Citations de Pierre Desproges (964)
Y a-t-il des têtes de cons ?
Bien sûr. Retournez-vous. Si vous êtes seul, un simple miroir de poche fera l'affaire. Si vous ne possédez pas de miroir de poche, allez dans n'importe quelle administration. Quand le préposé vous demandera de remplir le formulaire C112, alinéa 18, déclamez-lui trois vers de Verlaine. Observez-le bien: il exprime sous son front bas une sourde consternation: il a l'air con.
Est-ce à dire que tous les préposés des guichets administratifs sont des cons ? Non.
Ah, si, finalement.
L'ennemi est bête: il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui
Le seul remède à la vie, c’est la mort librement consentie. L’exemple vient d’en haut : " Suicidez-vous jeune, vous profiterez de la mort ", nous dit le Christ avant de s ‘autodétruire sur la croix à l’aube de sa trente-troisième année.
Travailler n'a jamais tué personne mais pourquoi prendre le risque ?
Noël est le seul jour de l'année où les hommes se conduisent comme les oies du Périgord, mais sans se forcer.
La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute !
L’âge mûr, par définition, c’est la période de la vie qui précède l’âge pourri.
Françaises, Français ; Belges, Belges ; mon Président-mon chien ; monsieur l'avocat le plus bas d'Inter ; mesdames et messieurs les Jurés ; public chéri, mon amour !
Bonjour, ma colère ! Salut, ma hargne ! Et mon courroux, coucou !
Introduction à ses réquisitoires au tribunal des flagrants délires sur France-Inter.
Mi-homme, mi-socialiste, l'Irlandais moyen de ces temps honnis se distinguait du loup-garou par son ample barbe rousse, sa culotte de velours et ses yeux quelconques. D'une rusticité invraisemblable, il chassait le bébé phoque à la scie sauteuse, vivisectionnait les brontosaures à des fins mercantiles et se livrait sur les aigles royaux à des manipulations copulatoires et autres attouchements fébriles que la morale réprouve. A la nuit tombée, il poussait un immonde cri de bête avant de s'enfoncer dans sa grotte insalubre où il morigénait sa femme, éventrait ses enfants et lisait le journal Le Monde pour un oui pour un non.
On n'a quand même pas pris la Bastille pour en faire un opéra!
L'intelligence, c'est comme les parachutes. Quand on n'en a pas, on s'écrase.
Pour peu que son gosse se coince l’auriculaire dans le pédalier de son tricycle, le plus fervent partisan de l’aide au tiers monde oubliera de partir soigner les petits affamés pour filer toutes affaires restantes à la pharmacie du coin, en vertu d’une loi sacrée de l’espèce qui veut que la sauvegarde d’un petit doigt gras familier relègue aux calendes celle de mille ventres creux plus lointain.
Remarquons que si l'on dit 'les animaux' au pluriel, on dit l'homme au singulier. Parce que l'homme est unique. De même, nous dirons que les animaux font des crottes, alors que l'homme sème la merde.
Comment reconnaître l'humour anglais de l'humour français ? L'humour anglais souligne avec amertume et désespoir l'absurdité du monde. L'humour français se rit de ma belle-mère.
On reconnaît le rouquin aux cheveux du père et le requin aux dents de la mère.
Si vous parlez à Dieu, vous êtes croyant... S'il vous répond, vous êtes schizophrène
Au paradis on est assis à la droite de Dieu. C'est normal, c'est la place du mort.
Nous n’avons plus de grand homme, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l’incompétence qui force le respect.
Les ANIMAUX sont comme des bêtes. D'où leur nom.
Ne possédant pas d'intelligence supérieure, ils passent leur temps à faire des bulles ou à jouer dans l'herbe au lieu d'aller au bureau. Ils mangent n'importe quoi, très souvent par terre. Ils se reproduisent dans les clairières, parfois même place de l'Église, avec des zézette et des foufounettes.
Les animaux ne savent pas qu'ils vont mourir. C'est pourquoi ils continuent à batifoler quand ils ont 38°6.
L'HOMME. Remarquons au passage que si l'on dit "les animaux" au pluriel, on dit "l'homme" au singulier. Parce que l'homme est unique. De même que nous dirons que les animaux font "des" crottes, alors que l'homme sème "la" merde.
L'homme est un être doué d'intelligence. Sans son intelligence, il jouerait dans l'herbe ou ferait des bulles au lieu de penser au printemps dans les embouteillages.
Grâce à son intelligence, l'homme peut visser des boulons chez Renault jusqu'à soixante ans sans tirer sur sa laisse. Il arrive aussi, mais moins souvent, que l'homme utilise son intelligence pour donner à l'humanité la possibilité de se détruire en une seconde. On dit alors qu'il est supérieurement intelligent. C'est le cas de M. Einstein, qui est malheureusement mort trop tard, ou de M. Sakharov, qui s'est converti dans l'humanisme enfermé, trop tard également.
Les hommes ne mangent pas de la même façon selon qu'ils vivent dans le Nord ou dans le Sud du monde.
Dans le Nord du monde, ils se groupent autour d'une table. Ils mangent des sucres lourds et des animaux gras en s'appelant "cher ami", puis succombent étouffés dans leur graisse en disant "docteur, docteur".
Dans le Sud du monde, ils sucent des cailloux ou des pattes de vautours morts et meurent aussi, tout secs et désolés, et penchés comme les roses qu'on oublie d'arroser.
Pour se reproduire, les hommes se mettent des petites graines dans le derrière en disant : "Ah oui, Germaine."
Pierre DESPROGES / Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis / Ed. du Seuil 1985
« Torture nom commun, trop commun, féminin, mais ce n’est pas de ma faute. Du latin tortura, action de
tordre.
Bien plus que le costume trois pièces ou la pince à vélo, c’est la pratique de la torture qui permet de
distinguer à coup sûr l’homme de la bête.
L’homme est en effet le seul mammifère suffisamment évolué pour penser enfoncer des tisonniers dans
l’oeil d’un lieutenant de vaisseau dans le seul but de lui faire avouer l’âge du capitaine. »
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