La Commune de Paris traverse le ciel de 1870 comme un éclair précédant le tonnerre de la révolution russe de 1917, vu et entendu jusqu'en Chine populaire quelques années plus tard. Marx voudrait voir les communards comme les avant-gardistes de la "dictature du prolétariat", disons les premiers communistes, mais les observateurs indépendants voient plutôt une révolte sociale multiforme, autonome, rassemblant les bourgeois et les ouvriers, républicains et socialistes de toutes tendances dans un formidable élan démocratique. En réalité l'insurrection parisienne a été si courte qu'on ne pourra jamais dire si cette révolte n'aurait pas été rapidement récupérée politiquement par un parti unique. En revanche la révolution de 1789 a été une référence évidente, y compris lors du basculement de la Commune de Paris vers un comité dictatorial de salut public héritage de 1793. Les communards et les personnages de cette époque ont laissé leurs noms à de nombreuses rues et édifices publics, si bien que le Lycée Thiers à Marseille devant lequel je passe régulièrement, est maintenant associé à l'homme qui a laissé son armée massacrer et humilier les insurgés. Et c'est ainsi que s'est terminé le rêve des communards : le rêve d'un socialisme antiautoritaire.
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(de Jacques Rougerie, spécialiste de la commune de 1870) On en revient aux sources, à la démocratie "directe", qu'avaient revendiquée et pratiquée non seulement les sans-culottes, mais aussi bien les bourgeois des districts parisiens de 1790. Autonomie et participation politique, identification maximale entre gouvernants et gouvernés.
(de Pierre Milza, l'auteur du présent ouvrage) Pour les tenants de l'idéologie libertaire, la Commune de Paris aura été la première à tenter de réaliser le rêve d'un socialisme antiautoritaire.
(de Karl Marx) La grande mesure sociale de la Commune, ce fut sa propre existence.
Serge Berstein - Berstein et Milza