Où nous faisons la connaissance de Léon Levaliant, un tout jeune chevalier qui aime à penser que ce nom lui a été donné parce qu'il signifiait " Léon le Vaillant ". Il parcourt le pays en quête d'aventures, mais de fortune aussi, montant son pur-sang de course décharné qui, au temps de sa jeunesse portait le nom glorieux de Vent Véloce, aujourd'hui renommé le Lambin. Ce pauvre canasson n'a plus qu'une seule particularité, celle de pouvoir converser avec son cavalier qu'il essaie souvent de ramener à sa raison, celle de se faire oublier et de se reposer ! Avant même de parvenir au Royaume Paisible, où une malédiction fait qu'il pleut tout le temps et qui implorera leur aide, ils rencontrent le sieur Jean Bonneau de Canigou sur sa fringante monture, la mule Salecaboche, qui les met au défi de combattre ; et un pirate à vélo dénommé Yann Miloeil, deux personnages hauts en couleur qu'il retrouveront un peu plus tard au Royaume Paisible, lors de leur aventure rocambolesque. Leur chemin y croisera don Rigobert, le Maire, don Montféroce Lagloire du Champelé, son adjoint, un Roi et ses deux filles, les princesses Furibonde et Lolibelle mais aussi, la sorcière Nécromantine Lapétoche...
Mon avis : de grâce, enseignants, si vous faites faire une fiche de lecture sur cet ouvrage, ne demandez surtout pas où et quand se passe l'action, vous mettriez vos élèves en bien fâcheuse posture, quelque soit leur bonne volonté. Nous sommes dans un pays dont nous ne savons rien si ce n'est qu'il est à 18000 kilomètres de la Chine et qu'il se situe très loin de Londres, de la Polinésie, de Samarcande et d'Elseneur... On peut imaginer, quelques anachronismes mis à part - comme l'armure du chevalier faite de canettes de soda - que l'action se situe au Moyen-Age. Ce roman jeunesse original et au ton humoristique nous conte une aventure complètement loufoque, entrecoupée de dessins à l'encre noire qui imagent certaines scènes "cruciales" et de passages écrits dans des polices différentes et originales, en particulier pour appuyer des dialogues savoureux. Il est à noter que ce titre est le premier d'une série dont on ne connaît pas encore le nombre de volumes mais qu'il peut se suffire à lui-même. J'aurais aimé pouvoir vous offrir une critique dans le ton de l'ouvrage, telle que j'ai eu la chance de pouvoir en lire une, mais je n'ai pas le talent de Pascal... qui sait, à force de me régaler avec ses chroniques, je progresserai peut-être un jour...
Public : à partir de neuf - dix ans.
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Nos deux compères s'installèrent devant une large fenêtre sans vitre, protégés de la pluie par l'avancée du toit. De là, bien au sec, ils pouvaient respirer les senteurs de la pluie, d'humidité, de boue et de mousse qui emplissaient la nuit du Royaume Paisible, tout en profitant du spectacle des éclairs perçant l'obscurité.
Les gens du village s'étaient sans aucun doute habitués à la pluie ensorcelée qui tombait sans répit, et vaquaient à leurs occupations comme si de rien n'était, rentrant chez eux, allant rendre visite aux amis ou prendre un dernier petit café dans un bar. C'était un véritable défilé de parapluies.
Il existe un proverbe qui dit "rien ne sert de courir, il faut partir à point". Dans l'opinion du Lambin [le cheval], ce proverbe était le proverbe le plus sage qui eût été inventé, et il le prenait au pied de la lettre. S'il ne pouvait galoper, il trottait. S'il ne pouvait trotter, il restait immobile. Et si on le laissait tranquille, il en profitait pour piquer un petit somme à l'ombre de tout et n'importe quoi.
- Chevalier Levalian, je serai bref, succinct et prompt, mais très explicite, fit don Rigobert, pour faire comprendre de manière très compliquée que, pour une fois, il parlerait clairement.
- Cela me semble parfait, fit Léon.
En réalité cela ne lui semblait rien du tout, étant donné qu'il n'avait compris goutte à ce beau discours. C'est que les chevaliers s'escriment tant et si bien à être courageux et intrépides que leur culture personnelle laisse vraiment à désirer. D'ailleurs, la seule fois où Léon avait ouvert un dictionnaire, il en était presque tombé à la renverse. Il s'était dit : A quoi peuvent servir tant de mots, puisqu'avec une bonne épée, les gens se comprennent plus vite ?
Noyée sous les trombes et la boue, la rue du village n'était plus qu'un vague souvenir. Un faible rai de lumière parvenait à grand'peine à percer le nuage immobile au-dessus du village. Ce n'était pas de nuit, mais on n'y voyait goutte. La pluie était si dense que la vue portait à vingt pas tout au plus. Ajoutons à cela quelques éclairs zébrant le ciel sans retenue, et l'on peut dire que l'ensemble avait de quoi faire peur.
Léon Levalian en resta comme deux ronds de flan. Il n'avait encore jamais rencontré de sorcière, mais d'après ce qu'il en savait, elles étaient toutes très vieilles, très laides et fort mal élevées, rien à voir avec la jolie jeune femme qui lui souriait à présent. Tout cela sentait le sortilège à plein nez.
C'est donc avec méfiance qu'il pénétra dans le logis, craignant le traquenard.