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4.24/5 (sur 67 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Reims , le 18/05/1907
Mort(e) à : Paris , le 31/12/1943
Biographie :

Roger Gilbert-Lecomte est un poète français.

Il était un pilier de la revue parasurréaliste "Le Grand Jeu". René Daumal, le peintre Joseph Sima, Roger Vailland, Robert Meyrat, Pierre Minet et André Rolland de Renéville participèrent tous à l'élaboration de la revue, que ce soit de façon régulière ou temporaire.

La trajectoire de Roger Gilbert-Lecomte trouve ses racines dans le parcours de quatre jeunes lycéens à Reims, regroupés sous le nom des Phrères simplistes: Lecomte, Meyrat, Daumal et Vailland. Très jeunes, ils se posent la question d'un point de rencontre entre le visible et l'invisible, et tentent, à travers divers moyens (stupéfiants, perte de la notion d'espace, de temps, privation de sommeil, et plus précisément pour Lecomte, excès en tout et pour tout), d'«expérimenter Dieu ».

Malgré une persistante réputation de poète maudit, Roger Gilbert-Lecomte a été soutenu par des personnalités importantes, comme l'éditeur Léon Pierre-Quint, qui le soutient financièrement ou comme Jean Paulhan, qui le fait publier dans la NRF de Drieu la Rochelle, à des fins thérapeutiques, puis à titre posthume, en 1955 dans sa collection « Métamorphoses ». L'éditeur Bruno Roy lui donne une livrée à sa mesure ; Roland Dumas assure la défense juridique d'une œuvre posthume dont tous les ayants droit ne souhaitaient pas qu'elle vît le jour.

Lecomte ne laissera que peu d'écrits, suivant jusqu'au bout son processus d'autodestruction pour retourner « dans le ventre de la mère, plonger dans l'abîme, et retourner à l'un, Absolu ». Dans ses correspondances, une lettre à son ami René Daumal, marque sa volonté de continuer jusqu'au bout : « Toi, tu es foutu poète ! » lui écrit-il.

Encore aujourd'hui, une frange de la jeunesse rémoise se réclame de lui dans diverses revues gratuites, autoproduites, et qui ne circulent que de mains en mains, réaffirmant néanmoins son importance toujours vivace dans la cité des sacres.

Roger Gilbert-Lecomte reste toutefois un auteur méconnu, à l'instar de certains de ses partenaires du Grand Jeu. Cela est dû en partie aux pressions exercées sur eux par le surréaliste André Breton, lorsque ces derniers refusèrent d'adhérer au surréalisme, considérant ce mouvement comme une bureaucratie ayant abandonné ses idéaux. Mais il faut reconnaître aussi que cette marginalité par rapport au surréalisme a rendu les auteurs du Grand Jeu très identifiables. Roger Gilbe
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Vidéo de

Roger GILBERT-LECOMTE – Hommage exceptionnel (Chaîne Parisienne, 1963) Émission Soirées de Paris, diffusée le 29 décembre 1963 sur la Chaîne Parisienne, réalisée par Pierre Minet et Michel Duplessis, avec le témoignage de proches.


Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Sacre et massacre de l’amour



III

L'aube froide
Des ténèbres pâles
Inonde les pôles
Du ciel et de la chair

Des courants souterrains de la chair et des astres

Au fond des corps de terre
Les tremblements de terre
Et les failles où vont les volcans du délire
Tonner

Entez sur le trépieds
Celle qui hurle
La bouche mangée
Par l'amertume
En flammes du laurier de gloire
Écume
De la colère des mers
La femme à chevelure
D'orages
Aux yeux d'éclipse
Aux mains d'étoiles rayonnantes
À la chair tragique vêtue de la soie des frissons
À la face sculptée au marbre de l'effroi
Aux pieds de lune et de soleil
À la démarche d'océan
Aux reins mouvants de vive houle
Ample et palpitante

Son corps est le corps de la nuit
Flamme noire et double mystère
De son inverse identité qui resplendit
Sur le miroir des grandes eaux
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RGL à René Daumal
Pour moi-même tout le premier désobéir à l’ordre de silence à Vous plus haut donné je confie ici si cela intéresse Miki mais elle ne comprendrait pas mes clefs, qu’effectivement maintenant que Nerval est considéré comme un personnage dangereux, je consacre un culte nouveau et moins scandaleux, du moins plus dissimulable à Jeanne d’Arc, l’héroïne lorraine (qu’au fond j’emmerde puisque j’ai aux fesses la pointe de son glaive). À part cela que tout de même de plus en plus je songe à la nécessité absolue de faire sur Nerval ce qui n’a jamais été fait pour le prochain numéro du Grand Jeu et peut-être plus vaste. Tic Lapeur se porte bien, mais il dort, il dort depuis le commencement du monde. En somme je voudrais que cette lettre parte ce soir mais j’ai tort car j’écris à cette heure où je suis pessimiste où rien ne me visite où la nuit obscure m’envahit. Et je ne sais dégager de ma gangue, de ma cangue tout ce qui doit aller vers toi. Cette nuit je t’avais fait une bien belle lettre en imagination mais je n’ai pas eu le courage de l’écrire. J’ai le courage, je n’ai plus la substance. Cours après. Malédiction il doit aussi y avoir un temps infini que je n’ai écrit à Miki. Quel veau quand tu n’es pas là pour me rappeler les devoirs auxquels je tiens le plus.
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SACRE ET MASSACRE DE L'AMOUR
IV


Visitation blême au désert de l'amour

Aveugle prophétesse au regard de cristal
Que les oreilles de ton cœur
Entendent rugir les lions intérieurs
Du cœur

Le grand voile de brume rouge et la rumeur
Du sang brûlé par le poison des charmes

Et les prestiges du désir
Suscitant aux détours de ta gorge nocturne
La voracité des vampires

Danse immense des gravitations nuptiales
Aux palpitations des mondes et des mers
Au rythme des soleils du cœur et des sanglots
Vers le temple perdu dans l'abîme oublié
Vers la caverne médusante qu'enfanta
L'ombre panique dans la première nuit du monde
Voici l'appel la trombe et le vol des semences
L'appel au fond de tout du centre souterrain

Danseuse unissant la nuit à l'eau-mère
Végétal unissant la terre au sang du ciel

p.59-60
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Muselées en vain par vos lois sociales, dorment parmi vous des énergies destructrices à faire sauter le monde.
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Et maintenant notez cette définition d'universalité que je soumets aux zoologues : ce qui différencie le mieux l'homme de l'animal c'est la pipe.
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Il est assez compréhensible et logique que toutes les drogues, destinées qu'elles sont à provoquer plus ou moins vite et plus ou moins longtemps cet accident de conscience que j'ai vaguement classé parmi les refus d'agir mais indubitablement rangé dans mon royaume la Mort-dans-la-vie, soient par contrecoup nuisibles aux instruments de l'action, c'est-à-dire aux organes du corps humain.
C'est en tablant sur cette constatation assez simplette que, de tous temps, un certain nombre d'hommes qui, d'une part, pour des raisons plus loin développées, ne ressentent guère le besoin d'user de ces produits toxiques et qui, d'autre part, munis légalement du pouvoir d'attenter à la liberté privée de leurs concitoyens, ont une fois pour toutes renoncé à appliquer le principe politique du Non-Agir préconisé par Lao-Tseu, un certain nombre d'hommes, dis-je, ont cru possible d'arrêter net la consommation des drogues en les prohibant.
De telle prohibitions ont toujours des buts apparents très convenables, par exemple le bien public, et des buts moins apparents un peu malpropres, par exemple la repopulation.
La prohibition de l'alcool aux États-Unis, celle de l'opium, de la cocaïne, etc. etc. dans presque tous les pays proviennent de cette manière de penser commune non seulement à tous les législateurs, mais encore à tous les hommes "bien-pensants", c'est-à-dire à la majorité de tous les pays dits civilisés.
Quant à ceux qui pensent autrement, ils répondent aux prohibitions par la fraude ou par l'invention d'ersatz. Mais tous les hommes de tous les pays continuent à provoquer artificiellement en eux l'état de 'Mort-dans-la-vie par le moyen de leur choix.
Il convient d'ailleurs de remarquer que grâce à la démagogie de nos foutues démocraties et au soin de leurs intérêts, les toxiques les plus employés ont été rarement prohibés. Le tabac ne le fut jamais nulle part, l'alcool presque jamais, enfin la consommation de l'opium est recommandée dans l'Inde et en Indochine. La partialité de ces prohibitions n'a jamais été déterminée par le caractère plus ou moins nocif des drogues comme surtout les deux premiers exemples devraient le prouver, si le jugement du lecteur n'était complètement faussé par les racontars de la presse à propos des stupéfiants défendus, boucs émissaire des hygiénistes et de leurs serviettes.
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Et maintenant notez cette définition d'universalité que je soumets aux zoologues : ce qui différencie le mieux l'homme de l'animal c'est la pipe.
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Sacre et massacre de l’amour



I

À l'orient pâle où l'éther agonise
À l'occident des nuits des grandes eaux
Au septentrion des tourbillons et des tempêtes
Au sud béni de la cendre des morts


Aux quatre faces bestiales de l'horizon
Devant la face du taureau
Devant la face du lion
Devant la face de l'aigle
Devant la face d'homme inachevée toujours
Et sans trêve pétrie par la douleur de vivre

Au cœur de la colombe
Dans l'anneau du serpent


Du miel du ciel au sel des mers


Seul symbole vivant de l'espace femelle
Corps de femme étoilé
Urne et forme des mondes

Corps d'azur en forme de ciel
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SACRE ET MASSACRE DE L'AMOUR
III


L'aube froide
Des ténèbres pâles
Inonde les pôles
Du ciel et de la chair

Des courants souterrains de la chair et des astres

Au fond des corps de terre
Les tremblements de terre
Et les failles où vont les volcans du délire
Tonner
Entez sur le trépied
Celle qui hurle
La bouche mangée
Par l'amertume
En flammes du laurier de gloire
Écume
De la colère des mers
La femme à chevelure
D'orages Aux yeux d'éclipse
Aux mains d'étoiles rayonnantes
À la chair tragique vêtue de la soie des frissons
À la face sculptée au marbre de l'effroi
Aux pieds de lune et de soleil
À la démarche d'océan
Aux reins mouvants de vive houle
Ample et palpitante

Son corps est le corps de la nuit
Flamme noire et double mystère
De son inverse identité qui resplendit
Sur le miroir des grandes eaux

p.58-59
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La Tête à L'Envers



Pourquoi mourir encore alors qu'on vient de naître
À la vie à la mort

Sous le rire concave du ciel
Quand la nuit ronge

Que la tête à l'envers sombre sous l'horizon
Lestée d'un poids universel à la mâchoire
Hantée d'un vide universel à la mémoire

Défoncée aux portes des tempes
Un trou criard dans l'occiput

L'imagination peuplée de rêves roses
Qui s'ébattent au marais implacable du sang et de
l'eau

Les yeux crevés retournés qui se perdent
Au vertige sans fond de leurs tunnels internes

Et déjà les cils grandissent et blanchissent

Entre les tempes tendues
S'étendent sans fin des steppes de nuit
Barrées à l'horizon par la banquise

Le grand mur blanc sans issue de la nuit

Et la tête engloutie dans la mer des ravages
Meurt de dormir
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