AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070463800
208 pages
Gallimard (26/02/2015)
3.98/5   22 notes
Résumé :
Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943) : poète foudroyant, poète foudroyé de l'insurrection de l'être. A seize ans, il écrit Tétanos mystique. A trente-six, il meurt d'une crise de tétanos dans un hôpital parisien. Celui qui s'était promis, «écrivant peu, de n'écrire que l'essentiel», celui qui joua le Grand Jeu jusqu'au bout, semble avoir fait sa vie durant le choix du noir absolu. Obsédé par le «retour rythmique au pays d'avant-naître», Gilbert-Lecomte porta peut-être ... >Voir plus
Que lire après La Vie l'Amour la Mort le Vide et le Vent et autres textesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Roger Gilbert-Lecomte est un vrai poète ; sa vision égale en force celle de Rimbaud. Ses vers, qu'ils soient libres (Sacre et massacre de l'Amour) ou non (Je veux être confondu... ou La halte du prophète) sonnent toujours de cette manière mystérieuse, parfois dirait-on uniquement dans le relief des mots qui se suivent, mais finalement toujours à une profondeur telle que l'harmonie qui s'y tisse fait vibrer le feu de l'avant-naissance, de l'avant-incarnation, et de quoi tout est pulsé à la vie. L'oeuvre incandescente et puissamment lyrique d'un écorché vif pour qui le monde n'est pas assez.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
SACRE ET MASSACRE DE L'AMOUR
IV


Visitation blême au désert de l'amour

Aveugle prophétesse au regard de cristal
Que les oreilles de ton cœur
Entendent rugir les lions intérieurs
Du cœur

Le grand voile de brume rouge et la rumeur
Du sang brûlé par le poison des charmes

Et les prestiges du désir
Suscitant aux détours de ta gorge nocturne
La voracité des vampires

Danse immense des gravitations nuptiales
Aux palpitations des mondes et des mers
Au rythme des soleils du cœur et des sanglots
Vers le temple perdu dans l'abîme oublié
Vers la caverne médusante qu'enfanta
L'ombre panique dans la première nuit du monde
Voici l'appel la trombe et le vol des semences
L'appel au fond de tout du centre souterrain

Danseuse unissant la nuit à l'eau-mère
Végétal unissant la terre au sang du ciel

p.59-60
Commenter  J’apprécie          100
SACRE ET MASSACRE DE L'AMOUR
III


L'aube froide
Des ténèbres pâles
Inonde les pôles
Du ciel et de la chair

Des courants souterrains de la chair et des astres

Au fond des corps de terre
Les tremblements de terre
Et les failles où vont les volcans du délire
Tonner
Entez sur le trépied
Celle qui hurle
La bouche mangée
Par l'amertume
En flammes du laurier de gloire
Écume
De la colère des mers
La femme à chevelure
D'orages Aux yeux d'éclipse
Aux mains d'étoiles rayonnantes
À la chair tragique vêtue de la soie des frissons
À la face sculptée au marbre de l'effroi
Aux pieds de lune et de soleil
À la démarche d'océan
Aux reins mouvants de vive houle
Ample et palpitante

Son corps est le corps de la nuit
Flamme noire et double mystère
De son inverse identité qui resplendit
Sur le miroir des grandes eaux

p.58-59
Commenter  J’apprécie          60
MOI ET MOI


Incident de frontière entre rêve et veille :
un épuisement soudain m'ensevelit, je sommeille sur un divan.
Quelqu'un entre : j'entends, je n'entends pas, je dors,
je m'éveille, je continue à dormir.
En un instant naît la scission mémorable.
Moi-qui-veille se lève et montrant au nouveau venu
Moi-qui-dors toujours étendu sur le divan dit en se
penchant :
— « Il dort. »
Sans la moindre angoisse.
La crainte commence à saisir Moi-qui-veille quand
Moi-qui-dors s'agite et crie en proie aux lémures du
profond sommeil. Moi-qui-veille se tournant vers son
hôte dit finement :
— « Il rêve. »
Moi-qui-dors se dresse brusquement sur son séant.
Moi-qui-veille poussé par un souvenir de solidarité
l'aide à se dresser complètement.
Spectacle unique: Moi-qui-veille prend le bras de
Moi-qui-dors, comme on fait à un convalescent et tous
deux (ou tout un en deux) font au pas le tour de la chambre.
Au secours ! Moi-qui-dors chancelle, Moi-qui-dors
s'affaisse. Il échappe à Moi-qui-veille et tombe très
lourdement sur le sol. Son crâne rebondit.
Moi-qui-veille, toujours debout, le contemple, puis,
inquiet, se tourne vers son hôte et dit :
— «Très ennuyeux, quand il faudra que je rentre
là-dedans (et il indique du pied Moi-qui-dors étendu,
inerte) je me trouverai courbaturé et j'aurai mal à la
tête pour le reste de la journée. »

p.116-117
Commenter  J’apprécie          30
JE N'AI PAS PEUR DU VENT

...
Qui naît en l'air
Et va se suicider aux cimes coupantes du ciel
Toi qui trousses les cottes
Et dévastes les côtes
Les côtes en falaises et les côtes en os
Toi qui horripiles les peaux
Secoues les oripeaux les drapeaux les persiennes
Les plis des manteaux des voyageurs égarés les arbres
Les fantômes et les allumettes perdus dans l'immensité
Toi qui ondules les ondes et les chevelures
Fais cligner les yeux et les flammes
Claquer les oriflammes
Grand voyou chérubin démesuré
Clown des tourbillons
Sculpteur de nuages
Roi des métamorphoses
Toi qui fais vivre éperdument les choses qui sans toi
Seraient vouées à l'inertie la plus plate
Immense père des spectres et des frissons
Toi qui animes la gesticulation des rideaux mystère
Dans les châteaux hantés…

p.85
Commenter  J’apprécie          50
LE NOYÉ NOYAU

Un noyé dénommé

Noyau Tomba dans l’eau comme une enclume

Par un soleil de clair de lune

Commentaire Il aimait trop l’eau

Or tous les Noyaux aimaient l’eau

Mais ils restaient à la surface

Pour faire voir leur belle face

En en cachant l’envers qui dit-on n’est pas beau

Mais ce noyau qui fut noyé

Dénommé le Noyé-Noyau

Avait pris le bas pour le haut

C’est ainsi que son corps devint mort car noyé

MORALITÉ :

Si vous vous dénommez Noyau

Noyez-vous sans remords ni crainte

Et votre fin paraîtra sainte

A Dieu qui sachant tout sait que noyénoyau
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Roger Gilbert-Lecomte (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roger Gilbert-Lecomte
Roger GILBERT-LECOMTE – Hommage exceptionnel (Chaîne Parisienne, 1963) Émission Soirées de Paris, diffusée le 29 décembre 1963 sur la Chaîne Parisienne, réalisée par Pierre Minet et Michel Duplessis, avec le témoignage de proches.
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1221 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}