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EAN : 9782823616767
288 pages
Editions de l'Olivier (18/02/2022)
3.8/5   22 notes
Résumé :
Découverte en France grâce à "Ces hommes qui m'expliquent la vie", Rebecca Solnit, essayiste féministe de renommée internationale, a longtemps connu l'adversité avant de pouvoir faire entendre sa voix. Souvenirs de mon inexistence revient sur son parcours personnel depuis son installation à San Francisco à l'âge de 19 ans jusqu'à l'émergence de l'écrivaine reconnue qu'elle est devenue.

A travers ce récit autobiographique, elle explore les différentes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Pour clôturer cette sélection du Grand Prix des Lectrices ELLE, on ne pouvait choisir un meilleur essai: Souvenirs de mon inexistence de Rebecca Solnit.
Dès la fin de son adolescence dans les années 1980, la jeune femme va s'investir dans des causes qui lui sont chères comme celle des droits de l'Homme et qui ont sans doute été influencées par ses longues discussions avec M. Young, le gardien de son premier appartement situé dans un quartier noir Américain.

Rebecca Solnit nous propose ici un très bel essai sur la condition féminine en nous offrant de nombreuses réflexions faites à l'époque et qui malheureusement semblent toujours d'actualité... Même si certains paragraphes sont assez longs, on y découvre une belle plume que l'on prend plaisir à lire et dont on a envie de partager avec d'autres femmes les propos...
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Rebecca SOLNIT. Souvenirs de mon inexistence.

Rebecca SOLNIT narre son parcours de femme semée d'embûches ; Arrivée à San Francisco sans le sou, elle s'est avec beaucoup de volonté, de ténacité, de détermination, de courage, d'énergie, de résolution, de « niaque », comme on dit vulgairement, fait une place au soleil. C'est une femme grande féministe qui a beaucoup travaillé, qui s'est instruite avec rigueur pour se hisser à la place qui lui est dûe. Cette défenderesse de la cause féminine lutte depuis des années pour l'égalité des genres. Et elle nous exprime avec franchise ses différents étapes pour nous défendre, pour obtenir la reconnaissance des hommes. Elle a toujours soutenu la cause féminine. Grâce à sa passion des lettres, elle a activement milité pour faire front , repousser les opposants à la prise du pouvoir ou des postes dévolus en priorité au sexe masculin.

Elle a toujours été en première ligne pour assurer la protection de ses consoeurs, des opprimés, des minorités ethniques, religieuses. Elle n'a pas hésité à s'insurger, à protéger le droit du sol, la paix, la liberté pour tous. Il y a eu de nombreuses améliorations, des changements mais il reste beaucoup de travail à faire pour que la cause féminine soit au même niveau que celle des mâles, que les femmes, les jeunes filles aient un statut similaire à celui du sexe masculin. Il ne devrait plus y avoir de ségrégation, ni par le sexe, ni par la couleur de la peau, ni par la religion. Chacune, nous devons pouvoir agir à notre niveau et bénéficier des mêmes conditions, des mêmes salaires, à niveau égal que nos concitoyens. Il demeure des obstacles et la mentalité doit évoluer pour les abolir. Je crois que Simone de Beauvoir avait raison, lorsque, dans « Le deuxième sexe », elle a écrit : « On ne naît pas femme, on le devient ». Les hommes et les femmes doivent pouvoir avancer au même rythme en s'épaulant et non en se bousculant. Encore un effort et nous y parviendrons. Plus de jalousie, messieurs !

Les chapitres sont relativement courts mais très denses. L'écriture est agréable, facile à lire et à comprendre. de la sensibilité, des anecdotes concernant la vie de l'auteure, l'ensemble exprime le ressenti de Rebecca, qui nous défend au quotidien et s'érige en libératrice face à l'auditoire masculin. Merci pour ces pages, Rebecca, et je vais acquérir votre essai : «  Ces hommes qui m'expliquent la vie ». ( 06/04/2022)
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« J'avais écrit sur ma propre expérience et mes perceptions, et apparemment, elles avaient beaucoup de points communs avec les expériences et les perceptions d'autres femmes « . Si Rebecca Solnit fait ce constat en 2008, lorsqu'elle publie l'essai qui l'a rendue célèbre « Ces hommes qui m'expliquent la vie », je ne peux que confirmer l'effet cathartique que l'autobiographie de cette grande intellectuelle américaine a eu sur moi.
Dans « Souvenirs de mon inexistence », Solnit raconte les étapes de sa construction intellectuelle et personnelle. Elle nous donne à voir avec humour parfois et subtilité toujours, cette frêle silhouette de jeune fille sans le sou, fraîchement débarquée à San Francisco, tiraillée entre son besoin d'exister et la volonté de ne pas être vue ni désirée. La tentation de l'inexistence. Elle nous dit sa passion pour la littérature, ses premières publications, son engagement politique et son militantisme féministe enfin. Elle nous rappelle que la crédibilité des femmes (et d'autres minorités) est au coeur du problème, qu'« il est presque pire de dire quelque chose qui ne sera pas pris au sérieux que de garder le silence. ».
Elle écrit pour toutes celles qu'on n'entend pas, elle raconte nos histoires, elle dit la peur de rentrer seule le soir, ou la terreur de se rendre compte qu'un homme vous suit, elle dit aussi la fragilité des jeunes filles dans la rue, la difficulté à être audible pour les femmes dans un contexte professionnel. Et surtout elle ne s'arrête pas à des constats. Elle prend acte de l'évolution des droits des femmes et nous invite à être actrices et acteurs du changement : « Je n'encourageais pas les gens à se sentir bien mais à se sentir puissants. J'ai fini par m'apercevoir que je détruisais la meilleure excuse pour ne rien faire, celle qui prétend que nous n'avons aucun pouvoir et que rien de ce que nous faisons n'a d'importance. »
Alors oui, Solnit ne parle pas seulement d'elle, elle parle de nous toutes, survivantes d'un viol, d'une agression sexuelle, de violence physiques ou verbales, ou simplement effrayées à l'idée que cela puisse arriver un jour, et nous insuffle la force de dire, pour changer les choses. Un espoir vital!

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Oui, Rebecca Solnit est une féministe radicale, ce livre le confirme une fois de plus. Et apparemment il fallait encore le confirmer, car pourquoi quelqu'un d'à peine 60 ans écrit-elle une sorte de mémoire ? S'est-elle sentie obligée de rappeler une fois de plus le contexte de son essai controversé "Les hommes m'expliquent toujours tout", avec lequel elle s'est soudainement fait connaître dans le monde entier en 2013, et qui contribuera à jeter les bases du mouvement #MeToo ?
Solnit décrit en détail comment, dès son adolescence, elle est devenue naturellement sensible au harcèlement des femmes par les hommes lorsqu'elle est venue vivre dans la métropole de San Francisco. Elle parle d'une sorte de guerre permanente, et j'avoue que c'est bien difficile à avaler en tant que lecteur masculin. Mais quand vous lisez son aperçu de la façon dont les femmes sont traitées par les hommes, et ce que cela fait psychologiquement aux victimes, c'est en fait justifié : "vous dépendez des hommes, et ce qu'ils pensent de vous, apprenez à vous vérifier constamment dans un miroir pour voir comment vous regardez les hommes, vous jouez pour eux, et cette anxiété théâtrale forme ou déforme ou arrête tout à fait ce que vous faites et dites et pense parfois. Vous apprenez à penser à ce que vous êtes en termes de ce qu'ils veulent, et répondre à leur besoin devient tellement ancré en vous que vous perdez de vue ce que vous voulez, et parfois vous vous évanouissez dans l'art d'apparaître aux autres et pour les autres. »
Belle est la manière dont Solnit indique comment, comme tant d'autres femmes, elle a rapidement appris à « devenir invisible », d'où la référence dans le titre à sa non-existence. « Je suis devenu expert à m'évanouir, à glisser et à me faufiler, à reculer, à sortir de situations difficiles, à éviter les câlins, les baisers et les mains indésirables, à prendre de moins en moins de place dans le bus alors qu'un autre homme s'étendait sur mon siège, progressivement. me désengager ou m'absenter soudainement. A l'art de la non-existence, puisque l'existence était si périlleuse. »
Car c'est surtout sur ce mécanisme qu'elle met le doigt : comment les hommes réussissent à maintes reprises à ne pas prendre les femmes au sérieux, et ainsi, par exemple, à se livrer à des « mansplaining » condescendants. Selon Solnit, il ne faut pas minimiser cela. Elle dit qu'il appartient à un spectre où, à l'extrême, le meurtre doit également être situé. Encore une fois, j'ai dû avaler quand j'ai lu ceci, mais elle a raison, mettant les choses aussi pointues que nécessaire, comme cela est – malheureusement – quotidiennement prouvé.
Avant d'avoir l'impression que Solnit n'a plus qu'un tour à son sac : ce livre contient également bien d'autres considérations que uniquement sur la condition féminine. Je la connaissais déjà pour ses merveilleux livres 'Wanderlust' et 'Fieldguide' dans lesquels elle propose des chemins alternatifs pour aborder la réalité, alternatifs par rapport à la modernité occidentale. Solnit en parle également brièvement dans ces mémoires. Par exemple, elle relie la lutte féministe à celle des Amérindiens, et y puise aussi de l'espoir : « vue – surtout si vous n'étiez pas un homme, ou non hétéro ou non blanc – a montré une amélioration remarquable de nos droits et de nos rôles, et que les conséquences de nos actes n'étaient pas connaissables à l'avance. »
Tout n'est pas d'or dans ce livre. En plus de l'accent peut-être un peu trop unilatéral sur le féminisme, ce livre contient aussi des auto-justifications et des vengances, comme dans tout mémoire. Mais heureusement, il y a le style unique de Solnit, qui quand on s'y habitue, est vraiment envoûtant et captivant. Pour cela, elle a développé une écriture galvanisante, dans laquelle elle part d'un constat général, puis explore d'autres regards par des chemins de traverse et arrive ainsi à une expérience plus profonde du réel : « Je crois à l'irréductible et au invocation et évocation, et j'aime moins les phrases qui ressemblent à des autoroutes qu'à des chemins sinueux, avec parfois un détour pittoresque ou une pause pour admirer la vue, car un sentier peut traverser un terrain escarpé et sinueux qu'une route goudronnée ne peut pas. Je sais que parfois, ce qu'on appelle une digression, c'est attirer un passager qui est tombé du bateau. »
De plus, ce qu'elle écrit sur la lecture et l'écriture, et sur la forme particulière d'empathie qu'implique la lecture, me va droit au coeur ! Absolument recommandé.
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Dernier livre lu pour le Prix des Lectrices Elle 2022.
Le titre parait surprenant, il s'agit en fait des souvenirs de l'auteur à l'époque où elle était sous l'influence des hommes, à faire comme ils voulaient et à subir leur domination. SOLNIT se considérait alors comme inexistante. C'était avant qu'elle devienne féministe, visible et audible. le ton est donné !

Ce livre est un livre sur les minorités aux Etats Unis dans les années 80 : femmes, Noirs, gays et lesbiennes. C'est un livre sur les violences que les hommes ont fait subir à l'auteur, sur la façon que cette dernière a d'appréhender leur comportement d'une manière générale dans la société vis-à-vis des femmes. SOLNIT évoque la femme objet qui dérange quand elle s'exprime et qui fait fantasmer quand elle est bien apprêtée mais qu'elle se tait.

J'ai fait quelques sauts en longueur de pages car l'extrémisme des propos m'a dérangée. J'ai du mal à adhérer à cette façon de voir les choses et l'auteur n'a pas réussi à me convaincre ou tout au moins à me faire entendre ses arguments que j'ai trouvés creux. On part du postulat que je ne vois pas le mal partout dans le comportement des hommes.
R. SOLNIT nous explique que les cours de massage cardiaques sont donnés sur des mannequins hommes, ce qui implique qu'en cas d'accident, les sauveteurs sont « programmés » pour sauver l'homme en premier. Ces propos m'ont fait bondir.
L'auteur n'a visiblement pas son brevet de secourisme et ne s'est pas renseignée, sans quoi elle saurait qu'en cas d'accident impliquant plusieurs blessés, la priorité est donnée à la personne qui n'est pas en urgence vitale. de plus, son affirmation ne repose sur aucune donnée statistique, comment peut-elle écrire une ineptie pareille ?

Par contre, ce récit est une voix pour toutes les personnes qui sont victimes d'agression. Mais là encore, je ne suis pas d'accord quand elle explique que la femme est élevée avec l'idée qu'elle mourra à cause de l'homme (sous le fait de ses coups), c'est pour cela qu'une jeune fille ne doit pas sortir seule puisqu'elle risque de se faire agresser. Oui, c'est vrai, nous vivons dans un monde parfois violent et on nous apprend à être méfiants. de là à dire que les femmes sont élevées avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête, le pas est trop vite franchi. Et accessoirement, les hommes aussi se font agresser.

J'ai aussi été stupéfaite de lire que le nom du parfum qui contient le mot « Dahlia », en référence à l'affaire du Dahlia Noir, jeune femme tuée dans les années 50, ou bien les effluves qui se nomment « fatal » sont en fait une référence morbide des parfumeurs à la femme morte (oui, parce qu'on nous explique que ce qui excite les hommes sont les femmes mortes). Et cela est censé doper les ventes ? C'est à supposer que seuls des hommes achètent du parfum aux femmes, ce qui n'est que partiellement juste.
Je m'interroge : « l'Interdit » que je porte en ce moment serait-il un parfum féministe si je l'ai acheté moi-même? Et si c'est un homme qui me l'a offert, est-ce que cela signifie qu'il veut avoir de l'emprise sur moi (me dominer ?) en indiquant aux autres hommes que je leur suis interdite ? Sans commentaire.

En bref, car j'ai lu d'autres élucubrations qui m'ont passablement agacée, voilà un auteur aux propos bien alambiqués. Il y avait matière à des passages intéressants, d'après ce que je lis dans les autres critiques, mais je n'en ai pas vraiment trouvés.
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critiques presse (2)
LesInrocks
04 mai 2022
Dans ses magnifiques mémoires, l'Américaine, à l'origine du terme "mansplaining", montre comment l'écriture peut aider à briser le silence imposé aux femmes par le patriarcat.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
FocusLeVif
17 avril 2022
L'essayiste féministe américaine Rebecca Solnit revient sur ses années de formation et les épiphanies successives qui ont façonné son oeuvre.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Mais les livres, eux, m'appartenaient bien. Fermé, un livre est un rectangle, fin comment une lettre ou épais et solide comme une boîte ou une brique. Ouvert, ce sont deux arches de papier qui, vues du dessus ou du dessous, rappellent le grand V des oiseaux en plein vol. Je pense à ça, puis aux femmes qui se transforment en oiseaux dans la mythologie grecque, notamment à Philomèle qui est métamorphosée en rossignol après avoir été violée par son beau-frère qui lui coupe ensuite la langue.
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" Naître femme, c'est naître à l'intérieur d'un espace restreint et délimité, sous la garde des hommes. La présence sociale des femmes, c'est le résultat de leur ingéniosité à vivre sous cette tutelle à l'intérieur d'un espace aussi limité. Le prix à payer a été la dissociation de leur être. Une femme doit se surveiller sans cesse. L'image qu'elle donne d'elle-même l'accompagne presque toujours. Elle doit surveiller tout ce qu'elle est et tout ce qu'elle fait car la façon dont elle apparaît aux autres et en dernière analyse aux hommes est d'une importance capitale pour ce que, en règle générale, on considère comme le succès de sa vie. Au sentiment qu'elle éprouve vis-à-vis d'elle-même se substitue le sentiment qu'autrui éprouve à son égard." John Berger
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La lecture a quelque chose d'étonnant, dans cette suspension qui permet de s'extraire de soi pour voyager dans des époques et des lieux qui appartiennent à d'autres. C'est une façon de disparaître de l'endroit où vous vous trouvez - vous ne pénétrez pourtant pas dans l'esprit de l'auteur, vous engagez un dialogue qui fait naître quelque chose entre votre esprit et le sien.
page 134.
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Les étapes qui font que le présent bascule dans le passé sont trop infimes pour être mesurées; soudain, ce qui est devient ce qui était, et la façon dont nous le vivons n'est pas celle dont nous le vivions. Ceux qui ont connu le changement ont beaucoup de mal à s'en souvenir et ceux qui viennent après peinent à l'imaginer.
page 239.
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On est jeune et on avance sur une longue route où s'enchaînent les carrefours, la vie nous impose sans cesse de faire des choix dont les conséquences sont aussi importantes qu'imprévisibles, et l'occasion de revenir en arrière pour changer de chemin nous est rarement donnée. On construit quelque chose, une vie, une individualité, c'est une tâche qui exige une grande dose de créativité et qu'on peut rater un peu, beaucoup, irrémédiablement, voire mortellement.
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