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Citations de Raul Argemi (104)


- Vous voyez ? Bertolt Brecht avait raison... Les Allemands ne pourront jamais faire de révolution, parce qu'ils ne peuvent pas prendre une gare s'ils n'ont pas leur ticket de quai.
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Pour me ressaisir, j’ai essayé de me faire une idée de l’endroit où j’étais. Tout indiquait que c’était une sorte d’hôpital de campagne, peut-être à proximité du lieu de l’accident. La salle commune contenait deux lits ; dans une ville de taille conséquente, ce nombre n’est même pas suffisant pour assurer la première heure de bal du samedi soir.
– Bon, ai-je dit, histoire de vérifier si je n’étais pas aphone. T’es dans le trou du cul du monde.
Au fil des heures, mon hypothèse serait confirmée. L’hôpital était destiné à soigner une réserve d’Indiens mapuches, confinés entre un lac et la cordillère des Andes.
Il était situé près de la descente des Mallines, le lieu de l’accident. J’ai aussi appris que si on avait été des gens importants, on nous aurait transférés en hélicoptère à Bariloche ou à Neuquén. Je n’étais donc pas quelqu’un d’important, et cela ne me faisait aucun bien de me le rappeler, mais aucun mal non plus, je suppose. Une fois qu’on a accepté son statut de rebut du système, on accède à une certaine sérénité. On se sent un peu comme une capote usagée.
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— Bon ! dit Butch, à la recherche de quelque chose dans son sac. L’heure dite est arrivée. Tu n’as pas peur, non ?
— Si. Je me suis chié dessus, fit Bairoletto, d’un ton provocateur.
— C’est mieux. Mon grand-père disait que seuls les tarés n’avaient pas peur.
— Ton grand-père avait plus de maximes célèbres que Confucius.
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Léon Levalian en resta comme deux ronds de flan. Il n'avait encore jamais rencontré de sorcière, mais d'après ce qu'il en savait, elles étaient toutes très vieilles, très laides et fort mal élevées, rien à voir avec la jolie jeune femme qui lui souriait à présent. Tout cela sentait le sortilège à plein nez.
C'est donc avec méfiance qu'il pénétra dans le logis, craignant le traquenard.
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Noyée sous les trombes et la boue, la rue du village n'était plus qu'un vague souvenir. Un faible rai de lumière parvenait à grand'peine à percer le nuage immobile au-dessus du village. Ce n'était pas de nuit, mais on n'y voyait goutte. La pluie était si dense que la vue portait à vingt pas tout au plus. Ajoutons à cela quelques éclairs zébrant le ciel sans retenue, et l'on peut dire que l'ensemble avait de quoi faire peur.
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D'un geste décidé, le pirate jeta sa cape sur le comptoir, puis ébranla celui-ci d'un bon coup de poing :
- CORNES DE BOUC ET VIEILLE CREVETTE ! QUE LE GRAND CRIC ME CROQUE ! VENTRE SAINT-GRIS ET CORNEMUSES ! MON GROG ET QUE ÇA SAUTE !
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- C'est de la triche... dit le gros. Il réfléchit ! Tout un chacun peut ainsi avoir l'air intelligent.
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Il essaya de se mettre à la place de son grand'père, le Buctch Cassidy original, pour résoudre le problème qui se présentait à lui. Il n'y avait pas d'antécédents.
Tous les cas de rébellion avaient à voir avec la répartition des gains, des beuveries, ou des bagarres pour des femmes, jamais pour une question syndicale.
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Quand on annonce une condamnation à mort, il souffle toujours un vent glacé. Mais quand la sentence est une promesse sans date d’exécution, la peur reste congelée dans le temps.
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Cette fille est tellement belle que ma main est partie toute seule et je n’ai pas pu l’arrêter : je suis allé directement faire de l’exercice pour me passer l’envie. La branlette, ça te transforme en dégénéré et ça affaiblit les os.
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Par les pans de sa chemise entrebâillée, son nombril velu épiait le monde, tel un kangourou dans sa poche.
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- Ma Croatie n'existe plus, dit le Russe, le regardant dans les yeux. Quand un homme est absent longtemps, son pays meurt et il ne peut plus y retourner.
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Le petit train finit de monter une côte pleine de virages en épingles à cheveux et s’arrêta. Il avait cessé de neiger, mais tout était blanc, « comme couvert d’écume », pensa Butch. La tour, avec son réservoir et son tuyau, se rapprocha jusqu’à se trouver en face de la locomotive.
Il secoua le bras de son compagnon qui dormait pelotonné sur son siège, et Bairoletto se réveilla en sursaut.
– C’est le second arrêt pour faire le plein en eau, expliqua Butch sur un ton de conspirateur. La prochaine gare c’est Los Ñires. Il vaut mieux que nous descendions nous dégourdir les jambes afin de ne pas tomber de sommeil.
Bairoletto acquiesça sans vraiment comprendre, encore sous l’effet des grillades dévorées debout à côté du poêle, mais il se laissa entraîner.
Une rafale de vent froid lui rendit d’un seul coup toutes ses facultés. Si ça, ce n’était pas la mort, la mort n’existait pas. Le néant, la voie, une tour faite de poutres métalliques et couronnée d’un réservoir sur lequel on pouvait encore lire le sigle du chemin de fer quand il était anglais – à l’origine des temps – et, à cinq cents mètres environ, une petite cahute en pierres, couverte de lauzes, avec un cheval attaché à un poteau enfoncé dans la terre. Appuyé à la porte, un paisano buvait le maté et les observait avec sérénité, au milieu du néant.
Genaro sentit soudain son courage décliner et il était sur le point de retourner à l’abri du train, quand la vision de longues jambes dénudées qui descendaient de l’autre wagon le vissa dans la neige.
Sans réfléchir, il dépassa Butch et se mêla au groupe d’étrangers rieurs. Ceux-ci préparaient leurs appareils pour se faire photographier à côté des mécaniciens.
Il profita de la couverture que lui donnait le groupe pour observer de près les hommes en combinaison qui faisaient le plein en eau.
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– Non. Je me suis trouvé là-bas par hasard. Je conduisais tranquillement quand je suis tombé sur cette course-poursuite. Je les ai suivis. Évidemment, ils avaient plusieurs kilomètres d’avance, étant donné l’état de ma bagnole. Quand je suis arrivé au canal d’irrigation, la voiture était déjà renversée sur le toit et ils ne m’ont pas laissé approcher. Ca me rappelle un autre détail. Il y avait un policier qui repêchait avec un bâton une chaussure flottant sur l’eau. Mais pourquoi les morts perdent-ils toujours leurs chaussures ?
– Tu vois, vieux, ce qui me plaît chez lui, c’est qu’il va directement à l’essentiel, dit Alejandro en se rongeant un ongle, comme si sa main n’était pas à lui.
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Bien. Je fis donc ce que je viens de dire : je pressai le nez d’Antonio Capriano Muller – Tony, pour les amis – pour qu’il s’étouffe un petit peu. Le Français lui enleva alors le chiffon de la bouche et lui enfourna le goulot de la bouteille d’alcool entre les dents.
Le vieux s’étrangla quand le liquide lui descendit dans le gosier et commença à faire des bonds à la manière d’une grenouille sur une poêle brûlante. Il paraissait impossible de le maintenir au sol. C’était comme se trouver au cœur d’un tremblement de terre ou chevaucher le tigre, selon les paroles de Mao (le Français adorait recourir à cette formule pour justifier presque tout). Un instant, je cessai de lui boucher le nez pour le laisser respirer. Aussitôt, le Français me cria « Vas-y ! » et je recommençai à appuyer, avec pas mal de difficulté, car le visage du vieux glissait comme une savonnette du fait de l’abondance de ses larmes. Logique, l’alcool pharmaceutique est particulièrement fort, et il faut avoir un gosier de Russe pour l’avaler sans pleurer.
(Trop de détails ? Profitez-en. Soulignez-les avec un crayon comme si c’était un cours de formation continue. Recourir à un professionnel reviendra toujours beaucoup plus cher.)
Je ne sais pas combien de temps s’écoula. Peut-être quinze ou vingt secondes. Je sais que cela me suffit pour jeter un coup d’œil à la villa et apercevoir la silhouette d’Isabel passant devant une fenêtre et se découpant sur le rideau comme sur une peinture japonaise.
Quand il eut avalé une bonne partie de la bouteille, Capriano Muller se mit à trembler et fut plus facile à contrôler. Le Français le retourna face contre terre et s’assit sur son dos en lui tordant le bras.
– Phase numéro trois, camarades.
– Comment, ce n’est pas « la phase C » ? s’exclama la Souris avec ce mouvement de tête qui lui venait de l’époque où il parvenait encore à éviter les K.-O., et qui lui était resté comme un tic.
– C’est la même chose, espèce de taré, lui dis-je.
Avec affection, car en fin de compte, c’était un malheureux. Quoique, parfois, je me demandais si la Souris ne se faisait pas plus bête qu’il n’était. Ses courts-circuits soudains paraissaient être en relation avec ses moments de lucidité.
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Le monde est, de plus en plus, un monde unique, une boucherie généralisée où l’on vend la chair des travailleurs.
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— Ni téléphones portables... Ils sont en Patagonie, Bairoletto. Ils ont le privilège d’entendre le silence de la nature à l’état pur. Pourquoi voudraient-ils la télévision ?
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Une femme comprend rapidement qu’il vaut mieux perdre sa voiture qu’être violée.
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Je découvris le plaisir qu’il y a à se dépasser, à aller plus loin, là où la fatigue et la douleur cèdent le pas au pouvoir absolu que l’on acquiert sur soi-même. Le pouvoir sur les autres n’en est qu’une pâle copie.
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Elle portait un bikini blanc qui provoquait un choc dans la poitrine. Le bas était une flèche qui, partant de sa taille, pointait vers son entrejambe. Toute femme aurait affirmé qu’elle avait quelques kilos en trop, tout homme aurait reconnu qu’elle était celle qui peuplait ses insomnies.
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