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Critiques de Pierre Milza (65)
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Les derniers jours de Mussolini

Suite à ma lecture de la biographie « Le mystère Mussolini », Matteo (que je tiens à remercier) m’a prêté « les derniers jours de Mussolini » , enquête publiée par Pierre Milza en 2010, 21 ans après son incontournable « Mussolini ».



En 300 pages l’historien raconte la dernière semaine d’avril 1945 et l’exécution du Duce le 28 avril à l’ouest du lac de Côme en s’appuyant sur les témoignages tardifs de résistants et sur les enquêtes menées par plusieurs historiens.



Trois mystères entourent la fin de Mussolini et de ses lieutenants :

- qui a arrêté, détenu, condamné et exécuté ces fascistes ?

- où sont passés leurs trésors ?

- qui a capturé leurs archives ?



Les clauses de l’armistice signé après la déchéance du Duce le 25 juillet 1943 prévoyaient que celui ci soit remis aux alliés et jugé avec les principaux responsables du régime. Depuis sa « libération » par le commando Otto Skornezy, le dictateur était « protégé » (tenu en laisse) par une escouade SS.



La zone montagneuse enserrée entre le lac et la frontière Suisse était tenue au printemps 1945 par divers maquis hétéroclites constitués de strates consécutives aux aléas de la guerre. Anciens des brigades internationales, soldats tchèques ou polonais, évadés des camps de prisonniers, ouvriers échappant aux réquisitions allemandes, démocrates italiens luttaient au coude à coude, freinaient le repli des troupes allemandes vers le Reich et pourchassaient les fascistes cherchant un asile en Suisse ou rêvant d’un hypothétique « réduit alpin ».



Quand Mussolini et sa clique quittent Milan, sous forte escorte allemande, vers le nord, en logeant la rive occidentale du lac de Côme, ils tombent sur un barrage tenu par des italiens dirigés par « Pedro » un jeune juriste de tendance royaliste ; après négociation, un accord est conclu autorisant les soldats allemands à poursuivre leur route … ceux ci couvrent Mussolini d’une capote allemande … qui ne trompe pas les maquisards qui l’arrêtent avec ses proches.



Les voici donc arrêtés puis détenus, dans un premier temps, par un groupe de résistants italiens, commandés par le Comte Bellini Delle Stelle (Pedro) décidé à les remettre au gouvernement en vue d’un procès.



Les dirigeants communistes mandatent alors le « Colonel Valério » et sa brigade et lui donnent l’ordre d’abattre le Duce et ses lieutenants ; Valério, muni de documents abondamment tamponnés, se présente face à Pedro et prend le contrôle des prisonniers. Quelques heures plus tard le Duce et sa maitresse sont exécutés (en une ou deux fois) discrètement puis seize proches sont fusillés publiquement avant que les cadavres soient transportés à Milan, pendus et exposés à la vindicte populaire.



Les fuyards emportaient argent, bijoux et or afin de financer leur exil et Mussolini voyageait avec une malle et trois cartables de « documents confidentiels ». Que sont devenus « l’or de Dongo » et les documents ?



Après l’exécution de Mussolini, plusieurs membres du réseau Pedro et du commando Valerio sont morts ou disparus très rapidement. Ce n’est qu’en 1947, qu’un journaliste (aussitôt assassiné) identifia le Colonel Valerio comme étant un certain Walter Adisio qui entra ainsi dans l’histoire.



Pierre Milza, s’appuyant sur des révélations publiées entre 1990 et 2010, doute du rôle exact du Colonel Valério et soulève diverses hypothèses sans pouvoir conclure. L’or de Dongo aurait été capté principalement par le Parti Communiste Italien, récupéré partiellement par les services américains, après que de nombreux « prélèvements » aient été effectués par les résistants.



Quant aux documents … l’historien se souvient qu’en septembre 1945, un certain « Colonel Warden », massif officier anglais, amateur d’alcools et de cigares, vint peindre les paysages bordant le lac de Côme … la vingtaine de soldats du 4° régiment de hussards qui l’entouraient ne pouvaient masquer Winston Churchill qui aurait rencontré plusieurs acteurs du drame … cherchait il à récupérer des documents voir une correspondance partagée, dans les années trente, avec le dirigeant italien ?



Chacun sait que « L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis ; elle n’a que des intérêts » et je doute donc que les documents perdus à Dongo réapparaissent un jour.



Cet ouvrage, plus proche d’un roman d’espionnage que d’un ouvrage historique, étudie un « détail » de l’histoire riche d’enseignements sur les rivalités internes à la jeune démocratie italienne et laisse entrevoir l’ombre des services secrets anglo-saxons. Étonnamment les historiens ne semblent pas curieux d’enquêter en Suisse or, il me semble improbable que les services helvétiques se soient désintéressés d’un épisode jouxtant leur frontière.



Doté de cartes et d’un index des noms et pseudonymes des résistants ce livre complète utilement « Le mystère Mussolini ».
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Histoire du XXe siecle. Tome 3 : De 1953 a ..

LE Berstein et Milza est une référence indiscutable pour comprendre l'Histoire contemporaine, mais il est utile aussi de se rappeler que ces deux professeurs émérites de Sciences Po ont aussi une histoire personnelle. Tous deux nés au début des années 30, ils posent un regard "concerné"sur les évolutions économiques, sociales, de politique intérieure et internationale de notre pays. Ainsi, le premier, d'abord professeur en lycée, a largement contribué à l'histoire du radicalisme et de la IIIème république en France, le second, qui a démarré comme instituteur, al longuement creusé son passé de fils d'immigré italien et, ce faisant, le mouvement fasciste en France et en Italie. Il est décédé le 28 février 2018, et méritait bien ces quelques mots.



En ce qui concerne ce tome 3 de l'Histoire du XXème siècle, pédagogique et synthétique comme l'ensemble de la collection, outre qu'il couvre la période de 1953 au début des années 80, il s'intitule aussi Crise et Croissance. Lire ou relire cet ouvrage généraliste de qualité -quand on a passé l'âge du sinistre travail de mémorisation d'étudiant- permet, comme toujours dans cette matière, de se rappler d'où l'on vient.



Ainsi, les générations du baby-boom (celle de mes parents) ont connu cette formidable époque que Berstein et Milza ont qualifié d'âge d'or des pays industriels, où la course à la puissance des Etats dominants dopait la recherche scientifique et technologique. Rares parmi leurs contemporains furent ceux qui ont vu poindre les effets pervers sur l'environnement, l'éthique ou sur le rapport des hommes au travail du développement du nucléaire, de la recherche spatiale et génétique, de la révolution de transports et telecommunications. L'époque s'enthousiasme alors pour les applications à venir des puces ou du laser.



Ainsi ont-elles également connu le capitalisme et la société de consommation triomphants, portés par une croissance aux replis presque anecdotiques, grâce aux relances keynésiennes des Etats, et par un dollar encore tellement dominant qu'il s'investit généreusement dans le monde entier, sans craindre les inégalités croissantes à l'échelle mondiale, ni l'émergence de puissances concurrentes. Peu doutent alors des vertus du libre-échange et la mondialisation ne faisait encore peur qu'à une minorité.



Le monde rural, si fondamental en France durant des siècles, s'éteit peu à peu. La production agricole elle-même s'industrialise, satellisée par l'industrie agroalimentaire, et la jeunesse part pour la ville. L'industrie mute, abandonnant le textile et le charbon au profit de l'automobile et de l'électronique. Les cols blancs deviennent majoritaires dans la population active. Le visage de nos villes et campagnes reste profondément marqué par ces évolutions, rapides... en quelques décennies. Les catégories sociales se recomposent en conséquence, mais on parle encore du monde ouvrier plus souvent que de l'exclusion des personnes sans emploi et de plus fragiles.



Ainsi, pour notre quatrième âge -concept inutile et inexistant à l'époque-, la fin de la Seconde Guerre Mondiale a été suivie d'un âge d'or économique et social, mais pas celui de la sécurité : de 1953 à 1962, Berstein et Milza nous décrivent l'équilibre de la terreur, qui culmine en 1961 avec la construction du mur de Berlin et en 1962 avec la crise de Cuba. Le monde a retenu son souffle. Aussi terribles et marquants soient-ils, les attentat terroristes contemporains s'en trouvent relativisés.



Avec la détente qui suit, dans les années 60 et 70, les dirigeants des grandes puissances auront un semblant de sagesse, décidant de s'affronter moins directement. Pour autant, bien peu dans les pays industriels prennent alors conscience, au-delà des décolonisations européennes et de l'abandon au vietnam du sentiment de toute-puissance US, des nécessaires rééquilibrages issus de la poussée démographique de ce tiers monde, de cette plèbe , qui commence seulement, timidement, à vouloir exister politiquement sur une scène internationale dominée par l'affrontement Est Ouest.



Oui, les générations du baby-boom (mes parents) ont connu -rebelles ou pas- la prospérité de l'american way of life, le quasi-plein emploi, l'inflation à deux chiffres, des mutations technologiques et sociales dans précédent, la peur des chars soviétiques, celle de la bombe H, et le premier pas sur la lune. Au-delà de l'événementiel, Berstein et Milza reconstituent les liens, le contexte, l'environnement de toute une époque ; en lui redonnant -parfois arbitrairement- une cohérence, ils nous permettent de l'interpréter, à l'aune de notre passé plus long, et aussi en rapport avec notre présent. Des clés pour comprendre... ne serait ce que certaines divergences de points de vue lors des repas de famille...



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Les Fascismes

Pierre Milza a réussi ici une plongée en profondeur dans l'idéologie fasciste en donnant au mot lui-même une définition et en replaçant cette séquence des dictatures fascistes italienne et allemande dans leur contexte, celui d'une après-guerre : 1919-1939 où des hommes qui avaient appris à fraterniser dans les tranchées et sur les champs de bataille en vivant quotidiennement dans un univers de violence absolue qui les rendaient complètement indifférents à cette violence et aux souffrances qu'elle avait engendrées, au point de rendre les hommes ivres de violence et presque perdus s'ils ne pouvaient pas retrouver ces conditions extrêmes. Ils ne pouvaient plus imaginer un monde "normal", ne pouvaient pas comprendre ce que signifiaient les mots "respect de l'autre" si cet autre ne leur ressemblait pas. En sorte que le fascisme est la façon dont vivent et pensent des esprits totalitaires qui n'ont que mépris pour la vie, pour l'homme, pour l'humanité et qui ne peuvent rien toucher sans vouloir tout détruire, négation extrême de la dignité humaine en soi et chez autrui, doublé d'un culte de la mort donnée et reçue comme finalité suprême, par absurde attirance.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Les derniers jours de Mussolini

Interessant.

Un des derniers ouvrages du regretté Pierre Milza. Comment a fini Mussolini ? Milza tente de réponde à un ensemble de questions entourant la fin du dictateur fasciste italien. Il montre par là que ce sont des questions très prenantes pour l'Italie et l'historiographie transalpine. C'est détaillé, très détaillé. Il y a des réponses argumentées à d'autres historiens.

Un ouvrage pointu qui m'a semblé un peu plus négligé peut-être sur la forme que d'autres livres de Milza plus classiques.

Malgré tout le sujet est passionnant et la fin de Mussolini intéressante à comprendre, d'autant que l'héritage fasciste semble parfois regardé avec un peu trop de bienveillance en Italie. Un travail de mémoire comparable à celui effectué en RFA ne semble guère avoir été réalisé en profondeur...(C'est un amoureux de l'Italie qui s'exprime ici...)
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Histoire du XXe siècle, tome 4 : Vers le mond..

À côté du très célèbre "Mallet et Isaac", traitant de l'histoire du monde depuis la préhistoire, ce quatrième et dernier volume à propos de l'histoire mondiale du XXè siècle, traite la période de 1990 vers le monde nouveau



Illustré, coloré et richement commenté, il s'agit dun excellent outil à jour pour comprendre les enjeux de notre époque récente, mais passée et contemporaine.



je conseille vivement.



Michel



NB : une nouvelle édition publiée en 2018 fait une part à la question récente des migrants


Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Napoléon III

Quand on connait son histoire de France et son histoire européenne, Napoléon III ou Napoléon le petit comme l'appelait Victor Hugo, ne peut laisser indifférent. La transformation de Paris, des guerres gagnées, une défaite monstrueuse et tant d'autres choses. Il reste cependant victime d'aprioris et d'une méconnaissance de la part des français. En plus ce qui ne gâche rien le livre se lit facilement.
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Histoire de l'Italie. Des origines à nos jours

Un livre indispensable et unique en son genre, tout au moins en français. S'il existe nombre de bons livres consacrés à tel ou tel aspect de l'histoire d'Italie, qu'il s'agisse de périodes (Rome, bien sûr, la Renaissance, mais le plus souvent sur des aspects particuliers, le "mouvement communal", le Risorgimento, la période mussolinienne, ou, dans notre pays, des aspects"franco-centres," tels que les guerres d'Italie des Valois ou la Campagne d'Italie de Bonaparte...,), à telle cité, région ou institutions (histoire de Venise, Gênes, Florence, Naples, Sicile, Papauté, bien sûr), ainsi que d'innombrables biographies de personnages illustres), on sent bien, à lire cette énumération, que manque un ouvrage synthétisant, le tout, donnant en quelque sorte du "liant" à tous ces éclairages partiels, d'ailleurs souvent remarquables.

C'est chose faite avec le livre de Pierre Milza, complet érudit, mais allant à l'essentiel, sans se perdre dans le détail de querelles d'écoles comme trop d'ouvrages d'histoire universitaire, se révélant à la fois savant et accessible.

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Histoire du XXe siècle. Tome 3, de 1973 à nos j..

À côté du très célèbre "Mallet et Isaac", traitant de l'histoire du monde depuis la préhistoire, ce troisième d'une série qui en compte quatre, à propos de l'histoire mondiale du XXè siècle, traite la période de 1973 à 1990.



Illustré, coloré et richement commenté, il s'agit dun excellent outil à jour pour comprendre les enjeux de notre époque récente, mais passée et contemporaine.



je conseille vivement,



Michel.



NB Une nouvelle édition a été publiée en 2018


Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Verdi et son temps

Une belle biographie de Verdi. le titre révèle bien le contenu: c'est plutôt un livre d'histoire qu'un livre de musique. Mais cela a tout son intérêt: le parcours unique d'un jeune homme modeste devenu icône du risorgimento;

chaque opéra remis en contexte; une vie personnelle difficile à saisir mais explorée en finesse. De quoi donner envie de tout écouter et réécouter. Surtout quand on est amoureux de l'Italie. Verdi c'est l'Italie.
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L'année terrible. Tome 2 : La Commune, mars-j..

La Commune de Paris traverse le ciel de 1870 comme un éclair précédant le tonnerre de la révolution russe de 1917, vu et entendu jusqu'en Chine populaire quelques années plus tard. Marx voudrait voir les communards comme les avant-gardistes de la "dictature du prolétariat", disons les premiers communistes, mais les observateurs indépendants voient plutôt une révolte sociale multiforme, autonome, rassemblant les bourgeois et les ouvriers, républicains et socialistes de toutes tendances dans un formidable élan démocratique. En réalité l'insurrection parisienne a été si courte qu'on ne pourra jamais dire si cette révolte n'aurait pas été rapidement récupérée politiquement par un parti unique. En revanche la révolution de 1789 a été une référence évidente, y compris lors du basculement de la Commune de Paris vers un comité dictatorial de salut public héritage de 1793. Les communards et les personnages de cette époque ont laissé leurs noms à de nombreuses rues et édifices publics, si bien que le Lycée Thiers à Marseille devant lequel je passe régulièrement, est maintenant associé à l'homme qui a laissé son armée massacrer et humilier les insurgés. Et c'est ainsi que s'est terminé le rêve des communards : le rêve d'un socialisme antiautoritaire.
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Les derniers jours de Mussolini

Si l'on sait généralement comment sont décédés les grands salopards du 20e siècle, on ne sait pas comment a fini Mussolini. Il y a le suicide par arme à feu pour Hitler, l'AVC pour Staline et la crise cardiaque pour Mao, mais quid du Duce.

Eh bien, on apprend tout de sa misérable fin en lisant "Les derniers jours de Mussolini" de Pierre Milza. L'auteur y retrace son parcours, à la fin d'avril 1945, de sa tentative de fuite depuis Milan, en convoi, escorté par des soldats allemands, en direction du nord de l'Italie, jusqu'à un petit village au bord du lac de Côme où il fut fusillé en compagnie de sa maîtresse par des partisans communistes.

Surtout, Pierre Milza évoque les différentes versions qui ont eu cours en Italie concernant la mise à mort du Duce et de l'identité de son instigateur. Walter Audisio était le nom que des générations de petits Italiens ont appris lors de leur leçons d'Histoire, mais depuis il s'est avéré que c'était une invention de la direction du parti communiste pour cause de propagande.

Le hic est que l'historien propose tellement de versions de la mise à mort de Mussolini que je ne sais pas laquelle il considère la plus véridique.

Et puisque j'en suis dans les griefs, mon plus gros problème à la lecture de l'ouvrage est que l'auteur emploie aussi bien leurs patronymes que leurs pseudonymes quand il évoque les résistants, embrouillant bien vite son lecteur. Surtout, quand il y a des erreurs dans la correspondance entre les patronymes et les pseudonymes : à la fin du chapitre 12, il parle du capitaine Neri en le nommant Cantoni, or Neri était le pseudo de Luigi Canali (comme l'indique le glossaire en fin d'ouvrage), Cantoni ayant, lui, pour réel pseudo Menefrego.



Malgré ces petits désagréments, je conseille bien évidemment la lecture de cet ouvrage à tous ceux qui sont intéressés par la fin de la Seconde guerre mondiale et plus généralement par la fin d'une guerre civile.
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Napoléon III

Un livre nécessaire pour rétablir cet homme, qui mérite mieux que la simple référence à son coup d'Etat, où la défaite de sedan! A travers ces pages Napoléon III se révèle comme un homme ambitieux pour son pays, amis des sciences et des nouveautés, cherchant à faire briller le renom de la France, hélas trahi par une stratégie militaire déplorable, et une armée qui n'était pas celle dont il rêvait, dans ce domaine il n'avait pas la pugnacité de son oncle, ni ses ressources!
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Histoire du XIXe siècle

J'ai lu ce livre une dizaine de fois. Lorsque j'ai des doutes sur l'histoire du XIXe siècle, c'est vers lui que je me tourne.

Bien entendu, cette somme a des limites. De nombreux pays sont laissées de côté et l'aspect politique est privilégié su retour le reste. Cependant Milza et Berstein permettent d'avoir une vue d'ensemble sur tous les grands événements du XIXe siècle et de remettre en perspective les évolutions dont les répercussions persistent dans notre XXIe siècle.

Bref, une lecture que je conseille à ceux qui s'interrogent sur l'histoire contemporaine.
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Napoléon III

Personnage paradoxal. Coup d'état sanglant, mais rongé de remords

Symbole d'une caste pourrie par l'affairisme et les bondieuseries hypocrites, il aimait les ouvriers...

Et que dire de l'Algérie qu'il voulait vraiment intégrer

Lecture intéressante
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Napoléon III

Oublions l’ombre pesante et écrasante d’un Victor Hugo à charge contre Louis-Napoléon Bonaparte après le coup d’État du 2 décembre 1851 – date anniversaire du sacre de son oncle et de la bataille d’Austerlitz. Ombre qui continue de ternir l’image d’une figure politique majeure de notre payas, ayant fait entrer de plain-pied la France dans la modernité, sans négliger les plus faibles.

Cet aventurier exilé après 1815, fils d’un frère de Napoléon Ier et de la belle reine Hortense – elle-même fille de Joséphine de Beauharnais – ; auteur de deux tentatives malheureuses de prise du pouvoir – dont l’une lui vaudra un séjour de plusieurs années au fort de Ham avant de s’en échapper de manière rocambolesque – ; idéaliste dans ses jeunes années au point de se joindre, avec son frère, aux conjurés italiens – il aura d’ailleurs, tout au long de son règne, une histoire tumultueuse avec l’Italie, l’aidant à devenir indépendante tout en lui interdisant l’accès à Rome comme capitale, alors aux mains du pape –, mérite en effet mieux que cette appellation de « Napoléon le petit » dont l’a affublé Hugo.

Autoritaire, une fois les pleins pouvoirs entre ses mains ? Oui, mais nous parlons d’un temps où même la République avait fait tirer sur le peuple en juin 1848, et sans regret celle-ci, tandis que Napoléon III sera toujours hanté par les morts de décembre 1851 occasionnés par sa prise du pouvoir musclée. La mort des autres, il la supporte tellement mal que c’est lui-même qui ordonnera la capitulation à Sedan, en 1870, afin d’éviter un bain de sang inutile, l’issue de la guerre étant jouée, la Prusse sortant victorieuse. On le lui reprochera violemment, mais il aurait fallu accepter ses projets de réforme de l’armée et l’issue eût été peut-être tout autre. N’oublions pas, au passage, qu’il modernisera la marine de manière considérable puisqu’elle deviendra la seconde après celle de l’Angleterre. Celui qui déclare la guerre – en l’occurrence la France – n’est pas toujours celui qui la provoque. Il n’empêche, sa prophétie de malheur s’est réalisée : « En dépit d’elle-même, la Prusse, dans vingt ou trente ans, se trouvera dans l’obligation de devenir agressive. » On connaît la suite… Car Napoléon III avait un sens de l’analyse de l’Europe très aiguisé.

Bien sûr qu’il y eut une fête impériale – agrémentée de multiples conquêtes amoureuses provoquant l’ire de l’impératrice Eugénie –, laquelle ne concerna pas tout le monde, loin de là ; bien sûr aussi que le pouvoir se fit très autoritaire, au moins dans ses premières années, mais le sort du peuple occupa le souverain qui, entre autres, accorda le droit de grève aux ouvriers et s’en remit souvent au vote – permettant au passage à un plus grand nombre de Français de voter – pour asseoir sa légitimité. Le chef et son peuple, tel était le crédo, que ne supportent toujours pas certains libéraux, considérant le peuple bien trop stupide pour décider.

Tels sont les points – et bien d’autres encore – que soulève Pierre Milza dans sa rigoureuse, dense et non moins très fluide biographie d’un personnage de notre Histoire. Personnage dont la fin, en exil du côté de l’Angleterre – là où son oncle rêva jadis de fouler le sol à la tête de son armée –, a des allures d’ingratitude pour celui qui, tout de même, fit rayonner son pays, notamment à travers Paris qu’il fit si bien transformer qu’elle devint (selon Walter Benjamin) la « capitale du XIXe siècle ». À sa fin tragique – provoquée par des calculs dans la vessie qui le firent souffrir durant plusieurs années – s’ajoute celle de son fils, jeune officier engagé dans l’armée anglaise, parti mourir dans le Zoulouland.

Pierre Milza rapporte un propos du dentiste de l’impératrice qui colle exactement à Napoléon III et nombre de ses prédécesseurs et successeurs à la tête de la France : « En France, on est honoré aujourd’hui et banni demain. Je me suis dit parfois que les Français mettent leurs héros sur des piédestaux de sel, de sorte qu’à la première tempête qui les atteint, ils tombent pour rester à jamais couchés dans la boue. » De Gaulle ne renierait pas cette remarque.

Enfin, en conclusion, l’auteur de cette considérable biographie – où, hélas, en conclusion, et selon un réflexe pavlovien, il se croit obligé de nous asséner un couplet sur l’extrême droite d’aujourd’hui ! – n’a pas tort de s’interroger sur le fait que les cendres de l’oncle ont été rapportées en grand pompe, en 1840, pour être déposées aux Invalides, tandis que celle de son neveu – qui a nettement moins versé le sang des Français et des autres – demeurent, avec celles de son épouse et son fils, en Angleterre.

Un retour dans la Mère-Patrie serait bienvenu en effet…

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L'année terrible. Tome 1 : La guerre franco-p..

Pierre Milza - «L’année terrible : la guerre franco-prussienne septembre 1870-mars 1871» – Perrin (ISBN : 978-2-262-02498-7 - 468 p.).



La lecture de cet ouvrage montre – une fois de plus – combien fut lacunaire l’enseignement qui nous fut dispensé dans le cadre de la glorieuse école républicaine :

- d’abord parce que le chauvinisme français cultivé par l’Education Nationale (n’est-elle pas «nationale», justement ?) répugne profondément à présenter aux jeunes esprits les raclées mémorables subies par la Grande Nation,

- ensuite, dans ce cas particulier, parce que l’enseignement de l’histoire se limite à Paris et surtout à la Commune de Paris, l’un des repères mythiques cultivés par le corps enseignant post-soixante-huitard.



Originaire de la Lotharingie, j’avoue que je ne connaissais pas l’épopée de «l’armée de la Loire» de Chanzy ni l’épilogue de la bataille du Mans. J’avais juste entendu parler de «l’armée du Nord» et de la bataille de Saint-Quentin (Faidherbe).



Une fois de plus, après avoir beaucoup lu sur la Grande Tuerie de 1914-1918 puis sur la débâcle de 1940, je reste littéralement assommé par cette lecture. L’état-major français collectionne les bévues, se montre d’une incompétence abyssale (à tel point que le Bazaine sera jugé pour haute trahison, alors qu’en fait il était seulement bête et pusillanime), organise littéralement la défaite.

Les allemands ne l’emportent que parce qu’ils ont soigneusement préparé et organisé leur coup de force, et qu’ils trouvent en face d’eux des gradés français dépourvus de toute vision d’ensemble. C’est pitoyable. Et le pire, c’est que ce même état-major recommence en 1914 puis en 1940 : après l’épopée napoléonienne, l’armée française est une armée spécialisée dans la débâcle instantanée.



Dernière remarque : cet ouvrage détaille les évènements de sept. 1870 à mars 1871, et l’auteur annonce son intention de publier la suite vers la fin de cette année : un historien se risquant à décrire la Commune de Paris risque gros, même si les bataillons des idolâtres sont un peu moins fournis dans l’Education Nationale aujourd’hui.



Ce manuel est indispensable pour bien comprendre comment les populations des régions du Nord et de l’Est (Flandre, Hainaut, Artois, Ardennes, Champagne, Lorraine, Alsace, Franche-Comté), subirent entre 1870 à 1945, trois guerres désastreuses ayant profondément marqué les esprits.

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Garibaldi

J'avais oublié combien le nom de Garibaldi pouvait évoquer de symboles, d'idées révolutionnaires, de batailles et de sanglantes blessures. J'aurais dû me souvenir du nombre de rues ou de places qui portent ce nom illustre non seulement en Italie mais aussi en Amérique latine et dans notre pays.

Ce n'est pas l'histoire d'une vie, c'est toute une épopée. Bien entendu, Pierre Milza déborde d'admiration pour son sujet, mais vraiment, il y a de quoi ! C'est une trajectoire humaine et historique absolument fantastique à l'échelle de tout le XIXème siècle et à travers plusieurs continents.

Car la vie de ce simple citoyen né niçois en 1807 est plus riche d'événements que celle du plus pur héros de feuilleton. C'est si vrai qu'il a demandé à Alexandre Dumas de superviser l'écriture de ses mémoires, qui décrivent plus d'épisodes que d'Artagnan et les Trois Mousquetaires réunis.

Pas question donc de la résumer ici. Mais une occasion de réviser une tranche capitale de l'histoire des relations européennes à travers le lent et cruel processus d'unification de l'Italie, aussi confus et dépourvu d'espoir d'une issue favorable pendant plus d'un demi-siècle. Ce qui n'est pas sans rappeler certains conflits actuels.

En 1860, ni la France ni la Grande-Bretagne autrefois associées dans la guerre de Crimée (déjà !) et concurrentes, ne souhaite que l'Italie fasse son unité : l'Angleterre parce qu'elle veut rester maîtresse des routes de Méditerranée, la France à cause de la question Romaine.

Pourtant, bien avant cette date, Giuseppe Garibaldi a déjà acquis l'étoffe d'un héros. Banni du Piémont en 1834 pour avoir fomenté une révolte à Gènes, il est parti combattre au Brésil, ou plus exactement dans la guerre de sécession du Rio Grande do Sul et en Uruguay. Il y a trouvé la gloire et une femme intrépide qui combattra avec lui jusqu'à la mort : Anita.

Trompe-la-mort, marin intrépide, cavalier puissant, homme du peuple totalement désintéressé au point de faire vivre très modestement sa famille en refusant bien des pensions, talentueux tacticien, meneur d'hommes, anticlérical et franc-maçon résolu, obsessionnellement opposé au Pape qu'il considèrera jusqu'à la mort comme un obstacle à l'unification de sa patrie, Garibaldi est un personnage vraiment hors du commun.

Ses relations tumultueuses avec Mazzini, l'autre chantre du Risorgimento, l'attitude ambiguë de Napoléon III, le choix du républicain sincère de faire allégeance au roi Victor-Emmanuel comme seul détenteur de la force nécessaire à réunir les états italiens, l'engagement tardif mais héroïque aux côtés des troupes de la République Française en 1870 … Le héros des Deux mondes, devenu avec l'âge et les terribles rhumatismes qui le clouent dans son fauteuil le vieux lion de Caprera étonne à chaque instant.

Ce qui me surprend le plus, c'est la capacité d'enrôlement des hommes de cette époque, pour des combats aussi fratricides que dangereux. D'un bout à l'autre de la période et pratiquement jusqu'à sa mort en 1882, Garibaldi continue à rassembler autour de son nom et de sa renommée. Un héros devenu une légende à l'échelle du monde.










Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Napoléon III

« Napoléon III » est un ouvrage hyper dense, très difficile d’accès mais forcément exhaustif pour qui voudra tout savoir sur cet empereur coincé entre des évènements plus marquants que lui : la Révolution française, le règne de Napoléon Ier et la Première guerre mondiale.



La découverte de cette vie ne manque pourtant pas d’intérêt, avec un idéal trait d’union entre la France éliminant les derniers soubresauts de la monarchie avant de se diriger difficilement sur la voie de la République.



L’homme, desservi par une certaine timidité et une mollesse apparente, a semble-t-il été sous estimé par ces adversaires, qui n’ont pas décelé son inflexible détermination et vision de la France.



Intelligent, cultivé de manière autodidacte, Napoléon III se montrera malgré son appétit de pouvoir moins brutal que la plupart des dictateurs, avec un refus de s’engager dans une politique de conquêtes territoriales, un assouplissement de la poigne de fer des débuts et surtout de réelles volontés progressistes pour permettre l’émancipation des peuples opprimés notamment italiens mais également le basculement de l’économie dans une ère de développement industriel sensé aller de paire avec le progrès social.



Bien entendu, certaines contradictions existent comme les aventures coloniales à l’éthique des plus douteuses, mais Napoléon III par sa volonté de réformes progressistes et de grands travaux notamment architecturaux, constitue un maillon important de notre patrimoine national.
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Histoire de la France au XXe siècle. Tome 1 :..

À côté du très célèbre "Mallet et Isaac", traitant de l'histoire du monde depuis la préhistoire, ce premier volume d'une série qui en compte quatre, à propos de l'histoire mondiale du XXè siècle, traite la période de 1900 à 1930.



Illustré, coloré et richement commenté, il s'agit dun excellent outil à jour pour comprendre les enjeux de notre époque récente, mais passée et contemporaine.



je conseille vivement.



Michel.



NB : une nouvelle édition a été publiée en 2018
Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Histoire de l'Italie. Des origines à nos jours

Plus de 1000 pages pour ce pavé sur l'histoire de l'Italie, quel régal !

Je l'ai cherché pendant des années ce livre qui me résumerait l'histoire du pays dont je suis originaire. Mais c'était toujours des bribes, des périodes comme le très beau livre de Gilles Pécout "Naissance de l'Italie contemporaine 1770-1922" que je vous conseille également.

Non ce livre sorti en 2005, au fine page, écrit petit, n'est pas un roman mais bien un livre d'histoire (mais l'histoire de la botte un est roman me direz-vous ! Exact, et on ne s'ennuie pas au fil de ces pages) qui retracent "sommairement" si l'on peut dire (bien qu'il soit très exhaustif) plus de 3000 ans de vie de la péninsule italienne : une merveille.

Si comme moi vous n'êtes pas capable de faire le lien entre la transition de l'empire romain, les dominations normande, arabe, espagnole, en passant par la renaissance (italienne), le rissorgimento, le fascisme, et l'Italie d'aujourd'hui, ce livre est fait pour vous. Si l'on ne retient pas tout de ces 1024 pages érudites, qui sont finalement, vous le verrez, l'histoire de notre belle Europe, Pierre Milza a la sagesse à chaque chapitre de reprendre le sujet abordé sous des aspects différents, politiques, culturels, vie quotidienne, etc.. Au moins en le fermant on y voit plus clair et c'est l'objectif.
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