Citations de Ralph Waldo Emerson (310)
« Le monde déteste les manifestations de l'âme, car ces manifestations abaissent le passé, mettent les richesses au niveau de la pauvreté, changent la réputation en honte, et confondent le saint avec le criminel en les mettant également de côté. »
Pour entrer en solitude, un homme doit se retirer tout autant de sa chambre que de la société.
Notre société est comme un bal masqué, chacun y cache sa véritable nature et la révèle par le choix de son masque.
Dans toute oeuvre de génie, nous reconnaissons les pensées que nous avions rejetées : elles nous reviennent avec une certaine grandeur dont on se sent dépossédé. C'est la leçon la plus marquante des grandes œuvres d'art.
Si nous ne pouvons dans l'immédiat nous élever jusqu'à la sanctification d'un état d'obéissance et de foi, résistons au moins à nos tentations ; entrons en guerre et dans nos coeurs, réveillons Thor et Odin, c'est à dire courage et constance. En ces temps sans relief, cela doit se faire en disant la vérité.
Réprime ton geste d'hospitalité et d'affection mensongères. Ne vis plus selon ce qu'attendent les êtres déçus et décevants avec qui nous conservons. Dis-leur : "Père, mère, épouse, frère, ami, jusqu'ici j'ai vécu avec vous selon les apparences. Désormais j'appartiens à la vérité. Que chacun sache bien que, désormais, je n'obéis à aucune loi si ce n'est la loi éternelle. Je ne veux point de contrats mais des liens de parenté. Je m'efforcerai d'être le soutien de mes parents, de nourrir ma famille, d'être le chaste époux d'une unique épouse_ mais j'assumerai ces relations d'une manière nouvelle et sans précédent. J'en appelle à vos coutumes. Je dois être moi-même. Je ne peux continuer à me briser pour tel ou tel. Si vous pouvez m'aimer pour ce que je suis, nous n'en serons que plus heureux. Si vous ne le pouvez point, j'essaierai pourtant de faire en sorte que vous le puissiez et de le mériter. Je ne cacherai point mes goûts et mes aversions. J'aurai une telle confiance dans le fait que ce qui est profond est saint, que sous le soleil comme sous la lune je ferai avec vigueur ce qui intérieurement me réjouit et ce que le coeur désigne.
Si vous êtes noble, je vous aimerai; si vous ne l'êtes point, je ne vous heurterai point, et ne me heurterai point par des attentions hypocrites. Si vous êtes sincères mais ne partagez point ma vérité, restez avec vos compagnons ; je chercherai les miens.
Cela, je ne le fais point avec égoïsme mais avec humilité et dans la vérité. Quel que soit le temps pendant lequel nous avons vécu dans le mensonge, il en va de votre intérêt comme il en va du mien et de celui de tous les hommes de vivre dans la vérité. Cela parait-il trop dur aujourd'hui? Bientôt vous aimerez ce qui est dicté par votre nature, tout comme pour la mienne, et si nous suivons la vérité, à la fin, cela nous sauvera.
Mais, agissant ainsi, peut être causerez vous du chagrin à vos amis. Certes, mais je ne peux marchander ma liberté et ma puissance contre leur sensibilité. En outre, tous les êtres sont à certains moments doués de raison quand ils scrutent le domaine de l'absolue vérité ; alors ils me rendront justice et feront de même.
La masse des gens pense que rejeter les critères reconnus par la foule équivaut à rejeter tous les critères et que ce n'est qu'une attitude de contradiction ; et le sensualiste audacieux usera du nom de philosophe pour parer ses crimes de poudre d'or. Mais la loi de la conscience demeure.
Il y a deux sortes de confessionnal, dans l'un ou l'autre nous devons être absous. Vous pouvez accomplir la ronde de vos devoirs en vous affranchissant soit par l'action directe, soit par l'action indirecte ou réfléchie. Demandez-vous si vous avez rempli votre devoir dans vos rapports avec les vôtres : père, mère, cousin, voisin, votre cité, votre chat ou votre chien. Demandez vous si l'un d'eux peut vous adresser des reproches. Mais je puis également négliger ce critère d'action indirecte et m'absoudre moi même. J'ai la la rigueur de mes propres exigences et je sais la perfection du cercle qui dénie le nom de devoir à maints services qualifiés comme tels. Mais si je puis m'acquitter de ces dettes, cela me permet de ne pas tenir compte du code de la morale courante. Si quelqu'un imagine que cette loi manque de fermeté, qu'un jour il en observe les commandements.
Et vraiment cela exige quelque chose de divin en celui qui a rejeté les motivations communes de l'humanité et s'est risqué à se prendre pour maître et à se faire confiance comme tel. Que son coeur soit plein d'élévation, sa volonté constante et son regard lucide afin qu'il puisse, avec ardeur, être pour lui même doctrine, loi, société, et qu'un simple objectif soit pour lui aussi fort qu'une nécessité de fer l'est pour les autres.
La vérité n'est la propriété de personne mais le trésor de tous.
Chaque homme, lorsqu’il est seul, est sincère ; mais vienne à entrer une seconde personne, l’hypocrisie commence. Nous nous gardons et nous défendons des hommes au moyen des compliments, du babillage, des amusements, des affaires. Nous enveloppons notre pensée de mille replis pour que leur vue ne puisse la pénétrer.
Qu'est-ce donc qu'une mauvaise herbe, sinon une plante dont on n'a pas encore découvert les vertus ?
Qu’il arrive ce qu’il pourra, aujourd’hui agissez noblement ; méprisez toujours les apparences.
Le paysage charmant que je contemple ce matin est indubitablement composé de vingt ou trente fermes. Miller possède ce champ, Locke celui-là, et Manning le bois situé au-delà. Mais aucun d'eux ne possède le paysage. Il est une propriété à l'horizon que personne ne possède, sauf celui dont l'oeil est capable d'intégrer toutes les parties, c'est-à-dire le poète. C'est la meilleure part de la ferme de ces hommes, quoique leur titre de propriété n'y donne aucun droit.
la seule manière d'avoir un ami
c'est d'en être un.
La civilité européenne est le triomphe du talent, le prolongement du système, l'entendement affûté, la capacité d'adaptation, le plaisir dans les formes, le plaisir dans la manifestation, dans les résultats intelligibles. Périclès, Athènes, la Grèce avaient travaillé sur cet élément avec la joie du génie qui n'était pas encore refroidi par la perspective des dommages causés par l'excès. Ils n'avaient devant eux ni économie politique sinistre ni un Malthus menaçant, ni Paris ni Londres, ni l'impitoyable sous-division de classes, l'ombre funeste des fabricants d'épingles, celle des tisserands, des apprêteurs, des chaussetiers, des cardeurs, des fileurs, des mineurs, pas d'Irlande, pas de caste hindoue renforcée par les efforts de l'Europe pour s'en débarrasser. L'entendement de l'Europe était à son apogée. L'art était dans sa splendide nouveauté. Ils taillaient le marbre pentélique comme si c'était de la neige, et leurs œuvres parfaites en architecture et en sculpture semblaient aller de soi, aussi aisées que la construction d'un nouveau navire dans les chantiers de Medford ou de nouvelles manufactures à Lowell. Ces choses suivent leur cours et peuvent être considérées comme acquises. La légion romaine, la législation byzantine, le commerce anglais, les salons de Versailles, les cafés parisiens, la manufacture à vapeur, le bateau à vapeur, la voiture à vapeur peuvent tous être vus en perspective ; le conseil municipal, l'urne électorale, le journal et la presse bon marché.
Dans le même temps, Platon, en Égypte et lors de ses voyages en Orient, assimilait l'idée d'une Divinité en qui toutes les choses sont absorbées. L'unité de l'Asie et le détail de l'Europe, l'infinitude de l'âme asiatique et l'Europe qui définit, qui aime les résultats, qui fabrique des machines, qui cherche la surface, qui va à l'opéra, Platon arriva pour les unir, et par contact, accroître l'énergie de chacune. L'excellence de l'Europe et de l'Asie sont dans son cerveau. La métaphysique et la philosophie de la nature exprimaient le génie de l'Europe, il lui offrit la religion de l'Asie pour fondation.
En résumé, une âme équilibrée était née, percevant les deux éléments.
p. 53-55
Ce que je dois faire est tout ce qui me concerne, non pas ce que pensent les gens.
Mais la nécessité de la solitude est plus profonde que nous ne l'avons dit; elle est organique. J'ai vu plus d'un philosophe dont le monde n'est assez large que pour une personne.
Dans le monde, il est facile de vivre selon l'opinion du monde : dans la solitude, il est facile de vivre selon la sienne ; mais le grand homme est celui qui, au cœur de la foule, garde avec une parfaite douceur l'indépendance de la solitude.
Toute mon affaire, c'est ce que je dois faire, non ce que pensent les autres. Cette règle, aussi ardue à suivre dans la vie courante que dans la vie intellectuelle, permet de bien distinguer grandeur et petitesse.
Personne ne peut sincèrement aider autrui sans s'aider soi-même : c'est l'une des plus belles compensations de la vie.
À moins que vous n'essayez de faire quelque chose au-delà de ce que vous avez déjà maîtrisé, vous ne grandir jamais.
Si comme philosophe Emerson appartient à la famille des moralistes modernes et des sages anciens, comme écrivain, il est par excellence un de ces esprits rares qui apparaissent dans les littératures, quelquefois pour tenir la place des génies créateurs, quelquefois pour les seconder ou pour tenter des voies nouvelles.
Une fois que votre décision est prise, l'univers conspire pour l'exécuter.