Citations de René Philippe (54)
D'ailleurs, c'est une belle vérité. Une vérité très simple : mettre au monde un bébé c'est un travail, et un travail qui, suivant que l'on s'y est préparé, fait plus ou moins mal.
Le Trans European Express fonçait dans la nuit. Une sale nuit, d'ailleurs : il pleuvait à verse et l'eau ruisselait sur les fenêtres. Bercé par le rythme des bogies, Stan Harley luttait contre une terrible envie de dormir. Ca faisait quarante-huit heures, pratiquement, qu'il ne connaissait plus le sommeil. Or on a beau être un agent secret de la C.I.A, on n'en n'est pas pour autant en acier chromé.
- Bien essayé, dit Gambier, mais il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. Or, moi, je suis un enfant du Bon Dieu !
Là-dessus, il prit l'air avantageux du monsieur-à-qui-on-ne-la-fait-pas et alluma une cigarette.
Toute démarche, toute recherche artistique est valable, louable, nécessaire, même, à l'évolution, dans la mesure où elle est honnête et courageuse.
Aucun espoir, pour moi, de connaître le bonheur d'avoir le malheur d'être veuf !
... il est encre un escargot qui n'arrive pas à sortir de sa coquille !
[...] je pense qu'il a besoin d'être aidé, que ça va s'arranger tout d'un coup. [...] Alors je lui ai promis qu'il ferait [sa promesse] dès qu'il aurait obtenu la dent d'Akela... Vous savez ce que c'est ?
- Non !
- C'est une dent de loup, une vraie dent de loup, qu'on porte au cou avec une lanière de cuir. Elle sert à récompenser les louveteaux qui ont accompli une action d'éclat, quelque chose de vraiment remarquable. Il n'en existe qu'une et les louveteaux la conservent huit jours, quinze jours, un mois, c'est selon. Les chefs en décident en conseil de meute. Or, cette action d'éclat, je crois que si Eric arrive à l'accomplir, en surmontant cette sorte de peur qui est en lui, en se dépassant lui-même, je crois qu'alors il aura réussi à briser sa coquille... que nous aurons gagné ! Qu'en pensez-vous ?
- Je pense que je suis d'accord, dit Gambier. Tout se mérite dans la vie.
Crois-tu vraiment que le fait de naître "du sexe féminin" prédispose automatiquement les femmes à faire avec allégresse ce qu'elles font leur vie durant ?
Ce qui est troublant, c’est que ce type connaissait notre numéro de téléphone… Exactement comme s’il eût prévu qu’il aurait affaire à nous… ou qu’il pourrait avoir affaire à nous… Bizarre, ça, incontestablement. C’est sûrement quelqu’un du quartier qui a fait le coup, quelqu’un qui nous connaissait… Quelqu’un, peut-être, que je croisais tous les jours dans la rue ; à lui, peut-être, je disais bonjour ! C’est effrayant. On frôle des assassins et on ne s’en doute même pas !
— Ah ! docteur, si on voyait, si on savait tout, comme ce serait commode ! La logique est une chose, mais les choses ne sont pas toujours logiques…
Le temps perdu ne se rattrape jamais. Tic tac, tic tac, tic tac… C’est effrayant comme le temps passe. Tic tac, tic tac, tic tac…
Ce qui est démoralisant, c’est de penser que tout le monde, probablement, dort. Comme ce Philippe… Regardez-le ! Couché sur le dos, nez en l’air et bouche ouverte, il dort. Même, il sourit… Il sourit toujours vaguement, en dormant.
Epouvantable ! On se couche, on ferme les yeux, on attend tranquillement… Et on ne dort pas ! Oui, il y a des trucs, les vieilles recettes. Ça ne prend pas toujours. Vous n’avez qu’à compter les moutons, dit-on. Une fois, Sylvie en avait compté six cent cinquante ! et elle avait renoncé juste à temps, au bord de la crise de nerfs… Il y avait aussi la méthode Coué : je sens que je m’endors, que je vais dormir, que je dors… Vous répétez cette litanie pendant une heure ; et alors vous vous endormez effectivement ou bien vous devenez fou furieux !
La Chine est peut-être un pays charmant, comme dit la chanson, mais moi je ne suis pas faite pour jouer les aventurières ni les exploratrices ! Ce n'est pas le danger qui m'effraie, ça je l'ai prouvé, mais ici je me sens au centre d'un monde flou, mou, invertébré, comme si je ne sais quelle menace rampait autour de moi ! Absurde, évidemment, mais je n'y puis rien, c'est physique... Ici, tout est douceur, sourire, onctuosité : on vit dans du sirop ! J'ai envie de hurler, de casser quelque chose, pour me rassurer !
Je veux ignorer la violence, prouver qu'elle est vaine, que je suis le plus fort ! Vous pensez que depuis longtemps déjà, j'aurais dû faire rapport, n'est-ce pas ? Moi je pense que ce serait une erreur. Paris et Bruxelles exploseraient de colère et d'indignation, bruyamment, publiquement, crieraient le scandale à la face du monde. Psychologie normale des hommes d'Europe, parfaitement vaine en Orient, et même dangereuse... Imaginez-vous les conséquences politiques internationales d'une telle attitude ? Et d'ailleurs, des preuves, en avons-nous ? Non, nous n'avons pas de preuves ! Une lettre anonyme se conteste, un meurtre se nie ! Et même, croyez-vous vraiment qu'Air Europe et Air France oseraient, devant de tels risques, devant d'aussi incertaines et redoutables conséquences, aller jusqu'au bout ? Mais non, n'est-ce pas ?… Ils se résigneront, capituleront, m'enjoindront de plier bagages...
— Ils n'ont pas l'air malheureux...
— Et ils ne le sont pas ! Le Chinois est philosophe. Regardez-les... Ils rient ! Ils rient pour tout et pour rien. Tout leur est joie. Ce sont de vieux enfants, des sages, fruits d'une tradition, d'une civilisation auprès de laquelle nous sommes, nous, avec notre science, des barbares.
Tout est fait pour surprendre, dans ce pays. On a l'impression, au début, de vivre dans un autre monde, sur une autre planète !
Hong-Kong... Mot étrange, aux syllabes qui résonnent comme des coups de gong.
Hong-Kong ! c'est toute la poésie exotique des lointains voyages, créatrice d'images auréolées de troublante séduction...
Les journaux alignent des phrases bien senties à la gloire des fins limiers ; des dignes émules de Sherlock Holmes ; des sagaces enquêteurs dont l'intelligence, l'astuce, le courage, etc., etc., et patati et patata... Or, la police est la première épatée ! Elle n'en revient pas, là police ; elle sourit modestement — et pense que le hasard, ou la chance, ou le bon Dieu, font parfois bougrement bien les choses !
Je m'engagerais dans la police ! Sagacité, célérité et discrétion : tout à fait moi, quoi ! Traction avant, coups de feu dans la nuit, pif, paf, pouf ! Et mon intelligence supérieure, jointe à ma témérité réfléchie, décapitera les gangs ! Pendant ce temps, mon amour, tu gratteras les parquets — il n'y a pas de sots métiers — et tu liras, en première page des journaux, le récit de mes exploits...
Il y a toujours, n'est-ce pas, les règles d'une part et les hommes d'autre part. C'est ce qu'on appelle les arrangements avec le Ciel, quoi ! Car moi, à première vue, je crois également qu'il y a eu attentat et qu'il y aura une action judiciaire. Mais l'important est de trouver le coupable. Je me demande si la police ne risque pas... — comment dire ? — de l'alerter, de l'effaroucher ! On a intérêt, parfois, à être patient...