Les journaux alignent des phrases bien senties à la gloire des fins limiers ; des dignes émules de Sherlock Holmes ; des sagaces enquêteurs dont l'intelligence, l'astuce, le courage, etc., etc., et patati et patata... Or, la police est la première épatée ! Elle n'en revient pas, là police ; elle sourit modestement — et pense que le hasard, ou la chance, ou le bon Dieu, font parfois bougrement bien les choses !
— Sacré Alphonse, un vrai gosse... Si tous les malfaiteurs avaient sa naïveté, le métier serait une partie de' plaisir...
— N'empêche, dit Sylvie, ce lui sera une leçon... Il ne vole certes jamais rien, oh non ! Mais il a une fâcheuse tendance à chaparder çà et là de menues choses : un fruit, un morceau de savon, une paire de lacets...
Il y a toujours, n'est-ce pas, les règles d'une part et les hommes d'autre part. C'est ce qu'on appelle les arrangements avec le Ciel, quoi ! Car moi, à première vue, je crois également qu'il y a eu attentat et qu'il y aura une action judiciaire. Mais l'important est de trouver le coupable. Je me demande si la police ne risque pas... — comment dire ? — de l'alerter, de l'effaroucher ! On a intérêt, parfois, à être patient...
Je m'engagerais dans la police ! Sagacité, célérité et discrétion : tout à fait moi, quoi ! Traction avant, coups de feu dans la nuit, pif, paf, pouf ! Et mon intelligence supérieure, jointe à ma témérité réfléchie, décapitera les gangs ! Pendant ce temps, mon amour, tu gratteras les parquets — il n'y a pas de sots métiers — et tu liras, en première page des journaux, le récit de mes exploits...
Rien ne m'enchante comme de garer ma voiture, par exemple, aux endroits défendus... J'ai l'impression de prendre ma revanche sur l'administration !