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Critiques de Séverine Vidal (1751)
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Le plongeon

Quelle BD délicieuse et émouvante en même temps, empreinte d’une infinie tristesse et d’une joie de vivre communicative !

Yvonne, Madame Lhermitte, a quatre-vingt ans et c’est décidé : elle va quitter sa maison pour l’EHPAD, la maison de retraite comme on disait avant… C’est le début de cette histoire : Le plongeon dont le scénario est signé Séverine Vidal alors que les dessins sont de Victor L. Pinel.

Une tristesse infinie se dégage de ces premiers instants avec la visite de l’agent immobilier et du couple intéressé par l’achat des lieux. Leurs remarques font mal à Yvonne : « De beaux volumes… Mais tout à refaire ! »

Il faut se séparer de Bellouche, sa chienne fidèle, voir vider sa maison et partir avec enfants et petits-enfants pour l’EHPAD, Les Mimosas.

Là, Yvonne ne se sent pas bien, n’aime pas sa chambre mais peu à peu, se lie d’amitié avec quelques résidents dont Paul-François que tout le monde appelle P-F et avec qui elle partage à nouveau l’amour.

Alors, il y a le scrabble, les ateliers, la poterie mais pour Yvonne, ce n’est pas la vie. Elle taquine, fait des siennes, redonne le sourire à ses amis au cours d’une soirée bien arrosée, dans sa chambre. Elle qui s’occupait d’un domaine viticole, près de Libourne, avec Henri, son mari, avait gardé quelques bonnes bouteilles…

Youssef, infirmier attentionné, comprend mieux que quiconque les désirs de liberté d’Yvonne et de ses six amis, même s’il essaie de les retenir lorsqu’ils entreprennent une fameuse fugue qui se terminera par Le plongeon.

Tout est remarquablement dessiné par Victor L. Pinel. Certaines planches sont d’une éloquence impressionnante qui en dit plus long que les plus beaux discours. Victor L. Pinel a bien dessiné vieilles et vieux et n’a pas hésité à les représenter nus lorsqu’il le fallait. Il a osé et c’est bien fait.

Enfin, accompagnant une histoire pleine d’enseignements, sur ce monde clos des EHPAD et des relations avec la famille, les textes de Séverine Vidal sont toujours bien choisis, percutants, terriblement tristes quand il le faut.

L’humour et la joie de vivre les dernières années d’une vie imprègnent cet album qui offre non seulement un bon moment mais une belle occasion de réfléchir au sort que nous réservons aux personnes les plus âgées.


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Le plongeon

Avec le plongeon, j'ai découvert un splendide album tout en sensibilité avec, déjà, une couverture magnifique !

Écrire un livre sur la vieillesse, les personnes âgées en EPHAD , il fallait se lancer. Séverine Vidal a osé et peut être fière du résultat. Il faut dire que Victor L. Pinel a merveilleusement accompagné son récit par des dessins délicats et épurés. Les visages et les corps sont vraiment très expressifs et Yvonne, cette grand-mère octogénaire, est on ne peut plus actuelle et vivante.

L'histoire de cette dernière démarre avec la vente de sa maison avant d'être admise à l'EPHAD « Les mimosas ». Elle pense aux soixante années ou presque, passées dans cette maison avec son mari Henri, décédé depuis peu. « Je n'aurai plus rien ici, aucune fête, aucune chute, plus aucune nuit d'amour. Je n'ouvrirai plus les volets sur le matin frais. Je ne m'assiérai plus, un verre à la main pour contempler le soleil se coucher. Je pars. »

Mais ne nous laissons pas aller à la mélancolie car Yvonne a encore des ressources et de l'énergie ! Preuve en est lorsqu'elle intervient dans une partie de scrabble ou encore lors de sa création personnelle à l'atelier poterie. Quant à son dernier pied de nez à la monotonie de cette vie en EPHAD, un véritable soleil, on peut le considérer comme un dernier plongeon dans l'eau fraîche, mais je vous laisse le soin de le découvrir.

Néanmoins, les coups de « moins bien » sont également bien présents quand, par exemple, une visite attendue avec tout le soin apporté à se préparer, à se faire belle, se désiste au dernier moment. Plus grave, ces instants où maintenant, Yvonne s'éclipse, c'est à dire perd le fil de la réalité et qui lui font peur.

Heureusement, tout n'est pas perdu et l'amour peut être encore possible, grâce à la connivence et à la complicité de cet infirmier si compréhensif et si humain !

C'est une BD de toute beauté que j'ai eu le privilège de découvrir grâce aux Éditions Grand Angle et à Babelio. C'est une BD où le scénario et le dessin sont particulièrement complémentaires. Les expressions du visage d'Yvonne doivent correspondre à chaque sentiment exprimé dans l'action et ils sont nombreux. La mélancolie, la tristesse, la colère, l'étonnement, la moquerie, l'amour, la joie de même que la douceur ou la dureté doivent être rendus dans les dessins et Victor L. Pinel les a restitués à merveille. Quant aux couleurs, le bleu de la couverture, couleur de l'eau, plus pastel, à l'intérieur, il colle bien avec les émotions d'Yvonne.

J'ai lu et même relu une deuxième fois le plongeon, tant j'ai été séduite et émue à sa lecture. J'ai pu avoir les larmes aux yeux, quelques fois, mais j'ai aussi jubilé avec Yvonne à ses facéties, et j'ai avant tout apprécié la poésie qui règne tout au long de cet album.


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George Sand : Fille du siècle

J’ai une vraie tendresse pour George Sand dont j’ai dévoré les romans à l’adolescence. J’ai aussi visité sa maison de Nohant et son jardin. On y retrouve l’esprit de la grande écrivaine et on imagine les diners (La table est mise) et les spectacles donnés dans le petit théâtre.

C’est donc avec gourmandise que je me suis immergée dans ce roman graphique dense (plus de 300 pages)



Connue surtout pour ses romans « La mare au diable » et « La petite Fadette », George Sand née Aurore Dupin est bien davantage qu’une romancière de terroir. Militante socialiste et féministe, elle a très vite suivi son instinct et vécu très librement.

Après le désastre de son mariage, elle décide d’écrire pour gagner sa vie.

Les autrices, Séverine Vidal et Kim Consigny, ont fait un travail remarquable de documentation. Si la plupart des œuvres de George Sand sont connues, le lecteur ne connait pas toujours les péripéties de sa vie. Dans une époque où la femme devait se soumettre à l’homme, père ou mari, Aurore Dupin décide de passer outre. Les femmes commencent à s’affirmer dans une société qui bouge (il y aura les révolutions de 1830 et 1848). Elle choisit un nom de plume masculin pour mieux percer dans un milieu littéraire très masculin. La frondeuse George va aussi s’habiller comme un homme, ce qui était prohibé à l’époque. Outre des nouvelles et des romans, elle va écrire de nombreuses pièces de théâtre dans lesquelles joueront ses amis.

Les autrices se sont aussi penchées sur sa vie de famille et ses relations avec ses enfants, tendres avec son fils Maurice et orageuses avec sa fille Solange.

C’est aussi la grande amoureuse qui est contée, et ses amants célèbres comme Frédéric Chopin et Alfred de Musset. Mais la liste est beaucoup plus longue.

On ne peut qu’aimer cette personnalité au caractère bien trempé mais également amoureuse, humaine et sensible à la cause des femmes et du peuple. Elle laisse une œuvre littéraire considérable.



Le dessin en noir et blanc est léger et précis, laissant une grande place aux extraits de lettres. Néanmoins, j’aurais aimé un peu de couleur, surtout lorsqu’il s’agit de Nohant et de son jardin.

J’ai trouvé cette lecture passionnante et didactique sans être pesante



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Le plongeon

Il y a 30 jours déjà je recevais Le plongeon dans ma boîte aux lettres. Le temps passe si vite, ce n’est pas ma grand-mère qui aura bientôt 83 ans qui dira le contraire. Le temps passe vite, la vie défile jusqu’à ce que peu à peu la vieillesse fasse son effet, que vivre seul devienne trop compliqué.



Quitter sa maison où on a vécu une bonne partie de sa vie, son foyer, se voir peu à peu décliner ne doit pas être évident. Que cela soit pour intégrer un EHPAD comme c’est le cas d’Yvonne dans cette BD où allez vivre chez l’un de ses enfants les choses ne sont pas évidentes. C’est un changement de vie, de rythme, d’habitude, une perte d’indépendance. Cependant malgré cela la vie continue avec ses joies et ses peines. La vieillesse est là en effet mais il y a aussi l’envie de vivre encore de nouvelle expérience, de se faire des amies, de rire, d’être aimé et d’aimer.



J’ai trouvé cette BD vraiment très touchante, j’ai été triste lors de cette lecture mais où j’ai aussi de nombreuses fois souris. Je l’ai relu le lendemain avec ma grand-mère dont la santé ces dernières semaines se détériore de plus en plus de façon inquiétante. Un moment de lecture et d’échange singulier ou ont été abordé des souvenirs passés joyeux et tristes, le présent et l’avenir. Je sais que je vais conserver cette BD toute ma vie, j’ignore cependant si je la relirai un jour attachant désormais à cette lecture l’un de ses rares moments un peu hors du temps que l’on peut avoir en compagnie de nos proches.



Merci à Babelio et à Bamboo Edition pour l’envoi de cette BD.
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Le Seul endroit

Je vais rester un moment au carrefour parce que le croisement est le seul endroit qui existe. A travers cette citation qui donne le titre à cette BD, la thématique est celle de la transidentité.



Bon, pour résumer, il existe actuellement 3 genres humains :

Les filles d'un côté et les garçons de l'autre. C'est l'analyse classique et binaire de la société.

Il y a les femmes qui veulent devenir des hommes et les hommes qui deviennent des femmes. On appelle cela le transgenre. C'est désormais permis dans nos sociétés démocratiques. Une personne assignée homme ou femme à la naissance peut se faire opérer pour ressembler au genre auquel elle se sent appartenir.

Et puis, il y a la catégorie abordée dans cette BD et que je ne connaissais pas du tout à savoir les transgenre non-binaire c'est à dire ceux qui ne se sentent ni complètement garçon, ni complètement fille et qui sont les deux ou aucun des deux. On vit quand même dans une époque formidable où tout est permit selon ce que l'on ressent ! Il faut savoir que la non binarité est une identité de genre de plus en plus reconnue.

A noter que l'on exclut les extraterrestres qui ne sont pas du genre humain.



Même si la non binarité n'affecte en rien les autres, elle poste certaines questions. Elle peut même choquer certaines personnes. Dès lors, s'affirmer comme non-binaire peut-être assez compliqué. Certaines personnes peuvent avoir du mal à s'accepter, se sentir à l'écart ou être victimes de discrimination.



Les auteurs ont réussi l'exploit de traiter ce thème pas évident sur l'identité sexuelle avec une certaine délicatesse. La douceur du trait vient également apporter une touche de fraîcheur à cette BD résolument positive pour faire évoluer les mentalités.



Je n'ai pas trop aimé la fin qui fait dans la surenchère gratuite alors qu'il n'y avait pas forcément besoin de cela pour légitimer le propos. Il est vrai que cela gâche un peu la portée alors que le rythme prenait son temps. On voit que c'est un peu expédié.



Pour autant, je retiendrais le traitement plutôt réussi de ce thème qui fait dans l'originalité d'une certaine approche psychologique.
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La maison de la plage

Juju, trentenaire parisienne enceinte de plus de 7 mois, et sa cousine Coline sont les premières à débarquer à la maison. Et c'est non sans un certain pincement au cœur qu'elles effectuent les premiers gestes : ouvrir les volets, aérer les chambres, mettre le courant. Car c'est le premier été que Juju passera seule, sans Thomas, qui s'est tué dans un accident de voiture, quelques mois auparavant. Et ce sera aussi peut-être le dernier été que toute la famille va se réunir dans cette maison familiale qui appartient à leur grand-mère, aujourd'hui décédée. En effet, des trois garçons, seul oncle Albert, ayant besoin d'argent, veut la vendre. Richard et Jean-Loup, les papas de Coline et Juju, ainsi que leurs épouses, n'y sont pas favorables. Les Trémières représentent pour eux tous une partie de leur enfance peuplée de merveilleux souvenirs. Les retrouvailles dans cette maison s'annoncent particulières...



Voilà une chronique douce-amère, pleine de charme et teintée d'un brin de nostalgie. Juju, qui vient de perdre son grand amour, Thomas, va devoir affronter, coûte que coûte pour le bien de sa fille à naître, sa nouvelle vie. Attristée par cette disparition, elle devra en plus laisser derrière elle la maison familiale qui regorge de souvenirs. Et de secrets, notamment ce pan de tapisserie jaune resté tel quel avec ses montgolfières depuis 1958. En quatre temps, de 1959 à 2018 en passant par 1968, Séverine Vidal nous fait voyager du présent au passé, la maison des Trémières avec pour seul point d'ancrage. L'on découvre ainsi l'enfance des trois frères, l'on fait connaissance avec les anciens propriétaires. Empreint de nostalgie et d'air iodé, cet album est particulièrement touchant. Le dessin et les couleurs de Víctor L. Pinel sont très réussis. Un trait semi-réaliste, des jeux d'ombre et de lumière, des couleurs tantôt estivales tantôt passéistes.

Un album tendre sur les souvenirs et les liens familiaux...
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Le plongeon

PLOUF ! Plongez !... au pays de "la vieillerie" et pourquoi cela devrait rimer forcement avec maladie, nostalgie et fin de vie et compagnie? .....Séverine Vidal nous entraîne avec délicatesse et subtilité vers cet univers où son héroïne a encore toute sa tête et de l'énergie à revendre et à faire partager !! Elle doit rejoindre un EPAD après avoir vendu sa maison et doit se séparer à contre coeur de son chien...

Vaste sujet de société ..à but lucratif pour certains et casse tête chinois pour d'autres..."pourquoi parquer nos anciens? les faire sombrer irrémédiablement vers la solitude....

...Nos sociétés où nous n'avons plus l'habitude de voir et de côtoyer des morts ; où la mort est camouflée (les corbillards ont changé de couleur...) ...entre faux-semblants des familles et l'entourage, dans un monde où la dignité humaine est plus que transparente.. que de bravoure et de dévouement pour ces équipes médicales qui n'ont de cesse que de faire du mieux possible, entre carcans médicamenteux et animations obligatoires..." S'amuser, c'est tromper la mort" disait PASCAL, et justement il n'y a pas d'âge pour la gaieté, quelques petits plaisirs et des balades !..cela n'a jamais fait de mal à personne, c'est ce que compte bien faire cette" mamie" !

Séverine VIDAL traite le sujet sans tabou, avec subtilité et intelligence, cette histoire nous renvoie à nos propres questionnements pour appréhender une étape finale qui pour tous et toutes restera toujours difficile à prédire et à anticiper avec sérénité...



Et je ne peux que penser à cette réflexion de Monsieur Pierre RABHI :

" Quand je me suis amusé à refaire l'itinéraire de l'être humain dans la modernité, je me suis aperçu que notre monde avait des allures carcérales. de la maternelle à l'université, on est enfermé (on appelle cela le « bahut » d'ailleurs), ensuite on est dans des casernes, puis tout le monde travaille et vit dans des « boîtes » plus ou moins petites ; pour s'amuser, on va en boîte et on y va dans sa « caisse » ; « enfin, on rentre dans une boîte à vieux et on retrouve la dernière boîte que je vous laisse deviner !"





Sortons un peu des boîtes ! essayons de penser autrement...

































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Des astres

Élevée par sa mère, les origines du père variant inlassablement selon ses dires, Pénélope entretient, depuis des années, une relation compliquée avec elle. Cette dernière n'a eu de cesse de la rabaisser, de s'en moquer, de la dénigrer parfois, tout en l'étouffant d'une protection malsaine. Pourtant Pénélope a tout fait pour que celle-ci l'aime. Encore aujourd'hui, elle ne manque pas d'attention à son égard, lui offre des cadeaux et vient lui rendre visite tous les mercredis. Mais c'est à croire qu'Irène n'a jamais su être une vraie mère. Cette relation toxique a eu un impact très important le jour où Pénélope a dû fait un choix crucial...

Romane est une adolescente épanouie et heureuse au sein de sa famille adoptive. Si ses parents ne lui ont rien caché quant à ses origines et même si la jeune fille les considère comme ses véritables parents, elle a tout de même envoyé, il y a déjà 2 ans de cela, un courrier au Centre National d'accès aux origines personnelles. Ce n'est qu'aujourd'hui que lui parvient une réponse favorable à sa demande. Sa mère biologique veut bien être mise en contact avec elle...



Ce sont trois générations de femmes aux relations bien complexes qu'aborde Séverine Vidal au sein de ce roman. D'un côté, Pénélope et sa mère. Entre elles, une relation malsaine que la jeune femme peine à panser. De l'autre, Romane qui, bien qu'entourée de ses parents adoptifs, n'aura eu de cesse de rêver sa mère biologique. Ces deux personnages féminins vont, l'on s'en doute, finir par se croiser. Comment se construire lorsqu'on entretient une relation toxique avec sa mère ? Ou, au contraire, lorsque l'on ne sait rien de ses origines ? Ce sont ces questions auxquelles tente de répondre Séverine Vidal avec ce roman qui dépeint parfaitement les relations mère/fille et la parentalité. Outre cela, elle aborde également les violences conjugales. Des thèmes bien amenés et des personnages justes. Dommage que la fin gâche un peu le plaisir de lecture qui s'avère tout de même émouvante...
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Le plongeon

Des décennies qu'Yvonne Lhermitte habite la même maison. Elle y a vécu de nombreux moments inoubliables, fêté de nombreux anniversaires. Mais aujourd'hui, maintenant que son mari, Henri, n'est plus là depuis quelques mois, elle ne sent plus capable de rester là, seule, sachant que plus rien ne l'attend. À 80 ans, elle décide alors de vendre sa maison et de s'installer dans un EHPAD. C'est, évidemment, le cœur serré et les larmes aux yeux qu'elle referme, pour la dernière fois, la porte de sa maison. Accompagnée de ses enfants et petits-enfants, elle part s'installer aux Mimosas, où la directrice l'accueille et lui fait découvrir son nouveau lieu de résidence mais aussi ses futurs compagnons. D'emblée, rien ne lui plaît ici, ni la directrice trop bavarde, ni sa chambre monacale. Mais, Yvonne n'a d'autre choix que de s'adapter si elle veut continuer à vivre, tout simplement...



Quel bouleversement pour Yvonne de quitter toute la vie qu'elle s'est construite dans sa maison, son mari à ses côtés depuis tant d'années. Mais maintenant qu'elle est seule, qu'aucun rire ne résonnera, qu'aucune larme ne sera versée, qu'aucune fête ne sera célébrée, elle sait que l'EHPAD est la seule solution. Et c'est aux Mimosas que sa vie va continuer, et certainement se finir. En compagnie, notamment de PF, de Thérèse ou encore d'Angelina Jolie, elle va vivre des moments inoubliables... avant le plongeon ! Séverine Vidal nous offre un album touchant et intimiste au cœur duquel elle dépeint les bouleversements que doit affronter et surmonter Yvonne maintenant qu'elle est seule. De par sa fougue, son humour, son entrain, Yvonne est un personnage vraiment attachant et permet d'avoir un autre regard sur les personnes du 3ième, voire 4ième âge, mais aussi sur les EHPAD. L'auteure dépeint aussi bien les relations entre les résidents, les moments collectifs comme les ateliers ou les repas, les moments de solitude mais aussi, inévitablement, les moments de déchéance. De par les témoignages récoltés et les échanges, cet album fait montre d'une profonde sincérité et d'une tendre humanité. Graphiquement, le trait réaliste tout en finesse et les couleurs douces de Víctor L. Pinel apportent eux aussi tendresse et bienveillance.

Un album émouvant...
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George Sand : Fille du siècle

Pour la petite histoire, pour commencer, sur la route d'Orléans, de grands panneaux évoquant Nohant et George Sand attirent l'oeil de la vacancière que je suis quand je passe par là.

Le but de mon voyage étant fixé, je n'ai pas dérogé à ma route cette année là.

Mais, l'année d'après, sûre de rien au départ, mon caractère primesautier a pris le dessus dès que j'ai vu ce fameux panneau tentateur et j'ai décidé de façon impulsive de faire le détour.

Sillonnant les routes du Berry, traversant des bois à la lisière desquels j'ai aperçu un cerf ou un chevreuil (bon, je l'ai vu au dernier moment hein, et je ne me souviens plus s'il avait une parure boisé ou pas), j'étais déjà sous le charme de la région !

Arrivée à Nohant, je tombais amoureuse de ce petit village aux couleurs ocres qui abrite le château de George Sand.



Intégrée dans la visite du domaine de la romancière, je suivis une guide passionnée et passionnante, comme c'est toujours le cas chez les guides je pense, qui nous fit le portrait très intéressant d'une femme libre... je vous vois venir, vous allez penser que c'est là que je vais glisser "primesautière" * et bien non, je le garde pour plus tard...



Car, il y a un après.



Voyant que cette escapade en terre berrichonne m'avait bien plu, le Père Noël, qui, comme chacun sait, sait tout, m'apporta sous le sapin, cette année là le passionnant roman graphique de Séverine Vidal illustré par Kim Consigny. Roman dont je vais vous parler car on n'est pas là pour raconter ses vacances non plus ;)



Le roman commence par l'arrivée en calèche à Nohant d'Aurore avec ses parents Sophie et Maurice et son petit frère, très malade.

La vie commence durement pour la petite Aurore Dupin, baronne Dudevant, qui prendra le nom de plume de George Sand. Elle perd son frère encore bébé et son père brutalement peu après. Elevée à Nohant par une grand-mère aimante mais sévère "Je trouvais ma grand-mère plus sévère et plus effrayante dans sa douceur que ma mère dans ses emportements."

Issue de l'aristocratie par son père et fille du peuple du côté de sa mère, fille d'un oiseleur, l'enfance d'Aurore est rendue difficile par sa grand-mère très possessive et qui voit en elle le fils qu'elle a perdu. La grand-mère pense que sa belle-fille Sophie est incapable d'élever sa fille et l'éloigne d'elle Elle propose une éducation "convenable" que sa mère n'est pas en capacité de lui offrir. Sophie repart à Paris, Aurore prendra cela comme un abandon.



Dans cette BD très dense, 334 pages la composent, illustrée de petites vignettes, avec beaucoup de texte, c'est toute la biographie de George Sand qui nous est présentée.

Certes, c'est foisonnant, peut-être un peu trop parfois, mais la vie de George Sand est si riche et si remplie qu'il aurait été dommage de la résumer.

Séverine Vidal a dû faire un gros travail de recherches pour nous donner autant de détails de l'enfance d'Aurore jusqu'à sa mort.

Quant aux illustrations, j'ai tout à fait reconnu tout ce que j 'avais vu lors de ma visite, tout est retranscrit par le dessin. Chaque pièce, chaque coin du jardin sont représentés. Kim Consigny a fait un fidèle portrait du château, je suis admirative !



Petite fille résiliente, Aurore s'est forgée une personnalité hors du commun. Très jeune, elle écrit, des lettres surtout à sa mère et elle dessine. Elle observe la nature, sa passion pour les plantes et son jardin l'influencera toute sa vie. Elle se consacre aussi à tout ce qui est artistique, peinture, musique... Et surtout, elle est dotée d'une imagination qui va la sauver des drames de son enfance et de l'éloignement de sa mère.



Plus tard, mariée à Casimir Dudevant, elle deviendra baronne. Casimir est un goujat et à l'époque où les femmes étaient la propriété de leur mari, elle se sépare de lui. Cette séparation marque le début de son émancipation et de son épanouissement. Elle obtient la garde de ses enfants, Maurice et Solange, elle gère Nohant , elle écrit beaucoup et elle vit de sa plume. Elle s'assume totalement, cette indépendance lui vaut beaucoup d'amis mais aussi pas mal de critiques.



Le roman graphique est jalonné d'extraits de ses écrits et de ses lettres dont s'est inspirée Séverine Vidal.



George Sand est connue pour sa vie amoureuse, ses passions. Ses amis et ses amants ont influencé son écriture autant que sa vie.

A Nohant ou à Palaiseau, elle reçoit Liszt,Chopin, Marie d'Agout, Balzac, Flaubert, Delacroix,Chapu. Elle a beaucoup correspondu avec Victor Hugo.

Ce que l'on sait moins, c'est sa passion pour les sciences naturelles. Elle s'entoure de grands scientifiques, médecins, botanistes, géologistes...



Amoureuse de la nature, elle défend la forêt de Fontainebleau, elle écrit  "Tout le monde a le droit à la beauté et à la poésie de nos forêts, de celle-là particulièrement, qui est une des plus belles chose au monde." Mais cette forêt est menacée de destruction pour la remplacer par des pins plus rentables. Dans un manifeste écologique elle écrit "Si on n'y prend garde, l'arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement, sans cataclysme nécessaire, par la faute de l'homme."

Pour la romancière, "les arbres, beaux et majestueux jusque dans leur décrépitude, appartiennent à nos descendants comme ils ont appartenu à nos ancêtres."

A 72 ans, en 1876, George Sand s'éteint en prononçant "Verdure...laissez verdure..." demandant ainsi qu'on laisse la nature reprendre ses droits sur sa tombe.

Je crois que c'est ce qui m'a le plus émue dans l'histoire de cette femme incroyable, cet amour de la nature, déjà elle se préoccupait d'écologie.



C'est avec passion aussi qu'elle a lutté pour ses droits et pour les droits des femmes alors que l'époque ne leur reconnaissait aucun droit civique.

Elle s'est battue pour le peuple. Elle se réjouit de la chute du roi Louis Philippe et de la fin de la monarchie de juillet en 1948 et affiche son engagement politique socialiste. Elle participe aux nouveaux journaux républicains.



Engagée politiquement et socialement, George Sand est une femme à la fois touchante et libre, primesautière, battante, se moquant du qu'en-dira-t-on, en total décalage avec le 19ème siècle, cela en fait une femme étonnante qui casse les codes de l'époque.



Elle nous laisse de nombreux romans, des critiques littéraires, des textes politiques, des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre, des correspondances avec ses amis dont une avec Flaubert à qui je laisse le dernier mot. Phrase en réponse à une remarque de George Sand :

" Je ne suis pas du tout surpris que vous ne compreniez rien à mes angoisses littéraires ! Je n'y comprends rien moi-même. Mais elles existent pourtant et violentes. Je ne sais plus comment il faut s'y prendre pour écrire, et j'arrive à exprimer la centième partie de mes idées, après des tâtonnements infinis. Pas primesautier, votre ami, non ! pas du tout !"



* Pour les non prévenus, voir le compte d'Anna alias Annacan dans la rubrique Anonyme ;)



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Le goût du temps dans la bouche

Le secret qui alimente les pages de ce roman aura traversé un siècle, bien à l’abri au fond d’une grotte, semant pourtant le trouble au gré d’incohérences dans l’histoire familiale, que les plus sagaces et peut-être les plus sensibles des descendants auront ressenti. Mais quand le récit commence, Nicolas a trouvé refuge en Suède, fuyant une situation dramatique. C’est avec la reconstitution progressive, dispersée dans le temps que l’on apprendra peu à peu ce qui l’a conduit à cet exil nordique.

Dès le départ le lecteur sait qu’un cadavre git, non dans un placard mais au fond d’un bois, et que ses derniers moments auront été tragiques .



Il faut donc avec patience rassembler les pièces du puzzle, reconstituer cette histoire, à la fois fondatrice et destructrice, qui continue des dizaines d’années plus tard à enrayer les liens familiaux.



Séverine Vidal possède incontestablement l’art de créer le mystère et et de stimuler l’appétence du lecteur pour sa résolution. Les personnages sont suffisamment communs pour être crédibles et sympathiques, animés par leurs défauts dans la cuirasse qui en font des êtres ordinaires, miroirs de nos destinées.

Pas de leçon de morale, les faits sont là, et chacun en tirera les leçons qu’il voudra.



Premier roman réussi et prometteur.



336 pages Robert Laffont 6 janvier 2022
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Quelqu'un qu'on aime

Aujourd'hui, lorsque qu'elle regarde Amber, sa fille de 18 mois, Dixie ne regrette pas son choix d'avoir gardé l'enfant malgré les réflexions qu'on a pu lui faire. Aller à la fac et élever seule sa fille n'est pas de tout repos mais elle s'en sort. Bien qu'elle se soit séparé fâchée d'avec Matt, elle décide aujourd'hui de lui annoncer qu'il est papa. Une nouvelle qui bien que surprenante le ravit et il compte bien aider Dixie dorénavant. Même si le moment n'est pas des plus propices. En effet, avec Gary, son grand-père atteint d'Alzheimer, il a préparé un voyage, pendant deux mois, à travers les États-Unis, plus exactement refaire la tournée de Pat Boone de 1958 pour lui remémorer ses souvenirs. Et puisqu'il est temps d'assumer sa paternité et libérer Dixie qui doit bosser dur, Gary propose d'emmener la petite avec eux. Mais voilà qu'arrivés à l'aéroport de San Antonio, une méchante tempête bloque tous les vols. Direction alors le guichet des locations de voitures mais il ne reste qu'un seul mini-van à huit places. Tout près d'eux, Antonia, qui doit se rendre à Austin pour un entretien d'embauche, et Luke, qui a fugué et veut fuir la vie qu'on lui impose depuis plus de deux ans, proposent de faire le voyage avec eux...



À bord de ce mini-van, Matt, tout jeune papa, Gary, dont la vie commence gentiment à lui échapper, Luke, un adolescent un peu paumé qui ne supporte plus sa nouvelle vie, Antonia, jeune trentenaire qui veut commencer une nouvelle vie à Austin, et enfin, Amber qui se découvre une nouvelle famille. Ces cinq-là, réunis parfois par le hasard, vont vivre un road-trip, du Texas en Californie, inoubliable (même pour Gary qui va, pour cela, noter sur un petit carnet ses moments forts). Au fil de leur étape, chacun va en apprendre un peu plus sur l'autre mais également sur lui-même et sur le sens qu'il veut donner à sa vie. Tout à la fois drôle et émouvant, léger et grave, empli de bons sentiments qui font du bien, ce roman, habité par des personnages inoubliables et très touchants, est une véritable bouffée d'oxygène. La plume de Séverine Vidal, fraîche et vivante, nous invite aussitôt à embarquer à bord de ce mini-van.

Très belle surprise que ce roman jeunesse !
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Le plongeon

Fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Val de Sully. section Bande dessinée.



Yvonne a 80 ans et elle a décidé de partir à l’EHPAD. Elle se sépare de sa chienne et vend sa maison. (Dit comme ça, ça a l’air facile)

Résignée, elle quitte le lieu où elle a connu tous ses bonheurs.

A la résidence, elle fait connaissance avec quelques joyeux drilles dont P.F.

Elle essaie de s’installer mais le moral ne suit pas. Peu à peu, elle plonge…

Ses nouveaux amis vont-ils lui permettre de surmonter l’épreuve ?…



Une bande dessinée toute en nuances et pourtant pleine de duretés.

L’auteure nous montre la vie en EHPAD sous tous ses côtés.

Elle y aborde

- la difficulté à s’intégrer dans un milieu où se côtoie des personnes en grande détresse et des personnes qui, malgré tout, montre encore beaucoup de vitalité et de joie de vivre.

- Les relations intimes entre personnes âgées.

- Les difficultés internes de l’établissement

- Rend hommage à la disponibilité du personnel par le personnage de Youssef, infirmier.



Même si c’est Yvonne l’héroïne tous les personnages sont très attachants. Et malgré des situations bien difficiles, j’ai eu quelques éclats de rire.

Les dessins, très beaux, montrent bien les états d’âme des personnages.



Une bande dessinée pleine d’émotions et de vérité sur cette tranche de vie que je vous recommande.
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Le goût du temps dans la bouche

Brunnby, Suède, hiver 2012. Voilà deux ans que Nico a quitté, ou plutôt fui, la France, sa famille et ses amis. Deux ans qu'il n'a donné ni pris de nouvelles de personne. Et il lui aura fallu deux ans pour, enfin, faire taire ces cris et effacer ces images qui le hantent. Il se sent, aujourd'hui, un peu comme chez lui... Et s'il reçoit bien des nouvelles de sa grand-tante, Suzanne, il ne répond pas à ses lettres...

Saint-Palais-sur-Mer, juillet 1954. La maison familiale, Les Diables Rouges, s'anime cet été encore avec la venue de toute la petite famille venue. André et sa femme, Adrienne, son fils, Luc, ses deux sœurs, Suzanne et Simone, ainsi que sa mère, Prudence. Son père, Jean, étant décédé deux ans auparavant, il a été convenu que tout le monde allait donner un petit coup de main pour trier ici et là quelques affaires. Des moments qui plongeront la famille, pour certains dans les souvenirs, pour d'autres, dans le silence et les secrets...



Séverine Vidal nous plonge au cœur d'une saga familiale qui s'étend sur quatre générations, de Jean, tout juste décédé, à son arrière petit-fils, Nico. De 1954 à nos jours, l'on suit ainsi, à travers de longs chapitres-clés le destin de cette famille, auxquels s'intercalent une voix mystérieuse, celle d'un homme dont quelqu'un a caché le corps dans une grotte. Avec tendresse et humanité, l'auteure dépeint les émois, les sentiments, les secrets de quelques membres, notamment les raisons de l'exil de Nico, le silence de Prudence à la vue d'une vieille photo, les réponses que cherche à obtenir André, l'homosexualité cachée de Suzanne, les cent ans de celle-ci qui tient à réunir tout le monde... À la façon d'un puzzle, elle reconstitue peu à peu ce tableau familial, piochant ici et là quelques pièces du passé afin qu'éclate la vérité, aussi tragique ou énigmatique soit-elle. Un roman touchant, aux personnages émouvants, empreint de secrets et de non-dits...



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Le plongeon

À bientôt 81 ans, Yvonne vient de vendre sa maison pour s'installer dans un ehpad. Elle laisse derrière elle toute sa vie de femme indépendante, tous ses souvenirs. L'adaptation dans sa nouvelle vie n'est pas simple. En plus de toutes ses habitudes à changer, elle doit également apprendre à vivre avec de nouvelles règles de vie, composer avec ses voisins. Certains n'ont pas toute leur tête, d'autres ont un corps qui ne suit plus. Consciente que l'ehpad sera sa dernière destination, dans l'attente des prochaines visites de sa famille, et notamment de son petit Tom, Yvonne refuse de perdre face à cette vieillesse pourtant inéluctable. Ne respectant pas toujours le règlement, elle veut encore connaître les petits bonheurs de la vie quotidienne.



Dans cette bande dessinée, on nous parle bien évidemment de la vieillesse, des dérèglements du corps et de la tête. Mais ce n'est pas que ça, c'est d'abord profondément humain puisqu'il y est surtout question de complicité et de tendresse, mais aussi de difficultés d'adaptation face à un grand changement de vie, d'acceptation de soi, d'écoute, de présence et de solidarité.



C'est un livre qui nous permet de ne pas oublier que chaque personne âgée est une personne à part entière, avec un passé bien rempli, des doutes et des peurs, avec sa sensibilité propre, ses envies et ses besoins. Il n'est pourtant en rien apitoyant. Au contraire même, ce livre est aussi attendrissant qu'il déborde d'humour.



Grâce aux graphismes élégants, sans fioritures, aux traits pas toujours francs, parfois hésitants, l'imperfection des visages et des corps, ainsi que leurs expressions et postures, sont remarquablement bien dépeints. Les personnages paraissent dans toute leur beauté, intérieure autant qu'extérieure. Nous sont présentés des visages et des corps sur lesquels le temps est passé. Et pourtant, ils sont beaux, touchants.



"Le plongeon" est une très belle bande dessinée, à la fois pleine de pudeur, de douceur et d'humour. C'est une histoire toute simple, avec un léger grain de folie tout de même, pétillante de vie malgré les thèmes évoqués, avec des personnages attendrissants qu'on a tous envie de serrer dans nos bras au fil des pages.



J'y relève tout de même un léger décalage (ou peut-être pas si léger d'ailleurs) entre le fonctionnement d'un ehpad dans la vie réelle et celui de cet ouvrage (grande disponibilité du personnel en sous-effectif ou encore résidents très autonomes par exemple), dont je ne tiens pas rigueur, l'accent étant mis (volontairement je pense) sur les ressentis de chacun des protagonistes, leurs manières d'accepter l'inéluctable, leurs relations aux autres.



Un joli et tendre moment de lecture, drôle aussi, empli de belles émotions, tout en sensibilité et humanité.

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Le plongeon

Une nouvelle BD ou roman graphique. A vrai dire, je ne connais pas très bien les critères de chacune de ces catégories...

Mon retour est plus mitigé, que celui sur celles du printemps (La bibliomule..., Jours de sable et Ne m'oublie pas).



Pourtant le thème me parlait et j'ai beaucoup aimé le début, ces quelques pages qui nous montre les derniers jours d'Yvonne dans sa maison, avec son chien. J'ai bien ressenti son déchirement à quitter sa maison, à laquelle tant de souvenirs la relient, sa tristesse à se séparer de son chien, même si je n'ai pas aimé la solution choisie, l'ambivalence de ses sentiments à l'égard du jeune couple qui prend possession de la maison et envisage de tout y changer.



J'ai beaucoup moins aimé la suite, la vie en Ehpad. Je ne l'ai pas trouvée très conforme à ce que l'on entend et aux problèmes de ce secteur. Peut-être est-ce ma vision qui est faussée, j'avoue que mon expérience personnelle de ces établissements s'est arrêtée à la mort de ma grand-mère il y a quelques années, et je me félicite que les autres personnes âgées de ma famille n'aient pas eu le besoin d'y aller.

Ce qui m'a paru peu crédible par exemple :

la disponibilité importante du personnel

l'age moyen et la bonne santé des pensionnaires

le fait que les réunions dans les chambres soient interdites



En dehors de cela, j'ai apprécié de continuer à ressentir les sentiments d'Yvonne, sa difficulté à s'adapter à cette vie réglée et en communauté, à perdre son indépendance, sa tristesse à voir son futur se réduire. J'ai aimé qu'elle fasse une rencontre importante pour elle, et qui montre que tout n'est pas fini.



A mon avis un album plus représentatif des sentiments éprouvés par les pensionnaires, et en cela appréciable, que des conditions réelles de vie en Ehpad, Mais je peux me tromper et les critiques très positives sont nombreuses.
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Le plongeon

Une couverture intrigante et attractive. Et c’est le grand plongeon pour Yvonne qui part pour l’EHPAD, malgré un jeu de jambes encore très honorable. Une case du jeu de l’oie qu’on ferait tout pour éviter, quitte à faire quadruple ventouse comme bernique sur rocher.





EHPAD, 5 lettres qui font frémir, exploser le tensiomètre, avec des flashs de couverture marron-moche tirée à 4 épingles et de fenêtres calfeutrées ( pur cauchemar pour ceux qui dorment la fenêtre ouverte toute l’année !).





Et pourtant, demandez aux éléphants, chez eux c’est bien la matriarche qui régente sa troupe au petit trot et à coups de trompe bien sentis. Forcément, elle connaît tous les coins à champignons depuis le temps. Et les baleines, pareil, les vieux sont intarissables dans le répertoire chants de marins, c’est eux qui mettent l’ambiance. Sous d’autres cieux plus étoilés, l’arbre à palabres connaît également une prédilection notoire pour les cuirs tannés.

Mais non, chez nous, l’iPAD n’aime pas la tremblote, direction l’EHPAD , allez ça dégage.



Établissement (in)Hospitalier Pour Adultes Décatis, les affinités et inimitiés y font leurs choux gras comme partout ailleurs mais y sont amplifiés par la cohabitation forcée, l’étrécissement des lieux et des interlocuteurs. La Bd de Séverine Vidal et Victor Pinel le montre bien , adouci par le coup de foudre d’Yvonne pour Paul, ça s’est vu et j’y ai cru.



On admire les animateurs qui soufflent sur la petite braise pour dérider quelques boyaux et faire grésiller les neurones désœuvrés. On se fige par contre devant les détestables infantilisations qui rabotent uniformément puits de culture, crêtes rebelles, absences en tous genres. Et pilonnent toute une vie à la mèche à béton de 8, avec la nonchalance écœurante d’une jeunesse condescendante.



Un dessin qui met le paquet sur les expressions des visages, autant dire qu’on en profite par les temps qui courent.



En écho à la couverture, il m’a quand même manqué quelques tunnels de rêverie antique, des plongées dans l’imaginaire d’Yvonne, des échappées de peloton sous le soleil des enfances disparues, des chiens bondissants, toujours là, bien sûr, sous les paupières. Un peu plus d‘imaginaire pour échapper au rase motte de la charentaise.



Et puis cette pensée persistante à chaque page, une envie irrésistible de mort esquimau, laissez nous crever sur la glace quand on sera trop vieux pour mâcher la peau de phoque ; avec la pensée magique que le vieux morse va se réincarner tout prochainement dans un dodu bébé aux yeux plissés et se riant de la glace, les fesses au frais à tout jamais.



Merci à Babelio et aux éditions Grand Angle pour cette bd sur un thème qui mérite d’être sorti des abysses et discuté avec plus d’empressement sur la place publique.



Car comment se contenter de la formule actuelle de ces ghettos pour vieux quand tout un chacun a connu son pépé François bricolant à 94 ans son éolienne de jardin devant la mer, son potager mirifique, son merveilleux foutoir, ses éternels yeux bleus , ou sa mémé Jeannette revenant de la crevette à vélo, moulinant de ses 92 printemps dans la côte ?

Qui les a connus, jamais n’enviera le mol oreiller beige ni l’écran blafard et tonitruant donnant d’obscures nouvelles de lointaines contrées dépourvues même de rivage.
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Le plongeon

Yvonne, depuis le décès de son Henri, erre comme une âme en peine dans une vie qui n'est plus la sienne, plus celle qu'elle chérissait.

A près de 81 printemps, deux choix s'imposèrent à elle.

Un saut à l'élastique sans élastique ou l'EHPAD.

Dans les deux cas, la chute assurée, le moral fracassé.

Pouf, pouf, ce se-ra l'EH-PAD.



Qu'elle est touchante cette Yvonne en femme semblant arrivée au bout de l'aventure en en ayant pleinement conscience tout en conservant ce petit brin de fantaisie jubilatoire et finalement salvateur.



Difficile de se projeter dans ce nouvel environnement, surtout à la vue d'innombrables zombies aussi fougueux qu'un paresseux sous Tranxen.



Mais si EHPAD rime avec parenthèse enchantée (et là de vous demander un zeste d'indulgence), ça n'est pas pour rien.

Car s'il n'est pas l'ultime Relais & Châteaux de rêve, il n' en demeure pas moins l'endroit susceptible de faire de formidables rencontres et pourquoi pas de celles à même de soulager le cœur et l'âme.



Le Plongeon interroge sur la fin de vie sans dégueuler outrageusement dans le pathos outrancier.

Porté par une Yvonne touchante en diable, il nous ramène à nos propres (futurs et lointains, je croise les douze doigts) maux tout en interpellant sur une société peu encline à choyer ses anciens.



Le graphisme est aussi sobre et joli que le propos.

La voix off d'une poésie et d'une justesse confondante.



Un très beau moment d'émotion pure.
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Le plongeon

Bienvenue aux Mimosas !



Le plongeon de Séverine Vidal (scénario) et Victor L. Pinel (dessins et couleurs) est une bande dessinée qui se déroule dans un lieu tout à fait original puisqu'il s'agit… d'un EHPAD !

Yvonne, 80 ans, est obligée de quitter sa maison, la maison où elle a vécu heureuse pendant 60 ans avec son mari et ses enfants.

Mais son mari est décédé, ses enfants l'ont quitté et elle « avance en manquant de tomber à chaque pas » (p.12) ; il lui faut donc aller en EHPAD et elle ressent ce changement de vie comme une « chute », un « plongeon » : l'illustration de première de couverture est d'ailleurs tout à fait saisissante, puisqu'on y voit Yvonne assise avec tristesse dans un fauteuil au fond de l'eau !

Cette nouvelle vie alterne les moments de détresse, de colère et de bonheur : détresse quand par exemple elle se retrouve seule pour la première fois dans sa chambre (superbe illustration en plongée représentant Yvonne, assise sur son lit, dans une chambre impersonnelle où abondent les lignes verticales qui semblent l'emprisonner) ; colère quand elle est traitée comme une gamine par la jeune directrice de l'EHPAD ; mais bonheur aussi, car Yvonne, dont la fantaisie rompt avec la morosité ambiante et la fait apprécier des autres résidents, va prendre des initiatives inattendues...

Un scénario qui fait se succéder les moments d'émotion, des dessins expressifs : cette bande dessinée originale est une réussite.

Merci à Babelio et à Bamboo Edition pour l'envoi de ce livre.
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Le plongeon

Mon premier billet de l'an 2021 porte sur une BD reçue grâce à une Masse Critique privilégiée, à laquelle j'avais d'ailleurs hésité à répondre parce que le thème me faisait peur. Eh oui, quand on flirte avec la soixantaine, certains sujets effraient, notamment la vieillesse et l'abandon possible de son "chez-soi" quand les bobos empêcheront de rester autonome.

Pour Yvonne, à l'aube de ses 80 ans, le temps est venu de quitter sa maison où elle a vécu tant de bons moments, mais où elle demeurait seule avec sa chienne Bellouche depuis le décès de son mari Henri. Dès les premières pages, j'ai eu les larmes aux yeux, à cause des moments poignants où Yvonne fait visiter sa maison à de jeunes futurs acheteurs, et où ceux-ci ne se rendent absolument pas compte du caractère blessant de leurs remarques ("de beaux volumes...mais tout à refaire", qu'Yvonne va reprendre à son compte en contemplant son corps nu devant son miroir).

Et puis la décision concernant Bellouche, re-flot de larmes...et encore au moment du départ vers l'Ehpad, les souvenirs qui remontent, j'ai du faire une pause.

Je me rends compte que je suis en train de décourager les lecteurs potentiels là ! Non, ne partez pas, cette BD comporte certes quelques instants pas très joyeux, mais il y a pleins de sourires aussi, parce qu'Yvonne possède une personnalité pleine d'humour, et ne va pas se priver de mettre son grain de sel pour rendre les ateliers plus "ludiques" à sa manière, ou pour inciter sa bande de nouveaux copains à enfreindre les règles ! Ce qui m'a également ravie, c'est la façon dont elle refuse de se laisser infantiliser par la directrice des "Mimosas", une femme qui sous des dehors avenants semble considérer que tous les résidents sont gâteux.

L'auteure, Séverine Vidal, a su marier de façon optimale des textes courts dans les cases, parfois un peu plus longs quand Yvonne évoque ses souvenirs, et laisser de temps à autre des pages entières sans texte, accordant toute la place au dessin évocateur de Victor L. Pinel. Celui-ci explique dans une interview jointe à l'album qu'il n'avait jamais dessiné "des vieux", et qu'il craignait de ne pas parvenir à dessiner une Yvonne "belle, douce, mais aussi marquée par les années". Pari réussi, les visages et les corps sont réalistes et non pas idéalisés. Les couleurs sont également bien choisies, avec ces dominantes tantôt vertes ou jaunes, tantôt orangées ou mauve, suivant la tonalité du texte. Et bien sûr il y a ces touches bleues, notamment la couverture que je trouve particulièrement réussie. Beaucoup de douceur, de tendresse dans cet album, on appréhende mieux comment se déroule la vie en Ehpad, le dévouement et la compassion dont font preuve certains membres du personnel sont également évoqués, mais aussi la rigidité d'autres encadrants. L'établissement décrit ne fait certainement pas partie des "mouroirs" qui hélas existent encore à certains endroits, mais n'est pas trop idéalisé non plus. L'auteure a fréquenté des Ehpad pour y mener des ateliers d'écriture, elle sait de quoi elle parle. On sent qu'elle ne s'est pas contentée de "faire son boulot", elle a noué des liens avec quelques résidents, et certaines anecdotes sont tirées de ses échanges avec eux.

La BD compte 80 pages, j'en aurais aimé un peu plus, mais à part ça je n'ai pas de reproches à faire. On y trouve de l'émotion, de l'amour, de l'humour et des personnages qui nous parlent, pour peu que nous ayons déjà mis les pieds dans une maison de retraite. La fin est douce-amère, mais pas triste.

Je ne regrette absolument pas d'avoir donné suite à cette proposition de MC, j'ai passé un beau moment avec Yvonne et ses potes !



Bonne année à tous ceux et celles que je n'ai pas encore croisés depuis ! Je souhaite vraiment qu'elle nous fasse oublier les moments pénibles de 2020...
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