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Biographie :

Romain Filstroff, dit Monté, est un vidéaste français de vulgarisation linguistique né le 30 novembre 1991 à Chaumont en France. Il est principalement connu pour ses travaux de vulgarisation de la linguistique, d'abord sur son blogue puis sur YouTube, où il crée en 2015 la chaîne « Linguisticae ».

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
[La] particule [négative "ne"], qui est obligatoire à l'écrit, est souvent (si ce n'est toujours) absente à l'oral : en fait, cela fait pas moins de deux-cents ans qu'elle a commencé à disparaître, si bien que dans plusieurs régions francophones, la présence de cette particule dans une phrase relève bien plus de l'exception que de la règle (Québec, Romandie).

En France, si la particule négative "ne" est un peu plus courante à l'oral, on peut dresser le même constat : elle est presque toujours absente des phrases négatives, sa présence est devenue rarissime. La disparition de cette particule frappe tous les sexes, toutes les classes sociales, toutes les générations. Pourtant, dans les médias où la forme est religieusement respectée, la particule négative "ne", et bien qu'elle y soit là aussi de moins en moins utilisée, reste extraordinairement bien conservée puisqu'on la trouve encore dans la majorité des phrases négatives.

Quoiqu'il en soit, cette disparition n'est pas symptomatique d'un appauvrissement de la langue, il s'agit de quelque chose d'assez bien documenté et aussi de quelque chose de facilement explicable sur le plan linguistique, cela porte même d'ailleurs un nom : le cycle de Jespersen. Je préfère autant vous prévenir : cette particule va finir par complètement disparaître, et rien ne pourra à priori empêcher cette inéluctable disparition, pas même la hardiesse de l'Académie.
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[E]n France, tout ce qui est identifié comme un accent renvoie à des stéréotypes : l'accent du sud-ouest nous fait penser rugby et cassoulet, celui du sud-est nous fait penser au soleil mais aussi au policier un peu benêt et au papy un peu rustre qui veut te refourguer son huile d'olive. L'accent du nord nous fait penser à des gentils débiles consanguins qu'on aime quand même bien depuis le film de Dany Boon, l'accent de la Corse nous fait penser à la mafia et aux sangliers, l'accent martiniquais nous fait penser à des gens un peu trop lents qui ne pensent qu'à dormir et faire la fête en famille. Dans le même genre d'idées, il existe dans l'inconscient collectif un accent pour les noirs et un accent pour les arabes, alors que l'accent n'est jamais racial, il est social et surtout géographique : un nigérian n'aura en français pas du tout le même accent qu'un malgache, leurs langues maternelles étant à peine comparables.

C'est autant de clichés qui sont à l'origine d'une véritable discrimination, et ils ont tendance à être hiérarchisés : en entretien d'embauche, l'impact de l'accent est comparable à celui du handicap, il serait également plus fort que la couleur de peau. Nombreux sont ceux qui veulent « corriger » leur façon de parler pour la conformer à un accent jugé plus sérieux.
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Le troisième scénario va vous surprendre, et pourtant c'est le plus logique, le moins couteux et le plus avantageux. C'est l'apprentissage de l'espéranto, une langue construite inventée au début du xx* siècle par un Juif polonais. Conçue pour être facile à écrire, parler et apprendre, elle conduirait à une économie d'au moins 25 milliards d'euros pour l'UE. Et encore, ce chiffre date de 2005 à une époque où l'Union était moins large et moins peuplée.
Le fait que l'espéranto ne soit la langue de personne forcerait tous les pays à l'adopter, il deviendrait donc la langue de tout le monde. Cela préviendrait une partie des transferts économiques inéquitables qui partent par exemple de l'Est pour aller vers Londres. Par ailleurs, son apprentissage est rapide, jusqu'à 50 fois plus que celui de l'anglais. Cela permettrait également d'avoir une langue forte à diffusion internationale qui ne soit pas menaçante pour les langues nationales locales et qui soit à l'origine d'une production culturelle, médiatique et scientifique forte et mieux répartie sur le territoire européen.
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Au moment de la conquête romaine, le grec est non seulement bien implanté le long de la mer Egée et dans le sud de l'Italie où il fut apporté au début de l'âge du fer, mais il l'est aussi désormais chez les Latins lettrés qui létudient et le parlent entre eux. D'ailleurs, les derniers mots que César aurait adressés à Brutus, que beaucoup ont appris à l'école, n'auraient pas été en latin, mais en grec. Oubliez alors la locution Tu quoique, mi fili «Toi aussi, mon fils» et remplacez-la par kaì où TéKVOv/kai sý téknon. Pas très étonnant, sachant que la plupart des Romains de haut niveau social recevait une éducation en grec et qu'il leur était même parfois plus facile de s'exprimer dans cette langue qu'en latin. Pour cette raison notamment, le grec est une langue à laquelle le latin emprunte beaucoup.
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La Pologne décide dès 1940 qu'à l'issue de la guerre sa population allemande devra être expulsée afin de constituer homogène. Mais ce qu'elle ne prévoit pas, c'est de voir ses frontières autant évoluer à l'issue du conflit : en effet, son territoire «glisse» vers l'ouest lorsque l'URSS annexe sa partie ouest et qu'on lui offre l'est de l'Allemagne comme compensation. La frontière entre l'Allemagne et la Pologne se place désormais sur la ligne Oder-Neisse, à l'ouest de laquelle 11 millions de personnes sont germanophones. Ces dernières, installées dans la région dès le XI siècle ou descendantes de Polonais convertis à la culture allemande, vivant dans des régions ou des pays germaniques depuis le Moyen-Âge, doivent fuir. Pour ceux qui restent, c'est la déportation ou le travail forcé. Plus de 200 000 civils de culture allemande sont internés dans les camps, et beaucoup mourront à la tâche. Des noms allemands sont effacés jusque sur les tombes dans les cimetières. Cette mesure fait écho à celle que les nazis avaient eux-mêmes mise en place en Pologne durant la guerre, sur les conseils de l'évêque de Danzig Carl Maria Splett.
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Vous avez certainement entendu parler du génocide arménien. qui s'étend alors de 1915 à 1923. Cependant, durant la même époque et pour des objectifs qui ne varient pas beaucoup, les Grecs du Pont, orthodoxes, ont aussi été chassés et massacrés. La ville de Trébizonde, peuplée d'Arméniens et de Grecs, est par exemple purgée de ses chrétiens en 1915 pour être repeuplée de musulmans.
Il est difficile de savoir combien de Grecs sont morts entre la Premiere Guerre mondiale et le traité de Lausanne de 1923. Ce chiffre irait de 100 000 à 350 000 en fonction des estimations et des critères de comptage. En plus des assassinats directs, on trouve par exemple le recours au travail forcé ou à la marche forcée. Cette méthode augmentait très fortement la mortalité, mais elle permettait de ne pas infliger la mort directement. Pour cette raison, on parle alors de «massacres blancs ». Contrairement au génocide arménien qui est un enjeu politique pour sa reconnaissance internationale, le génocide des Grecs du Pont est assez peu connu.
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Si vous avez déjà vu Titanic ou Gangs of New York, Vous savez certainement que les Irlandais ont fui par centaines de milliers leur île natale. Ce que vous ignorez en revanche peut-être, c'est pourquoi. Je vous répondrais alors que c'est à cause de la grande famine (en irlandais : an gorta mór), qui vient d'une crise agricole et politique majeure qui s'étend de 1845 à 1852 et qui conduit à une crise qui est aussi bien démographique qu'économique.
Tout part à l'origine de l'apparition du mildiou, une maladie qui frappe les cultures et tout particulièrement celle de la pomme de terre. Bien que la production agricole irlandaise dégringole et que les paysans soient pour beaucoup ruinés et affamés, ils doivent toujours payer un impôt à un propriétaire terrien pour pouvoir utiliser leur parcelle. Ne pouvant plus honorer leur bail, certains paysans sont même expropriés. Sous la pression des commerçants et des Britanniques, I'Irlande continue d'exporter de la nourriture alors qu'elle n'est plus à même de nourrir sa propre population. La pauvreté et la faim provoquent de nombreux morts. Il faut près d'un demi-siècle à l'Irlande pour enrayer la spirale. La conséquence de la grande famine, c'est une population irlandaise qui passe de 8 millions à un peu plus de 4 millions début 1900.
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L'argument "ad grammaticam" [...] vise à décrédibiliser une personne en l'attaquant sur sa façon d'écrire ou de parler, jugée impropre au regard de la norme. [...]

En visant la langue de l'autre, on attaque tout ce qui la caractérise : le milieu social, le sexe, l'âge, l'origine géographique. Cela peut même aller jusqu'à attaquer la condition physique ou médicale, notamment lorsque l'on vise les défauts de prononciation dont l'origine peut être morphologique ou neurologique. Ainsi, et même si l'ad grammaticam est répandu et même si sa pratique s'est banalisée au quotidien, ses mécanismes ne diffèrent guère des autres insultes sur l'identité comme celles qui visent le physique : par bien des aspects, l'ad grammaticam rappelle d'ailleurs l'insulte raciste, sexiste ou xénophobe. [...]

Pour faire court : celui qui use de l'ad grammaticam affirme sa supériorité sociale sur celui qui est insulté. Contrairement à l'insulte sexiste, raciste ou xénophobe, l'ad grammaticam n'est pas mal perçu au regard de la société.
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En Tok Pisin, dans certains villages de Nouvelle-Guinée, il existe une pratique nommée "kros" dont le but est de dire le plus d'insultes, d'obscénités et d'injures. Cette pratique, contrairement à ce qu'un occidental pourrait s'imaginer, est presque exclusivement féminine.
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Le protochronisme attribue même des qualités aux peuples choisis. Dans les Balkans, il est courant de considérer que les ancêtres illyriens, thraces ou daces furent les premiers au monde à inventer l'écriture ou à développer une civilisation. Cette vision permet de défendre l'idée que c'est le monde extérieur qui est venu corrompre ces peuples précurseurs, et que la conquête ou l'assimilation ne sont jamais qu'une revanche sur l'Histoire. Il existe toute une production pseudoscientifique visant à légitimer ces postulats. Alors que l'origine du proto-indo-européen est selon le consensus scientifique situé dans les steppes pontiques d'Ukraine et de Russie, une hypothèse concurrente connue est celle d'un foyer dans les Balkans. On trouve également une hypothèse indienne défendue par les nationalistes hindous, une hypothèse balte défendue par les nationalistes baltes.
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