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Citations de Rafael Alberti (47)


Rafael Alberti
Il est des portes sur la mer que l'on ouvre avec des mots.
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"Gémissant pour voir la mer
un petit marin à terre
hisse dans le vent sa plainte :

Ah ! Ma blouse marinière !
Toujours le vent la gonflait
à la vue de la jetée."
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Ma chérie porte gravé
à la cambrure du pied
le nom de son adoré.

- Déchausse-toi, ma chérie,
livre tes jambes au vent,
et sur l'eau douce et glacée
laisse flotter tes souliers.

Marin à terre - 1924
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Je ne veux rien savoir
  
Je ne veux rien savoir...
Ni de cette lumière incertaine
qui s'éloigne vague
ni de cette nue claire
aux contours de conte.
Non plus du magnolia
qui parfume encore peut-être
de sa neige insistante...
Ne pas savoir, ne pas rêver,
mais tout inventer.
  
-
   
No quiero saber nada
          
No quiero saber nada…
Ni de esa luz incierta
que retrocede vaga
ni de esa nube limpia
con perfiles de cuento.
Tampoco del magnolio
que quizá aún perfume
con su nieve insistente…
No saber, no soñar,
pero inventarlo todo.
        
  
Ernestina de Champourcín (1905-1999)
  
« Poemas del ser y del estar », 1972 / Traduction de Jeanne Marie (pp. 196-7)
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Sur la terre de personne
     
Sur la terre de personne, dans la poussière
que foulent ceux qui vont et ce qui viennent
j'ai planté ma tente sans aide
et je regarde s'ils s'en vont comme ils reviennent.
Les uns disent que je suis de ceux qui s'en vont,
bien que je me repose encore du chemin.
D'autres «savent» que je reviens, bien que je me taise;
et ma route bien certaine, moi je n'en parle pas.
J'ai essayé de leur démontrer que là où je vais
c'est à moi, seulement à moi, pour m'y tenir.
Et à l'écoute, ils sourient parce que tous
sont les gens qui s'en vont, mais qui reviennent.
Écoutez-moi une fois : que m'importent désormais
les chemins d'ici, qui valent tant.
Parce qu'une fois j'ai marché, là je me suis arrêtée
pour me fixer dans la terre qui n'est de personne.
     
-
     
En la tierra de nadie
     
En la tierra de nadie, sobre el polvo
que pisan los que van y los que vienen,
he plantado mi tienda sin amparo
y contemplo si van como si vuelven.
Unos dicen que soy de los que van,
aunque estoy descansando del camino.
Otros «saben» que vuelvo, aunque me calle;
y mi ruta más cierta yo no digo.
Intenté demostrar que a donde voy
es a mí, sólo a mí, para tenerme.
Y sonríen al oír, porque ellos todos
son la gente que va, pero que vuelve.
Escuchadme una vez: ya no me importan
los caminos de aquí, que tanto valen.
Porque anduve una vez, ya me he parado
para ahincarme en la tierra que es de nadie.
     

Carmen Conde (1907-1996)
« En la tierra de nadie », 1962 / Traduction de Jeanne Marie (pp. 212-13)
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Rafael Alberti
Ange mort, réveille-toi…



– Ange mort, réveille-toi.
Où te tiens-tu ? Illumine
de ton rayon le retour.
[…]
Pour, sans que je me lamente,
creuser une rivière de lumière douce dans ma poitrine
et rendre mon âme navigable.
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Rafael Alberti


LES ENFANTS DE L'ESTREMADURE

Les enfants de l'Estrémadure
vont nu-pieds .
Qui leur a volé leurs souliers ?

La chaleur et le froid les blessent .
Qui a déchiré leurs effets ?

La pluie
trempe leur sommeil et leur lit .
Qui a démoli leur maison ?

Ils ignorent
le nom que portent les étoiles .
Qui donc a fermé leurs écoles ?

Les enfants de l'Estrémadure
sont sérieux .
Qui leur a dérobé leurs jeux ?
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L'amante

Sous le peuplier noir, mon amour,
sous le peuplier noir, non.
Au pied du peuplier, oui,
du peuplier blanc et vert.
Feuille blanche, toi,
feuille verte, moi.
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L'AUBE DE LA GIROFLÉE


16

Il est toujours une chevrette
qui se fourvoie sur le chemin
et qui tourne à un autre coin.

Toujours, aussi, un chevrier,
de porte en porte, par les rues,
qui demande : L'avez-vous vue ?

p.283
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LE BON ANGE
Une année, déjà endormi,
quelqu’un d’inattendu
s’arrêta à ma fenêtre.
Lève-toi ! Et mes yeux
virent des épées et des plumes.
Derrière moi monts et mers,
nuages, becs et ailes,
les crépuscules, les aubes.
Regarde-la là-bas ! Son rêve,
suspendu au néant.
Oh désir, marbre fixe,
fixe lumière, fixes eaux
mobiles de mon âme !
Quelqu’un dit : Lève-toi !
Et me voilà dans ta demeure.
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Sophie, de la mer gaditane
sa chevelure jaillissait.
Ah ! La peigner. Ciel, la peigner !

- Elegie de la comète de Halley
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UN BATEAU EST VENU DE LA HAVANE
Le bateau qui fuit ma fenêtre
est venu hier de La Havane.
Sautons du lit dans le bateau,
lucarne du petit matin !
De ta terrasse, à mon passage,
tu me jetteras une orange
et un petit soulier doré
rempli d’eau et garni d’amandes.
Vers les Antilles je m’en vais
et sur des mers
de menthe amère !
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MA LYRE
Laredo

Ma lyre, quand tu n'auras plus
de lit ouvert à ton repos,
regarde : il te reste la mer
joyeuse, fraîchette et douillette,
ma lyre !

Un drap bleu, avec un rabat
de blanche écume délicate !
Des oreillers de sable : taies
joyeuses, fraîchettes, douillettes,
ma lyre !

Et qui me déshabillera
au pied de cette eau de saphir ?

- La reine des sirènes
et le fils du roi de la mer
ma lyre.


L'amante - Vers les rivages du Nord - 1925
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Rafael Alberti

******************** LO QUE DEJE POR TI ***********************
******************CE QUE JE VOUS AI LAISSE *********************

J'ai quitté , pour vous , mes bosquets , mes Forêts
Mes chiens sont restés éveillés
Mes années capitales bannies
Jusqu'à presque l'hiver de ma vie .

J'ai laissé , un choc , un tremblement
Une lueur de feux éteints
Mon ombre dans le désespoir
Les yeux saignants d'adieux .

Près d'une rivière , j'ai laissé des pigeons tristes
Des chevaux sur le soleil des sables
J'ai arrêté de te voir et de sentir la mer .

J'ai laissé tout ce que j'avais
Donnez-moi Rome pour mes peines
Tant je suis parti pour vous avoir .
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LA FILLE QUI VA A LA MER

Si blanche est la jupe que porte
la fille qui va à la mer !
Que ne la tache point , fillette ,
l'encre de la seiche des mers !

Si blanches sont tes mains fillette
qui t'éloignes sans un soupir !

Que ne les tache point , fillette ,
l'encre de la seiche des mers !

Il est si blanc , ton cœur , fillette ,
et si blanc aussi ton regard!

Que ne les tache point , fillette ,
l'encre de la seiche des mers !
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Rafael Alberti
**********************A Federico Garcia Lorca********************

Sal tu , bebiendo campos y ciudades ,
En largo ciervo de agua convertido ,
Hacia el mar de las albas claridades ,
Del martin-pescador mecido nido ;

Que yo saldré a esperarte ,amortecido ,
Hecho junco , a las altas soledades ,
Herido por el aire y requerido
Por tu voz , sola entre las tempestades .

Deja que escriba , débil junco frio ,
Mi nombre en esas aguas corredoras ,
Que el viento llama , solitario , rio .

Disuelto ya en tu nieve el nombre mio ,
Vuélvete a tus montañas trepadoras ,
Ciervo de espuma , rey del monterio .
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Quiconque , à 18 ans , n'a pas connu l'irrépressible nécessité de secouer son destin , vivra dans la norme , comme s'il n'était que sa propre doublure . Il y a toujours une prise de risque initiale , absolue , pour accéder à soi . Rafael Alberti , en 1920 , au sortir de l'adolescence , s'engage-t-il tout entier : " Je voulais seulement être poète . Et je le voulais avec fureur " . De ce pari , chimérique entre tous , il ne reviendra plus . " Mon terrible , mon féroce et angoissant combat pour être poète avait commencé " , notera-t-il dans son autobiographie , insistant sur cet acharnement à se réaliser poète , mais n'accordant aucune attention au credo de la prédestination poétique . La publication des trois recueils composés pendant cette période décisive permet d'affirmer que chez Alberti la volonté n'a pas brimé la grâce . Éclate au contraire dans ces pages un étourdissant plaisir de jouer avec les mots , les images ; et passe l'insouciante liberté de qui se tient à l'écoute de son chant originel . Même la sombre nostalgie qui semble l'inspiratrice première de " Marin à terre " doit faire place à la fougue de la création , à ce trop plein de sève qui soudain s'émerveille aux rythmes de ses mélodies .
Chaque poème , en lisière du réel et des songes , dessine sa ligne de fuite , son désir , ses secrets . Le poète perçoit , avec une évidente jubilation , l'émergence de sa voix . Déjà virtuose , il célèbre , par delà l'univers maritime de son enfance au Puerto de Santa Maria , l'immense territoire poétique qui affleure au fond de ses yeux . Et , pour l'heure , il ne célèbre que cela . " Ici nul ne vend rien de rien " proclame-t-il . Pas de message , pas de mots d'ordre : une fête de sonorités , de couleurs , un élan vigoureux pareil à la course du soleil en été , un bain radieux de poésie pure .
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Si mi voz muriera en tierra


Si mi voz muriera en tierra
llevadla al nivel del mar
y dejadla en la ribera.
Llevadla al nivel del mar
y nombradla capitana
de un blanco bajel de guerra.
¡Oh mi voz condecorada
con la insignia marinera:
sobre el corazón un ancla
y sobre el ancla una estrella
y sobre la estrella el viento
y sobre el viento la vela!


Si ma voix à terre mourait

Si ma voix à terre mourait
Portez-la au bord de la mer
Et sur la rive laissez-la.
Portez-la au bord de la mer
Et capitaine nommez-la
A bord d’un blanc vaisseau de guerre
O ma voix toute décorée
Des insignes de la marine :
Avec une ancre sur le cœur
Avec une étoile sur l’ancre,
Avec la brise sur l’étoile
Et sur cette brise une voile !
(traduction de Claude Couffon)
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Les enfants de l’Estrémadure



Les enfants de l’Estrémadure
vont nu-pieds.
Qui leur a volé leurs souliers ?

La chaleur et le froid les blessent.
Qui a déchiré leurs effets ?

La pluie
trempe leur sommeil et leur lit.
Qui a démoli la maison ?

Ils ignorent les noms que portent les étoiles.
Qui a donc fermé leurs écoles ?

Les enfants de l’Estrémadure
sont sérieux.
Qui a dérobé leurs jeux ?


/ Traduit de l’espagnol par Claude Couffon,
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BALLADE DU SILENCE CRAINTIF


Ici, quand le vent meurt,
les mots défaillent.
Et le moulin ne parle plus.
Et les arbres ne parlent plus.
Et les chevaux ne parlent plus.
Et les brebis ne parlent plus.

Se tait le fleuve.
Se tait le ciel.
Se tait l’oiseau.
Et se tait le perroquet vert.
Et, là-haut, se tait le soleil.

Se tait la grive.
Se tapit le caïman.
Se tait l’iguane.
Et se tait le serpent.
Et, en bas, se tait l’ombre.

Se tait tout le marais.
Se tait tout le vallon.
Et se tait même la colombe
qui au grand jamais ne se tait.

Et l’homme, toujours silencieux,
de peur, se met à parler.
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