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EAN : 9782020414821
320 pages
Seuil (02/10/2000)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Rendu célèbre par ses ouvrages remarqués sur la Seconde Guerre mondiale, notammentLa Franceà l'heure allemande, l'universitaire suisse Philippe Burrin livre ici une contribution particulièrement importante à l'histoire du XXe siècle.
Trop souvent, en effet, règne une certaine confusion dans l'emploi et la définition des concepts historiques majeurs que sont le fascisme, le nazisme, l'autoritarisme. Comme à son habitude, Philippe Burrin procède par juxtaposit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Edité en 2000, il y a donc presque vingt ans, Fascisme, nazisme, autoritarisme de Philippe Burrin conserve une actualité qui rend cette étude non seulement intéressante mais également importante. En effet, on observe actuellement en Europe non seulement une montée mais également une installation dans les paysages politiques de mouvements à tendance national-populiste (l'alliance entre la Lega et le Mouvement Cinq Etoiles en Italie en est la preuve la plus récente) mais également, dans le domaine médiatique (mais pas seulement : les mouvements dits antifa en sont l'incarnation la plus évidente), une utilisation parfois abusive de certains termes à forte connotation historique comme l'est le mot fasciste. L'étude de Philippe Burrin est purement historique mais elle permet néanmoins de situer à la fois chronologiquement mais également sémantiquement et politiquement une séquence forte de l'Histoire européenne et mondiale : la dérive fasciste des années 1920 jusqu'à la Seconde guerre mondiale.

Philippe Burrin décrypte minutieusement ce qui fonde un régime fasciste, qui est avant tout un régime totalitaire, c'est-à-dire englobant la société dans son ensemble et ayant pour projet d'en régler les questions liées à la sphère publique (système politique, économique, social, culturel) et privée (croyances, rites, modes de pensée ...). Les totalitarismes visent à mettre sous tension une société entière afin de permettre l'avènement d'une idéal : communiste dans le cas de l'URSS stalinienne, nationale et raciste dans le cas de l'Italie et de l'Allemagne des années 1920-1940. A la discipline et au culte du chef vient s'ajouter la vertu du combat dans les principes des régimes fascistes. La société fasciste est une société de maîtres qui doit dominer les sociétés inférieures. Inhérente à cette vision hiérarchisée des sociétés humaines, la guerre est inéluctable, à la fois moteur et fin en soi des régimes fascistes.

Philippe Burrin fait la part belle au nazisme dans son étude. Il étudie tant ses principes idéologiques que son assise populaire (le nazisme est d'ailleurs difficile à définir selon sa base, très fluctuante au fil des années : d'abord parti des classes moyennes de droite (artisans et commerçants), puis parti des élites conservatrices, parti aussi d'une classe moyenne aspirant à la société de consommation, parti des femmes aussi) et les résistances qu'il rencontra (l'Eglise, en premier lieu et comme en Italie). Burrin analyse aussi les étapes de l'arrivée au pouvoir et détermine le mode de fonctionnement politique de ces partis nouveaux et extrêmes : compromis avec les élites en place, dualité entre l'Etat et le parti (non pas dans une logique d'émulation mais plutôt de compétition), exaltation du chef pour garantir le soutien populaire. Il est à noter que, même dans les dernières années de guerre, ce soutien ne déclina que peu.

On regrettera que, étant donnée la qualité de l'analyse sur le nazisme, l'auteur n'ait pas effectué la même démarche en ce qui concerne le fascisme. En revanche, on ne regrettera pas l'étude à laquelle il se livre sur l'existence ou non d'un fascisme français, et sur la fascination qu'exerça l'Allemagne nazie sur les milieux d'extrême-droite français (mais pas que : à gauche aussi, des hommes furent attirés par le nazisme et ce dernier, par l'image qu'il renvoyait, inspira grandement même la Jeune Garde Socialiste) dans les années 1930. Les cas du colonel La Roque ou d'un auteur comme Pierre Drieu La Rochelle sont édifiants : si le premier, à la tête des Croix-de-Feu, assume un nationalisme exacerbé et si le second appelle de ses voeux une rénovation de la société française par la discipline, l'un et l'autre s'inquiètent du bellicisme du voisin allemand et demeurent pacifiques. En cela réside l'une des contradictions du faible fascisme français : vouloir la victoire du fascisme comme idéologie, c'est accepter la défaite de la France comme patrie.

Cette défaite, qui intervient en juin 1940, Pétain l'accepte justement pour rebâtir la France selon ses idéaux : travail, famille, patrie. Derrière le pétainisme, qu'on ne peut qualifier de fascisme mais plutôt d'autoritarisme, c'est l'image d'une France éternelle mais sans consistance réelle qui est célébrée. Parce que les autorités de Vichy croyaient en une rénovation morale de la France, parce que ces mêmes autorités espéraient une place de choix aux côtés d'un Troisième Reich vainqueur de la guerre, ce régime de Vichy s'est dévoyé et a mené une politique collaborationniste qui a une grande importance, notamment dans l'Holocauste.

Fascisme, nazisme, autoritarisme est donc une étude solide pour comprendre ces phénomènes politiques qui ont duré à peine 20 ans mais ont marqué immensément l'histoire européenne et mondiale. L'expérience totalitaire, traumatisante, n'a pas empêché les autoritarismes de se développer après la Seconde guerre mondiale. On retiendra enfin que l'Europe, telle qu'elle s'est construite jusqu'à aujourd'hui, a pour bases les ruines fumantes de ces projets de société globalisants et extrêmes.
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Encore un essai très éclairant sur les fascismes, avec une attention particulière portée sur le national-socialisme d'Adolf Hitler et le régime de Vichy. La partie consacrée au nazisme traite bien de l'apparition de la propagande et notamment du cinéma, du développement des politiques du symbole (faste des manifestations et des cultes des grandes figures). Ces procédés étant finalement identiques aux effets grandiloquents employés par les spécialistes du divertissement comme on a pu les observer lors des cérémonies d'ouverture et de clôture des derniers jeux olympiques à Pékin.
Enfin, Philippe Burin termine son analyse par la place de la France face à la vague fasciste qui déferla sur l'Europe dans les années 30, où j'y ai appris l'attraction assez poussée de Jules Romain pour ces mouvements. L'énumération des personnalités intellectuelles françaises qui virent dans le fascisme une sorte de bienfait rénovateur d'un système en crise sont nombreuses et permet de comprendre comment le pays des Droits de l'Homme a pu en arriver à la Révolution Nationale vichyssoise, et de comprendre l'origine de la passivité et du manque d'enthousiasme des Français face à l'agression nazie qui les a amenés à la débâcle de 1940.
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Une utile collection de textes, mais reste quelque peu superficiel.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'effort de destruction systématique de populations entières
dit l'inhumanité foncière du nazisme.
Une myriade d'autres mesures criminelles l'atteste également,
dont aucune n'eut droit de cité sous le régime stalinien
et qui renvoient toutes au fondement raciste de son idéologie :
la stérilisation de masse, effective dans le cas de plusieurs centaines de milliers d'Allemands, et restée à l'état de projet pour les peuples slaves d'Europe orientale ;
l'avortement imposé à des milliers de travailleuses polonaises et russes
déportées en Allemagne pendant la guerre ;
le meurtre des handicapés et des malades mentaux qui fit au moins 70.000 victimes allemandes jusqu'en 1941 et des milliers de victimes dans les territoires polonais et soviétiques occupés ;
enfin, les expériences scientifiques, la plupart mortelles,
conduites dans les camps sur des centaines de détenus.

L'horreur du système stalinien n'en est pas diminué,
et il est un fait que le communisme a causé la mort de dizaines de millions de personnes à travers le monde, de l'URSS à la Chine en passant par le Cambodge.
Mais pour le meurtre de masse, le nazisme n'a assurément rien à lui remontrer, et,
pour le déni d'humanité, il demeure hors catégorie.
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L’ensemble cohérent de l’idéologie fasciste : le culte du Chef incarnant autocratiquement la direction du destin collectif, la communauté nationale militarisée, hiérarchisée selon les services rendus au parti, confondue sous l’uniforme dans la disponibilité enthousiaste et aveugle à l’obéissance et au sacrifice, avec toutes les valeurs d’un militarisme qui n’a pas d’autre ressort et ne connaît pas d’autres limites que l’exécution joyeuse de la volonté du Chef.
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L'horreur du système stalinien n'en est pas diminué,
et il est un fait que le communisme a causé la mort de dizaines de millions de personnes à travers le monde, de l'URSS à la Chine en passant par le Cambodge.
Mais pour le meurtre de masse, le nazisme n'a assurément rien à lui remontrer, et,
pour le déni d'humanité, il demeure hors catégorie.
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Ainsi s'éclaire le paradoxe : populaire et plébiscitaire, le fascisme s'installait sur le terrain de son ennemi démocratique pour mettre en scène un peuple renonçant solennellement à son pouvoir d'institution parce que tel était le seul moyen de créer une société qui anéantirait la démocratie en rendant l'idée même d'une altérité sociale proprement impensable. (p.71)
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Video de Philippe Burrin (2) Voir plusAjouter une vidéo

Un livre, un jour : émission du 7 juin 2004
Au café "Le Rostand", à Paris, et à l'occasion des soixante ans du débarquement en Normandie, Olivier BARROT reçoit l'historien Jean Pierre AZÉMA pour la sortie de son ouvrage "6 juin 44", co-écrit avec Robert PAXTON et Philippe BURRIN. Est également évoqué "Le jour J" de René PONTHUS et Jean Marc PAU, livre destiné à la jeunesse. le sujet est illustré par des photographies et...
>Idéologies politiques>Collectivisme>Fascisme, National-socialisme (21)
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