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Critiques de Samuel R. Delany (60)
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Babel 17

Babel 17 est le prix nebula 1966 .

C'est l'œuvre d'un auteur éminent pour lequel j'ai beaucoup d'admiration .

L'auteur était professeur de littérature à l'université .

Il a conduit plusieurs combats par des publications courageuses .

Universitaire , il revendiquait son statut d'auteur de science-fiction .

Homosexuel , il fut l'auteur de textes libertaires outrés et courageux .

Noir , il fit la preuve par sa réussite que la ségrégation raciale appartenait au passé , malgré la virulence de préjugés racistes toujours vivaces .



En 1966 Il sort Babel 17, il rompt avec la réputation néfaste qui pèse sur le space opera ( soap opera disait-on méchamment à l'origine ) .

Il propose avec Babel un roman d'aventure de qualité qui n'a pas peur d'exploiter certains poncifs du Soap , comme la piraterie ...



L'humanité s'est répandue dans l'espace et elle butte sur un ennemi implacable qui paralyse ses défenses par un code .

Une poétesse de renom sera invité à tenter de déchiffrer ce code qui paralyse les moyens militaires de l'humanité et qui est peut-être aussi , une menace plus intimement existentielle . L'auteur utilise le concept de Métalangage pour réfléchir sur le lien qui existe entre psyché et perception cognitive et langage .

Ce n'est pas pour autant de la hard science car l'auteur reste sur un plan relativement naïf , mais les concepts sont là et ils sont à la portée du plus grand nombre .

Le roman est très rythmé , les péripéties et retournements abondent .

C'est quasiment de la science-fiction militaire ....

Babel 17 annonce la grande aventure du chiffre qui en est aujourd'hui aux formulations quantiques .



Un roman très facile d'accès , plein de surprises avec des formulations futuristes quelquefois fulgurantes et d'autres fois , naïves.

De la bonne science-fiction populaire pour la jeunesse comme pour les adultes en culottes courtes ...



Cependant ce texte s'adresse aux amateurs de space opera et je crois que s'y aventurer sur la base de sa réputation de texte théorique sur le langage serait une erreur . Car les concepts sont bien présents mais de façons assez édulcorées , un peu comme chez Vance souvent , je pense aux Langages De Pao par exemple ...

Un très bon récit jeunesse en tout cas et au minimum .

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Nova

Nova possède un charme certain malgré le temps qui passe .

C’est un bon espace opéra très rythmé et assez envoutant qui n'a pas beaucoup à envier aux productions contemporaines .



Une bonne distraction car l'univers est présent et solide , très fidèle à sa belle couverture aussi kitch que futuriste et prometteuses .



Les supernovas créent le matériau énergétique qui rend le voyage spatial possible dans cet univers possible .



Ce matériau ils faut le récolter et cela suppose un contexte high-tech qui fonctionne bien du point de vue romanesque dans ce texte



C’est une tâche difficile , que ce travail minier qui est le prétexte pour découvrir des environnements et des milieux distinct , souvent difficiles et très différenciés.



Bref une petite balade dans l’espace .

Juste à point pour rêver et se balader dans le grand noir, en ces grises journées d’hiver.

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Babel 17

Samuel R. Delany est peut-être mon auteur préféré en matière de SF. Plus je lis et plus j'adore car il écrit merveilleusement bien, aborde des sujets toujours très intéressants et son univers est admirablement créé en quelques mots bien choisis et correspond à ce que j'aime dans la SF : l'espace, les vaisseaux interstellaires, les équipages composés d'êtres humains et "autres" qui ont tous une grande part d'humanité à la recherche de quelque chose, prêts à résoudre une énigme ou à sauver des vies, des mondes, des empires. Babel 17 est un vrai régal. Une poétesse, Rydra Wong, capable de parler de nombreuses langues est engagée par l'armée pour trouver ce qui se cache derrière le langage Babel 17, des communications captées lors de sabotages contre l'Alliance. Elle recrute un équipage incroyable avant de se lancer sur les trace de ces envois spatiaux dans un vaisseau, le Rimbaud. Rien de mieux qu'une poétesse pour comprendre la force du "Je" dans le langage.
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Chants de l'espace

L'auteur est une grande figure de la SF et un universitaire reconnu . Il est malheureusement décédé et c'était un membre de la communauté noire américaine.

Un noir américain donc et à ce titre il en a vu de toutes les couleurs si j'ose dire . du fait de son côté libertaire et du fait aussi de la mauvaise couleur que la sienne et qui ne l'empêchait pas ( l'insolent ) d'aspirer à une carrière littéraire et universitaire .

Il a développé une grande intelligence de la nature humaine et il a aussi saisi l'importance du rêve et l'importance de faire rêver , pour endurer le présent et cultiver l'avenir et rendre le monde meilleur immédiatement .



Il a écrit de remarquables textes autour de la révolution sexuelle . Il ne fut pas le seul d'ailleurs à le faire en SF et je me demande pourquoi ces textes sont introuvables .

Ils sont introuvables et c'est dommage car ils sont très culotés en général .



Au sujet du contenu de ce recueil : Babel 17

Babel 17 annonce la grande aventure du chiffre qui en est aujourd'hui aux formulations quantiques .

Un roman qui est très facile d'accès , plein de surprises avec des formulations futuristes quelquefois fulgurantes et d'autres fois , franchement naïves.

De la bonne science-fiction populaire pour la jeunesse comme pour les adultes en culottes courtes un peu désuet pour un lecteur adulte contemporain . ...

Ce texte s'adresse aux amateurs de space opera et je crois que s'y aventurer sur la base de sa réputation de grand texte théorique sur le langage serait une erreur .

Car si les concepts sont bien présents , c'est de façons très édulcorées , un peu comme chez Vance ( je pense aux Langages de Pao sur ce thème ) .

Un très bon récit jeunesse en tout cas et au minimum .



Nova possède un charme certain malgré le temps qui passe .

C'est un bon espace opéra très rythmé qui n'a pas beaucoup à envier aux productions contemporaines .

C'est une bonne distraction car 'univers est véritablement présent et habité et donc : solide .



Les deux nouvelles du recueil sont excellentes .Thème du Vaisseau génération dans l'une , et, les voyages forment la jeunesse dans la seconde . Deux textes de qualité .



L'auteur est beaucoup plus libre dans ses nouvelles à cause d'un public cible différent et du fait d'un cadre de publication et d'un support de publication différent avec des tirages plus importants en volume que la publication classique de roman en collection SF.

Cf. les univers éditoriaux des PULP à l'époque .



le grand auteur dont les spécialistes parlent est à découvrir principalement dans ses courts récits .Cependant l'auteur sait toujours monter des personnages présents et matérialiser des univers solides, dans ses romans qui sont soignés .

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Nova

Cela fait sept ans qu'il me reste à lire le roman Nova pour terminer le recueil Chants de l'espace de Samuel R. Delany. Dingue d'attendre si longtemps, mais je l'explique en me disant que je l'avais lu il y a très longtemps et avait conservé un bon ressenti.



Eh bien j'ai probablement encore plus apprécié cette fois ci. Lire Delany, c'est entrer définitivement dans un univers exotique, érudit et baroque.

Ici, l'objectif à attendre – tout grandiose qu'il soit puisqu'il s'agit de pénétrer dans un soleil devenant nova – et le contexte géopolitique et économique lié à cette entreprise ne sont pas les plus importants éléments du roman. C'est avant tout une histoire d'hommes et de femmes tous aussi étonnant les uns que les autres. L'analogie peut être osée, mais la peinture des particularités des personnages me rappelle celle des films de Jean Pierre Jeunet : Sebastian qui traine son volatile comme un pirate, Tyÿ sa compagne qui interprète les tarots, tous les deux s'exprimant un peu comme Yoda. Les deux jumeaux, l'un black l'autre albinos, qui termine chacun les phrases de l'autre, le grand Katin si érudit et intellectuel qui espère un jour écrire le roman du millénaire et la Souris, ce Romanichel qui joue magnifiquement de la syrinx, cet instrument qui joue sur tous les sens. Ils forment l'équipage du capitaine Lorq von Ray, richissime industriel des Pléiades et pilote spatial de course, engagé dans une inimitié mortelle avec Prince et sa sublime soeur Ruby.



Ce roman est aussi une ambiance. Un univers électromécanique où chacun est doté de douilles aux poignets et à la nuque pour brancher des appareils via des câbles qui rappelle Matrix. Un univers où l'on côtoie aussi bien les pécheurs de vallées à l'atmosphère létale que les gens de la haute société. Delany aime bien montrer le contraste des castes.



En ces temps de confinement, Delany m'aura fait voyager avec une sacrée bande de compères. C'était très bienvenu.

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La fosse aux étoiles

Je n'avais pas envie de relire maintenant La fosse aux étoiles de Samuel R. Delaney . Cet avis est consacré à la novella de Vonda McIntyre.



L'essai Libère-toi cybyorg ! d'Anne Larue m'a donné envie de lire Superluminal (1983). Quel rapport avec cette novella vous demanderez-vous? Aztèques (1977) est à l'origine du roman, une sorte d'épisode pilote.



Pour la petite histoire, ce texte a été nominé pour le Nebula de 1978 et a terminé en 3ème place des prix Locus et Hugo de la même année (catégorie novella). le titre fait référence à l'autosacrifice aztèque de cardiectomie.



Avis mitigé…



Leanea se réveille après une opération qui a remplacé son coeur par une machine. Cela va lui permettre de devenir pilote et de supporter les voyages supraluminiques. L'histoire se consacre à son adaptation à son nouveau statut de cyborg.



Leanea s'enfuit de l'hôpital et fait la rencontre de Radu Dracul, un homme originaire de la planète Crépuscule. Ils vont tomber amoureux et comment dire… la « métamorphose » de Leanea change la donne au niveau de l'acte sexuel. Radu va donc poser sa candidature pour devenir lui aussi un pilote/cyborg



Ma déception vient que je m'attendais à une petite démonstration de pilotage dans l'espace et que les 2/3 de l'histoire sont consacrés à la romance entre Leanea et Radu (avec quelques scènes olé olé).



Je vais quoi qu'il en soit lire le roman.









Challenge multi-auteures 2020
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... Et pour toujours Gomorrhe

L'humanité est divisée entre spatiaux asexués génétiquement modifiés pour affronter les radiations émises par les vents cosmiques, et les frelks sexués condamnés au plancher des vaches.

Le narrateur et ses potes Kelly, Bo, Lou et Muse font la java sur Terre, et de bas résille en talons aiguilles il finit par proposer ses services particuliers à une étudiante turque avant de retrouver ses potes au bistrot... L'idée c'est que frelks sexués sont fascinés par les spatiaux asexués, ce qui offre à ces derniers l'occasion de se faire de l'argent de poche en se prostituant. Il y a quelques lignes de dialogues sur le regard de l'autre et le regard sur soi, mais pour absolument tout le reste c'est bavard et abscons, donc un chef-d'oeuvre absolu aux yeux des petits cercles intello prout prout auxquels appartient le traducteur Alain Dorémieux / Dorépire (et il faudra que quelqu'un m'explique quel est l'intérêt de changer d'unité de lieu sans prévenir personne, France, Texas, Turquie... Est-ce un jeu d'écriture postermoderniste typique des auteurs qui se regardent écrire ???). J'imagine qu'il était avant-gardiste de parler de prostitution et de LGBT en 1967, mais le problème de l'avant-gardisme qui verse dans la provocation et dans l'iconoclasme, c'est que sorti de son époque il devient rapidement arrière-gardiste (et je ne suis pas sûr que l'auteur fasse avancer la cause des minorités en mélangeant LGBT, pédophilie et nécrophilie). Un texte aujourd'hui plat, morne, et sans aucun intérêt, à réserver aux historiens de la révolution sexuelle et aux archéologues de la SF... Et qui m'a tellement déçu qu'il m'a donné envie de revoir "La Cage aux Folles" ^^, sans parler de la nouvelle de Neil Gaiman intitulée "Changements" qui sur le même thème est plus aboutie et plus accessible en plus d'être mieux écrite et mieux traduite (mais qui est elle est restée sous le radars des petits cercles intello prout prout) !



Et la nouvelle de Samuel R. Delany parue en 1967 a gagné le Prix Nebula et a été nominée au Prix Hugo : l'abus de psychotropes est dangereux pour la santé, et visiblement l'époque ça se défonçait grave de chez grave avec des toxicos portées aux nues pour avoir mis par écrit leurs trips sous acides ! ^^
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La Ballade de Bêta-2

Deux nouvelles stupéfiantes. La ballade de Bêta-2 et Empire Star. J'ai adoré l'écriture, l'univers qui se dégage en très peu de pages et les histoires relatées. C'est étonnant et méchamment bien mené, un vrai régal l'une comme l'autre. Non seulement l'auteur maîtrise la trame de ses nouvelles de haute main mais il sait apporter un sacré plus en obligeant le lecteur à se questionner « C'est un commencement. C'est une fin. Je vous laisse le soin d'ordiner vos perceptions afin de faire le voyage de l'un à l'autre. » Signe d'un grand esprit, s'il pressent que le lecteur pourrait se perdre il lui lance une perche pleine d'humour « il parlait de moi, bien sûr. J'espère que vous vous rappelez qui je suis, sinon vous n'allez rien comprendre à la suite de cette histoire. » Des histoires d'hommes au cœur de l'univers. Bluffant, de la SF comme j'aime ! Loin d'être « simplexe ».
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Babel 17

Ce chouette space-opera a été écrit en 1966, une époque où l’on savait condenser en peu de pages une grande densité de réflexion, d’action et de divertissement.



Dans les galaxies connues, une guerre sans merci oppose l’Alliance aux Envahisseurs. Lors d’attentats au sein de l’Alliance, des messages ont été captés, employant ce que les autorités militaires estiment être un code : Babel17. Pour casser ce code, ces autorités demandent l’aide de Rydra Wong, poétesse, linguiste et accessoirement capitaine de vaisseau spatial. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que Babel17 est en fait une langue. Bien décidée à déchiffrer ce langage aux inquiétantes capacités, sentant là la clé de la victoire, elle se lance dans une quête intergalactique à la suite des indices qu’elle décèle.



La langue en tant qu’arme de guerre est le thème principal du récit. Je peux tenter de vous expliquer ce que j’ai compris de Babel17 (et c’est loin d’être limpide). Tout part de l’idée qu’un mot désignant un objet dans une langue peut contenir plus d’informations – tout en étant aussi concis – que dans une autre langue : par exemple « armchair » et « foxhole » en anglais sont plus signifiant que leurs équivalents français « fauteuil » et « terrier ». Delany extrapole le principe à l’extrême, en associant à chaque mot de Babel17 une masse d’informations qui nécessiterait des pages de description en français. En pensant dans cette langue, un individu a immédiatement accès à la compréhension et au contrôle d’un ensemble extraordinaire de données physiques et émotionnelles qui en font un Sherlock Holmes instinctif à la puissance dix. Penser en Babel17 est dangereux pour les adversaires de l’individu, mais aussi pour l’individu lui-même : il risque de perdre son humanité.



Thème central, le langage n’est pas tout dans ce récit foisonnant. L’habillage space-opera est superbe, en particulier l’odeur d’huile et de plasma que l’on sent dans les rues crépusculaires des astroports. Les stellaires – ces navigateurs des étoiles descendants des marins d’hier et d’aujourd‘hui, plus artistes que techniciens, devant « sentir » les courants et les vagues de stase sur lesquels les immenses vaisseaux se déplacent – sont suffisamment affectés par leurs voyages pour chercher à transformer leurs corps grâce à la cosméchirurgie, voire à se décorporiser. Ce ne sont pas des marginaux pour autant ; ils ne dénigrent pas la société et connaissent bien plus que les terrestres le sens des mot « aimer » et « vivre ». Ils sont touchants, et l’un de mes regrets est que le roman soit trop concis pour offrir à l’équipage de Rydra Wong la place qu’il mérite (c’est moi qui dit ça ?).

Bien sûr, le lecteur d’aujourd’hui devra passer outre les objets de technologie désuète comme les cabines téléphoniques ou les bandes magnétiques.



L’action n’est pas en reste. On assise à des attentats et des combats spatiaux dans lesquels Babel17 apporte une complexité tactique jouissive. Mais c’est cependant la déclinaison multiple de la difficulté de communication entre les êtres doués de conscience qui m’a le plus touché ; l’élément central étant l’étrange relation qui s’établit entre Rydra et le Boucher, cet homme qui ne connait pas le concept de « je ». Le roman est un tantinet exigeant quand on n’est pas un spécialiste du langage, et le plaisir n’en est que plus grand.



Il s’agit d’une relecture qui m’a peut-être plus ravi que la première fois. Je souhaitais rafraichir le souvenir de ce récit avant d’attaquer « Les langages de Pao » de Jack Vance, dont le thème est proche. A propos des relations que SF et langage entretiennent j’ai trouvé sur le net cette petite bibliographie détaillée. Si cela vous intéresse…

http://www.cafardcosmique.com/SF-LANGAGE-la-SF-est-elle-douee



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Chants de l'espace

J'ai découvert Samuel E. Delany avec son roman « Babel 17 » qui avait été pour moi une belle découverte. Quand je suis tombée sur ce livre à la Fnac, je me suis laissée tenter : « une édition spéciale – unique en son genre et à tirage limité – de dix romans phares (…) au prix exceptionnel de 10 euros (...) »



J'ai préféré la nouvelle La ballade de Bêta-2 (qui m'a arraché quelques larmes à la fin). Cela m'a un peu fait penser aux colons de la ballade de Pern (cfr. L'aube des dragon). Sauf qu'eux sont arrivés sans encombre à destination.



Relire Babel 17 était assez sympa. J'ai pris autant de plaisir que lors de ma première lecture.



Empire Star est une histoire… « simplexe – complexe – multiplexe ». C'était pas mal, mais j'ai eu un peu de mal avec certaines scènes qui se succédaient sans lien (apparent?) entre elles. Un peu comme si on ne lisait qu'un chapitre sur deux.



Cela avait donc bien commencé, et puis j'ai commencé à décrocher avec les deux nouvelles suivantes : « La fosse aux étoiles » et « … Et pour toujours Gomorrhe ». C'est peut-être à cause de cela que je n'ai pas su apprécier Nova. Je n'ai accroché ni à l'histoire ni aux personnages. L'inspiration me manque pour décrire mon ennui !



J'avoue sans honte que j'ai zappé la dernière nouvelle « Le temps considéré comme une hélice de pierres semi-précieuses ».



En définitive, lecture mitigée.





Challenge pavés 2017 – Edition spéciale contre l'illettrisme

Challenge défis de l'imaginaire 2018 - Echauffement

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Babel 17

J'ai découvert ce livre dans celui de Jo Walton, Morwenna (et oui... encore). J'ai lu l'édition de 1980 mais il figure au catalogue des éditions Milady dans la catégorie « exclusivités numériques ».



Une poétesse capitaine d'un astronef : j'ai trouvé cela extra ! Le recrutement de l'équipe m'a fait penser à un film du genre Les Gardiens de la Galaxie. Il y a de l'humour, de l'action, et aussi des trucs vraiment bizarres... comme la cosméchirurgie. Il ne manquait que la bande son.



Tout ce qui se raconte autour de la linguistique est intéressant mais je me suis plus attachée à l'ambiance générale de l'histoire et l'évolution de la relation entre Rydra et le Boucher. Bref, ne me demandez pas de lire entre les lignes... tout ce que je sais c'est que je me suis vraiment beaucoup amusée en lisant ce livre.



Le seul bémol est que la fin m'a laissée sur ma faim. C'était un peu trop précipité à mon goût. Mais bon... c'est un livre que je pourrais relire à l'occasion.



Challenge multi-défis 2017 (39)





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La fosse aux étoiles

Samuel R. Delany est considéré comme la figure la plus importante de la New Wave américaine et comme le maître de la linguistique. Je vais être cash : c'est l'un des pires trucs que j'ai jamais lu, une véritable purge en bonnes et dues formes !

Pourtant la première page de cette nouvelle, intitulé "La Fosse aux étoiles" et parue en 1967, est construite comme un magnifique tableau impressionniste... Mais ensuite l'auteur sans doute stylistiquement brillant se regard écrire :

* Premièrement, pour l'auteur le narrateur omniscient c'est de la merde, donc il faut poser l'ambiance uniquement à travers les sensations, les émotions et les pensées des personnages

* Deuxièmement, l'approfondissement doit passer uniquement par l'émotionnel, donc la nouvelle se présente comme un agglutination d'impressions du personnage principal sans aucune transition, précision, explication

* Troisièmement, pour l'auteur les clichés traditionnel de la narration sont à bannir, donc pas de début, pas de milieu, et pas de fin, on change constamment d'unité de lieu, de temps et d'action sans savoir où on est, quand on est, et de qui on parle puisque des personnages débarquent au milieu des dialogues sans qu'on sachent qui ils sont, ce qu'ils font, ce qu'ils veulent, d'où ils viennent et où ils vont... Bref, encore une fois c'est bavards et abscons, en plus d'être long, lent et chiant car ça ne raconte rien !

Je ne résiste pas à la tentation de vous donner un exemple de mon calvaire :



WTF ??? Et je vous fais grâce de la Deuxième Guerre du Kyber où on ne sait pas qui combat qui pour la possession de di-allium venu de la galaxie de Lupe en se servant de Y-adna venant de Magellan-9... Les méfaits de la drogue sans doute ? ^^



J'ai déjà lu des trucs « impressionnistes », souvent des romans Cyberpunk ou NSO par ailleurs, mais c'était souvent des interludes après que les personnages, l'histoire et le univers ait été exposés ce qui n'est absolument pas le cas ici. Donc j'ai dû me concentrer de toutes mes forces durant les interminables heures de lectures de cette nouvelle de 60 pages : l'auteur n'arrête pas de balancer des tonnes de trucs sans prévenir à travers les introspections et les dialogues de Vyme, et d'ensuite considérer que tout cela doit être est acquis par les lecteurs comme par magie. Alors si j'ai bien compris c'est l'histoire d'un mec nommé Vyme et on suit ses tranches de vie : Vyme est un garagiste de l'espace qui s'emmerde à Diable-Vauvert-lez-Etoiles qui fait office de dernière escale avant le grand vide galactique, et il gagne sa vie en retapant des yachs avec des robots anaméchaniakatasthyseur quand il ne passe pas son temps à l'écologarium (ne demandez pas ce qu'est, je n'en sais fichtre rien !). Les hommes deviennent fous passés 20000 années lumière et s'éteignent en même temps que les machines passés 25000 années lumière, sauf les Dorés qui eux ne souffrent pas de la folie provoquée par le franchissement de la coquille psychophysiologique car ils sont déjà fous. Les aliénés deviennent ainsi des aventuriers seuls capables de voyager à longue distance, explorant galaxies et dimensions parallèles, donc les chouchous de la société et l'élite de l'humanité qui suscitent à la fois fascination et détestation (comme dans la nouvelle "... Et pour toujours Gomorrhe" parue la même année, mais sans tout le côté bizarre des asexués prostitués). Un jour il rencontre un Doré qui lui demande de rafistoler son vaisseau, et son apprenti analphabète Ratlit se fait la malle avec lui après causé la mort de sa petite amie psychotique Alégra qui elle aussi travaillait au garage... The End !

Quand l'auteur sort de son trip littéro, il a quelques éclair de lucidité où il développe ses idées :

- comme les névrosés sont indispensables à la société, on fabrique à la chaîne des névrosés artificiels

- la famille monogamique est une coutume barbare et primitive, qui a été remplacée par les « groupes de reproduction »... ah ça, on sent l'idéologie hippie ^^

- le adultes ne doivent pas interférer dans la vie des enfants la vie, qui doivent s'éduquer et se débrouiller seuls en suivant leurs propres lois et suivre leurs propres routes... Ah ça on sent l'idéologie hippie, sauf qu'ici les enfants qualifiés de « petits singes agités de fous rires » semblent servir d'animaux de compagnie ou de main-d’œuvre... J'avais la désagréable impression d'être dans l'univers dystopique de "Gunnm" où les enfants ne sont pas considérés comme des êtres humains avant leur majorité...

- le personnage principale regrette le bon vieux temps où on commençait à se droguer à partir de 13 ou 14 ans... ah ça on sent l'idéologie hippie, sauf qu'ici les gosses commencent à se droguer à partir de 7 ou 8 ans, et on développe bien le cas d'Alégra, une télépathe projectionniste toxicomane à vie toujours plongée dans ses hallucinations parce que sa mère était une junkie...

- ah oui, il aussi des métaphores sur l'édition, l'écriture et la relation entre auteur et éditeur qui déboulent de nulle part en plein milieu des dialogues et qui n'ont ni queue ni tête... (à moins qu'on ne considère que les Dorés qui explorent le cosmos sont en fait les allégories les écrivains qui explorent l'imaginaire, et les autres cloués au sol comme étant leurs lecteurs : là ça ferait sens, mais du coup c'est tout le reste qui n'a plus ni queue ni tête...)





Dans le cadre d'un récit d'ambiance j'aurai pu me prêter au jeu, mais l'auteur expert en jonglage de mots ne fait absolument rien pour se rendre accessible ceux qui ne sont pas titulaire d'un master en lettres modernes. Et le Space Opera ce n'est pas seulement ailleurs et demain, c'est aussi de l'épique, de l'aventure et de l'émerveillement : rien de tout cela ici, donc fuyez pauvres fous !
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Babel 17

Les humains sont plongés dans une guerre interminable contre une autre espèce extraterrestre. Des vagues de sabotage surviennent sur les bases humaines après l'émission de phrases dans un code inconnu, le Babel 17. Rydra Wong se voit confier la lourde responsabilité de déchiffrer ce code, qu'elle identifie bientôt comme une langue à part entière, une langue extrêmement dense et capable d'exprimer des idées complexes en quelques syllabes.



Avec toujours un léger temps de retard, Rydra parvient à deviner où seront lancées les prochaines attaques, et parcourt l'espace avec son équipage pour intervenir avant que le pire ne soit commis.



Ce roman se lit comme un thriller, avec un lecteur toujours angoissé par la catastrophe imminente, la course contre la montre dans le déchiffrage du Babel 17 pour l'empêcher, et la présence d'un mystérieux traître dans l'équipage. Les réflexions sur le Babel 17 et la capacité d'un langage à exprimer certains concepts sont assez intéressantes (et qui m'ont donné envie de me plonger dans quelques ouvrages de linguistique). Petite déception sur le final qui me semble bâclé, et qui consiste en un long débriefing entre les personnages pour s'expliquer mutuellement comment ils sont parvenus chacun à résoudre leur énigme, procédé un peu facile qui me déplaît toujours.
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Babel 17

Tout d'abord, je remercie les éditions Mnémos pour l'envoi de cet ouvrage. Ce roman est le deuxième livre ayant été publié par cette maison d'édition que je lis et c'est encore une belle découverte. Babel-17 de Samuel R Delany, est un roman de science-fiction qui a sûrement dû être dévoré par tous les scénaristes amateurs du genre, de part son avant-gardisme et son potentiel artistique. L'écriture de l'auteur est intéressante et nous immerge avec profondeur dans l'histoire, plantant le décor à la manière d'un film.



Nous partons à l'aventure, en compagnie de la poétesse et linguiste Rydra Wong dans un univers où la guerre perdure et s'intensifie entre "l'alliance" (la Terre et les planètes alliés) contre "les extérieurs" (ennemis issus de galaxies lointaines). Avant chaque attaque des extérieurs contre l'alliance, des messages secrets de l'ennemi sont interceptés par l'Alliance mais ils sont difficiles à décrypter. Ainsi, le commandement militaire en déduit qu'il s'agit peut-être d'un code appelé Babel-17.

Il demande alors de l'aide à Rydra Wong qui a déjà travaillé pour eux par le passé afin d'essayer de décrypter ce fameux code.



L'aventure se poursuit donc autour de la mission de la poétesse et de son équipage mais plus qu'un roman précurseur de la science-fiction, l'auteur a voulu faire passer des messages et exprimer une certaine philosophie à travers cette aventure interstellaire, notamment sur le sujet du "moi" et sur ce que ce sujet implique comme changement dans notre rapport à l'autre en fonction de notre conception de l'identité. Je ne vais pas m'apesantir sur ce sujet car ça serait dévoiler certains aspects de l'histoire mais j'ai trouvé certaines réflexions vraiment intéressantes bien que ne partageant pas nécessairement tous les points de vue et je pense qu'il peut amener à des débats passionnés et passionnants Pour finir, j'ai passé un très bon moment en lisant ce livre, j'ai aimé le travail assez scientifique de l'auteur pour décrire et expliquer l'univers futuriste imaginé par lui.
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Babel 17

Les mots tuent littéralement selon Max Barry dans son roman fantastique Lexicon mais cette idée d’utiliser le langage comme une arme n’est pas neuve. C’est dans un registre de science-fiction cette fois-ci que j’ai revisité ce concept terrifiant avec Babel 17, un roman de space-opéra des années 60.

Neuf espèces de vies connues au travers des galaxies, la guerre fait rage entre le Terre et ses planètes, qui forment l’Alliance, et les Envahisseurs, cet ennemi insaisissable qui a mis au point une arme dévastatrice, l’arme absolue : Babel 17. Ce langage utilisé pour programmer des attentats meurtriers reste une énigme pour les services de l’Armée. Seule l’éminente poétesse, Rydra Wong, grâce à ses dons pour les langues - qu’elles soient terrestres ou extraterrestres - et pour la télépathie, pourrait parvenir à le déchiffrer. Capitaine de vaisseau de surcroît elle constituera un équipage et tentera de faire déjouer les attaques de l’ennemi à travers la Galaxie à bord de l’astronef le Rimbaud.

Cette œuvre m’a convaincue par sa cohérence et sa facilité de compréhension des concepts et postulats posés par l’auteur, par les descriptions précises mais sans fioriture qui permettent d’imaginer sans peine l’univers et les personnages dépeints. C’est un roman court où on rentre dans le vif du sujet happé dès les premières pages. Samuel Delany m’a séduite, son écriture rythmée et épurée n’a rien perdue de son originalité avec des clichés démodés ou vieillots que l’on peut parfois trouver dans la science-fiction des années 60 et 70.

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L'athée du grenier

J'adore Samuel R. Delany mais je suis passée à côté de cette nouvelle, qui imagine une rencontre entre le mathématicien Leibniz et le philosophe Spinoza en 1676. La mise en place m'a parue longue et brouillonne, et je pense qu'il me manque beaucoup trop de référents historiques et philosophiques pour être capable d'apprécier le résultat final.



Toutefois, le court essai qui suit cette nouvelle (Racisme et science-fiction) vaut à lui seul le détour et rehausse la note.
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Chants de l'espace

Une bonne idée que cette compilation du maître du space-opera intellectuel. D'abord parce que les écrits de Samuel R. Delany sont assez peu réédités (merci Bragelonne). Ensuite parce qu'il y règne une atmosphère unique de docks où les huiles de moteur et de coude cohabitent avec la haute technologie, où les marginaux aventuriers génétiquement modifiés rêvent d'Espace en tirant les tarots, et où l'on trouve toujours un message, une réflexion, qui est plus important que le fil rouge de l'action.



Les deux romans "Babel 17" et "Nova" sont d'excellente facture de même que les nouvelles "la balade de bêta 2" et "la fosse aux étoiles". J'ai moins accroché aux textes courts "empire star", "et pour toujours Gomorrhe" et "le temps considéré comme une hélice de pierres semi-précieuses", plutôt abscons, bavards.



Il faut lire Delany pour l'ambiance de ses univers.
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L'intersection Einstein

Notre univers a été traversé par un autre univers qui n'obéit à aucune des lois scientifiques que nous connaissons. L'humanité est divisée nettement, en masculin, féminin et anormal. Lo Lobey, Orphée du futur où l'impossible se fond dans le réel, entreprend une descente aux enfers. Les êtres qu'il rencontrera viennent d'ailleurs, de l'Enfer Chrétien ou de cet autre univers qui recoupe notre plan de réalité. Ils apparaissent comme la Mort ou l'Amour, et ils semblent avoir arraché à notre passé des lambeaux de poésie et des échardes de violence, et tous, bien sûr, protègent la nouvelle Eurydice.



Une fois n'est pas coutume, j'ai recopié la quatrième de couverture. D'une part parce qu'en refermant le roman de Samuel R. Delany (une découverte pour moi), je n'étais pas sûr d'avoir tout compris. Et, d'autre part, parce que ça fait un petit bout de temps que je l'ai remisé dans ma bibliothèque, ce bouquin et que, forcément, c'est plus difficile de se remettre dans une intrigue. Surtout quand elle est aussi hermétique que celle de cette Intersection Einstein.



Mais avant de me lancer dans une interprétation du peu que j'ai compris de ce bouquin qui date de 1967, j'aimerais expliquer pourquoi je me suis plongé dans sa lecture. Outre que je l'ai dans ma bibliothèque (il y a quelques temps déjà, je me suis lancé comme défi de collecter tous les livres de la collection "anti-mondes", aux éditions OPTA), ce qui est en soi la première et la meilleure des raisons, c'est surtout qu'après la lecture du fabuleux roman de Jo Walton, Morwenna, j'ai ressenti une folle envie de lire un des romans (voire tous) cités par l'auteure galloise. Et, bizarrement, le premier qui m'est apparu comme devant être lu tout de suite était celui-là. Bon, ce n'était peut-être pas si bizarre... En effet, la principale raison de ce choix était le nombre de pages. Je pensais bien naïvement qu'un livre court (220 pages dans cette version) allait me permettre de le dévorer en quelques heures ! Erreur...



Bon, le principal problème des livres hermétiques, c'est qu'on n'y comprends rien. Oui, je sais, c'est un truisme d'énoncer ainsi une telle évidence... Mais il faut dire que Samuel R. Delany a su placer la barre très haut avec un roman qui reprend le mythe d'Orphée. Dans un futur lointain (aucune précision n'est donnée) où l'être humain a tellement évolué qu'il se retrouve divisé en trois genres : le masculin (les prénoms mâles sont précédés de l'article Lo, comme Lo Lobey pour le personnage principal), le féminin (La) et l'anormal (Le) qui serait, si j'ai bien tout compris, une sorte d'être androgyne. Et dans cette société du futur, l'importance de la génétique est primordiale. A tel point qu'elle semble enseignée à l'école. Lo Lobey/Orphée part donc à la recherche de sa fiancée/Eurydice, et se retrouve aux abords de ce qui est décrit comme les portes de l'enfer. Il s'agit d'une ville où s'ébat toute une faune étrange (faut lire pour comprendre. Ou pas) qui fait bien penser à un décor de western. Et pour vous dire la vérité, je ne suis même pas sûr de savoir si, finalement, il l'a retrouvée...



Sous une couverture hideuse (signe des temps ?), on a donc droit à un livre qui se veut la réécriture d'un mythe antique. Alors âgé de 25 ans, Samuel R. Delany signait là son septième roman. Il fait preuve d'une grande culture en citant Joyce, Genet ou Dylan et se permet quelques envolées lyriques qui laisse, malgré tout, la possibilité au lecteur d'apprécier parfois sa lecture. Malheureusement, le fait de ne rien comprendre à ce qu'on lit dessert le propos de l'auteur. D'autant que ce ne furent pas quelques heures qu'il me fallut passer sur ce L'intersection Einstein, mais bien de nombreux jours. Trop nombreux ? Sûrement. Mais il est clair que je n'ai pas abordé cet auteur de la meilleure des manières.



Au final, ce roman est une oeuvre qui se mérite très certainement, mais pour ma part, je suis passé complètement à côté.
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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Babel 17

Ah les romans de SF des années 70, une imagination débridée qui sort constamment du cadre. A lire Babel-17, on a la furieuse impression que la SF s'est beaucoup assagie depuis.

Mais qu'est ce que Babel-17 puisqu'on en parle. Apparemment ce sont des transmissions dans ce langage, ou ce code, qui sont captées au moment où des actes de sabotage sont commis contre l'alliance terrestre. Babel-17 est-elle un code utilisé par leurs ennemis, les extérieurs? Les militaires ne s'en sortent pas, et font appel à Rydra Wong, poétesse de son état, mais ancien agent du chiffre, pour en percer le sens.

Et voilà Rydra Wong notre héroïne, ultra-intuitive, sans doute télépathe, qui se met en quête d'un équipage et d'un vaisseau pour visiter les lieux qu'elle pense ciblés par Babel-17. Elle est persuadée que c'est une langue, mieux un langage, et elle commence à ressentir les effets de sa fréquentation de cet étrange langage. Je n'en dis pas plus que ce que nous apprennent les premières pages.

Babel-17 est un roman fulgurant, une sorte de trip road hallucinant, mais toujours très structuré et cohérent, sur l'exploration d'un monde futur assez débridé, où les équipages de vaisseaux spatiaux sont guidés par des esprits numérisés synesthésiques, pilotés par des humains modifiés qui tiennent plus de la chimère que de l'humanoïde, et qui ont tous un profond respect pour l'immense poétesse Rydra Wong.

C'est aussi tout du long, un questionnement sur le langage, sans jamais être rébarbatif ni pontifiant, une exploration par l'intérieur des méandres du langage et de comment il nous manipule autant que nous le manipulons. On n'est pas simplement sur la problématique du langage, mais sur la question du moi, de la fusion amoureuse et la singularité.

De fil en aiguille, de Charybde en Scylla, l'étrange enquête de Rydra Wong fait son chemin, un chemin bien tortueux, pavé d'obstacles et de rencontres inattendues, mais le plus inattendu est l'extraordinaire générosité de l'héroïne, qui fait preuve d'empathie, et plus encore de sympathie pour les individus patibulaires qu'elle croise. Rydra est un modèle d'acceptation de l'autre, dans un monde où les êtres "humains" se font une guerre insensée.

Et si tout n'était justement qu'une question de sens? Comme un oignon, ce roman se lit et se relit par couches successives de compréhension. C'est une curiosité constante qui nous mène à découvrir des sens cachés, sous les sens cachés, et finalement à rentrer, à nos risques et périls, dans le secret de Babel-17.

Et voilà, retour à la case départ, et nouveau départ vers l'infini : dernière page bouclée et toutes les couches de l'oignon ont été retirées. Nous sommes au germe. Qu'y trouvons nous? Hum, je ne suis pas sûr que nous y trouverons la même chose car le voyage est le sujet même de cette errance. J'y vois la révélation du malentendu fondamental au sein du psychisme humain qui nous fait prendre l'autre sans nuance comme un allié ou un ennemi, j'y vois ce double paranoïaque au fond de moi qui veut faire la somme de tous les griefs passés et sortir ses griffes. J'y vois le désir inassouvi de toute l'espèce humaine, ah je commence à parler le Babel-17...

Un voyage que je conseille, dans un monde dont on ne peut prétendre tout comprendre, un voyage un peu captif dans le train fantôme, mais avec le plaisir de savourer toutes les attractions imaginées par Samuel Delany.
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Chants de l'espace

Je n'apprécie pas (plutôt plus) le space opera. Je n'ai réussi qu'à survoler ces nouvelles d'un auteur pourtant connu dans le genre.

Je les ai trouvées hermétiques, en particulier Babel 17 qui intéressera mieux les linguistes.

Il faut dire que ces récits datent des années soixante, la grande époque de la SF.
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