Dans les pas de Raymond Maufrais.
Lorsqu'on veut vraiment quelque chose, on peut l'avoir ou le réaliser. Aucun prétexte n'est valable car rien n'est impossible et, que ce soit tôt ou tard, ce que l'on a décidé se réalise. Il faut savoir oser.
Et de quoi pouvions nous parler, sinon de de départ vers les terres demeurées vierges de l'intérieur brésilien :
- Mille cruseiros que tu ne pars pas, insistait Tad Schultz, rédacteur au Brazil Herald de Rio
- Mille cruseiros que je pars soutenais-je.
Ce grand garçon aux joues creuses m'ennuyait considérablement et pour rien au monde je lui aurais donné raison.
Arriver ou crever: il n'y a pas d'autre solution... J'arriverai! [...]
A bientôt parents chéris! Confiance, je laisse ici ce cahier pour n'emporter qu'un petit carnet... Ce cahier est à vous, je l'ai écrit pensant à vous et je vous le remettrai bientôt. Je vous ai juré de revenir, je reviendrai, si Dieu le permet.
J'ai horreur de la vie dite civilisée, horreur des gens qu'on y rencontre et des habitudes qu'on y prend. Je vais essayer de comprendre des hommes primitifs, je vais vivre avec eux. Je vais retrouver les vieux instincts oubliés. J'ai mis ma persévérance à partir comme d'autres la mettent à rester bourgeois.
J'avais décidé depuis longtemps de suivre ce chemin, je le suivrai quoi qu'il en coûte, car on doit toujours marcher de l'avant, ne pas céder au découragement.
On rêve d'un fauteuil confortable sentant le vieux cuir, avec un dossier creusé par vos reins et dans lequel vous êtes encastré délicieusement, avec un lampe douce sur un guéridon bas, recouvert, débordant de revues et de journaux, puis un pot à tabac, une file de pipes bien culottées, la pluie qui tambourine sur les volets clos ; par les rainures de la persienne on voit un bout de bitume glacé avec le reflet des réverbères jaunes et on entend le vent qui fait grincer les enseignes sur leur tige rouillée ou fait dégringoler avec un bruit mat quelques tuiles. Le mirus, dans le fond de la pièce, pétille d'une flamme claire qui danse derrière le mica. Le vernis roux est tiède. Une bouilloire ronronne. On tourne un bouton : voici de la musique !
Avant de partir, j'extirpe quelques chiques qui commencent à se développer dans mes doigts de pied.
-Je suis blessé à la tête, dit-il.
-Comment?
-Une flèche sans doute. .. J'étais couché dans mon hamac et soudain j'ai senti un grand choc...
On regarde. Une grosse branche épineuse gît au creux de l'étoffe. Là où reposait la tête de l'homme. Un grand éclat de rire nous délivre de l'anxiété. Les hommes se retournent, croyant à une crise de folie. On leur explique, ils rient à leur tour à grands éclats, se moquant du blessé qui, penaud, cherche à éviter les quolibets.
-Un singe, un singe lui a lancé une branche sur la tête pour le punir d'être aussi laid et il a cru que c'était une flèche.... Ouhouhouhouh, le froussard!
Déjà les Boschs ont installé un boucan et mettent poissons et lézards sur la claie de rondins. Je crois que quitter mes nouveaux amis sera pénible. Déjà, nous avons nos habitudes, nous formons une famille perdue dans la grande nature et cet isolement nous rapproche tellement que parfois j'en arrive à trouver étrange la couleur de ma peau.
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Nous sommes au cœur du territoire interdit, au lieu du campement établi par Pimentel Barbosa. Cet homme avait une devise: Morrer si necessario for, matar...nunca. "Mourir s'il le faut. Tuer jamais."
C'était un apôtre de la colonisation. Il a dû mourir sans se défendre. Voulant espérer jusqu'au dernier instant.