Monsieur Cousin va jusqu'à nous confier que s'il y avait l'esclavage, il aurait épouser Mlle Dreyfus. "Tout de suite, je me sentirais quelqu'un", dit-il.
C'est ce que m'inspire la journaliste de la maison pour l'égalité femmes-hommes. En attendant une réponse de moi "en tant que racisée", elle se sentait enfin quelqu'un.
Or que je sache, nous n'avons pas gardé les aurochs ensemble !
Le besoin de repentance viscérale des "white gauchos" est un moyen d'exister sur un vieux continent européen en quête d'intensité.
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Les causes du terrorisme, y en a des tonnes. ça doit être pour ça qu'on n'a pas pu anticiper. Et puis, si on anticipe, ça met la puce à l'oreille aux poseurs de bombes. Mieux vaut ne rien faire. C'est vrai, c'est comme si on commençait à penser à toutes les maladies : ça ne serait pas supportable. Si on commence à réfléchir à l'exclusion, aux discriminations, à l'antisémitisme, au racisme, à l'homophobie et même à la xénophobie, qui est un mot que l'on n'emploie plus jamais, eh ben on n'a pas fini. Yoram, lui, est atteint de klaustrophobie à cause de Klaus Barbie, une maladie orpheline, alors on en parle encore moins. Et puis, il y a les virus qui sont les vecteurs des maladies ; les fondamentalistes, extrémistes, islamistes. Mais si on pense à toutes les phobies et à toutes les maladies en "site", ça risque de nous porter la poisse. Donc, on fait l'autruche.
On est toujours plus sympa avec les enfants même s'ils sont noirs, juifs, musulmans, handicapés.
Ma mère m'a faite noire pour que je m'en sorte toujours, pour que ma cachette à moi, ce soit la couleur de ma peau. Mon père m'a faite blanche pour que je n'aie pas à prendre le bateau à fond de cale et que j'aie des papiers en règle. Je n'ose pas leur dire que je n'ai rien à voir avec leurs histoires, parce qu'on a toujours plus à voir avec les histoires des livres. Je ne peux plus me défausser. Alors, demain, j'irai en cours, puis à la bibliothèque Cujas, ouvrir des livres comme on ouvre des portes.