Citations de Pierre Choderlos de Laclos (687)
Où vous avez un rival, ou vous n’en avez pas. Si vous en avez un, il faut plaire pour lui être préféré. Si vous n’en avez pas, il faut plaire encore pour éviter d’en avoir.
Vous vous donnez la peine de le tromper et il est plus heureux que vous. Vous le croyez dans vos chaînes!C'est bien vous qui êtes dans les siennes. Il dort tranquillement,tandis que vous veillez pour ses plaisirs. Que ferez de plus son esclave ?
Ce n'est pas ma faute !!!!
on acquiert rarement les qualités dont on peut se passer
Sans doute, ce sentiment est pénible, quand l'objet qui l'inspire ne le partage point ; mais où trouver le bonheur, si un amour réciproque ne le procure pas ? L'amitié tendre, la douce confiance et la seule qui soit sans réserve, les peines adoucies, les plaisirs augmentés, l'espoir enchanteur, les souvenirs délicieux, où les trouver ailleurs que dans l'amour ?
Le plus beau moment d'une femme, le seul où elle puisse produire cette ivresse de l'âme, dont on parle toujours, et qu'on éprouve si rarement, est celui où, assurés de son amour, nous ne le sommes pas de ses faveurs.
Si c'est être amoureux que de ne pouvoir vivre sans posséder ce qu'on désire, d'y sacrifier son temps, ses plaisirs, sa vie, je suis bien réellement amoureux.
J'ai préféré le malheur de perdre votre estime par ma franchise , à celui de m'en rendre indigne par l'avilissement du mensonge.
J’ai encore moins cette fausse modestie qui n’est qu’un raffinement de l’orgueil.
Dans l’état cruel où vous m’avez réduit, je passe les jours à déguiser mes peines et les nuits à m’y livrer.
Sans prétendre à vous obtenir, je m’occupai de vous mériter.
Je veux le fuir, en vain, il me suit ; il est là, il m'obsède sans cesse. Mais qu'il est différent de lui même ! Ses yeux n'expriment plus que la haine et le mépris. Sa bouche ne profère que l'insulte et le reproche. Ses bras ne m'entourent que pour me déchirer.
Pour moi, je l'avoue, une des choses qui me flattent le plus, est une attaque vive et bien faite (...) qui sait garder l'air de la violence jusque dans les choses que nous accordons, et flatter avec adresse nos deux passions favorites, la gloire de la défense et le plaisir de la défaite.
Adieu, ma charmante amie ; l'heure approche enfin où je pourrai te voir : je te quitte bien vite pour t'aller retrouver plus tôt.
Vous vous êtes plaint si souvent du temps que vous perdiez à aller chercher vos aventures ! A présent vous les avez sous la main. L'amour, la haine, vous n'avez qu'à choisir, tout couche sous le même toit; et vous pouvez, doublant votre existence, caresser d'une main et frapper de l'autre.
Lettre LXXIV
Avertissement de l'éditeur
Nous croyons devoir prévenir le Public, que, malgré le titre de cet Ouvrage et ce qu'en dit le Rédacteur dans sa Préface, nous ne garantissons pas l'authenticité de ce Recueil, et que nous avons même de fortes raisons de penser que ce n'est qu'un Roman.
Il nous semble de plus que l'Auteur, qui paraît pourtant avoir cherché la vraisemblance, l'a détruite lui-même et bien maladroitement, par l'époque où il a placé les événements qu'il publie. En effet, plusieurs des personnages qu'il met en scène ont de s mauvaises moeurs, qu'il est impossible de supposer qu'ils aient vécu dans notre siècle, dans ce siècle de philosophie, où les lumières, répandues de toutes parts, ont rendu, comme chacun sait, tous les hommes si honnêtes et toutes les femmes si modestes et si réservées.
Notre avis est donc que si les aventures rapportées dans cet Ouvrage ont un fond de vérité, elles n'ont pu arriver que dans d'autres lieux ou dans d'autres temps, et nous blâmons beaucoup l'Auteur, qui, séduit apparemment par l'espoir d'intéresser davantage en se rapprochant plus de son siècle et de son pays, a osé faire paraître sous notre costume et avec nos usages, des moeurs qui nous sont i étrangères.
Pour préserver au moins; autant qu'il est en nous, le Lecteur trop crédule de toute surprise à ce sujet, nous appuierons notre opinion d'un raisonnement que nous lui proposons avec confiance, parce qu'il nous paraît victorieux et sans réplique, c'est que sans doute les mêmes causes ne manqueraient pas de produire les mêmes effets, et que, cependant nous ne voyons point aujourd'hui de Demoiselle, avec 60000 livres de rentes, se faire Religieuse, ni de Présidente, jeune et jolie, mourir de chagrin.
M. de Valmont, avec un beau nom, une grande fortune, beaucoup de qualités aimables, a reconnu de bonne heure que pour avoir l'empire dans la société, il suffisait de manier, avec une égale adresse, la louange et le ridicule. Nul ne possède comme lui ce double talent : il séduit avec l'un, et se fait craindre avec l'autre. On ne l'estime pas ; mais on le flatte. Telle est son existence au milieu d'un monde qui, plus prudent que courageux, aime mieux le ménager que le combattre.
Vous-même, ma belle amie, vous serez saisie d'un saint-respect, et vous direz avec enthousiasme : " Voilà l'homme selon mon cœur" .
Ils doivent répéter beaucoup de duos, et je crois qu'elle se mettrait volontiers à l'unisson.
Ô délicieuse jouissance ! Je t'implore pour mon bonheur et surtout pour mon repos.