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Citations de Régis de Sa Moreira (180)


Dès qu'il ouvrait un livre, le libraire était heureux.
Ou du moins, il se sentait bien.
C'était presque une joie d'enfant.
C'était aussi une faiblesse.
Il avait l'impression qu'on s'occupait de lui, qu'on prenait soin de lui.

Pour tout dire, lorsque le libraire lisait un livre, il avait le sentiment d'être aimé.
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Il rangea le livre sur les dauphins sur une étagère. Puis il se rappela quelque chose qu'il avait lu, le ressortit, retrouva la page qu'il cherchait et l'arracha avant de la glisser dans une enveloppe.
Le libraire n'avait plus d'amis mais il avait cinq frères et cinq sœurs. Pour lesquels il n'avait jamais été un sujet de conversation. Pour lesquels il avait été, tout au plus, un frère.
Eparpillés un peu partout dans le monde, à des milliers de kilomètres de la ville où se trouvait la librairie du libraire, ses frères et sœurs vivaient chacun leur vie et recevaient de temps en temps des pages arrachées à des livres.
Sans plus d'explication.
Ces pages étaient pour chacun et chacune différentes […]
Mais tous les lisaient.
Tous les lisaient.
Et le libraire savait que tous les lisaient.
Aussi, dés qu'une page d'un livre lui donnait envie de voir un de ses frères et sœurs, il l'arrachait et la lui envoyait.
Sans plus d'explications.
Puis le libraire portait le livre en question en haut de son escalier en colimaçon et le déposait dans la salle sans étagères.
Quand ses frères et sœurs s'étaient mis à faire des enfants, le libraire avait élargi ses arrachages de pages à tous ses neveux et à toutes ses nièces.
Il y avait, à ce moment-là de la carrière du libraire, une montagne de livres dépareillés à l'étage de sa librairie.
Le libraire se disait souvent que lorsqu'il mourrait, ses frères et sœurs et leurs enfant, réunis quelque part dans le monde pour fêter sa mort dans la tristesse et dans la joie, n'auraient qu'à rassembler toutes leurs pages arrachées pour fabriquer ensemble le livre du libraire. Et cela le réconfortait.
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Le libraire refusait de vendre de la merde.
"Mais qui était-il pour décider ainsi de la merde ?", lui faisait-on parfois, et pas toujours si poliment, comprendre.
Eh bien, il était le libraire.
Et ça lui semblait suffisant.
Les gens mécontents n'avaient qu'à se rendre dans l'une ou l'autre des nombreuses librairies de la ville, ou bien aller s'ouvrir leurs propres librairies, se vendre et s'acheter leurs merdes, le libraire ne voyait pas pourquoi ce serait à lui de le faire. Lui refusait la merde.
Dire que c'était la raison pour laquelle sa librairie n'était pas la plus fréquentée aurait été un peu rapide.
"C'est tellement facile d'expliquer les choses par d'autres choses", se disait le libraire."
[…]
Le seul moyen qu'avait trouvé le libraire pour être certain qu'il ne vendait pas de la merde était de lire tous les livres qu'il mettait sur les étagères de sa librairie.
Le libraire passait donc son temps à lire.
Et quand il ne lisait pas, il continuait encore de lire.
Ou de relire.
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Lorsqu'il était plus jeune, c'est-à-dire plus jeune qu'il ne l'était maintenant, car il était assez jeune, la devise du libraire avait été "un client, un café", mais avec la réussite (plus de dix clients par jour), les tremblements, les mains moites et les nuits d'insomnie avaient eu raison de sa devise. Et puis, les tisanes, malgré leur goût discutable, présentaient, tout comme les clients, une plus grande variété.
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Ta femme a bu trop de cognac, elle caresse ta barbe de quelques jours, pose ta tête sur son épaule et s'endort dans son cou.
Tu regardes ton corps et tu l'envies.
Tu sens ton souffle dans le cou de ta femme.
Ta main attrape la sienne dans son sommeil.
Un clochard traverse le wagon en tendant un gobelet.
Tu lui fais signe de ne surtout pas la réveiller, tu fouilles dans son sac à main et tu lui donnes tout ton argent.
Il vous regarde tous les deux, envie lui aussi ton corps endormi contre toi et pose son doigts sur ses lèvres pour te montrer qu'il a bien reçu le message.
Puis il continue silencieusement son chemin à travers le wagon en faisant signe aux autres passagers de ne surtout pas faire de bruit.
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Femme et enfants ne l'avaient pas, pendant plusieurs semaines, reconnu, et puis, las qu'il ne redevienne pas l'homme qu'il avait été, avaient fini par accepter le nouvel homme qu'il était devenu, et qui, soit dit en passant, ressemblait étrangement à l'ancien. Voire plus que l'ancien lui-même.
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Lorsque vous écrivez une lettre, Prince, ou un message, quoi que ce soit que vous adressez à quelqu'un, lorsque vous l'avez terminé, que vous en êtes satisfait, demandez-vous toujours si vous pourriez l'envoyer au même moment à quelqu'un d'autre. Si vous n'auriez qu'à changer le nom, l'adresse. Si oui, oubliez cette lettre. Ca n'en est pas une. Vous racontez votre vie, Prince, vous n'écrivez pas à quelqu'un. Recommencez ou abandonnez.
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Tu as beau lui dire que votre dernière année ressemblait plus au calme plat qu'à la tempête,elle persiste à t'expliquer que le mariage est un bâteau dont il est idiot de sauter une fois qu'on est en mer,et qu'il est encore plus idiot de couler alors qu' on est à bord.
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L'auteur de best-sellers t'explique qu'il s'est brouillé avec son agent,que celui-ci ne pensait plus qu'à faire de l'argent.
Tu as du mal à écouter.
Tu regardes les huîtres qu'il gobe une à une comme les gens gobent ses livres et tu as envie de vomir.
Tu essaies de te consoler en te persuadant que tu es un véritable écrivain et lui un auteur à succès,tandis qu'il te parle de son prochain sujet,te confie qu'il a hâte de s'y mettre,qu'il n'a pas assez de temps pour écrire tous les romans qu'il a en tête.
Tu t'énerves sur un crabe.
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D'une main tu retiens les longs cheveux blonds de ta femme, de l'autre tu t'appuies sur la lunette et tu vomis agenouillé au-dessus de vos toilettes. Tu détestes le gin mais aussi les cacahuètes, le crabe, les cigares, ta femme, toi, votre salle de bains, votre baignoire et chacun des livres qui en dépasse. Tu essaies de vomir tout ça, tu t'étrangles, tes yeux s'embuent.
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Le soleil suivit la jeune femme et la vie jusqu'à l'escalier en colimaçon au pied duquel la jeune femme sourit à nouveau.
Allez, allez - dit-elle encore à la vie qui précéda contre sa volonté les pas décidés de la jeune femme dans l'escalier.
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« Dire que le libraire vivait parmi ses lectures, refusait d’affronter la réalité, s’échappait dans ses rêveries, aurait était très intelligent. »
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