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Citations de Pierre Cendors (151)


Tout ce que l’on tue – et dédaigner est tuer, écarter est tuer, éconduire est tuer – tout ce que l’on tue nous lie.
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Qu'importe mon nom. Je l'ai moi-même rarement prononcé. Les puissants de ce monde préfèrent ignorer ceux de ma sorte. Ils se défient d'une nuit à visage humain, une nuit qui n'est que l'écho de l'autre, la ténèbre originelle, la Grande Nuit, celle d'une chambre nuptiale au silence funéral, règne de la reine noire, la déesse sombre - la Dea Obscura.
Gouverneurs, nobles et intendants, tous détournent leur crâne dégarni, leur cou vulturin, leurs mains alourdies de gemmes, en me montrant le dos. Ils me rangent là, avec leur propre ombre, parmi les bêtes et les esclaves, avec tous ceux qui, pour avoir un jour réellement existé, n'eurent de réalité pour personne.
(Incipit)
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Du solitaire, j'avais ce profond mutisme du regard que l'on confond avec la force morale, et qui le devient, la patience métaphysique de l'arbre et une faiblesse pour les éléphants, les trains de nuit, des choses lentes et silencieuses, comme la voix de velours sombre d'Orson Welles ou, sous un clair de lune, une barque en bois à demi noyée parmi les roselières bruissantes d'un lough irlandais.
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La première rencontre d’un ami est une apostasie : on quitte sa religion pour celle de l’autre. On l’embrasse avant même d’en connaître rites et coutumes. Je me suis d’abord reconnu en lui. Il était nain ; j’étais borgne. Il avait l’allure calme et frustre de l’arbre à forte ramure ; j’étais tout en gestes inachevés, en rejets, en surgeons impatients. Les racines couraient en surface, les siennes plongeaient sous le roc qu’elles scindaient.
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Je sais du corps des femmes, n'en ayant touché aucun, ce que nombreux ignorent, qui souvent ont étreints. L'un possède l'admirable régularité d'un palais dont la souveraine, toutefois, est absente ; un autre, dépourvu de grâce, excite animalement l'intérêt ; la plupart n'ont que le printemps pour richesse, très peu s'ennoblissent à l'été ; l'automne en glorifient seulement quelques-uns.
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La poésie, madame, c'est désimaginer le monde tel qu'on nous le vend. C'est découvrir qu'il n'est rien et que s'éveiller est tout.
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Si le poète a tort, si l'amour meurt quand un visage meurt, si son mystère n'est qu'un mirage et la beauté, une idole à tête creuse, alors, il n'y a pas, il n'y a jamais eu d'espérance. Alors les mythes nous trompent, les légendes nous mentent, chaque poème, chaque conte, tout art comme toute beauté, corrompt et égare.
Si le poète n'est qu'un vieil enfant et son poème un fil tremblant pauvrement tendu au-dessus de la vie, qu'il tombe. Son sommeil est plus cruel que le réveil. Qu'il tombe: son rêve nous assassine. Qu'il tombe et qu'on l'achève du talon s'il respire encore. Son cadavre continuerait à nous étouffer en crevant.
Mais si les mythes disent vrai, si l'on surprend en eux, comme le miroir de l'âme, le secret de notre secret, si le poète est un veilleur et le poème marque l'heure où un chemin rencontre notre ardeur, si la beauté est un oracle et l'empreinte encore fraîche, aurorale, d'une nudité originelle, alors un homme se doit d'écouter les voix futures de son désir. Alors un homme se doit à ce qui, enfoui en lui, devient souffle et réalité. Je ne crois pas qu'il faille d'autre courage que celui-là.
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Et parce que la parole ne peut aller beaucoup plus loin, j'écris ce silence qui ira seul ouvrir le chemin.
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L'amour n'a rien d'aimable quand, sans prévenir, il pénètre en nous sans feinte, comme un vent noir dégondant la porte d'une haute citadelle durement frappée par l'hiver.
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Les lectures nous mènent au fond du monde, plus loin que les voyages.
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Accès aux voies

partir. disparaître sans revenir. Pour ceux dont le regard, comme une poterie fêlée, se fatalise sous les décombres du quotidien, tu as souvent l'air ailleurs.
A l'école, les professeurs te jugeaient distrait, tes amis te croyaient amoureux, seuls tes parents te laissaient en paix. Pour eux tu rêvassais, c'était ton âge, un passage. Tu rêvassais, c'était de ton âge, loin d'être un passage... (p. 14)
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La guerre nous a tous donné un nouveau nom. À l'ordre de mobilisation, notre peuple s'est dressé comme un seul homme. Cet homme était jeune. Cet homme de vingt ans avait l'âge de notre avenir.
Notre monde, lieutenant, est un tombeau vide. Les morts ne sont pas ceux qui, une fois la bataille achevée, ne reviennent pas de la guerre. Notre monde, lieutenant, est seul.
Et je ne suis que son silence.
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Un enfant meurt en chaque adolescent ; un homme naît de leurs cendres mêlées et ce goût de perte ou de feu opaque dure aussi longtemps que dure sa vie d'adulte. Nombreux sont ceux qui, dans la satiété de l'exil, oublient la brûlure exacte de l'enfance, la tension soleilleuse de leur sang.
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Moi aussi, un matin, j'ai aperçu Orphée s'enfoncer dans le bois. C'était le jour de sa disparition. J'étais là, dans la brume, seul parmi les arbres. Il est passé près de moi sans me voir.
Il marchait en se parlant comme on écrit une lettre à voix haute, lentement. J'ai oublié les premières phrases. Je ne me souviens que de la fin :

«Je sais que ma vie et la vôtre, ici bas, ne s'appartiendront jamais. Il y aura des instants où le dessin d'un visage, un regard qui tient le mien, la brûlure d'une silhouette, me feront douloureusement croire à votre existence. Je ressentirai cruellement votre absence auprès de chaque femme. Quelques unes, à travers elles, me laisseront vous effleurer. Les âges de ma vie se succéderont. Je vous oublierai souvent. Vous me manquerez toujours.»

Je crois que c'était un poème.
Il n'écrivait jamais de lettres.
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Nos pensées sont parfois des pensionnaires turbulents que le sommeil, en bonne maîtresse du logis, envoie excursionner pour une heure ou deux.
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Si c’était un livre, Kafka et Emily Brontë l’auraient écrit ensemble !
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Tandis que nous marchions à travers les avoines, ces mots que je me répétais tout bas : l'amour est comme une première ligne de feu entre le monde sans mystère où il se vit... et la vie mystérieuse où, à chaque instant, il se joue en nous, jusqu'à la mort.
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J’ai longtemps vécu avec des fantômes. Leur compagnie m’a enseigné à traverser les murs de ce monde avec la même élégance un brin surannée. Ceci pourrait être mon épitaphe cinématographique, quoique je ne sois pas pressé de tirer ma révérence.
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Nulle vie ne dit ce qu'est un homme. Ce que nous sommes demeure inconnaissable. La géologie de nos heures et de nos humeurs, toute cette rumeur assortie de notre existence, coïncide rarement avec notre profondeur.
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Le cinéma est une vieille demeure hantée et chaque nouveau locataire de l'écran hérite de ses esprits errants.
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