Citations de Robert Castel (20)
Il faut rappeler avec fermeté que la protection sociale n'est pas seulement l'octroi de secours en faveur des plus démunis pour leur éviter une déchéance totale. Au sens fort du mot, elle est pour tous la condition de base pour qu'ils puissent continuer d'appartenir à une société de semblables.
Sans doute existe-t-il depuis le XIVème siècle, et en tout cas depuis le XVIème, un "esprit capitaliste" au sens de Sombart, caractérisé par le goût du profit, le sens du calcul et de la rationalité, la volonté d'accumuler les richesses.
La solidarité, ciment d'une société, se construit et se préserve, et cela d'autant plus qu'une société devient plus complexe.
Si le paupérisme avait été le poison de la société industrielle à ses débuts, l'assurance obligatoire constitue son meilleur antidote.
Faire du social, c'est travailler sur la misère du monde capitaliste, c'est-à-dire sur les effets pervers du développement économique.
Le paupérisme, c'est incontestable, est une construction sociale. Mais toute réalité sociale est une construction sociale.
Une "société de semblables" est une société dans laquelle tous les individus qui la composent sont intégrés, c'est-à-dire sont associés pour exister ensemble et former une communauté.
Cette construction d'un paradigme négatif du vagabond est un discours du pouvoir. J'entends par là qu'elle est d'abord le fait des responsables chargés de la gestion de ces populations, et qu'elle est l'instrument de cette gestion.
L'explosion des inégalités est au cœur de la crise actuelle: à la fois l'une de ses causes et l'un de ses enjeux, car modèle de développement fondé sur de telles inégalités n'est pas soutenable.
(.) c'est pourquoi il faut manier ce terme avec infiniment de précautions : "l'exclusion" n'est pas une absence de rapport social mais un ensemble de rapports sociaux particuliers à la société prise comme un tout. Il n'y a personne en dehors de la société mais un ensemble de positions dont les relations avec son centre sont plus ou moins distendues (.) Les "exclus" sont le plus souvent des vulnérables qui étaient "sur le fil" et ont basculé.
Pour qu'il y ait des inégalités, il faut qu'il existe des ressources socialement prisées et caractérisées par leur rareté (naturelle ou non), inégalement réparties entre les individus, permettant ainsi de repérer une échelle hiérarchique.
Pour les individus qui en font l'expérience, la mobilité sociale peut être vécue à la fois comme une libération et comme un arrachement, et créer une situation de dédoublement, sinon de schizophrénie, avec le sentiment d'être doublement étranger: au groupe qu'on a quitté et plus ou moins trahi, au groupe qu'on rejoint sans y être totalement intégré.
La précarité est aujourd'hui un sous-continent qui étend son emprise tout en demeurant fragmenté.
On peut interpréter l'avènement de l'Etat social comme l'introduction d'un tiers entre les chantres de la moralisation du peuple et les partisans de la lutte des classes.
Ignorer la question des inégalités pourrait nous confronter au risque de conflagration sociale.
Culture psychologique généralisée à travers laquelle le développement de la dimension proprement psychologique de l’individu est à lui-même sa propre fin. Il est porté par des individus enfermés dans leur individualité et dont l’individualisme s’hypertrophie chassant le social. Ils sont déconnectés de la société, désengagés au sens fort du mot. […] Des ouvrages importants parus dans les années 1990 comme "L’Ère du vide" de Gilles Lipovetsky ou "L’individu incertain" d’Alain Ehrenberg développent cette thématique, montrant qu’il s’agit bien d’un phénomène de société de large ampleur. Pour schématiser, beaucoup d’individus contemporains sont dans une sorte de vide social parce qu’ils ne sont pas cadrés, ou très peu, par des régulations collectives, et ne sont pas conduits par des aspirations collectives.
Culture psychologique généralisée à travers laquelle le développement de la dimension proprement psychologique de l’individu est à lui-même sa propre fin. Il est porté par des individus enfermés dans leur individualité et dont l’individualisme s’hypertrophie chassant le social. Ils sont déconnectés de la société, désengagés au sens fort du mot. […] Des ouvrages importants parus dans les années 1990 comme L’Ère du vide de Gilles Lipovetsky ou L’individu incertain d’Alain Ehrenberg développent cette thématique, montrant qu’il s’agit bien d’un phénomène de société de large ampleur. Pour schématiser, beaucoup d’individus contemporains sont dans une sorte de vide social parce qu’ils ne sont pas cadrés, ou très peu, par des régulations collectives, et ne sont pas conduits par des aspirations collectives.
En radicalisant ses analyses sur le travail, il (André Gorz) a opéré une fuite en avant le conduisant à préconiser une "exode hors de la société su travail" qui me paraît à la fois sociologiquement erroné et politiquement dangereux.
Robert Castel, André Gorz et le travail : une interprétation critique.
C'est le modèle d'une société duale, et non plus d'une société de semblables, qui se profile.
C'est le rôle de l'Etat conçu comme la clef de voûte du maintien de la cohésion sociale qui est contesté.