Citations de Roger Judenne (105)
A 6 heures, Jeanne s'éveille dans son demi-sommeil de fin de nuit, elle tête son pouce et émet des bruits de succion. Rosine émerge difficilement avec une terrible migraine, agitée par les miasmes de ses mauvais rêves. Quelque chose pèse sur son ventre. Elle se sent mal. Où est-elle ? Le lit... Le rayon du jour qui entre dans la chambre par la cœur découpé dans le volet... l'odeur du pétrole ayant charbonné dans la lampe. Quelle heure est-il donc ? Et cette lourdeur sur son ventre. Rosine avance ses mains vers cette masse pesante. Elle touche cette chose étrange,et, soudain, elle frémit et se redresse comme un ressort.
Suzanne est inerte, froide, inanimée.
Quand la fatigue et l'abattement le gagne, Gabin se lance toujours dans une cure de chocolat.
- T'en veux? demande-t-il en cassant un carré.
L'autre sait ce que signifie cette ruée sur le chocolat. Il hausse les épaules et conclut:
- Il a raison, le patron. Tu déprimes. T'as vraiment besoin de vacances. (p 85)
- Toi, Toan, tu n'as pas envie de connaître le nom de tes parents biologiques ?
- On m'a trouvé sur une route. Tout le monde était mort. On m'a ramené en Thaïlande avec plein d'autres enfants. c'est impossible.
- Ah...
Je lui parlai de la chaîne de sa vie et lui demandai s'il ne se sentait pas comme une étole perdue dans l'univers.
- La vie, ce n'est pas une chaîne, me répondit-il. C'est un arbre. Moi, je suis comme une petite branche détachée, et greffée sur un autre tronc. Désormais, j'appartiens au même arbre que Clara et Martin.
Je trouvais sa réponse magnifique. La greffe avait complètement réussi et le petit bourgeon asiatique était devenu une branche fixée à un tronc dont les racines étaient profondes.
( p 47)
La voiture stoppe et, d'un seul coup, l'immensité de la mer nous saute au visage, avec sa palette d'écume blanche et de houle verte, son fracas de galets entrechoqués, et ses paquets de vent qui râpent les rochers en rugissant. La multitude de mouettes tridactyles qui surfent avec aisance sur les vagues de vent s'impose en un spectacle à couper le souffle. C'est beau, très beau.
p.10
Une pause gratuite. Pour un mécanicien qui pose gratuitement les pneus toute la journée, c'est rigolo, non?
Tu es adorable, mais s'il suffisait qu'une petite fille vienne raconter un joli mensonge pour qu'on libère son papa, il n'y aurait plus personne dans les prisons.
Ils font un chouette duo, pensa-t-il. Sûr qu'à eux deux, ils me feraient bien un beau petit !
La pièce d'or avait bel et bien fait le tour du village. Mais la châtelaine, qui ne l'avait pas dépensée, ne sut jamais comment sa pièce était parvenue à effacer les dettes de tout le monde.
Un chasseur et son fusil... un chevreuil et ses pattes fragiles.
Qui pourrait m'expliquer le plaisir qu'éprouve le premier à anéantir la beauté, l'élégance, l'innocence, la grâce et la finesse du second ? p.81
Le faon lève la tête vers le biberon que je tiens assez haut et il tète goulûment. Le spectacle est si touchant que ma gorge se serre. Je suis devenu sa nourrice. p.40
Moi, depuis tout petit, on se moque de moi. On m'insulte, on m'injurie, on me raille. On dit que je suis le diable. des années et des années à être rejeté par tout le monde, c'est pas une vie. Ce n'est pas de ma faute si je suis né roux comme un écureuil ! (p.116)
Dans ses yeux, j'ai alors l'impression de lire toute la douleur des années d'humiliations et de moqueries qu'il a subies depuis sa naissance. (p.117)
Parfois, les pensées de la nuit ne sont pas plus tenaces que les premières gouttes de rosée du matin. Quand le jour point, elles s'évaporent et disparaissent. Parfois aussi, la nuit est bonne conseillère et apporte des évidences imperceptibles pendant la journée.
Le silence de Jeanne
Nous sommes assis tous les trois sur le canapé, lui au milieu, Maman et moi de chaque côté, lui tenant le bras de peur qu'on nous le reprenne une fois encore.
Un jour, elle m'a expliqué qu'il fallait toujours faire croire aux clients qu'ils étaient passionnants. D'après elle, c'est important pour le commerce.
Le vert malachite du plumage n'a rien perdu de sa magnificence. La texture de chaque plume filtre la lumière avec la même finesse que le premier jour. Il ressemble à un roi.
- Le fantôme ?
- Oh non ! Un homme, un vrai.
- Il l'a vu ?
- Non, mais le fuyard a trébuché et il l'a entendu jurer. Un fantôme ne jure pas... (p.18)
Chaque été, l'Ecosse entière participe aux "Highland games", des jeux qui réunissent tous les clans. C'est un peu comme les Jeux Olympiques, sauf qu'il n'y a que des Ecossais et que les épreuves sont spécifiques : lancer de tronc d'arbre, tir à la corde, concours de "black hold" (lutte), concours de cornemuse, concours de danse écossaise... (p.17)
En Ecosse, toutes les familles appartiennent à un clan. Mac Phaerson est le trente-troisième chef du nôtre. En Ecosse, le chef du clan est un personnage très respecté et important. (p.16)
Leur situation est désespérée. Le manque de nourriture a des conséquences dramatiques. j'ai été médecin de guerre et j'ai vu des choses terribles, mais là, c'est horrible. On les laisse crever à petit feu. Et qiand je dis à petit feu, c'est un doux euphémisme, parce que le manque de chauffage est si cruel qu'ils crèvent aussi de froid.