivons les pérégrinations d'un homme, rédacteur-éditeur, envoyé sur les routes d'Europe centrale pour promouvoir la littérature de son pays, la Slovaquie.



L'auteur évoque, par l'intermédiaire de son personnage principal un brin existentialiste, l'histoire d'un petit pays méconnu (pour ne pas dire méprisé). L'écriture est imagée et le style singulier, l'intrigue réaliste mais originale.



Les différentes réflexions des personnages quant aux relations transnationales, à l'identité slovaque, à l'influence du communisme sur la culture, sont passionnantes.

Bien entendu, il est aussi question de littérature. Notre émissaire slovaque étant éditeur et amoureux des lettres, les références bibliographiques sont légion et les anecdotes historiques très intéressantes (notamment en ce qui concerne l'édition).

Avec un regard lucide et pessimiste sur l'avenir des acteurs du livre, le narrateur alerte le lecteur quant à la mort lente et dangereuse de la littérature.



Alors soyez curieux et laissez-vous surprendre par les littératures du monde.
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Un chien sur la route

Une petite musique de mots très originale et drôle pour écrire les tribulations d’un intellectuel slovaque.

Très agréable découverte.
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Un chien sur la route

Un chien sur la route de Pavel Vilikovsky est un roman sans réelle destination, truffé de digressions et de réflexions profondes sur l'identité. Le narrateur nous emmène dans un road-trip improbable afin de promouvoir plus ou moins officiellement la littérature slovaque en Europe.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Un chien sur la route

Je n'ai pas aimé ce livre. Principalement parce que je n'ai pas les références culturelles je pense. Et le protagoniste principal est obsédé par un auteur que je ne connais pas et je suppose qu'il y a des clins d’œil à cet auteur mais idem sans les références c'est impossible à capter. Je voulais découvrir la littérature slovaque, c'était pas le bon choix...
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Un chien sur la route

Pavel Vilikovský aborde avec ironie son pays, la littérature et l’amour.
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