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Critiques de Peter Milligan (108)
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Tomorrow

Un virus informatique qui mute et qui affecte les adultes.

Des groupes d'adolescents et d'enfants se forment, quelques adultes survivent.

Et puis?

Bah pas grand chose de nouveau sous le soleil de la Fin du Monde.



Si la rapidité de la propagation du virus pourrait sembler quelque peu réaliste (tout le monde est connecté), la rapidité à laquelle les gosses deviennent des bouchers l'est beaucoup moins. Il manque cruellement des indications spatio-temporelles qui pourraient expliquer certaines choses au point que je me suis demandée s'il ne manquait pas des pages. Le jeune violoniste, sa soeur jumelle et le créateur de jeu vidéo (check), l'agent en cybersécurité et ses mômes (check), le groupe de footballeurs (ça commence à faire beaucoup), mais la secrêtaire de je ne sais quelle entreprise, le groupe de campeurs, le russe et ses géoliers, la secte féministe qui vénère Santa Muerte, cela s'éparpille, on ne s'attache à personne, on s'en fiche même, on passe d'une vignette à une autre sans comprendre à qui on a affaire et où, et surtout quand??

Et c'est pourquoi j'ai pris l'habitude surtout depuis Not All Robots de Mark Russell et Deodato Jr, de bien lire la postface. Car ce qui est évident pour l'auteur, ne l'est pas toujours pour le lecteur, surtout quand on a l'habitude de lire un genre répétitif comme le post-apocalyptique.

Et si Peter Milligan prend le risque de faire de son histoire quelque chose d'un peu embrouillée sans repère, c'est qu'il a une bonne raison allégorique et métaphorique pour expliquer à travers ses yeux, le monde d'aujourd'hui en faisant croire que c'est celui de demain...

Mon regard porté sur la BD est alors bien différent.
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X-Men : le jour d'après

Voilà encore un petit comics lu pendant les vacances. L’occasion fait le larron. Une amie me l’a mis entre les mains car les événements font suite au bouleversant House of M, et elle me connaît assez bien pour savoir que ça m’intéresserait.



En fait de suite, je me suis retrouvé avec un petit magazine contenant quatre histoires tournant autour des mutants. Seule la première est véritablement une suite et véritablement intéressante de mon point de vue. Suite au cri de Wanda / Sorcière Rouge « no more mutants ! » une grande majorité des mutants a perdu ses pouvoirs. C’est l’extrême détresse de ces pauvres hères et l’aide que leur apportent ceux qui ont encore leurs pouvoirs que l’on observe. Plutôt poignant de voir le Colosse, qui n’est plus qu’une masse de chair flasque, en pleurs. Iceberg a perdu ses glaçons et se plonge dans l’aide aux autres pour ne pas avoir le temps d’y penser. Etc.

Presque personne ne se souvient de l’origine du phénomène. Seuls ceux qui ont fait partie de l’aventure House of M se souviennent, et maudissent Wanda.

L’histoire suivante est la suite directe et met certains mutants (ou anciens mutants) face à un groupe de Sentinelles dont l’objectif n’est pas clair. Pas mal.

Le reste est déconnecté et je n’y ai pas trouvé un grand intérêt.



Je ne suis pas très convaincu par les dessinateurs. Celui qui s’occupe du Jour d’Après manque de réalisme. J’ai eu l’impression de lire un truc genre Sillage. Pas mauvais en soi mais trop décalé pour un comics, à mon goût.



Je reste curieux de savoir comment l’extinction des mutants se poursuit. Cependant, ce n’est pas indispensable.

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5 ronin : La voie du samouraï

Peter Milligan se fait accompagner de cinq dessinateurs pour nous servir ce quintet de héros solitaires qui composent la mini-série 5 Ronin. Celle-ci, avec son titre évocateur, se veut une relecture de cinq super-héros Marvel plus ou moins connus dans l’ambiance particulière du Japon médiéval. Nous allons suivre cinq ronin, cinq personnages tourmentés, suivant cinq voies différentes.



Sur la voie de l’Un, se trouve un Wolverine que la rumeur prétend immortel et qui traîne de bien lourds secrets. Illustré par Tom Coker, ce personnage lance l’intrigue, la Quête ultime du Daïmio. Sur la voie du Sage, se trouve un Hulk moine, qui contrôle sa colère dévastatrice dès qu’il s’agit de défendre le faible. Mise en image par Dalibor Talajic, l’intrigue prend un peu de recul pour intégrer la vie théoriquement loin des combats, les campagnes où on s’attend à être tranquille. Sur la voie du Samouraï, se trouve le solitaire Punisher, dézinguant à tout-va les mercenaires qui tentent de l’arrêter. Mis en mouvement par Laurence Campbell, ce personnage est le plus en accord avec l’intrigue car son essence même vient de cette mouvance vengeresse. Sur la voie du Papillon, se trouve Psylocke qui sauve l’honneur des femmes, réduites à la portion congrue. C’est Goran Parloo qui est chargée de montrer la grâce de la guerrière, tandis que l’intrigue se fait plus épaisse. Sur la voie du Fou, enfin, nous trouvons forcément un Deadpool errant dont l’action est toujours aussi dévastatrice et lourde de sens. Leandro Fernandez tente d’injecter alors de la folie dans son dessin.



Ici, bien sûr, les noms de super-héros ne sont pas mentionnés, pas non plus de super-pouvoirs mais de l’entraînement, de la volonté et un réalisme forcené dans l’explication des forces et faiblesses des personnages. Nous trouvons, bien sûr aussi, une certaine fascination pour le Japon médiéval, pour l’esprit « samouraï » et une relative inspiration du manga. Toutefois, c’est la quête ultime du Daïmio qui conduit et fédère, normalement, les cinq récits ; il faut pourtant attendre la fin du quatrième chapitre pour véritablement cerner les possibles rencontres entre ces différents personnages tout aussi solitaires les uns que les autres. Heureusement, quelques questionnements pointent quelquefois à l’horizon : c’est toujours plus simple de l’aborder avec des personnages torturés ayant beaucoup de remords à compenser, mais quand et où s’arrête la vengeance ? et comment apprendre à vivre à nouveau normalement une fois celle-ci accomplie par soi ou par un tiers ? Le rôle du pseudo-Punisher prend là tout son sens, étant donné ses origines habituelles dans l’univers Marvel qui tiennent à une vengeance constante du meurtre de sa famille par la mafia. Pourtant, c’est le pseudo-Deadpool qui remporte la palme de l’adaptation la plus réussie, car il est, par nature, un personnage en décalage et tient là une place de choix.



En fait, ce ne sont donc bien que des histoires de samouraïs, comme si le Japon médiéval ne se résumait qu’à ce personnage ultime, mais il faut reconnaître que cela correspond très bien aux héros Marvel choisis ici. Peter Milligan construit donc ici une mini-série atypique qui remplit le contrat qu’elle s’était donnée.



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Batman the Dark Knight Detective 7

Je voulais essayer les Batman de Louise Simonson et... disons qu'ils sont très typiques des comics DC des années 90. Trop de textes inutiles, des intrigues en papier mâché. On a ici un Batman plutôt fade, un peu ridicule même.



J'évite normalement la période, mais j'essaie de découvrir les trop rares autrices de comics et.... voilà.
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Wolverine Punisher, tome 1 : Le sanctuaire ..

Je l'ai vu, je l'ai lu et je l'ai mis au rebut.

Sévère ? Peut-être. J'étais curieux de voir comment était traitée la collaboration entre ces deux personnages - Wolverine et le Punisher - mais, sans dire que ce soit franchement mauvais, c'est loin d'être excellent au niveau du dessin et je n'ai pas vraiment été transporté par l'histoire aussi : des nazis en culotte de peau cachés dans des souterrains creusés en pleine jungle, une femme fatale un peu gnangnan aux répliques "fleur bleu" à deux balles (vu l'arsenal du Punisher pas loin, c'est un peu le tarif obligé mais ce n'est pas une raison suffisante); des types ultra-violents réunis - concentrés ? - dans un coin de jungle, loin de tout, sans qu'on voit la moindre silhouette féminine à part celle citée plus haut (tu m'étonnes qu'ils soient sous pression ces pauvres bonZhommes). Les enfilades de stéréotypes sur les velus-barbus, ça va deux minutes, après on s'en lasse. Voilà, voila, ça vaut vraiment ce qu'on le paye. Pas plus.
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Namor : Voyage au fond des mers

Suite à la disparition d'une équipe scientifique partie à la recherche de l'Atlantide, un autre équipage est envoyé à leur secours. Pour certains, le responsable n'est autre que le légendaire et monstrueux Namor, créature des profondeurs défendant son territoire et les mystères des abysses.



Le Professeur Randolph Stein, démystificateur émérite et sceptique professionnel, mènera l'expédition de sauvetage dont le voyage sera une plongée dans l'angoisse et le mènera aux portes de la folie !



Dans la mythologie des super-héros américains, le méconnu Namor est en quelque sorte le Aquaman de chez Marvel, un atlante protecteur des océans. Ici pourtant, point de costume kitch et de super pouvoirs. Cette histoire est une réécriture transformant le Prince des Mers en un être de légende terrifiant les marins. le récit est un véritable thriller claustrophobique et paranoïaque où les marins vont devoir lutter contre une menace qu'ils ne peuvent pas voir. Servit par un dessin sublime qui nous « plonge » dans une ambiance angoissante plus proche d'un récit de Lovecraft que d'une aventure de super-héros. Voilà donc un polar horrifique et sous-marins des plus réussis.
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Happy Hour

Bonheur obligatoire pour tous les citoyens

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Michael Montenat, avec une mise en couleurs réalisée par Felipe Sobreiro. L'ouvrage commence par une page d'introduction en texte, rédigée par H. Corn Broderick III, sénateur d'un des états des États-Unis. Il intervient pour dénoncer les grincheux et les pessimistes de tout poil, et louer l'existence d'un titre tel que Heure Heureuse. Il interrompt son discours le temps de lire cette histoire, et revient blême et révolté par sa teneur, et encore plus parce que le personnage principal fait avec l'orteil d'une femme. Non seulement, ce n'est une bande dessinée pour enfant, mais en plus c'est une satire de la pire espèce. Il termine son discours en démissionnant de la Chambre des représentants des États-Unis.



Au temps présent, sur le campus de l'université de Stanford, des étudiants parlent du bonheur sur le plan philosophique, de la vision de Platon, de celle des cyniques. Puis de celle de Diogène dont les disciples ont rejeté le bonheur fondé sur l'argent, la gloire et la puissance. L'un des étudiants s'exclame que chaque citoyen libre a le droit de se sentir malheureux comme bon lui semble. La discussion est interrompue par l'arrivée de quatre fonctionnaires de la police de la Joie qui les passent à tabac avec des matraques : ce jour même, une loi vient de rendre criminel de ne pas être heureux. Dix ans plus tard, Jerry Stephens est en train de conduire sa voiture sur l'autoroute, emmenant sa sœur et une amie, voir sa grand-mère qui est atteinte d'un cancer au stade des métastases. Elle n'a plus que quelques semaines à vivre. La passagère à l'arrière se met à raconter une blague de clown et tout le monde rigole de bon cœur, quand survient l'accident de la route.



Jerry se réveille dans un lit d'hôpital et le chirurgien lui explique qu'il a dû perforer le crâne pour alléger une zone avec trop de pression. Il raconte ça d'un ton enjoué, ajoutant que Jerry a eu de la chance, parce que l'opération similaire précédente qu'il avait pratiquée s'apparentait plus à du bricolage faute de pratique. Son patient trouve que le ton employé n'est pas très adapté au sujet. Sur le même ton, le chirurgien ajoute nonchalamment que Jane, la sœur de Jerry, n'a pas survécu à l'accident. Une infirmière entre dans la chambre et demande au médecin si elle n'aurait pas un petit air de Jane Fonda. Jerry leur fait remarquer leur manque de cœur, et qu'il ressent de la tristesse pour le sort de sa sœur. Devant ce comportement anormal, le docteur lui injecte incontinent un produit dans le cou avec une seringue, pour le calmer. Dans un grand bureau, l'agent McSmith rend compte de la mission de l'agent Hamm, à son supérieur l'agent Sullivan. Hamm s'est fait coincer au Mexique par les partisans de Landor Cohen qui sont parvenus à le retourner : plus rien ne peut le rendre joyeux, même pas les chiffres quotidiens du chômage. Il a été placé dans le centre de réajustement 3. McSmith ajoute qu'elle a une bonne nouvelle : le patient Jerry Stephens est placé dans le même centre.



En fonction de son humeur ou du projet, Peter Milligan peut écrire des histoires plus ou moins convenues, plus ou moins mordantes et désespérées, sur la base d'une idée convenue, ou d'une idée bien vue. Pour cette histoire, il reprend une phrase célèbre de la déclaration d'indépendance des États-Unis : les trois droits inaliénables que sont la vie, la liberté et la poursuite du bonheur (Life, Liberty and the pursuit of Happiness). Si les deux premiers droits sont bien assurés aux citoyens, il était temps qu'un gouvernement s'attaque à assurer le troisième. C'est chose faite avec une petite opération bénigne pratiquée sur l'individu encore enfant, qui permet de neutraliser la zone du cerveau qui empêche un état de bonheur permanent. Le lecteur sourit devant cette dictature du bonheur, tout en pensant à sa propre expérience de la vie, à quel point les gens autour de lui peuvent ressentir comme une forme d'insulte personnelle tout comportement négatif, comment il est malvenu d'exprimer sa souffrance en public, à quel point il est nécessaire de sourire en tout temps et en tout lieu pour une vie en société agréable. En fait cette tyrannie du bonheur existe bel et bien maintenant, une sorte d'exigence implicite, une évidence pour une vie épanouie pour soi et les autres, en famille, au travail, avec son conjoint ou sa conjointe, tout le temps et en tout lieu.



À partir de ce point de départ malicieux, le scénariste imagine ce que pourrait être la résistance : refuser cette bonne humeur obligatoire de tous les instants. Non, il n'est pas normal de sourire en évoquant une opération chirurgicale hasardeuse et à haut risque. Non, il n'est pas normal d'évoquer la mort d'une sœur d'un ton enjoué et content. Milligan s'amuse donc bien à montrer des gens tout sourire, dans des situations totalement incongrues : trouver délicieuse la nourriture de la cantine, se sentir bien quand son chef fait des remontrances, un infirmier éclaté par le fait de présenter une facture d'hôpital dont il sait que le patient ne pourra pas s'acquitter, etc. Le scénariste se montre en verve pour cette veine d'humour noir. Le lecteur ressent toute la cruauté des personnes âgées conscientes de leur mort prochaine du fait de leur maladie, dans un mouroir indigne. L'obscénité de cette bonne humeur immarcescible devient insupportable en voyant le bonheur rayonner d'individus s'apprêtant à en tuer d'autres. Cette horreur est tout aussi intense dans les petits riens du quotidien, par exemple une employée d'un établissement de restauration rapide servant sciemment une nourriture infecte en toute connaissance de cause, et les clients la remerciant chaleureusement et de bon cœur, sans être dupes quant à ce qu’ils ingèrent.



L'auteur n'oublie pas de raconter une histoire avec une trame claire et une dynamique entraînante. Jerry Stephens rencontre Kim dans le centre de réajustement numéro 3, et ils parviennent tant bien que mal à s'enfuir avant que les traitements ne soient parvenus au terme de leur conditionnement. Ils s'enfuient vers une sorte de terre promise pour un avenir meilleur : une propriété au Mexique, tenue par Landor Cohen chantre du mécontentement, et accueillant tous les individus tristes, malheureux ou mécontents, ou même simplement angoissés. Ils sont poursuivis par deux agents de la police de la Joie, Sullivan & McSmih, le premier succombant au fléau du mécontentement. Il est vraisemblable que cette même police ait réussi à infiltrer une taupe dans l'organisation de Landor Cohen. La narration visuelle est l'œuvre d'un artiste qui dessine dans un registre réaliste et descriptif. Les personnages ont une apparence normale, sans exagération anatomique, sans personne en surpoids, avec une diversité ethnique. Il s'attache à montrer que les pensionnaires de la maison de retraite font leur âge. Montenat connaît son métier et use des cases sans arrière-plan ainsi que des gros plans sur les visages pour aller un petit peu plus vite, mais il n'en abuse à aucune page, restant dans un usage justifié par la scène. Il s'attèle à la tâche de représenter les différents environnements pour les rendre concrets, palpables et spécifiques. Le scénariste ne ménage pas la peine du dessinateur : le cloître de l'université et la pelouse où sont assis les étudiants, la chambre d'hôpital, le bureau des agents du gouvernement, le grand hall dans lequel se trouvent les patients du centre de réajustement numéro 3 et ses couloirs aux murs blancs, une rue malfamée d'une grande mégapole, et tout cela uniquement dans le premier épisode.



Grâce à la narration visuelle, le lecteur voyage donc dans des endroits plausibles et détaillés. Il éprouve à la marge la sensation que certains manquent un peu de réalité, comme si l'artiste en avait lui-même une vision ou une compréhension un peu simplifiée. Par exemple, la mise en scène du travail dans les champs laisse à penser qu'il ne s'est jamais livré à cette occupation ou à ce travail. D'un autre côté, il est difficile de résister à la banalité d'une laverie automatique, ou à la médiocrité d'une chambre d'hôtel très bon marché, voire à la propreté douteuse (en fait non, il n'y a pas de doute) d'un établissement de restauration rapide à la malbouffe rendant littéralement malade. L'artiste a pris le parti d'exagérer un peu les angles de prise de vue des moments conflictuels pour les rendre plus dramatiques, ce qui amène une forme de tension visuelle, pas forcément indispensable. En effet, Peter Milligan est en verve, sur une trame simple : une forme de dictature du bonheur, avec des rebelles qui cherchent à rejoindre un havre dans lequel ils pourront être malheureux sans être persécutés. Il s'amuse donc avec cette forme d'inversion des valeurs, où les deux personnages principaux se méfient de toute émotion positive alors même qu'ils se sentent bien en présence l'un de l'autre. La dynamique de la course-poursuite fonctionne bien, avec les agents qui sont à leur trousse, et qui se surveillent l'un l'autre pour être sûrs qu'il n'y ait pas de symptômes de mécontentement. Les embûches sur la route sont nombreuses, ainsi que les épreuves. La fin est à la fois moins noire que prévue, et peut-être plus malgré tout.



Peter Milligan saute le pas dans ce récit d'anticipation en actant une règle implicite de la vie en société : avoir toujours l'air heureux, et en rattachant ce principe à l'un des trois droits inaliénables contenus dans la déclaration d'indépendance des États-Unis. Il bénéficie d'une narration visuelle solide et assez réaliste pour ancrer l'histoire dans un avenir proche plausible, assez vivante pour que le lecteur se sente entraîné à la suite des deux protagonistes Jerry & Kim. Le scénariste est assez taquin pour le lecteur prenne fait et cause pour le droit d'être de mauvaise humeur, voire d'avoir un comportement franchement asocial et même anti-social, allant vers une conclusion adulte, moins réconfortante qu'on ne le voudrait.
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X-Force, tome 1 : New Beginnings

Ce tome fait suite à Counter X: X-Force: Rage War (épisodes 110 à 115) qu'il ne sert à rien d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 116 à 120, initialement parus en 2001, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Michael Allred, et mis en couleurs par Laura Allred.



Axel Cluney est en train de cauchemarder : il se souvient de la première manifestation de ses pouvoirs, sur une plage avec une copine sur qui il a vomi une bile acide la défigurant à vie. Il se réveille dans son fauteuil et commence à passer en revue la dernière mission de X-Force : prévenir un coup d'état en Afrique du Nord, avec La Nuit, Battering Ram, Plazm (un peu trop brutal au combat), U-Go Girl (endormie après avoir téléporté l'équipe), Sluk (Byron Spencer) qui n'en a pas réchappé. Ses réflexions sur les tactiques à mettre en œuvre sont interrompues par les deux modèles en culotte et soutien-gorge qui lui indiquent qu'elles l'attendent pour faire des galipettes. Il se laisse convaincre sans difficulté, alors que sur l'écran un individu est rongé par l'acide qui sort de la bouche de Zeitgeist (Axel Cluney). Le lendemain, toute l'équipe est présente pour une conférence de presse. C'est Coach qui prend la parole, le responsable de l'équipe. Il annonce à la presse l'identité du remplaçant de Sluk au sein de l'équipe : Tike Alicar, nom de code l'Anarchiste. Un peu plus tard, Tike Alicar est dans le jacuzzi de sa suite, avec deux jeunes femmes nues, en train de répondre aux questions d'une journaliste assise sur le rebord. Il fait sauter le plafond avec ses pouvoirs, la journaliste ayant déclaré qu'elle avait trop chaud. En répondant, il explique que Zeitgeist le prend pour un abruti, et il explique ce qu'est une tmèse.



Une autre journaliste se trouve à Orange County pour l'ouverture du vingt et unième Café X-Force, commentant sur la statue commémorant Sluk : elle émet une pulsation électronique apaisante pour 20 dollars. Un client est en train de manipuler des peluches à l'effigie de Doop et il en transperce une avec une griffe. Dans la salle de réunion de X-Force, les membres sont en train de se disputer : Beckah Parker (Gin Genie) ne se sent pas bien, Edie Sawyer (U-Go-Girl) estime qu'elle n'a aucun fan. La télévision diffuse l'interview de Tike Alicar avec sa tirade contre Axel Cluney (Zeitgeist). Le soir, Axel Cluney et Edie Sawyer mangent dans un restaurant huppé. Elle évoque l'utilisation de son pouvoir de téléportation pour aller signer un contrat en Écosse. Elle lui fait remarquer que leurs missions ne sont pas très importantes, juste une sorte de prétexte pour justifier de leur vie de luxe. Elle le trouve d'ailleurs un peu tendu ces temps-ci : il pourrait peut-être prendre quelques jours de repos, et elle assurerait la fonction de chef de l'équipe par intérim. Le lendemain dans leur quartier général de Santa Monica, Coach leur indique qu'ils ont une mission immédiate : aller libérer les 4 membres du groupe pop Boyz R Us, détenus par des tireurs meurtriers qui réclament un million de dollars. Ils ont déjà défenestré un premier membre pour prouver leur crédibilité.



La série X-Force nait en 1991 quand Rob Liefeld transforme la série des New Mutants en une équipe paramilitaire menée par Cable, aidé par Fabian Nicieza qui reprend l'écriture de la série après le départ de Liefeld pour former Image Comics. Nicieza est suivi de Jeph Loeb, puis de John Francis Moore, pour enfin être co-écrite par Warren Ellis & Ian Edginton lors de la période Counter X. En 2001, la série principale des X-Men prend le nom de New X-Men et est relancée par Grant Morrison & Frank Quitely. Le responsable éditorial Axel Alonso décide que c'est l'occasion de confier X-Force à un autre scénariste sortant du moule : Peter Milligan. Celui-ci refuse dans un premier temps, mais se laisse convaincre parce qu'Alonso lui accorde une liberté totale concernant les thèmes, sans aucune obligation de s'inscrire dans la continuité des X-Men, ou dans l'univers partagé Marvel. Ce contexte explique que cette série ne ressemble à aucune autre. Les personnages sont entièrement nouveaux : U-Go Girl, Anarchiste, Coach, Battering Ram, Gin Henie, La Nuit, Plazm, Sluk, Zeitgeist, Doop, puis Orphan, Phat, Saint Anna, Bloke, Vivisector, puis Smoke, Succubus. Les rescapés de X-Force (précédente version) font une brève apparition le temps de 3 pages, et Wolverine passe incognito dans l'épisode 116 le temps d'une page, puis revient pour plusieurs pages dans l'épisode 120. La première mission ressemble à quelque chose : libérer des otages. La seconde ressemble encore à quelque chose : libérer Paco Perez, un enfant mutant détenu par une dictature. La troisième consiste à éliminer le chef de X-Force pour le remplacer par un plus malléable et avec une meilleure cote de popularité dans les sondages.



Le lecteur constate également immédiatement que le responsable éditorial a aussi privilégié un artiste qui sorte des sentiers battus, dont la manière de dessiner ne correspondent pas à l'esthétique superhéros. Le lecteur est d'abord frappé par une apparence obsolète, un peu naïve. Les costumes de tous ces nouveaux superhéros donnent l'impression de provenir des années 1960, comme s'ils avaient été imaginés par Jack Kirby au début de Marvel. Il peut même avoir une impression de dessins à destination d'un jeune public prépubère : la peau bien rose de Bloke, le peu de poils sur le visage de Vivisector, les formes grossières de Phat, la pureté sans tâche de Saint Anna (comme si elle était dessinée par Gilbert Hernandez). Les personnages ont souvent les yeux très grands ouverts, ce qui donne une expression forcée. En regardant Logan dans l'épisode 120, le lecteur reconnaît le personnage sans difficulté, mais il a l'air moins dangereux que d'habitude, avec des contours plus doux, et une gestuelle qui semble moins agressive que d'habitude, tout en restant un peu théâtrale. Cette impression est renforcée par une mise en couleurs acidulée, dégageant plus une impression de douceur que d'agressivité.



Pourtant ces caractéristiques n'empêchent par les dessins d'exprimer des émotions adultes ou cruelles : un superhéros éventré avec ses intestins sortis de leur logement abdominal, la folie furieuse de Vivisector tranchant des soldats avec ses griffes, l'horreur abjecte d'une tentative de viol, etc. Derrière une apparence datée, l'artiste réalise des planches et des cases avec un niveau de détails bien supérieur à la norme des comics de superhéros dans les années 1960. Le pays situé en Afrique du Nord au début du premier épisode n'est pas reconnaissable, mais Allred a pris la peine de concevoir et de représenter une place forte avec des détails qui la rendent unique. Dans la page consacrée au vingt et unième Café X-Force, le lecteur a l'impression qu'il peut se promener entre les tables, aller passer sa commande au comptoir central, flâner pour regarder les produits dérivés. Au restaurant, il bénéficie d'une magnifique vue sur les buildings par la baie vitrée. Lorsque U-GO Girl invite Orphan dans sa chambre, il regarde le désordre par terre. Il prend également le temps de regarder chaque costume du carnaval de Bastrona.



Dès le premier épisode, les discussions entre les personnages établissent qu'ils manquent un peu de maturité, et qu'ils ne sont intéressés que par les contrats de parrainage. Milligan & Allred ne les gâtent pas : leur mutation ne les rend pas plus beaux, mais en font des monstres pour la plupart. Une peau d'une jolie couleur lavande, l'obligation de porter un masque sur le bas du visage pour maîtriser ses projections de bile acide, une peau toujours en train de suer, un hyper-développement pilaire. Ainsi ces monstres prennent leur revanche en faisant fructifier leur participation à une équipe de superhéros aux missions plus moins utiles. La scène introductive montre Axel Cluney regarder une mission sur un champ de bataille, revoir Sluk mourir, et considérer que ce n'est pas une grosse perte, voire que son apparence n'était peut-être pas assez humaine pour pouvoir faire partie de X-Force. Ce degré de cynisme se retrouve par la suite : Edie Sawyer qui considère que les missions sont une obligation pour jouir d'une vie de luxe, les insultes échangées entre les membres de l'équipe, le choix du chef de l'équipe dicté uniquement par les projections d'audience sans lien avec ses compétences de meneur, et ça ne fait que s'accentuer d'épisode en épisode. Peter Milligan reprend les techniques éprouvées de la téléréalité qu'il applique à une équipe de superhéros célèbres surtout parce qu'ils sont célèbres, dont le métier est d'être célèbres. Il va plus loin encore, en mettant en pratique le fait que le rôle de chaque membre est partiellement écrit, comme dans le catch (principe du Kayfabe) et qu'ils doivent respecter ces rôles prescrits. Ce capitalisme amoral gagne encore en horreur quand le lecteur découvre à quel point la fin justifie les moyens pour Coach.



Ce premier tome tient toutes ses promesses aujourd'hui encore : histoire entièrement indépendante de la continuité mutante, dessins sortant de l'ordinaire, tout en restant très comics, tonalité très adulte. Peter Milligan & Michael Allred racontent une histoire de mutants en marge de la société normale, avec costume de superhéros et superpouvoirs spectaculaires, comme une métaphore d'une société où tout est spectacle et l'objectif prioritaire de ses acteurs est de mener une vie de luxe.
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Britannia

Non, je n'ai pas vraiment aimé cette version gore et horrifique de l'empire romain sous Néron où l'on suite les aventures d'un centurion sur de mystérieux événements en Bretagne. On est à mille lieux d'une œuvre comme « Murena » par exemple.



Je n'ai pas apprécié le graphisme qui souffre d'une absence de finesse avec des traits plutôt grossiers.



En ce qui concerne le scénario, je n'ai pas accroché. Certes, il y a une ambiance assez spéciale et plutôt glauque mais je n'adhère pas.
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Counterfeit girl

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il contient les chapitres présents dans les numéros 2000 à 2008 et 2010 l'hebdomadaire britannique 2000 AD, initialement parus en 2016, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Rufus Dayglo, avec une mise en couleurs réalisée par Dom Regan.



Elle s'appelle Lulu Fun. Il y a 6 semaines, elle était Sybil Mann. L'année précédente, elle portait le nom de Mary Hair. Depuis une semaine, elle se fait passer pour Hilary Queen, ayant usurpé son identité électronique, et imitant ses mouvements corporels dans le moindre détail, jusqu'à sa manière de bouger les fesses. Ainsi, elle peut s'introduire chez elle et lui dérober des objets intimes. Une fois sa mission accomplie, elle se rend dans le quartier baptisé le Labyrinthe pour y rencontrer sa prochaine cliente : Brinda Quark, une activiste pour les personnes sans nom. Quark s'est fait accoster par Gene Selfish qui est en train d'essayer de lui refourguer une autre identité, celle de Joyce Data. Lulu Fun intervient pour tirer Brinda Quark des mains de Gene Selfish, et l'emmène loin de là. En cours de route, elles doivent se cacher pour ne pas être repérées par les agents de Albion Corporation. Enfin, Brinda Quark se trouve dans l'appareillage de Persona, où elle reçoit une fausse identité, celle d'Harriot Quinn, avec tous les justificatifs électroniques nécessaires qui sans être parfaits devraient résister plusieurs semaines à toute vérification. Du fait de l'engagement social de Brinda Quark, Lulu Fun ne la fait pas payer.



Quelques instants plus tard, Lulu Fun est contactée par Ola Kloof, une ancienne cliente. Lulu Fun s'offusque du risque que Kloof prend en la contactant, mais cette dernière indique qu'elle a déjà tout déballé à ceux qui l'ont choppée. Lulu Fun a juste le temps de prendre son sac avec elle et de déguerpir car la police privée d'Albion Corporation est déjà à sa porte. Elle hèle un taxi volant qui s'arrête. Elle monte à bord et pirate l'intelligence artificielle qui le pilote pour lui imposer sa destination. Mais le taxi l'éjecte quand même, et elle se retrouve à courir dans la rue, en essayant de semer le drone qui l'a repérée. Elle parvient à rejoindre le quartier du Labyrinthe et elle prend le drone par surprise en lui flanquant un grand coup de sac dessus, ce qui le neutralise. Il ne lui reste plus beaucoup de possibilité, une seule en réalité. Elle retrouve Gene Selfish à son endroit habituel et elle lui demande de lui implanter une nouvelle identité pour pouvoir disparaître aux yeux de ceux qui la traquent.



Le texte de présentation de la quatrième de couverture promet un thriller sous forme de récit d'anticipation : une femme se battant contre une grosse multinationale, sur fond de questionnement sur les preuves d'identité dans une société que le lecteur suppose souffrir d'une forme de totalitarisme capitaliste piloté par des entreprises toutes puissantes. L'intrigue s'avère assez facile à suivre. Le scénariste indique rapidement que l'identité initiale de Lulu Fun était Libra Kelly, et elle se retrouve infecté par un virus capable de parole s'attaquant à son identité avec le risque de causer sa mort physique. Il ajoute une relation à la Roméo & Juliette, car Libra Kelly a entretenu une relation amoureuse avec Slayd, le fils de Sir Albion Starlight, le propriétaire de Albion Corporation. Il ne reste plus qu'à montrer Libra Kelly prenant successivement contact avec différents individus susceptibles de disposer d'un moyen illégal pour neutraliser le virus, jusqu'à ce que son lien avec Slayd Starflight ait des conséquences. Le récit prend donc la forme d'une course-poursuite couplée à une course contre la montre pour que Libra Kelly parvienne à se débarrasser de son virus avant d'avaler son extrait de naissance. Cette forme confère une dynamique à la narration, le lecteur se retrouvant entraîné d'une épreuve à l'autre, et surpris par les solutions proposées à chaque fois avec des risques significatifs.



En voyant la couverture et en lisant les premières pages, le lecteur se dit que les responsables éditoriaux ont proposé à Peter Milligan de travailler avec un artiste dont les pages présentent des caractéristiques visuelles évoquant celles de Brendan McCarthy. Milligan a commencé à travailler pour le magazine 2000 AD en 1981, et de manière régulière à partir de 1985. Il a souvent été associé à McCarthy pour des récits empruntant à l'esthétique psychédélique avec des visuels marquant, ce qui a conduit l'éditeur à les réunir dans un recueil publié en 2013 : The Best of Milligan & McCarthy. Il est également possible de lire une autre de leur collaboration : Sooner or Later. En regardant rapidement les pages de Rufus Dayglo, le lecteur retrouve la même utilisation de couleurs vives et même parfois criardes pour un effet amalgamant une esthétique pop et des saveurs psychédéliques. Il est aussi possible que ce soit une demande explicite des responsables éditoriaux, formulée à Dom Regan. À la lecture, les dessins de Rufus Dayglo s'avèrent moins éprouvant que ceux de Brendan McCarthy : ils donnent moins l'impression que l'artiste est en train d'hurler au visage du lecteur.



Rufus Dayglo réalise des pages comptant en général 5 cases, le plus souvent rectangulaires. Elles sont régulièrement disposées en bande horizontale. Parfois il peut y en avoir une en insert, 2 ou 3 en drapeau. Rarement, l'artiste a recours à des cases en trapèze. Du fait de cette disposition traditionnelle des cases, le regard du lecteur suit facilement leur enchaînement, sans avoir à chercher, ou à parcourir la page dans des sens contre-intuitifs. En outre, le dessinateur détoure les formes d'un trait encré, forme traditionnelle de représentation dans la bande dessinée. Par contre, il n'hésite pas à dessiner de minuscules détails jusqu'à donner l'impression d'une case ou d'une page très chargée : la foule compacte dans les rues en vue de dessus, les nombreuses tubulures avec des manettes dans la chambre du Persona, les tubes qui parcourent le vêtement de Lulu Fun, les écrans dynamiques et les messages publicité défilants omniprésents, les tenues et les coiffures très créatives des citoyens, etc. En outre ces dessins sont régulièrement rehaussés d'effets spéciaux de couleurs pour les écrans (parfois avec des messages inattendus), pour des effets de lumière, pour des décharges d'énergie. Ce foisonnement de traits et de couleurs ne rend pas la lecture compliquée, mais donne l'impression de page très denses.



Alors que le lecteur pourrait se focaliser sur la filiation évidente avec Brendan McCarthy, Rufus Dayglo choisit de rendre hommage à 3 autres artistes réguliers de 2000 AD, en les citant nominativement en bas de page : John Hicklenton (1967-2010), Garry Leach (1954-) et Steve Dillon (1962-2016). L'influence de ces 3 dessinateurs est moins évidente dans ses pages. Le dessinateur fait également régulièrement preuve d'un sens du spectaculaire : les 2 cyborgs en costume poursuivant Libra Kelly, cette dernière commençant à se sentir mal peu de temps après son changement d'identité aux mains de Gene Selfish, le quartier de Kalifornia, le passage devant l'intelligence artificielle remplissant les fonctions de juge, Libra vomissant en jet, etc. En suivant les pérégrinations de Libra Kelly, le lecteur peut avoir l'impression qu'elle se déplace dans MegaCity One, la ville de Judge Dredd, mais avant l'apparition du système des Juges. Les images donnent donc l'impression d'un récit d'anticipation situé plusieurs décennies dans le futur.



S'il a déjà eu l'occasion de lire des récits de Peter Milligan, le lecteur espère que l'auteur va bien s'amuser avec la notion d'identité et de preuve d'identité dans un monde où il faut pouvoir la prouver très régulièrement, peut-être même une réflexion sur l'identité comme il avait pu le faire dans la série Human Target, avec Javier Pullido & Cliff Chiang. En fait, il n'en est rien : le scénariste préfère se concentrer sur son intrigue, sur la course-poursuite, sans se lancer dans des considérations philosophiques ou socio-politiques. Ce qui se rapproche le plus d'une forme de critique réside dans la scène avec l'intelligence artificielle faisant office de juge, Libra Kelly étant convaincue du résultat, à savoir sa condamnation. Il met également en scène le fait qu'un employé ne doit rien attendre d'une entreprise en termes de reconnaissance. D'une certaine manière, Peter Milligan s'en tient à une aventure dans laquelle une rebelle au grand cœur (elle ne fait pas payer sa cliente défendant les opprimés) lutte contre un système piloté par les riches pour leur propre bénéfice. C'est le seul message politique. Au travers du sort du père de Libra Kelly, il monte également comment une entreprise jette ses employés quand ils ont fini de lui être utiles.



Il est difficile de tenir rigueur aux auteurs du texte de la quatrième de couverture. Le lecteur doit donc accepter le récit pour ce qu'il est : une mise en images avec une réelle personnalité dont l'apparence psychédélique évoque l'aliénation de l'individu par une société hors de contrôle, et plutôt contraignante et totalitaire que fait pour l'épanouissement du peuple, un récit avançant rapidement, utilisant des éléments d'anticipation pour maintenir le suspense.
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American Ronin

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il regroupe les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2020, écrits par Peter Milligan, dessinés par ACO, encrés par David Lorenzo, et mis en couleur par Dean White. Les couvertures ont été réalisées par ACO. Le tome comprend également la couverture variante de Keron Grant, et celle de Mike Deodato junior, et celle de Rahzzah, une postface d'une page et demie de Milligan, et une d'une demi-page de ACO.



À Hong-Kong, Barrett Cornell, un homme d'affaires millionnaires, imagine ce qui se passerait s'il se jetait d'une fenêtre depuis le haut étage du gratte-ciel où il séjourne : la paix qui viendrait enfin envahir son corps sans vie écrasé sur la chaussée. Burke, un de ses subalternes, lui indique que les amusements sont arrivés : deux jeunes femmes dans des tenues très dénudées. Il lui répond que, finalement, il va aller faire un tour. Burke lui répond qu'il va prévenir la sécurité de cette sortie. Cela fait dix jours que Rônin suit la trace de Cornell. Il pense à quel point les frontières n'ont pas de sens pour un individu tel que Cornell, qu'elles n'assurent aucune protection aux nations, et que ce sont les multinationales comme celle dont il fait partie qui gouvernent le monde : Lincoln's Eye, American Dream, et même Book of Changes Inc. en Chine. Cornell monte dans sa limousine, et il est escorté par un groupe d'une demi-douzaine de gardes du corps à moto. Rônin a enfourché la sienne et les suit en se montrant très professionnel, avec une touche d'inexpérience pour se faire remarquer. Cela ne manque pas de se produire, et l'un des motards le prend en chasse.



Rônin fait en sorte de se coincer tout seul dans une impasse déserte, et fait une chute à moto. Son poursuivant arrive, descend de moto et le tient en joue avec son pistolet. Rônin le désarme rapidement, avec un maximum de brutalité pour bien faire comprendre qu'il ne plaisante pas. Il a besoin d'informations sur Barnett Cornell. Ce dernier a réussi à faire accepter par Gigi Lo qu'elle lui consacre quelques minutes. C'est l'héritière de l'entreprise Lo Electrics, et elle a vingt-cinq ans de moins que lui. Elle le reçoit dans un musée, avec ses deux panthères et ses gardes du corps. Il déclare tout de go que coucher avec elle est la seule chose qui donne un sens à sa vie. Elle lui répond sarcastiquement qu'elle pensait qu'il était venu pour parler d'expressionnisme abstrait. Il continue : il est prêt à lui offrir une des îles qu'il possède dans les Caraïbes si elle accède à sa demande. Elle rit, avec une note de cruauté et de moquerie. Rônin a tout observé à l'abri et il se dit qu'il lui faut absolument comprendre ce que veut Cornell, si c'est un besoin d'humiliation, de masochisme psychologisme, ce qui le fait souffrir. Gigi Lo dispose également de ses propres gardes du corps, mais ils ne sont pas de la trempe de ceux de Barrett Cornell. Quelques jours après, elle revient à son hôtel après son footing et elle trouve Rônin installé dans le canapé de sa suite, avec les deux panthères à ses côtés.



La couverture parle d'elle-même : un homme énigmatique qualifié de rônin, un combattant sans maître, avec un pistolet fumant à la main. Le lecteur n'éprouve pas de doute : un assassin qui va accomplir des contrats. Effectivement il y a de cela. Rônin, son nom n'est jamais dit, a décidé de se venger contrer une multinationale qui lui a injecté des nanites dans le sang pour construire un agent de terrain supérieur à un être humain normal. Il a donc décidé de se venger en assassinant les hauts dirigeants, des individus intouchables dans la vie de tous les jours, vivant au-dessus des lois, dictant leurs conditions aux chefs d'état. Peter Milligan n'y va pas avec le dos de la cuillère : les hommes d'affaires assis à la table des directoires et les présidents des conseils d'administration sont des individus corrompus par le pouvoir, et ils manient un pouvoir presque absolu. Ils traitent leurs employés comme des consommables, et ils considèrent les femmes comme de la marchandise qu'ils achètent pour leur bon plaisir. Sans oublier que, bien sûr, ils vivent dans le luxe et l'opulence, protégés par l'élite des gardes du corps, totalement dévoués à leur survie. Il va donc ainsi réussir à assassiner Barrett Cornell haut placé dans la hiérarchie de Lincoln's Eye, et passer à Warren Kennedy, le suivant sur sa liste.



Le lecteur remarque tout de suite le choix de couleurs très tranché de la couverture, ainsi que l'élégance de Rônin assis sur son fauteuil à roulette. À l'intérieur, Dean White, un coloriste remarquable, met en œuvre une approche naturaliste, venant nourrir les dessins de manière remarquable, que ce soit pour les textures, les reliefs, ou encore les effets spéciaux, et quelques incursions plus psychédéliques en phase avec l'intrigue. Aco dessine dans un registre réaliste avec un bon niveau de description. L'artiste joue le jeu de montrer un homme viril, fort et sachant se battre, avec des touches discrètes pour le rendre plus romanesque, plus admirable, grâce à un angle de vue un peu incliné, une mise en scène qui le privilégie, une exagération de sa souffrance tout en restant dans un domaine réaliste. Il l'habille de tenues élégantes tut en restant simples. Le lecteur suit un individu mystérieux, souvent dans l'action, et sachant se battre. Il évolue souvent dans des endroits luxueux auxquels le dessinateur sait donner une personnalité par le mobilier, l'agencement, les dimensions. Il affronte ou il traque des individus avec des vêtements plus luxueux, une attitude souvent hautaine et méprisante vis-à-vis des autres qu'ils jugent être d'une classe inférieure à la leur. Il est visible que Aco prend plaisir à représenter les voitures de luxe et les jets privés. Il sait bousculer les cases pour des structures de page qui accompagnent les mouvements et les soubresauts, saupoudrés de quelques détails gore.



Le lecteur a vite fait de prendre goût pour cette narration nerveuse, violente, tout en se disant que finalement la couverture était trop fidèle : une simple série d'action bien ficelée. Mais non, il y a plus : les pages ne sont pas juste bien faites et séduisantes. Régulièrement, la narration visuelle s'écarte un peu de ces clichés de bonne facture, en introduisant des éléments inattendus. Ça commence quand Rônin s'injecte dans les veines une substance contenant des traces d'ADN de Barrett Cornell. Aco réalise montre le personnage assis en tailleur, et une trentaine d'images comme des clichés disposés tout autour de sa silhouette, des souvenirs et des sensations que ressent Rônin. Il reprend ce dispositif très parlant à l'identique dans le deuxième épisode, avec la même efficacité. Dans l'épisode 3, il bouscule les cases qui sont de guingois pour un cauchemar éprouvé par Rônin pendant son sommeil. Dans le même épisode, Dean White passe à une palette psychédélique le temps d'une courte séquence. Ces moments tranchent avec l'ordinaire d'une série d'action.



Effectivement, Peter Milligan ne s'est pas limité à un justicier vengeur qui élimine de richissimes hommes d'affaire qui agissent impunément au-dessus des lois. Rônin dispose d'un avantage : lorsqu'il s'injecte de l'ADN de sa victime, sa capacité d'empathie totale se déclenche, lui permettant de percevoir des fragments de la vie de la personne, ou plutôt de ressentir les émotions associées à ces moments. Dans la postface, il explique qu'il a voulu ainsi opposer au capitalisme froid et dévorant des multinationales qui sapent le pouvoir des démocraties, un individu ressentant les émotions avec acuité. Le fait est que ça fonctionne bien. Certes il s'agit d'un élément à cheval entre anticipation et fantastique, et l'image de Rônin en train de s'injecter un produit pas très bien défini nécessite un petit supplément de suspension consentie d'incrédulité de la part du lecteur. Une fois cet ajustement effectué, cette dynamique fonctionne très bien. Rônin se glisse dans la peau de sa victime et perçoit sa peur intime, pas un gros monstre baveux et plein de dents acérées, mais une angoisse profonde de l'individu qui s'avère capable de la mettre à profit comme source d'énergie, e la sublimer, mais qui est aussi incapable de la surmonter. Il vit avec et c'est pour toute sa vie. Ça le ronge autant que ça le fortifie. Cette composante prend alors le dessus, transformant un récit entre espionnage et policier, en un thriller psychologique. Le lecteur reconnaît bien le savoir-faire de Milligan dans quelques angoisses malsaines, et la manière dont l'individu les exorcise en maltraitant d'autres êtres humains.



Ce récit rappelle qu'il est difficile de juger un livre sur sa couverture, même pour une bande dessinée. Les auteurs semblent tout d’abord raconter une histoire de vengeance très classique, et très bien menée. Puis en cours de route, le lecteur tombe sous le charme de la narration visuelle, Aco ayant parfaitement intégré l'influence de Jim Steranko qui était si manifeste dans Nick Fury: Deep-Cover Capers (2017) de James Robinson. Il se souvient peut-être que Peter Milligan avait écrit une série avec un thème assez similaire, un individu qui prenait la place de personnes avec un contrat : Human Target (1999-2004). Ici la psyché de l'individu est moins explorée en profondeur, et l'accent est mis sur la force de l'empathie, avec assez de subtilité pour fasciner le lecteur.
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Namor : Voyage au fond des mers

Il y a deux idées très intéressantes dans ce récit d'aventure. Il est question d'un scientifique cartésien qui a l'habitude de démystifier les contes et les légendes à travers le monde. Il a par exemple prouvé à la communauté scientifique que le Yéti n'existe pas. Le voilà désormais embarqué dans une mission scientifique afin de prouver que l'Atlantide est également une bonne vieille légende fantastique. On aurait pu craindre légitimement le pire avec un tel postulat de départ. Cependant, la suite sera traitée avec une grande dose d'intelligence. Le scénario est en effet parfaitement maîtrisé.



La seconde observation concerne le fameux gardien de l'Atlantide à savoir Namor qui donne le titre à cette oeuvre présenté par Stan Lee. On s'apercevra que celui-ci fera très peu d'apparitions. Il est presque fantomatique comme pour faire douter de son existence. Son ombre plâne sur cette histoire.



En effet, cette nouvelle sera surtout axée sur le mal des profondeurs que l'on peut éprouver à bord d'un sous-marin avec une ambiance tout à fait claustrophobique. Il faut dire que ce n'est pas moins que la fosse des Mariannes qui est explorée, à près de 10000 mètres de profondeur dans un noir absolu.



Un album très réussi avec un final qui étonnera. Plongez-vous dans le monde de Namor !
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Girl

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 3 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1996, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Duncan Fegredo, avec une mise en couleurs réalisée par Nathan Erving.



Simone Cundy a 15 ans et elle vit dans la ville industrielle et ouvrière de Ballston. Elle est en train de se rendre dans une usine désaffectée avec un foulard couvrant le bas de son visage, un bidon d'essence dans une main, et une brique dans l'autre. Elle lance la brique dans une fenêtre et pénètre ainsi dans le grand hall de l'usine. Elle débouche le bidon et verse de l'essence un peu partout. Elle prend son briquet et allume un chiffon imbibé qu'elle laisse tomber à terre. Quelques jours auparavant, elle sortait de son immeuble comme d'habitude et prenait l'ascenseur, squatté par quatre jeunes, des potes, comme d'habitude, en train de cloper, deux d'entre eux jouant à savoir s'ils trouvaient plus de préservatifs usagés, ou plus de seringues usagées. Ce jour-là, l'avantage était aux seringues au nombre de 4, contre 2 préservatifs. Simone est une adolescente un peu cynique qui croit dans la sainte trinité : sa tête, son cœur et son hymen, tous les trois intacts, et elle compte bien qu'ils le restent. Elle n'aime ni les mecs, ni les filles, ni les popstars, ni les romans, ni la loterie. Sa mère a trouvé sa lettre de suicide dans sa chambre et elle en parle à son époux Steve Cundy. Celui-ci est plus affecté par le déroulement du match de football à la télé et par l'interruption inévitable car il doit aller aux toilettes. Il n'écoute pas se femme qui se demande si elle doit s'inquiéter pour leur fille, et il râle parce qu'il n'y a plus de papier aux toilettes. Elle lui tend la lettre de Simone pour qu'il la lise, et il s'en sert pour s'essuyer sans comprendre de quoi il s’agit.



Dans les égouts, deux agents inspectent les canalisations. John Paul Smith, le plus jeune, retrouve la note de suicide dans les excréments car elle bloquait une canalisation. Il remarque qu'elle date de quatre jours. Simone gît dans son cercueil, exposé dans le salon de l'appartement, alors que les proches sont rassemblés pour un dernier adieu, tout en mangeant ce qu'a préparé la mère de famille. Parmi les personnes présentes se trouvent les frères et la sœur de Simone : Debbs (enceinte), Jason et Barry. Debbs remet un peu de rouge sur les lèvres du cadavre. John Paul Smith passer la porte pour présenter ses condoléances à la famille. Debbs reconnaît en lui le copain de la défunte et l'oblige à embrasser le cadavre sur les lèvres. Les parents se sont déjà désintéressés du corps de leur fille, et ils suivent attentivement le tirage des numéros du loto à la télé. Le chien de la famille vient lui aussi dire adieu à Simone, et il urine sur le cadavre. Ce dernier explose en libérant des gaz, projetant du sang sur tous les invités. De plus en plus horrifié, John Paul Smith décide d'emmener le cadavre éventré loin de cet asile de fou. Simone est tirée de sa rêverie par John Paul Smith et son collègue qui ont fini leur inspection des émissaires et qui reviennent se changer. Ils indiquent à Simone qu'elle ne peut pas rester là.



Milligan & Fegredo avaient déjà collaboré en 1993 pour un récit hors norme : Enigma et le lecteur se demande bien ce que peut donner cette collaboration subséquente entre deux créateurs à la personnalité aussi forte. Visiblement, le scénariste est dans un période où il est très en forme, avec un responsable éditorial qui lui a complètement lâché la bride. Le lecteur découvre donc une série de situations et d'actes transgressifs : du chien qui urine sur le cadavre (ah ben si quand même), au père qui en retourne une à la mère dans un acte violence domestique caractérisé, en passant par un viol dans une décharge, une défenestration peut-être criminelle, une relation sexuelle consentante sous le porche d'un immeuble, un enfantement dans un appartement dans des conditions sanitaires déplorables, etc. Il ne manque que l'usage de stupéfiants et la prostitution, mais c'est déjà chargé comme ça. Le lecteur suit donc cette demoiselle vivant dans un milieu de prolétaires un brin caricaturaux, se sentant en décalage car il est évident que son quotient d'intelligence est déjà supérieur à la somme de celui de ses parents et de ses frères et sœur réunis. Sa situation se complique encore quand elle rencontre une autre adolescente qui pourrait être sa sœur jumelle, à ceci près qu'elle est blonde.



Le lecteur suit donc les tribulations de Simone Cundy, dans un quotidien très glauque au premier degré, mais avec une touche caricaturale qui déplace le récit du mélodrame tire-larme, plutôt vers la farce grinçante, même si la séquence d'ouverture laisse sous-entendre que tout pourrait se terminer avec une immolation par leur feu (pas très réjouissant comme mort). Il en va de même pour la narration visuelle. L'artiste a entamé sa phase de mutation qui va le mener vers une apparence de dessin intégrant un petit degré d'abstraction pour devenir plus expressionniste, ce qui conduira Mike Mignola à l'embaucher le temps d'histoires mémorables d'Hellboy : Hellboy, Tome 10 : La Grande Battue et Hellboy, tome 16 : Le Cirque de minuit. Pour la présente histoire, il réalise des dessins avec un bon degré de détails. Ainsi le lecteur peut se projeter dans le hall abritant la grande machine d'imprimerie, dans l'ascenseur surpeuplé et défraîchi de la HLM, dans le salon un peu étroit et décoré avec un mauvais goût appuyé des Cundy, dans la décharge à ciel ouvert, dans la boîte de nuit, ou encore dans le funérarium, le poste de police, et les rues de Ballston. L'artiste détoure soigneusement les contours des formes, avec un trait irrégulier apportant du relief et de la texture à chaque élément, donnant une sensation d'usure et parfois de saleté à certaines zones.



Fegredo représente les personnages de manière plutôt honnête, c’est-à-dire sans les caricaturer, sans forcer la dose pour le surpoids du père, ou les expressions manquant d'intelligence de la mère. Il ne transforme pas les personnages en des gravures de mode, ou des canons de beauté. Il représente des individus normaux, avec différentes morphologies, e des expressions de visage naturelles et variées. Il porte une attention particulière aux tenues vestimentaires de telle sorte qu'elles soient en cohérence avec l'âge de l'individu, sa position sociale, son métier ou son occupation. Ainsi, Simone ne porte pas les mêmes vêtements dans la rue, que pour sortir en boîte ou pour se rendre à son lycée. Au fur et à mesure, le lecteur se rend compte de la qualité du jeu des acteurs, avec une direction naturaliste, et une capacité épatante à rendre compte d'un état d'esprit, d'une émotion nuancée. Il voit bien le désœuvrement blasé des jeunes dans l'ascenseur, la réflexion limitée de la mère avec la lettre de suicide dans la main, la gêne de John Paul Smith lors de la veillée funéraire grotesque, la tentative de séduction de Simone avec Marley et la gêne de celui-ci, la malice de Polly, le calme de l'inspecteur de police, etc. Même s'il n'y prête pas attention de manière consciente, le lecteur finit par se rendre compte de la facilité avec laquelle l'artiste parvient à lui rendre plausible toutes les situations, même les plus inattendues, comme quand Simone imagine l'inspecteur tout nu assis sur les toilettes pour faire en sorte qu'il ne l'impressionne pas.



Il n'est pas possible de résister longtemps à l'entrain outrageux de cette farce sociale. Les auteurs racontent avec une verve certaine la révolte d'une adolescente contre les individus de son milieu trop étriqué, contre un environnement social débilitant lui promettant un avenir de prolétaire bas du front. Simone Cundy se rebelle et est prête à commettre des actes violents. En fait non, elle souhaite juste trouver une échappatoire à un quotidien désespérant. Au départ, Milligan donne l'impression de reprendre le chemin parcouru par Grant Morrison dans Kill Your Boyfriend (1995) avec Philip Bond. Mais en fait, Simon Cyndy ne se met pas à trucider toutes les personnes qui passent à sa portée. Elle a bien du mal à savoir ce qu'elle ressent lors de diverses catastrophes (la défenestration, le bébé mort-né), et elle ne commet que deux actes violents, en réponse à une agression préalable. En plus le lecteur en vient rapidement à se demander si elle constitue une narratrice vraiment fiable. En effet, cette histoire de sœur jumelle blonde est trop belle pour être vraie, et le comportement de Simone à la suite de cette découverte s'avère assez étrange. À l'évidence, le scénariste joue autant avec son personnage qu'avec le lecteur. Ce dernier n'a donc d'autre choix que de se laisser trimballer par l'intrigue, oscillant entre répulsion devant le sort de cette pauvre demoiselle, et amusement à ses tribulations du fait de la survenance d'événements un peu gros, mais pas impossibles.



Les auteurs imaginent un récit pour évoquer le mal-être de l'adolescence. Ils mêlent le mélodrame ordinaire à la farce, avec un dosage parfait. La narration visuelle est très convaincante, avec de légères exagérations discrètes, et un parfum de quotidien dans une ville industrielle appauvrie, plus vrai que nature. L'intrigue s'avère fournie, sans être complexe, avec un scénariste facétieux et sarcastique, pour une histoire savoureuse.
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Namor : Voyage au fond des mers

« Namor », est une variation assez classique du huis-clos horrifique en sous-marin. Le découpage et la mise en scène sont plus qu’essentiels puisque de décors il n’y a presque pas! Tout est dans les visages (mêmes gros plans torturés et ravageurs que dans Loki ou même Thor du même illustrateur Magnifique, Esad Ribic) et les cadrages sens dessus dessous qui créent une véritable atmosphère paranoïaque et inquiétante. Namor devient une créature démoniaque et invincible (on est proche du Ghor du « massacreur de dieux« ) avec un traitement hyper-réaliste qu’utilise par exemple au cinéma M. Night Shyamalan sur Incassable. « Namor » (titré « the depth » en VO) est l’histoire d’un scientifique en quête de gloire qui souhaite prouver au monde que le mythe d’Atlantide n’existe pas. La descente en sous-marin dans la fosse des Marianne va confronter l’équipage à ses peurs et le scientifique à son cartésianisme (grosso modo le même sujet – en moins fantastique – que le très bon « Sanctuaire« de Bec et Dorison). Le scénario est un voyage en tension vers la folie et l’irrationnel. Le dessin est un exercice de style de mise en ombres et en contrastes des visages de cet équipage. Tantôt dans le noir absolu, tantôt dans la lumière blafarde des lampes, Ribic travaille ici la lumière puisque son histoire n’est qu’ombre et lumière (les monstres tapis dans la première face à la lumière de l’esprit rationnel). Si l’on peut tiquer sur un usage immodéré des « gros yeux » et une difficulté à distinguer ses personnages par moment, Esad Ribic livre néanmoins ici une partition impressionnante que l’on n’a pas l’habitude de trouver dans la production BD américaine.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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Namor : Voyage au fond des mers

En 1939, un aventurier du nom de Marlowe monte une expédition à bord d'un sous-marin pour retrouver la cité d'Atlantis. Toute l'expédition est perdue corps et âme. Quelques années plus tard, une nouvelle expédition est financée pour retrouver la précédente. Quelques industriels ou une agence gouvernementale chargent Randolph Stein de partir sur ses traces. Stein est un sceptique professionnel ; il parcourt le monde pour exposer la réalité derrière les mythes. Son dernier exploit est d'avoir capturer un spécimen de singe qui avait donné naissance à la légende de l'abominable homme des neiges. Le lecteur est amené à suivre Randolph Stein à bord du submersible Plato. L'histoire est narrée essentiellement du point de vue de Stein avec quelques extraits de son journal intime. Toutes les figures imposées du genre sont au rendez-vous : scientifique en but aux croyances des marins, mutinerie, étrange créature évoluant autour du sous-marin sans laisser de trace matérielle, ténèbres des abysses, huis clos étouffant, angoisses, accès de démence, etc.



L'histoire d'un équipage de sous-marin en plongée prolongée est un genre en soi. Peter Milligan et Esad Ribic nous livrent leur version, et le résultat est plutôt réussi. Il faut dire que les illustrations tirent à elle seule ce récit dans un monde à part. Ribic avait déjà illustré 2 récits particuliers : Loki & Requiem : Kyrie, Sanctus, Benedictus, Agnus Dei. Il utilise la peinture pour mettre en images le récit de Milligan. Il affectionne des teintes pastel douces et presque fades. Ces couleurs délavées contrastent fortement avec la noirceur des abîmes des profondeurs. Il a également recours à des formes simplifiées (aucun encrage) qui donnent une impression de dessins parfois enfantins. Mais il maîtrise parfaitement la composition et les détails choisis qu'il met en valeur par une simple touche de couleur. Ce mélange d'objets familiers aisément reconnaissables et d'individus aux contours simplifiés provoquent une forte empathie chez le lecteur. Il ose également une interprétation de Namor très personnelle qui met en valeur son étrangeté et son appartenance au monde des poissons.



Peter Milligan a choisi de faire de Namor un élément secondaire de l'intrigue. Il est une présence invisible aux abords de du sous-marin. Il rôde sans se montrer et au final il n'aura que 2 interactions avec l'équipage du Plato. Le coeur du récit est donc un mélange de Stein poursuivant Namor pour mieux démontrer son inexistence (tel Achab obnubilé par Moby Dick pour d'autres raisons) et de raison pourfendant les superstitions. Il fait de Randolph Stein un homme obsédé par sa mission, prêt à tout sacrifier. Cette histoire a été éditée sous le label "Marvel Knights" qui est destiné à une tranche d'âge de lecteurs compris entre la ligne Marvel de base et ceux visé par la ligne "Max".



Cette variation sur l'ivresse des profondeurs dans un monde exclusivement masculin m'a bien plu. Milligan sait rendre intéressant son personnage principal sans qu'il soit simpliste ou fanatique au premier degré. Les illustrations d'Esad Ribic sont originales et plongent le lecteur dans une atmosphère suffocante. Et ils disposent l'un comme l'autre d'assez d'originalité pour que l'on n'ait pas l'impression de lire une plongée qu'on a déjà vue en film : la claustrophobie n'est pas le seul ressort de l'intrigue.
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Hit Girl en Inde

Ce tome fait suite à Hit Girl à Hong Kong (épisodes 5 à 8, par Daniel Way & Goran Parlov) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Une connaissance très superficielle du personnage suffit pour tout comprendre. Il comprend les épisodes 9 à 12, initialement parus en 2019, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Alison Sampson et mis en couleurs par Tríona Farrell.



Mindy McReady continue de voyager de pays en pays, cette fois-ci atterrissant à Mumbai, mégapole de près de 19 millions d'habitants. Dans son luxueux appartement, l'homme d'affaire surnommé Beggarman passe une nouvelle commande : Aadarsh un de ses hommes de mains doit lui ramener un jeune mendiant en bonne santé physique. Dans une rue déserte d'un quartier défavorisé, Aadarsh s'acquitte de sa mission : il a saisi un jeune mendiant par le bras et l'entraîne de force vers sa voiture où l'attend son comparse avec déjà un autre enfant entravé. Alors que Aadarsh s'apprête à démarrer, un gros bruit se fait entendre sur le toit de la voiture, et le pare-brise explose en mille morceaux. Aadarsh sort de la voiture, se retrouve face à une fillette en costume violet, qui lui coupe le crâne en deux à l'horizontale avec son katana. Elle s'occupe du deuxième homme avec la même efficacité définitive et libère les 2 jeunes adolescents. Elle les accompagne jusqu'à leur lieu de résidence : un camp de fortune dans une gare ferroviaire, à côté des rails. Autour d'un brasero, Ram explique que le petit groupe d'enfants se nourrit des résidus trouvés dans les poubelles et qu'ils mendient ce qu'ils peuvent. Il ajoute que certains se font enlever par les hommes du Beggarman. Regardant l'heure, il demande que Charu allume la radio pour écouter l'émission d'Aubrey sur la BBC, sur le thème des Hijras, le troisième sexe en Inde.



Dans une habitation de fortune qui sert de lieu de réunion, les hommes de main de Tiger Bhai viennent houspiller et malmener le petit groupe de hijras, pour les racketter. Ils enjoignent les hijras à être en mesure de les payer lors de leur prochain passage dans un jour ou deux. Dans les locaux de la BBC, Aubrey subit les remarques de son producteur qui ne comprend pas qu'il fasse des émissions sur les hijras, et qui exige des reportages plus tendances, et plus énergiques. Aubrey rentre chez lui, où il retrouve sa compagne Prema avec un œil au beurre noir. Elle fait partie des hijras qui ont été malmenées chez la grand-mère. Peu de temps après, Hit-Girl a chopé un individu louche qui semble être liés à ceux qui enlèvent des enfants dans la rue. En haut d'un immeuble, elle le tient par les pieds, la tête en bas dans le vide, et exige qu'il dise ce qu'il sait sur Beggarman. Ses chaussures cèdent et il préfère la chute mortelle à révéler quoi que ce soit. Un peu plus tard, en regardant un spectacle de danse de rue réalisé par un groupe de hijras, Hit-Girl est abordée par un petit mendiant cul-de-jatte qui lui propose des informations en échange d'un billet.



Ce n'est pas la première fois que Peter Milligan partage sa fascination une facette ou une autre de l'Inde : par exemple, il y avait déjà emmené John Constantine dans John Constantine, Hellblazer: India (épisodes 261 à 266). Le lecteur s'attend donc à ce que les auteurs amalgament les solutions radicales et mortelles de Hit-Girl avec des éléments spécifiques de cette ville. Effectivement, Milligan ne se contente pas de réduire Mumbai à une mégapole générique interchangeable avec n'importe quelle autre. La densité de population ne se fait pas trop sentir dans les planches, mais les tenues vestimentaires correspondent bien à cet endroit du monde, en particulier avec de magnifiques saris. Les constructions vont de l'immeuble de luxe à la décharge à ciel ouvert avec des enfants en train de fouiller à la recherche de déchets récupérables et valorisables. La dessinatrice montre des endroits qui attestent qu'elle a effectué des recherches tant pour les costumes que pour les décors. Il y a une ou deux scènes de foule, mais elles ne sont pas étouffantes. Il y a un déplacement à moto, et un autre à vélo, sans oublier ces gens qui vivent à proximité des rails de train. Les traits de contour sont fins, parfois un peu fragiles, parfois un peu tremblés, ce qui n'empêche un bon niveau de densité d'informations visuelles.



Le lecteur se promène donc dans une Inde qui n'est pas touristique mais qui n'est pas en toc non plus, ou avec des façades en carton-pâte. Il reste quand même étonné que Mindy McReady communique sans aucune difficulté avec tous les indiens qu'elle rencontre, sans jamais de barrière de la langue. Il découvre ce qu'est un hijra, le troisième sexe en Inde. En fait Peter Milligan se contente d'utiliser le terme de Hijra et d'en donner une définition très succincte, un peu superficielle même, qu'il n'approfondit pas. Néanmoins, ce polar ou cette aventure violente s'inscrit bien dans une région précise du monde, et serait au moins un peu différente si elle se déroulait ailleurs… enfin pas tant que ça. À peine débarquée à Mumbai, Mindy McCready assiste à un kidnapping d'un enfant des rues et intervient avec son costume violet de Hit-Girl. Par la suite, elle se promène décontractée dans la rue avec ce même costume et ses cheveux teints eux aussi en violet sans susciter le moindre regard curieux. Dès la cinquième page du premier épisode, il est possible d'observer son goût pour la violence tranchant : le crâne coupé en deux à l'horizontale. Alison Sampson ne se délecte pas avec un dessin gore, préférant un angle de vue spectaculaire, mais un dessin prosaïque sans beaucoup de détails. Par la suite, Hit-Girl fait preuve d'une force impossible pour son âge : tenir un homme par la cheville dans le vide, ou manier des armes de gros calibre sans accuser le coup du recul. La dessinatrice montre une jeune fille prépubère maniant les armes à feu avec aisance et rigueur, arborant parfois un sourire de plaisir à dessouder du malfrat, parfois une intense concentration quant à ce qu'elle est en train de faire pour le faire bien.



Le lecteur passe alors en mode lecture de divertissement. Peter Milligan a construit un scénario avec des ressorts classiques : deux caïds, l'un qui fait enlever des enfants, l'autre qui rackette les civils d'un quartier pauvre. Hit-Girl est là pour faire le ménage de manière radicale et définitive. Il élève un peu son récit au-dessus d'un niveau simplement manichéen, avec des individus qui peuvent changer d'avis quant à qui ils aident, et des personnages parfois un peu plus complexes. Finalement, le destin d'Aubrey n'est pas tout tracé. Ce monsieur d'une quarantaine d'années, dessiné de manière très réaliste, ne devient pas un journaliste au grand cœur, pourfendant l'injustice sur le cheval blanc de ses écrits. Le lecteur pense qu'il va s'attacher à Prema, la compagne d'Aubrey, mais en fait elle n'est pas très développée : Alison Sampson lui donne une également une apparence réaliste, mais elle n'a pas le droit à beaucoup de répliques. Milligan s'amuse avec les péripéties, en particulier le groupe des Hijras récupérées par Tiger Bhai. Elles sont amenées à ouvrir le feu sur les participants à un mariage, pour un carnage en règle. Elles s'avèrent très maladroites lors d'une séance d'entraînement à l'arme à feu. Hit-Girl fonce dans le tas, abat froidement des criminels, se fait attraper, en réchappe pas si difficilement que ça. Le rythme est rapide sans être effréné.



De temps à autre, le lecteur tombe sur une séquence ou une simple case surprenante. Il sent toute la force de vie du groupe d'enfants vivant en communauté dans un campement de fortune. Il se retrouve coincé dans un embouteillage d'une ampleur gigantesque. Il ressent toute l'incongruité pour Mindy de dormir dans un lit douillet dans l'appartement tranquille d'Aubrey. Il sourit en voyant le dessin du costume de superhéros Desi Boy que Ram a imaginé et qu'il présente à Hit-Girl. Il n'est pas très surpris de découvrir que Milligan a intégré une séquence de relation sexuelle avec menottes, mais cette fois-ci c'est l'homme qui est menotté. Il ne s'attend pas à ce que Deepka, l'actrice qui a menotté Tiger Bhai, soit aussi touchante, sans qu'Alison Sampson n'ait besoin de la sexualiser le moins du monde. Contrairement à ce que le lecteur pourrait attendre, Milligan n'embrasse pas complètement l'approche cathartique des assassinats de Hit-Girl. Après une intervention brutale de sa part, une hijra lui fait remarquer que sa solution définitive a plutôt fait empirer la situation que la résoudre, alors que les hijras avaient conçu une autre forme d'intervention, plus efficace, avec moins de risque de risque de retour de bâton.



Ce sixième tome des aventures de Hit-Girl à travers le monde surprend. Milligan et Sampson font un peu plus que le minimum syndical pour donner de la consistance au décor indien de Mumbai, mais sans non plus approfondir cet aspect-là de l'aventure. Si elle s'était déroulée ailleurs, l'intrigue s'en serait trouvé changée, mais pas forcément de manière fondamentale. Alison Sampson dessine de manière descriptive, avec une approche plus européenne qu'américaine, une vision réaliste, dans laquelle elle réussit quand même à intégrer un personnage aussi incongru que cette demoiselle en costume violet. Peter Milligan raconte plus une aventure qu'un polar, tout en développant plusieurs séquences qui sortent de l'ordinaire. Entre 3 et 4 étoiles, en fonction de l'horizon d'attente du lecteur.
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X-Statix, tome 1 : Good Omens

Ce tome fait suite à X-Force: The Final Chapter (épisodes 121 à 129) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2002, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Mike Allred (épisodes 1 à 4) et par Paul Pope (épisode 5), avec une mise en couleurs réalisée par Laura Allred. Les 7 pages en fin d'épisode 1 (histoire Code X) ont été dessinées et encrées par Darwyn Cooke. Ces épisodes ont été réédités dans X-Statix: The Complete Collection Vol. 1 qui contient les épisodes 116 à 129 de X-Force, et 1 à 5 de X-Statix.



Dans sa chambre d'adolescent, Arnie Lundberg repense à l'équipe X-Force, quand elle était composée d'Orphan, Anarchist, U-Go Girl et des autres. Il s'était habitué à cette nouvelle équipe, même si le taux de mortalité pouvait être déstabilisant. Mais voilà, ses membres ont laissé mourir U-Go Girl, la meilleure d'entre eux, et ça c'est impardonnable. Il entretenait une relation un peu particulière avec Eddie Sawyer même s'ils ne s'étaient pas vraiment rencontrés. Elle avait été la première fille à lui parler gentiment. Il l'aimait. Il aime sa mère également, mais ce n'est pas le même genre d'amour. Sa mère lui a donné la vie, Eddie Sawyer lui a sauvé la vie. En ce même moment, X-Statix est en train de se battre contre des tanks et des hélicoptères, en évitant des missiles, tout en se cherchant des poux dans la tête. L'équipe se compose d'Orphan (Guy Smith), Anarchist (Tike Alicar), Dead Girl, Vivisector (Myles Alfred), Phat (Billy Bob Reilly) et Doop. De retour dans leur quartier général, ils prennent leur douche dans une pièce unique, sans cesser de s'asticoter. Guy Smith leur annonce qu'ils vont procéder au recrutement d'un nouveau membre, mais cette fois-ci avec des auditions réelles, pas simplement en se contentant de regarder des démos vidéo, pour éviter de reproduire le fiasco du recrutement de Spike (Darian Elliott). Le même jour, Solomon Sullivan annonce la formation de l'équipe O-Force, dans une émission spéciale à la télé.



En bon agent, Solomon Sullivan présente cette nouvelle équipe comme une nouvelle sensation, encore plus sensationnelle que X-Force, quand bien même ils se sont rebaptisés X-Statix. Il introduit ainsi Overkill, Orchid, Otoman et Ozone les nouveaux candidats pour intégrer O-Force qui est déjà composée de Oink, Orbit, Ooze, Obituary Oracle, Ocelot, Orifice et Ocean, le pourcentage de satisfaction s'affichant en-dessous de chacun. Rassemblé dans leur salon, les membres de X-Statix sont tous en train de regarder le spectacle télévisé, en critiquant sévèrement ces gugusses, en sachant pertinemment que cette nouvelle équipe va leur manger des parts de marché et des contrats de parrainage. Leur manager Spike Freeman fait observer que X-Statix manque un peu de sex-appeal et que Venus Dee Milo serait une bonne candidate pour l'équipe. Le lendemain, l'équipe assiste aux essais des candidats, Venus Dee Milo se tenant dans les gradins et essayant d'entamer la conversation avec Guy Smith, puis avec Tike Alicar. Le premier candidat frappe un de ses opposants, le tuant. Spike Freeman estime que Corkscrew est un Code X. Doop accepte de s'en occuper.



En 14 épisodes (de 116 à 129), Peter Milligan & Mike Allred avaient atteint l'objectif fixé par Joe Quesada : raconter une histoire d'équipe de mutants qui sorte des sentiers battus. Le scénariste avait créé une nouvelle équipe de toute pièce, avec uniquement de nouveaux personnages. Mike Allred montrait des superhéros d'apparence plutôt sympathique, avec une fausse naïveté tout public. La somme des deux mettait en lumière une équipe dédiée entièrement au spectacle, pour décrocher les meilleurs contrats de parrainage, sans lien avec l'idéal superhéroïque, entre téléréalité de superhéros et méthodes du monde du catch professionnel. Le problème : l'utilisation irresponsable et incompétente de superpouvoirs a des conséquences plus fatales que des muscles froissés ou des fractures. Avec les quatre premiers épisodes, le lecteur retrouve bien l'apparence surannée des dessins de Mike Allred, mais atténuée par rapport à ses épisodes de X-Force. Les costumes des superhéros conservent cet aspect pop des années 1960, faisant penser à un mélange de Steve Ditko et de Jack Kirby, avec des couleurs parfois flashy, parfois plus adoucies. La majeure partie de ces mutants ont une apparence monstrueuse due à une difformité ou à une excroissance : la peau mauve d'Orphan toujours en train de suer, la peau cadavérique de Dead Girl et ses orbites vides, l'excès de tissu adipeux de Phat, la fourrure de Vivisector, et les membres d'O-Force ne sont pas mieux lotis, voire c'est pire pour certains.



Comme dans le tome précédent, le lecteur constate que Mike Allred ne s'économise pas pour autant. Il représente les décors avec un grande régularité, et un très bon niveau de détails : les posters dans la chambre d'Arnie Lundberg, le canapé, la table basse, le ventilateur et d'autres accessoires dans le salon de X-Statix, les gradins et les espaces de circulation dans le stade, le complexe hôtelier où se déroule la prise d'otages, les rues de la ville de banlieue tranquille où réside Arnie Lundberg, la chambre à coucher de Venus Dee Milo, la bibliothèque où écrit Myles Alfred, le diner ou déjeunent Dead Girl et Tyke Alicar, etc. S'il y prête attention, le lecteur constate que l'artiste s'amuse à intégrer quelques pièces de mobilier datant des années 1960 ou des 1970, ce qui contribue à cette impression surannée diffuse. La narration visuelle est toujours littéralement aussi haute en couleurs grâce à Laura Allred, en ce qui concerne les superhéros et leurs hauts faits, ce qui à nouveau évoque plus les années 1960. Les postures choisies par Allred pour les superhéros en action contiennent également une part de naïveté, sans l'agressivité instaurée dans les années 1990. Cela induit parfois un décalage entre une apparence de spectacle tout public et un massacre pur et simple, par exemple quand Corkscrew tue un autre candidat dans un affrontement test. Dans le même temps, le lecteur éprouve la sensation que le dessinateur prend moins ses aises que dans les épisodes de X-Force, qu'il s'astreint à être plus précis dans ses descriptions, plus proche d'une narration plus habituelle dans les comics.



En découvrant le dernier épisode, le lecteur se dit que Duncan Fegredo est revenu pour dessiner un épisode, le temps que Mike Allred s'avance pour les suivants. Il se rend compte que la tonalité des dessins n'est pas exactement la même : moins rugueux, un peu plus fluides, avec une horreur plus charnelle, des émotions plus à fleur de peau, que Fegredo. Paul Pope donne une vision plus cauchemardesque que celle d'Allred, qui n'est pas atténuée par la rondeur et l'entrain. À la fin de l'épisode 1, le lecteur découvre le sens de Code X, l'épreuve correspondante et la manière dont s'en tire Corkscrew. Darwyn Cooke utilise des traits plus gras que d'habitude donnant une impression de plus grande spontanéité, et en même temps en phase avec ce passage dans les bois, filmé en caméra par Doop. Le cadrage resserré donne vite une sensation oppressante, faisant monter l'inquiétude du lecteur quant à l'enjeu réel de ce séjour dans les bois et la fin le ramène à la réalité de la série. Comme dans les tomes précédents, ladite série porte les marqueurs d'une série de superhéros : individus avec des superpouvoirs, en costume moulant. En termes d'ennemi, il y en a majoritairement un seul : Arnie Lundberg, un mutant certes, mais avant tout un fan enamouré de U-Go Girl. De la même manière que les épisodes de X-Force d'Allred & Milligan étaient un commentaire sur les célébrités, devant leur renommé à leur capacité à se rendre célèbre, ces épisodes s'inscrivent dans la même veine.



Dans un premier temps, l'écriture de Peter Milligan se plie au même objectif que les dessins d'Allred : revenir à une narration plus classique. Il est probable que ce fut une exigence exprimée par le responsable éditorial (un paradoxe de demander à ces 2 créateurs de revenir à quelque chose de plus classique dans la forme, alors qu'on leur avait demandé de se montrer plus originaux), mais il est aussi possible qu'ils aient souhaité être plus abordables. Cela n'enlève rien au fait que la thématique reste bien celle de la célébrité en tant que métier. Le scénariste sait se renouveler avec le thème du fan, mais aussi avec celui de l'individu sacrifiant sa personnalité, ses valeurs, ses émotions, aux scripts et aux résultats des sondages pour devenir un meilleur produit pour générer une meilleure audience, de la pression incessante de la mise sur le marché d'autres produits équivalents (l’équipe O-Force), de la réalité de l'absence d'esprit d'équipe (chacun cherchant à se faire un max de thunes, avant toute autre considération), des clauses contractuelles interdisant de faire telle ou telle chose (ici le recrutement de Venus Dee Milo), et parfois du retour de bâton d'actions irresponsables.



Ce premier tome de la série X-Statix, mais en fait le troisième de cette équipe mutante par Allred & Miligan, poursuit l'immersion dans cette équipe recherchant les profits découlant de la célébrité, dans une forme de téléréalité sans honte et décomplexée, avec une narration visuelle chaleureuse, même dans les moments les plus atroces. De temps à autre, le lecteur éprouve la sensation que les auteurs font un effort conscient de revenir à une narration plus habituelle, pour ne pas trop effaroucher les lecteurs potentiels, mais sans pour autant mettre de l'eau dans leur vin.
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Hit Girl en Inde

Ce tome fait suite à Hit-Girl Volume 5 (épisodes 5 à 8, par Daniel Way & Goran Parlov) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Une connaissance très superficielle du personnage suffit pour tout comprendre. Il comprend les épisodes 9 à 12, initialement parus en 2019, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Alison Sampson et mis en couleurs par Tríona Farrell.



Mindy McReady continue de voyager de pays en pays, cette fois-ci atterrissant à Mumbai, mégapole de près de 19 millions d'habitants. Dans son luxueux appartement, l'homme d'affaire surnommé Beggarman passe une nouvelle commande : Aadarsh un de ses hommes de mains doit lui ramener un jeune mendiant en bonne santé physique. Dans une rue déserte d'un quartier défavorisé, Aadarsh s'acquitte de sa mission : il a saisi un jeune mendiant par le bras et l'entraîne de force vers sa voiture où l'attend son comparse avec déjà un autre enfant entravé. Alors que Aadarsh s'apprête à démarrer, un gros bruit se fait entendre sur le toit de la voiture, et le parebrise explose en mille morceaux. Aadarsh sort de la voiture, se retrouve face à une fillette en costume violet, qui lui coupe le crâne en deux à l'horizontale avec son katana. Elle s'occupe du deuxième homme avec la même efficacité définitive et libère les 2 jeunes adolescents. Elle les accompagne jusqu'à leur lieu de résidence : un camp de fortune dans une gare ferroviaire, à côté des rails. Autour d'un brasero, Ram explique que le petit groupe d'enfants se nourrit des résidus trouvés dans les poubelles et qu'ils mendient ce qu'ils peuvent. Il ajoute que certains se font enlever par les hommes du Beggarman. Regardant l'heure, il demande que Charu allume la radio pour écouter l'émission d'Aubrey sur la BBC, sur le thème des Hijras, le troisième sexe en Inde.



Dans une habitation de fortune qui sert de lieu de réunion, les hommes de main de Tiger Bhai viennent houspiller et malmener le petit groupe de hijras, pour les racketter. Ils enjoignent les hijras à être en mesure de les payer lors de leur prochain passage dans un jour ou deux. Dans les locaux de la BBC, Aubrey subit les remarques de son producteur qui ne comprend pas qu'il fasse des émissions sur les hijras, et qui exige des reportages plus tendances, et plus énergiques. Aubrey rentre chez lui, où il retrouve sa compagne Prema avec un œil au beurre noir. Elle fait partie des hijras qui ont été malmenées chez la grand-mère. Peu de temps après, Hit-Girl a chopé un individu louche qui semble être liés à ceux qui enlèvent des enfants dans la rue. En haut d'un immeuble, elle le tient par les pieds, la tête en bas dans le vide, et exige qu'il dise ce qu'il sait sur Beggarman. Ses chaussures cèdent et il préfère la chute mortelle à révéler quoi que ce soit. Un peu plus tard, en regardant un spectacle de danse de rue réalisé par un groupe de hijras, Hit-Girl est abordée par un petit mendiant cul-de-jatte qui lui propose des informations en échange d'un billet.



Ce n'est pas la première fois que Peter Milligan partage sa fascination une facette ou une autre de l'Inde : par exemple, il y avait déjà emmené John Constantine dans John Constantine, Hellblazer: India (épisodes 261 à 266). Le lecteur s'attend donc à ce que les auteurs amalgament les solutions radicales et mortelles de Hit-Girl avec des éléments spécifiques de cette ville. Effectivement, Milligan ne se contente pas de réduire Mumbai à une mégapole générique interchangeable avec n'importe quelle autre. La densité de population ne se fait pas trop sentir dans les planches, mais les tenues vestimentaires correspondent bien à cet endroit du monde, en particulier avec de magnifiques saris. Les constructions vont de l'immeuble de luxe à la décharge à ciel ouvert avec des enfants en train de fouiller à la recherche de déchets récupérables et valorisables. La dessinatrice montre des endroits qui attestent qu'elle a effectué des recherches tant pour les costumes que pour les décors. Il y a une ou deux scènes de foule, mais elles ne sont pas étouffantes. Il y a un déplacement à moto, et un autre à vélo, sans oublier ces gens qui vivent à proximité des rails de train. Les traits de contour sont fins, parfois un peu fragiles, parfois un peu tremblés, ce qui n'empêche un bon niveau de densité d'informations visuelles.



Le lecteur se promène donc dans une Inde qui n'est pas touristique mais qui n'est pas en toc non plus, ou avec des façades en carton-pâte. Il reste quand même étonné que Mindy McReady communique sans aucune difficulté avec tous les indiens qu'elle rencontre, sans jamais de barrière de la langue. Il découvre ce qu'est un hijra, le troisième sexe en Inde. En fait Peter Milligan se contente d'utiliser le terme de Hijra et d'en donner une définition très succincte, un peu superficielle même, qu'il n'approfondit pas. Néanmoins, ce polar ou cette aventure violente s'inscrit bien dans une région précise du monde, et serait au moins un peu différente si elle se déroulait ailleurs… enfin pas tant que ça. À peine débarquée à Mumbai, Mindy McCready assiste à un kidnapping d'un enfant des rues et intervient avec son costume violet de Hit-Girl. Par la suite, elle se promène décontractée dans la rue avec ce même costume et ses cheveux teints eux aussi en violet sans susciter le moindre regard curieux. Dès la cinquième page du premier épisode, il est possible d'observer son goût pour la violence tranchant : le crâne coupé en deux à l'horizontale. Alison Sampson ne se délecte pas avec un dessin gore, préférant un angle de vue spectaculaire, mais un dessin prosaïque sans beaucoup de détails. Par la suite, Hit-Girl fait preuve d'une force impossible pour son âge : tenir un homme par la cheville dans le vide, ou manier des armes de gros calibre sans accuser le coup du recul. La dessinatrice montre une jeune fille prépubère maniant les armes à feu avec aisance et rigueur, arborant parfois un sourire de plaisir à dessouder du malfrat, parfois une intense concentration quant à ce qu'elle est en train de faire pour le faire bien.



Le lecteur passe alors en mode lecture de divertissement. Peter Milligan a construit un scénario avec des ressorts classiques : deux caïds, l'un qui fait enlever des enfants, l'autre qui rackette les civils d'un quartier pauvre. Hit-Girl est là pour faire le ménage de manière radicale et définitive. Il élève un peu son récit au-dessus d'un niveau simplement manichéen, avec des individus qui peuvent changer d'avis quant à qui ils aident, et des personnages parfois un peu plus complexes. Finalement, le destin d'Aubrey n'est pas tout tracé. Ce monsieur d'une quarantaine d'années, dessiné de manière très réaliste, ne devient pas un journaliste au grand cœur, pourfendant l'injustice sur le cheval blanc de ses écrits. Le lecteur pense qu'il va s'attacher à Prema, la compagne d'Aubrey, mais en fait elle n'est pas très développée : Alison Sampson lui donne une également une apparence réaliste, mais elle n'a pas le droit à beaucoup de répliques. Milligan s'amuse avec les péripéties, en particulier le groupe des Hijras récupérées par Tiger Bhai. Elles sont amenées à ouvrir le feu sur les participants à un mariage, pour un carnage en règle. Elles s'avèrent très maladroites lors d'une séance d'entraînement à l'arme à feu. Hit-Girl fonce dans le tas, abat froidement des criminels, se fait attraper, en réchappe pas si difficilement que ça. Le rythme est rapide sans être effréné.



De temps à autre, le lecteur tombe sur une séquence ou une simple case surprenante. Il sent toute la force de vie du groupe d'enfants vivant en communauté dans un campement de fortune. Il se retrouve coincé dans un embouteillage d'une ampleur gigantesque. Il ressent toute l'incongruité pour Mindy de dormir dans un lit douillet dans l'appartement tranquille d'Aubrey. Il sourit en voyant le dessin du costume de superhéros Desi Boy que Ram a imaginé et qu'il présente à Hit-Girl. Il n'est pas très surpris de découvrir que Milligan a intégré une séquence de relation sexuelle avec menottes, mais cette fois-ci c'est l'homme qui est menotté. Il ne s'attend pas à ce que Deepka, l'actrice qui a menotté Tiger Bhai, soit aussi touchante, sans qu'Alison Sampson n'ait besoin de la sexualiser le moins du monde. Contrairement à ce que le lecteur pourrait attendre, Milligan n'embrasse pas complètement l'approche cathartique des assassinats de Hit-Girl. Après une intervention brutale de sa part, une hijra lui fait remarquer que sa solution définitive a plutôt fait empirer la situation que la résoudre, alors que les hijras avaient conçu une autre forme d'intervention, plus efficace, avec moins de risque de risque de retour de bâton.



Ce sixième tome des aventures de Hit-Girl à travers le monde surprend. Milligan et Sampson font un peu plus que le minimum syndical pour donner de la consistance au décor indien de Mumbai, mais sans non plus approfondir cet aspect-là de l'aventure. Si elle s'était déroulée ailleurs, l'intrigue s'en serait trouvé changée, mais pas forcément de manière fondamentale. Alison Sampson dessine de manière descriptive, avec une approche plus européenne qu'américaine, une vision réaliste, dans laquelle elle réussit quand même à intégrer un personnage aussi incongru que cette demoiselle en costume violet. Peter Milligan raconte plus une aventure qu'un polar, tout en développant plusieurs séquences qui sortent de l'ordinaire. Entre 3 et 4 étoiles, en fonction de l'horizon d'attente du lecteur.
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Britannia

"Britannia" Tome 1 de Peter Milligan, Juan José Ryp et Jordie Bellaire chez Bliss_Editions



Synopsis : 



"DANS LES BRUMES MYSTIQUES DE BRITANNIA…



Choisi par les augures, manipulé par les Dieux, aux ordres de l’empereur : en l’an 65 de notre ère, l’homme n’était pas maître de sa destinée. À l’apogée du règne de Néron, un vétéran des légions romaines est envoyé dans la province de Britannia, aux limites de l’empire, pour enquêter sur des événements morbides et surnaturels. Antonius Axia, le premier des détectives, sera le seul espoir de Rome pour reprendre le contrôle de la frontière la plus sauvage de l’empire, et empêcher les monstres qui se tapissent entre mythes et magie d’envahir notre réalité."



Scénario : Peter Milligan ;

Dessins : Juan José Rup ;

Coloriste : Jordie Bellaire ;

Éditeur : Bliss Editions ;

Prix : 17.00 € (version collector) - 15.00 € (version classique) ;

Commandez-le sur Bliss Editions.



Vous croyez avoir tout lu et tout vu, sur l'Empire Romain, ses guerres et ses conquêtes ? Détrompez-vous, car "Britannia" est là pour vous montrer le contraire et vous faire vivre une aventure dont vous ne sortirez pas indemne. Plongez avec délectation, à la suite d'Antonius Axia et de son fidèle esclave Bran, dans les contrées mystérieuses et sauvages de ce que l'on appelle communément aujourd'hui la Grande-Bretagne. Venez découvrir le premier des détectives, qui est le seul espoir de Rome, pour reprendre le contrôle sur cette Terre maudite et en finir avec le mal surnaturel et morbide qui s'y est installé [...]



La suite de la chronique ici :
Lien : https://wordpress.com/post/y..
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Namor : Voyage au fond des mers

Le plus étonnant dans cet album c'est que Namor on le voit quasiment peu. Il est l'étincelle d'un scénario très bien maitrisé du début jusqu'à la fin.

Un professeur, très cartésien, va rechercher une expédition perdue à la recherche de l'atlantide. Une nouvelle expédition se forme pour aller dans les profondeurs marines.

La description des personnages est parfaitement traduite. L'atmosphère des profondeurs est aussi bien rendue, on ressent bien l'univers d'oppression dans un sous-marin. Le noir profond pèse sur ce petit monde terrien.

Quant au dessin c'est grandiose. De la peinture, oui de la vraie peinture d'aquarelliste. C'est beau, doux, magnifique... Les visages des personnages sont expressifs. Un grand plaisir pour nos petits yeux de lecteur. Une ambiance magnifiée par cette peinture. Il fallait le faire et Ribic Esad l'a fait avec talent.

Namor est impressionnant, inquiétant. Il fait peur. Personne ne l'avait dessiné comme cela. La petite scène de son apparition à travers le hublot est belle, elle traduit bien l'atmosphère de cette bd. Il est magnifique dans ce rôle de mythe.



Tu veux plonger au plus profond des mystères aquatiques alors n'hésite pas. Vas rechercher Namor en compagnie du professeur Stein.



Une bédé très belle et bien scénarisée.

Etonnant.
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