Citations de Rafael Alberti (47)
Des branchies je voudrais avoir
pour me marier, oui, me marier.
Ma fiancée vit dans la mer
et jamais je ne peux la voir.
Plante, plante, ma fiancée dès l’aube,
les vallées saines.
Cultive aussi, ma fiancée
toutes les plaines sous marines !
Jamais je ne pourrai te voir,
jardinière, dans tes jardins
dans tes blancs jardins du matin !
Elegia
Infancia mía en el jardín:
Las cochinillas de humedad,
las mariquitas de San Antón,
también vagaba la lombriz
y patinaba el caracol.
Infancia mía en el jardín:
¡Reina de la jardinería!
El garbanzo asomaba su nariz
y el alpiste en la jaula se moría.
Infancia mía en el jardín:
La planta de los suspiros
el aire la deshacía.
Elégie
Mon enfance alors au jardin :
Mille-pattes des jours de pluie,
Ou rouges bêtes à bon Dieu,
Et le ver qui errait aussi,
Et l’escargot qui patinait,
Mon enfance alors au jardin
Reine au pays du jardinage,
Le pois chiche montrait son nez,
Et l’alpiste en cage mourait,
Mon enfance alors au jardin
Avec la plante des soupirs
Que l’air essaimait à tous vents.
(traduction de Claude Couffon)
.
CLAIR DE LUNE
La mer, qui veille sans sommeil.
Saint Elme, qui veille au dessus.
Moi, dans la rade, avec mes rames.
Et le vent de la baie,
Sans ombre, qui syllabe.
Je sais bien
JE SAIS bien que la faim ôte le rêve.
Mais il me faut continuer de chanter.
Que la prison brouille le rêve.
Mais il me faut continuer de chanter.
Que la mort tue le rêve.
Mais il me faut,
mais il me faut continuer de chanter.
SOUVIENS-TOI DE MOI, MON AMIE
Souviens-toi de moi, mon amie,
en haute mer, quand à jamais
tu partiras.
Quand la tempête, mon amie,
clouera sa lance dans la voile.
Quand, à son quart, le capitaine
ne bougera.
Quand les appels du télégraphe
se feront muets à nos oreilles.
Quand la marée aura déjà
englouti le mât de misaine.
Quand tu seras, au fond des mers,
une sirène !
Je me promis d'oublier ma première vocation. Je voulais seulement être poète.
Il est des portes sur la mer que l'on ouvre avec des mots.
ALGUIEN
Alguien barre
y canta
y barre
(zuecos en la madrugada).
Alguien
dispara las puertas.
¡Qué miedo,
madre!
(¡Ay, los que en andas del viento,
en un velero a estas horas
vayan arando los mares!)
Alguien barre
y canta
y barre.
Algún caballo, alejándose,
imprime su pie en el eco
de la calle.
¡Qué miedo,
madre!
¡Si alguien llamara a la puerta!
¡Si se apareciera padre
con su túnica talar
chorreando!...
¡Qué horror,
madre!
Alguien barre
y canta
y barre.
GALOPE
Las tierras, las tierras, las tierras de España,
las grandes, las solas, desiertas llanuras.
Galopa, caballo cuatralbo,
jinete del pueblo,
al sol y a la luna.
¡A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar!
A corazón suenan, resuenan, resuenan
las tierras de España, en las herraduras.
Galopa, jinete del pueblo,
caballo cuatralbo,
caballo de espuma.
¡A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar!
Nadie, nadie, nadie, que enfrente no hay nadie;
que es nadie la muerte si va en tu montura.
Galopa, caballo cuatralbo,
jinete del pueblo,
que la tierra es tuya.
¡A galopar,
a galopar,
hasta enterrarlos en el mar!
Marin à terre 1
La mer. La mer.
La mer. Rien que la mer !
Pourquoi m’avoir emmené, père,
à la ville ?
Pourquoi m’avoir arraché, père,
à la mer ?
La houle, dans mes songes,
me tire par le cœur
comme pour l’entraîner.
Ô père, pourquoi donc m’avoir
emmené ?
Il est des portes sur la mer que l'on ouvre avec des mots.
la castille a des chateaux
mai elle n'a pas la mer
El mar. La mar.
El mar. La mar.
El mar. ¡Sólo la mar!
¿Por qué me trajiste, padre,
a la ciudad?
¿Por qué me desenterraste
del mar?
En sueños la marejada
me tira del corazón;
se lo quisiera llevar.
Padre, ¿por qué me trajiste
acá?
Gimiendo por ver el mar,
un marinerito en tierra
iza al aire este lamento:
¡Ay mi blusa marinera;
siempre me la inflaba el viento
al divisar la escollera!
La mer. La mer
La mer. La mer.
Rien que la mer !
Pourquoi m’avoir emmené, père,
A la ville ?
Pourquoi m’avoir arraché, père,
A la mer ?
La houle, dans mes songes,
Me tire par le cœur
Comme pour l’entraîner ;
O père, pourquoi donc m’avoir
Emmené ?
Gémissant pour voir la mer,
Un petit marin à terre
Hisse dans le vent sa plainte ;
Ah ma blouse marinière !
Toujours le vent la gonflait
A la vue de la jetée !
(traduction de Claude Couffon)
Je dis au revoir, mon amour, et je ne suis pas triste
Je dis au revoir, mon amour, et je ne suis pas triste.
Merci, mon amour, pour ce que tu m'as déjà donné,
un seul baiser lent et prolongé
qui a été écourté de douleur quand tu es parti.
Tu n'as pas su comprendre, tu n'as pas compris
que c'était un amour final et désespéré , tu n'as pas
non plus essayé de m'arracher de ton côté
quand tu m'as blessé d'un cœur dur.
J'ai tellement pleuré ce jour-là que je ne veux pas
penser que la même souffrance j'espère à
chaque fois qu'elle réapparaît dans ta vie
cet amour qui t'éclaire en le niant.
Ta lumière c'est lui quand ma lumière diminue,
ton seul amour quand mon amour diminue.
LA PALOMA
Se equivocó la paloma,
se equivocaba.
Por ir al norte fue al sur,
creyó que el trigo era el agua.
Creyó que el mar era el cielo
que la noche la mañana.
Que las estrellas rocío,
que la calor la nevada.
Que tu falda era tu blusa,
que tu corazón su casa.
(Ella se durmió en la orilla,
tú en la cumbre de una rama.)
Cri du vendeur sous-marin
Comme je serais bien
dans un jardin de la mer,
avec toi ma jardinière !
Dans une cariole tirée
par un saumon, quelle joie
de vendre sous la mer salée
tes fruits, mon amour!
-Algues fraîches de la mer,
algues, algues!
Gemissant après la mer
un jeune marin à terre
hissant au vent cette plainte:
Ayant, ma blouse marinière !
Toujours le vent la gonflait
à la vue de la jetée.
.
BALCON DE GUADERRAMA
Hôtel aux bleus déteints,
aux paupières mi-closes,
gardé par les grillons,
et faiblement
troublé
par les plaintes des trains.
Le train d’une heure…
puis de deux heures…
Celui qui roule vers les plages
emporte mon cœur.
En sa nostalgie de la mer,
ma fiancée boit une bière
au wagon-restaurant.
La lune, solitaire,
glisse sur le glacier.
La luciole du train
fore le défilé.
Et ma fiancée, oubliée,
s’envole en rêve sur la plage
gris perle du Sardinero.
La métamorphose de l'œillet
A l'aube, le coq était émerveillé.
L'écho lui a donné une
voix de garçon .
Des signes virils ont été trouvés,
le coq.
Le coq était stupéfait.
Yeux d'amour et de combat, il a
sauté dans un oranger.
De l'oranger à la citronnelle ;
des citrons à un patio;
du patio, il a sauté dans une chambre,
le coq.
La femme qui dormait là l'
embrassa.
Le coq était stupéfait.
La fille rose, assise
La fille rose, assise.
Sur sa jupe,
comme une fleur,
ouverte, un atlas.
Comme je l'ai regardée
voyager, depuis mon balcon !
Son doigt, un voilier blanc,
des îles Canaries
allait mourir dans la mer Noire.
Comme je l'ai regardée
mourir, de mon balcon !
La fille, rose assise.
Sur sa jupe,
comme une fleur,
fermée, un atlas.
A travers la mer du soir,
les nuages crient
des îles rouges de sang.