À l’origine mon intérêt pour madame Solnit vient du fait qu’on lui attribue la maternité du concept de mansplaining. Au cas où tu ne saches pas de quoi il est question, ami-lecteur, laisse-moi prendre quelques lignes pour expliquer ce qu’il en est. Ce terme est donc un concept féministe construit avec les mots man – homme – et explaining – explication. Il désigne ces situations – trop courantes – où un homme explique à une femme quelque chose qu’elle sait déjà ou dont elle est experte. Et ce, d’un ton généralement paternaliste ou condescendant. Selon ce que je savais avant ma lecture de Ces Hommes qui m’expliquent la vie, Rebecca Spilnot avait pointé ce phénomène dans un article sur le Net, en 2008. Bref on lui devait beaucoup… Et comme j’aime bien savoir de quoi je parle – à peu près -, j’ai pensé que lire son bouquin serait une bonne idée…
L’essai s’ouvre sur l’article que j’évoquais plus haut, celui pointant le phénomène de mansplaining. Invitée à une soirée, et alors qu’elle a déjà publié sept ouvrages, l’hôte lui demande :
« Alors ? Il paraît que vous avez écrit un livre ou deux ? » (page 11)
Et qu’on ne vienne pas me dire que la question n’était pas condescendante… Bref il finira par lui conseiller un bouquin sur le sujet qu’elle évoquera. Bouquin dont elle est l’autrice… Ouais…
Je dois avouer que Ces Hommes qui m’expliquent la vie n’est pas tout à fait le bouquin auquel je m’attendais et que, sans doute, j’espérais. Il s’agit ni plus ni moins d’un recueil d’articles autour des questions de genre. Je n’ai rien contre les recueils, vraiment, sauf que c’est souvent d’une qualité et d’un intérêt disparates. Rebecca reste toutefois une journaliste pertinente dans sa façon de présenter les faits et les idées. Ainsi j’ai apprécié la manière dont elle explique que les femmes ont toujours un double combat à mener :
"La plupart des femmes luttent sur deux fronts, d’un côté pour une cause donnée, et de l’autre pour avoir le droit de s’exprimer, d’avoir des idées, pour qu’on admette qu’elles sont porteuses de faits et de vérités, qu’on reconnaisse leur valeur, leur statut d’être humain." (page 20)
Elle rappelle aussi, à plusieurs reprises, la prédominance des violences genrées dans nos sociétés :
"Dans ce pays [les USA], une femme est battue toutes les neuf secondes. Pour que ce soit vraiment clair : pas toutes les neuf minutes, mais bien toutes les neuf secondes. […] Au États-Unis toujours, les maris sont également la principale cause de décès chez les femmes enceintes." (page 36)
Hélas, il ne s’agit pas d’une enquête et ces articles ne sourcent aucune donnée. Ces hommes qui m’expliquent la vie reste un bouquin intéressant, et qui m’a fait réfléchir sur quelques points, pourtant, il n’en reste pas moins que, dans ma démarche, il aura été une déception. Il faut rappeler, ami-lecteur, que l’essai de Rebecca Solnit est déjà le onzième que je lis autour des thématiques du genre et/ou du féminisme. Et, au fil des ouvrages, il est logique que je me montre de plus en plus exigeante en la matière...
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