C'est un receueil de nouvelles qui n'a rien de dégréable, sur la forme nous ne sommes pas loin de miles vorkosigan avec le personnage sir dominic Flandry qui possède un peu moins de charisme mais qui est tout aussi habile et astucieux.
J'ai eu une préference pour la première nouvelle de ce recueil dans laquelle Flandry va faire exploser une société "archaîque basée sur un code de l'honneur trés stricte" en montant les différentes factions les unes contre les autres.
Sur le fond Flandry se contente de constater l'épuisement du système qu'il défend mais semble plutôt bien s'en accomoder car il est profondement égoiste.
Le ton est malgré tout assez léger et nous rappelle qu'avec astuce et courage on peut faire beaucoup.
http://sfsarthe.blog.free.fr/
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Du début des années 50 à la fin des années 70, Poul ANDERSON a beaucoup travaillé sur une histoire du futur de l’humanité. Le résultat est un cycle connu aux Etats-Unis sous le nom de Technic History et dont les romans et nouvelles le composant ne sont parvenus en France que de manière éparse. L’argument du cycle est de projeter l’avenir de l’homme dans la conquête spatiale et la constitution d’un Empire composé des multiples mondes habités. C’est en particulier le propos de la première partie du cycle, connue dans son pays d’origine sous le terme de Polesotechnic League, et dont une infinitésimale fraction est arrivée jusqu’à nous sous la dénomination de Marchands interplanétaires. La deuxième partie du cycle est consacrée pour sa part à la décadence de cet Empire terrien, une fois constitué de ses quatre millions de mondes, sa taille étant alors devenue proportionnelle à la corruption de ses élites, et inversement proportionnelle à sa réactivité face à de nouvelles puissances qui se jugent plus à même de contrôler l’immensité galactique. Mais l’Empire terrien est surveillé de près par des agents spécialement entraînés, parmi lesquels Dominic Flandry est le plus prestigieux. Il est le personnage central de la deuxième partie du cycle d’ANDERSON, un peu plus connu en France puisque légèrement plus édité. L’Atalante a en outre entamé en 2005 une édition un peu plus complète, mais non encore achevée à ce jour, qui commence par la réédition du tout premier recueil sur lequel nous nous arrêtons ici.
Le personnage de Dominic Flandry est intelligent, charmant, fringant, casse-cou, infaillible, etc… autant de qualités qui font de lui un héros tout simplement invincible. Mais il est aussi doté d’une vaste collection de défauts, parmi lesquels le machisme et la corruptibilité, la superficialité et l’égoïsme ; il aime d’ailleurs beaucoup les femmes et l’argent pour les plaisirs qu’il peut en retirer personnellement. Flandry est en quelque sorte une caricature d’être humain par le biais d’une personnalité ambigüe faisant appel à des traits de caractère extrêmes. Ainsi, dès sa première mission, il déjoue le projet de conquête des Scothani, férus d’honneur, en leur inculquant l’une des spécialités des Terriens, la manipulation à des fins personnelles (Le tigre par la queue).
Toutes les missions de Dominic Flandry sont d’ailleurs à cette image. Car il est conscient de ses travers et vit parfaitement avec eux. Ils sont ni plus ni moins le reflet de ses origines, l’Humanité étant capable, on le sait, du pire comme du meilleur. Dans son esprit, il ne s’agit pas de préserver l’Empire terrien de la chute, celle-ci étant d’ores et déjà inévitable, et même programmée. En revanche, elle peut être retardée afin de profiter au maximum de tous les plaisirs de la vie, ce que ne manque pas de faire le héros qui aime au moins autant cela que l’Empire. Quelque part il y a parallélisme, à quelques millénaires près, avec la chute de l’Empire romain dont on sait que Poul ANDERSON est un fin connaisseur.
Dominic Flandry a par ailleurs un ennemi attitré, Aycharaych de la planète Chéréion, son alter ego à la solde de l’Empire merséien, le plus dangereux rival de l’Empire terrien. Tout aussi subtil que Flandry, il s’agit d’un extraterrestre également doué de télépathie. On le rencontre dès la troisième aventure de Dominic Flandry (Honorables ennemis), pour le retrouver quasi systématiquement ensuite, à l’exception de la dernière nouvelle du recueil (Le fléau des maîtres).
Toutes ces caractéristiques inscrivent Agent de l’Empire terrien dans la catégorie du Space Opera mâtiné d’espionnage. Chaque récit est une occasion pour découvrir un autre monde et une autre culture ; ceux-ci sont traités le plus sérieusement possible par Poul ANDERSON, en particulier du point de vue de l’histoire, de la géographie et des aspects sociaux et politiques des différentes sociétés rencontrées, ce qui les rend parfaitement crédibles en dépit de l’exotisme physique de leurs habitants. Pour le reste, l’auteur traite ses histoires sur un ton léger et plein d’humour grâce à son personnage central qui aborde malgré tout des sujets plus profonds tels que la vie, la mort ou la religion. En fait, les actes et les paroles de Dominic Flandry doivent tantôt être analysés au premier degré, tantôt au second. C’est à cette seule condition que l’oeuvre d’ANDERSON pourra être comprise et appréciée à sa juste valeur, celle d’un divertissement bien plus subtil qu’il n’y parait de prime abord.
D’un point de vue purement éditorial, signalons qu’Agent de l’Empire terrien réunit sept nouvelles. On regrettera toutefois le déficit d’informations sur ces textes, le recueil ne contenant ni préface, ni présentation des textes, ni même d’informations sur les titres en version originale et leur année de première publication. Le sommaire présenté ci-dessous a donc été reconstitué à partir d’informations collectées sur Internet et dans la bibliographie de Poul ANDERSON établie par Jean-Daniel BREQUE en novembre 2004 pour l’édition au Bélial’ de La patrouille du temps ; on notera qu’une même nouvelle peut avoir été publiée sous différents titres :
- Le Tigre par la queue (Tiger by the Tail, 1951) ;
- Les Guerriers de nulle part (The Ambassadors of Flesh / Warriors From Nowhere, 1954) ;
- Honorables ennemis (Honorable Enemies, 1951) ;
- Pour la gloire (The Game of Glory, 1958) ;
- Les Chasseurs de la caverne du ciel (We Claim These Stars ! / A Handful of Stars / Hunters of the Sky Cave, 1959) ;
- Message secret (A Message in Secret / Mayday Orbit, 1959) ;
- Le Fléau des Maîtres (A Plague of Masters / The Plague of Masters / Earthman, Go Home !, 1960).
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Agent de l’empire terrien constitue le premier volume français des aventures de Dominic Flandry écrites par Poul Anderson et publiées en dernier lieu par L’Atalante. Deux autres volumes suivent, mais cet ensemble ne représente pas la totalité des écrits sur Flandry. Certaines traductions manquent, hélas.
Ce volume contient un ensemble de nouvelles et de courts romans publiés aux USA entre 1951 et 1961. Dominic Flandry en est donc le héros, et le seul point de vue sur l’univers.
L’époque de l’expansion humaine dans l’espace, de la Hanse Galactique et de Van Rijn – sujet d’une autre série de Poul Anderson – est enfouie dans les légendes du passé. L’Empire Terrien est stabilisé depuis pas mal de siècles. Il a cessé de s’étendre et cherche au mieux à conserver l’acquis. Il est entré dans sa phase de décadence « à la romaine », frasques de l’aristocratie gouvernante à la clé. D’autres civilisations « barbares » ou jeunes empires aux dents longues, dont le représentant le plus dangereux est l’empire Merséien, veulent profiter de cette déchéance, dévorer le vieux lion et prendre sa place.
C’est dans ce contexte qu’évolue Dominic Flandry, agent de renseignement et espion au service de sa Majesté l’Empereur. Sa tâche principale : démonter les complots des « barbares » visant à grignoter ou affaiblir l’empire de Terra, déstabiliser les civilisations ennemies, les rendre aptes à une assimilation si possible. Flandry est pleinement conscient de l’état de l’empire, probablement beaucoup plus que ses dirigeants. Il sait qu’il mène un combat d’arrière garde destiné à repousser, mais pas empêcher, le moment de sa destruction. Il sait que finira par arriver la « Longue Nuit », une période d’âge sombre et d’obscurantisme, comme le haut moyen-âge a suivi la chute de l’empire Romain.
Mais il n’est pas du genre à déprimer. Flandry est du genre James Bond. Il aime les loisirs sophistiqués, il adore les femmes et surtout en changer. Il affiche de la désinvolture vis-à-vis de cette Longue Nuit. Finalement, ce qu’il souhaite vraiment, c’est repousser son arrivée au-delà de sa propre mort. Après… qu’est-ce qu’il en a à fiche hein.
Son portrait se dessine déjà ; je ne le trouve pas trop sympathique. Il est génétiquement ou culturellement programmé pour employer toutes les méthodes pour accomplir sa mission et il ne se gêne pas. Il peut organiser son propre enlèvement par un empire barbare et le déstabiliser de l’intérieur en accroissant par fourberie les inimitiés entre dirigeants et militaires (dans « Le tigre par la queue » il m’a fait penser à Sauron à Numénor, c’est dire), monter des plans à la Mission Impossible et des escroqueries de haut vol. Et bien sûr, il séduit le plus souvent la plus belle du périmètre en sachant parfaitement qu’il n’est pas question que ça dure.
Poul Anderson a essayé de compenser cela en lui fournissant une empathie particulière pour les pauvres gens, pour les peuples souhaitant l’autonomie devant un État tout-puissant (cela revient toujours chez Poul, il trouve l’État fédéral américain trop intrusif et nuisible à la liberté) mais je trouve cela un peu artificiel. Cela rend le personnage moins vrai, plus artificiel.
En revanche, le travail sur les personnages féminins de caractère et les ennemis honorables et intelligents est remarquable.
Ce volume nous fait voyager sur des planètes exotiques où des civilisations de caractère se sont développées : planète aquatique colonisée par des Noirs, planète glacée par des descendants de mongols et sibériens, planète de forêt et de marécage. Il y a en plus d’une intrigue souvent palpitante, un décorum très dépaysant. Je n’ai pas trouvé les écrits vieillis, au contraire. Ma préférence va aux Chasseurs de la Caverne du Ciel pour la complexité de l’intrigue. A l’opposé, les Guerriers de Nulle Part est d’assez mauvaise qualité.
Les deux volumes suivants rassemblent des romans écrits plus tard, dans les années 1965-1975. Je me demande si l’évolution de l’auteur se reflètera sur Dominic Flandry.
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Un recueil de nouvelles allant du ★★★☆☆ au ★★★★★. Il s'agit de l'une des œuvres classique du Space Op. signé par l'un des plus grands auteurs de SF : Poul Anderson. Le personnage de Dominic Flandry est juste fascinant, on s'y attache vite. Flandry est, avec Flash Gordon, le personnage de SF le plus connu. L'humour de l'auteur, toujours présent, est un plus à l'intrigue. L'intrigue justement, he bien, ce n'est pas si incroyable. Pour faire simple, c'est une histoire d'espionnage, mais dans l'espace.
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C'est un receueil de nouvelles qui n'a rien de dégréable, sur la forme nous ne sommes pas loin de miles vorkosigan avec le personnage sir dominic Flandry qui possède un peu moins de charisme mais qui est tout aussi habile et astucieux.
J'ai eu une préference pour la première nouvelle de ce recueil dans laquelle Flandry va faire exploser une société "archaîque basée sur un code de l'honneur trés stricte" en montant les différentes factions les unes contre les autres.
Sur le fond Flandry se contente de constater l'épuisement du système qu'il défend mais semble plutôt bien s'en accomoder car il est profondement égoiste.
Le ton est malgré tout assez léger et nous rappelle qu'avec astuce et courage on peut faire beaucoup.
http://sfsarthe.blog.free.fr/
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J'ai lu "Agent de l'Empire Terrien" lors de sa parution aux Editions Opta - ce qui ne nous rajeunit pas. J'y ai retrouvé un personnage assez proche du patrouilleur du temps Manse Everard: débrouillard, casse-cou, un brin cynique - mais aussi sibaryte, ce qui n'était pas le cas du patrouilleur. Dominic Flandry ressemble aussi beaucoup à James Bond. Même imperturbabilité, même efficacité professionelle, même collection de "Flandry girls". Les nouvelles constituant ce volume sont bien construites, les mondes bien décrits et cohérents, et l'ensemble donne une bonne idée du décor qui sera développé dans d'autres histoires, parfois plus sombres. C'est un space opéra qui a la particularité de se situer lors de la phase terminale de l'expansion humaine dans la galaxie, alors que ceux écrits à l'époque avaient tendance à se dérouler dans la période ascendante. En cela, il était alors original. Je crains qu'aujourd'hui, ce soit plutôt l'inverse... Le livre constitue un bon moment de lecture.
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C’est un peu par hasard que je suis tombée sur ce livre que je n’aurai certainement pas lu s’il n’avait pas contenu une nouvelle de Poul Anderson intitulée « Les joyaux de la couronne martienne ». Je ne l’avais pas encore dans ma liste ^_^
https://www.babelio.com/liste/8433/Poul-Anderson-la-traque-aux-nouvelles
Ce recueil contient 4 nouvelles extraites d’une anthologie de 800 pages : « The big book of Sherlock Holmes stories » édité par Otto Penzler qui contient aussi des textes de Stephen King, Neil Gaiman, Anthony Burgess, etc.
** L’aventure du loup fantôme par Anthony Boucher
Watson raconte à un enfant qu’il a sous sa garde l’histoire du Petit Chaperon Rouge. Sherlock Holmes va se sentir obligé de donner son avis sur cette « affaire ». Savoureux.
** L’affaire des patriarches perdus de Logan Clendening
Sherlock Holmes meurt et monte au paradis où il va devoir résoudre une énigme : Adam et Eve ont disparu. Cela ne fait que deux pages, c’est très/trop court.
** Les joyaux de la couronne martienne de Poul Anderson
Les Martiens ont prêté aux Terriens les joyaux de la couronne martienne pour une exposition. Ceux-ci doivent être restitués à leurs propriétaires mais voilà… ils ont disparu. L’inspecteur Gregg va devoir faire appel à Syaloch (un enquêteur martien digne de Sherlock Holmes) pour l’aider à les retrouver. Excellent.
** Le diable et Sherlock Holmes de Loren D. Estelman
L’asile Saint Porphyre a un patient qui prétend être le diable en personne. Sherlock Holmes s’y rend donc accompagné de Watson pour rencontrer ce John Smith afin de savoir s’il est un fou, un charlatan ou… le Prince des Ténèbres en personne. Pas mal du tout.
Voilà, une petite lecture bien sympathique.
Challenge défis de l’imaginaire (SFFF) (40)
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Au-delà de Sherlock Holmes est un petit recueil de quatre nouvelles composées par quatre auteurs (Anthony Boucher, Logan Clendening, Poul Anderson et Loren D. Estleman). Leur seul point commun : il s’agit de pastiches franchement peu convaincants.
Un rapide coup d’œil au recueil en dit déjà long. Cette édition proposée par les éditions Rivages noir peine à convaincre. Ce petit format compte environ 120 pages, en intégrant les rapides présentations des auteurs. La première de couverture n’est guère palpitante et ressemble beaucoup trop aux deux recueils édités dans la même collection (Les avatars de Sherlock Holmes et Sherlock Holmes en toutes lettres). Le prix est en revanche pour le moins ambitieux (pour être gentil) pour un tel résultat…
L’aventure du loup fantôme offre un long développement pour un résultat assez surprenant. Nous découvrons ici Watson qui tente désespérément d’occuper un petit garçon. Fort heureusement, il va converser un moment avec Sherlock qui va offrir sa propre interprétation du conte Le Chaperon rouge. Ces quelques passages sont hélas trop courts mais ils restent les meilleurs du recueil.
L’affaire des patriarches disparus ne compte que quelques pages. Les adeptes pourront légitimement s’offusquer de découvrir leur héros, ici décédé et en route pour le paradis. Sa mission ? Retrouver Adam et Eve… Cette nouvelle tient ici la comparaison avec une mauvaise blague fortement teintée d’humour anglais. Essayez seulement de la placer à un moment ou à un autre…
Les joyaux de la couronne martienne est assurément le récit le plus long. L’inspecteur Gregson et Sherlock laissent leur laissent leur place à deux avatars : l’inspecteur Gregg et Syaloch. Le scénario n’est guère palpitant. Il offre une caution vaguement teintée de science fiction pour développer une intrigue prévisible ayant traitant à la disparition de bijoux.
Pour finir, Le diable et Sherlock Holmes offre une vague confrontation entre le Grand détective et un homme qui prétend être le diable. Surnaturel et folie s’affrontent ici dans un récit aussi mollasson que prévisible.
C’est avec soulagement que se tourne la dernière page de ce recueil, tant celui-ci est peu inspiré. Au moins s’il est onéreux, il exigera peu de temps pour en venir à bout. A réserver aux seuls adeptes de Sherlock Holmes les plus curieux et encore…
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Compte tenu de l'époque (1954) je m'attendais à une S.F plutôt optimiste et trés libérale (style capitalisme flamboyant).
Et quelle fut ma surprise, j'ai trouvé un livre assez engagé qui m'a fait réalisé que notre système était basé sur la connerie (je m'en doutais un peu).
Les hommes deviennent subitement intélligents (à cause phénomène spatial inexpliqué). Et là, ils se désintérressent de la possession matérielle, vêtement, grosses voitures... et tutti quanti. Car fondamentalement ils commencent à se poser des questions sur eux-même et sur leur place dans l'univers. Ce qui n'est pas sans douleur, Une panique globalisée s'installe.
Certains vont avoir un sentiment de peur et de culpabilité assez proche du mythe d'Adam et Eve qui vont croquer la pomme de turing (non celle de la connaissance). Cette connaissance va faire perdre à beaucoup le goût de la jouissance et l'acceptation de leur conditions. Ainsi beaucoup d'ouvrier vont refuser le travail salarié (d'être exploité par des tâches débilitantes). Ce qui va inévitablement provoquer la chute du monde.
Attention ce livre n'est pas non plus une tribune socialiste, un personnage nous rappelle d'ailleurs "que le socialisme est également basé sur la notion de propriété" qui n'interresse plus personne.
Il ya un débat que ne tranche pas vraiment Anderson c'est de savoir si l'homme plus intéligent est un être plus sensible, nous avons d'un côté les scientifiques et politiques presque sans sans coeur et de l'autre un agriculteur qui hésite à sacrifier un agneau... Finalement l'intélligence révèle la personalité de chacun de ses personnages et tous ne sont pas prêt à l'accepter, c'est le vieux débat du mythe de la caverne .
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C'est un des chefs d’œuvre de Poul Anderson, et la traduction a été revue et complétée. Le volume, très bien édité, est complété par deux nouvelles sur le même sujet que le roman, une préface et une postface. C'est vraiment un plaisir de relire cet excellent roman de SF dans une bonne édition.
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Étant un fan de la première heure de l’âge d’or de la science-fiction américaine (qui comme chacun sait, date des années 50… mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, hein, il y a eu de nombreuses rééditions depuis), j’ai toujours considéré Poul Anderson comme un auteur un cran en-dessous de mon quatuor de tête : Van Vogt, Asimov, Heinlein, Simak. C’est pourtant la deuxième fois que je choisis cet auteur dans le cadre d’une opération Masse Critique consacrée à la littérature de l’imaginaire, après avoir sélectionné lors d’une précédente opération Tau Zéro, du même auteur et chez le même éditeur, qui fut une très belle découverte.
Avec Barrière mentale, j’avais espéré retrouver à nouveau cette ambiance si particulière qui vous étreint lorsque vous renouez avec un genre littéraire appartenant désormais à votre passé, comme un vieux jouet séduisant et un peu vintage, pas complètement oublié et encore capable de susciter quelques émotions nostalgiques. Bon continuer à écrire des phrases comme celle-là demande beaucoup de boulot et je vais donc maintenant entrer dans le vif du sujet. L’émotion n’était cette fois-ci pas totalement au rendez-vous.
Poul Anderson plutôt à l’aise jusqu’alors dans l’écriture de nouvelles, imagine un scénario plus ambitieux qui mérite de fait le passage au roman. La Terre sur son parcours quitte un champ cosmique de nature électromagnétique dont personne ne connaissait l’existence et qui avait eu pour effet de brider l’intelligence de tout être vivant sur la planète. Il en résulte que chaque homme, femme, enfant… devient en quelques jours beaucoup plus intelligent, et chaque veau, vache, cochon, couvée… ne tarde pas à faire de même. L’organisation de la civilisation va-t-elle résister à cette transformation radicale ?
Les exemples de manifestation du décuplement de l’intelligence sont habilement choisis. Un lapin, dans la scène d’ouverture, parvient astucieusement à s’évader d’un piège ; un simple d’esprit crée une micro société rurale intégrant des animaux ; un asiatique maîtrise son métabolisme et se fait gourou ; des scientifiques restés dans leur laboratoire créent les outils de la conquête spatiale, alors que la plupart des citadins ont déserté les villes … Cependant, la facture sera très lourde à payer pour la plupart des humains : la prise de conscience soudaine des conditions de vie et des positions sociales inégalitaires provoque grèves, émeutes, insurrections, guerres, pénuries, blocage des sociétés, etc.
Pour Poul Anderson, l’intelligence reconquise n’exclut pas la manipulation de l’homme par l’homme, la cupidité, la convoitise, l’individualisme, et les autres maux de l’humanité. Après le choc initial, le plus grand désordre règne et tout sera donc à reconstruire.
Le roman souffre de quelques défauts inhérents au genre, qui prennent ici un relief particulièrement aigu. Nous sommes dans une fiction proposant une vision de l’avenir à travers le prisme des années 50. Le moins que l’on puisse dire est que cet avenir manque cruellement de modernité. Les femmes sont nunuches et reléguées à leur rôle assumé de femme au foyer entièrement vouée au service et au bien-être de leur mari. Le rôle joué par Sheila est emblématique : elle ne supporte pas de devenir intelligente et se lobotomise pour retrouver sa confortable stupidité d’antan. Un autre exemple qui passe difficilement de nos jours (une maladresse de traduction ?) : des simples d’esprit et des arriérés mentaux devenus plus intelligents se sont organisés en société autarcique observée à distance par les gens dits « normaux » qui leur donnent du « votre race » (page 232). Par ailleurs, les inégalités et les classes sociales ne peuvent disparaître, le personnel domestique qui fait désormais faux bond est remplacé par des singes serviles et corvéables (plutôt que des robots). Lorsque le roman paraît en 1954, nous rappelle la postface, Martin Luther King n’avait pas encore commencé sa lutte contre les lois ségrégationnistes.
Peut-être suite à la restauration du texte complet (édulcoré et densifié lors des premières publications), le roman tombe dans un autre travers : la profusion d’histoires parallèles et de personnages secondaires, qui n’apparaissent que dans un seul chapitre, et encombrent le récit principal tout en frustrant le lecteur. Ces intrigues parallèles ne sont pas développées et sont même parfois purement et simplement abandonnées en cours de route. Il en résulte une désagréable impression de dispersion ou de travail inachevé.
Les thèmes abordés restent néanmoins sympathiques et propices à la réflexion, comme c’est le cas pour toute bonne science-fiction. On pense bien sûr à Demain les chiens de Clifford D. Simak (l’avenir de l’homme est ailleurs ; les sociétés humaines font place à des sociétés animalières) et à Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes (devenir plus intelligent rend-il heureux ?). Contrairement à Barrière mentale, ces deux classiques de la SF, parus respectivement en 1944 et 1959, n’ont pas pris une seule ride.
Dans la version des éditions du Bélial’ de 2013, le roman est complété par trois autres récits de Poul Anderson abordant des thèmes similaires. Ces trois nouvelles sont de très bonne facture. Dans Les Arriérés (1958), des visiteurs provenant d’une civilisation extraterrestre avancée jouent aux touristes sur Terre mais sont-ils les plus malins ? Dans Technique de survie (1957), trois voyageurs temporels du XXe siècle échangent leur époque avec trois Romains de l’Antiquité. Dans Terrien, prends garde ! (1951), un extraterrestre humanoïde supérieurement intelligent échoue sur Terre et tente de rejoindre sa civilisation.
L’ouvrage offre en prime d’autres bonus. L’avant-propos de Jean-Daniel Brèque situe le roman dans la carrière de Poul Anderson. La magnifique illustration de couverture signée Manchu est reprise sur le marque-page fourni et dédié au livre. Et pour couronner le tout, une postface scientifique de Suzanne Robic et Karim Jerbi fait le point sur l’état actuel des neurosciences, tente de répondre aux diverses questions philosophiques posées par le roman et revisite en les éclairant les théories neurologiques avancées par Poul Anderson. Un grand merci à Babelio et aux éditions du Bélial’ pour cette opération Masse critique, qui, on l'aura compris, était une fois de plus de très grande qualité.
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J'ai trouvé que le récit commençait bien et était plutôt prometteur, attisant ma curiosité, puis l'intérêt retombai petit à petit à partir de l'expédition spatiale qui est racontée de façon plate et sans intérêt, et à côté de cela j'ai trouvé que la bonne idée de base n'était en faite pas asser exploitée, on parle des problemes sociaux, monétaires en surface, on nous dit qu'il se passe telle et telle chose dans les villes mais ce n'est pas détaillé et expliqué, tout est condensé sur les idees et le bouleversemment psychologique du couple central. Beaucoup de dialogues, de reflexions qui se répètent.
En gros je suis un peu déçue, cela ne m'a pas transportée et les personnages ne m'ont pas touchée, j'aurai voulu au récit plus de descriptif de la société en changement, plus d'informatif, de décors.
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J'apprécie ces livres de science fiction qui gardent toujours un pied dans la réalité. Sous couvert de science fiction l'auteur nous brosse un bon tableau de la nature humaine. L'intelligence est-elle le gage d'une vie meilleure ? l'accès à un niveau d'intelligence nettement supérieur permet-il d'accéder à la sagesse et à une vie plus "intelligente" ? N'est ce pas la nature humaine enracinée en nous qui reprend vite ses droits et dotée d'une intelligence supérieure ce n'est pas gagné ...
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Premier roman de Poul Anderson. On pourrait s'attendre à quelque chose de léger avec notre planète où du jour au lendemain tout le monde devient très intelligent mais plus personne ne souhaite faire les basses besognes et c'est là que ça ce complique... Un bon premier roman avec des thématiques forts intéressantes, à lire pour découvrir l'auteur !
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