Citations de Shion Miura (64)
Un dictionnaire n'est jamais terminé. Il vogue pour l'éternité sur l'océan des mots.
Dans un couple il est préférable de ne pas attendre grand-chose l'un de l'autre. Vivre et laisser vivre, voilà le secret.
Peut-être à cause des livres, l'air sentait un peu le renfermé, mais le silence était profond. Le papier absorbait sans doute les bruits.
Elle avait craint d'avoir du mal à trouver un masque hygiénique en ce début juillet, mais la supérette du quartier en vendait, en non-tissé, sans doute parce qu'il était beaucoup question ces derniers temps du risque d'épidémie des nouveaux types de grippe.
Un dictionnaire n'est jamais terminé. Il vogue pour l'éternité sur l'océan des mots.
Majimé hocha la tête et sourit.
- Eh bien, ce soir au moins, buvons !
Il remplit de bière le verre d'Araki en faisant attention à ce que la mousse ne déborde pas.
- Tu sais pourquoi nous avons l'intention d'appeler ce dictionnaire La Grande Traversée ?
[...]
- Cet ouvrage sera un bateau pour traverser l'océan des mots, annonça Araki avec le sentiment de dévoiler le fondement de son âme. Les hommes monteront dans cette embarcation qui leur permettra de rassembler les petits points de lumière qu'ils distingueront au loin. Pour transmettre aux autres ce qu'ils pensent le plus précisément, le plus correctement possible. Sans dictionnaire, nous ne pourrons nous lancer sur cette mer des mots qui nous serait incompréhensible.
Selon lui, notre mémoire est faite de mots. Nos souvenirs peuvent etre ravivés par des parfums, des goûts, des bruits, mais en réalité ce qui se passe est que quelque chose qui sommeillait en nous se transforme en mots.
Majimé ne possédait pas de téléviseur. La lecture était le seul moyen dont il disposait pour trouver l'apaisement. (p. 95)
On peut dire d'un dictionnaire que c'est une cristallisation de la sagesse humaine, non seulement parce qu'il accumule les mots, mais surtout parce qu'il incarne l'espoir au sens propre du terme, l'expression de la volonté inébranlable de ses auteurs. (p. 260)
-Tu penses quoi des dictionnaires ?
Il lui posa la question dans le simple but de lancer une conversation, de la même manière que l'on met une plante verte dans une pièce vide pour la meubler. (p. 131)
Il s'était réfugié dans les livres parce qu'il en souffrait. Quand il lisait, son manque de don pour la conversation n'avait aucune importance. Celle qu'il menait avec les livres était profonde et lui procurait du bien-être. (...) Grâce à ce goût pour la lecture, il avait été un très bon élève. Son intérêt pour les mots, qui permettent d'exprimer les sentiments, l'avait conduit à faire des études de linguistique.
bien qu'il ait emmagasiné beaucoup de connaissances sur les mots, son aptitude à communiquer n'avait pas progressé. (p. 41)
Il avait découvert que les articles du dictionnaire permettent de percevoir la profondeur inattendue des mots. (p. 9)
répondre à la passion par la passion. C'était ce qu'il avait évité avec constance jusqu'à présent, parce qu'il trouvait l'idée embarrassante, mais maintenant qu'il avait décidé de le faire, il était surpris que cela lui paraisse enthousiasmant. (p.149)
Rassembler une grande quantité de mots de la manière la plus exacte possible, c'était comme disposer d'un miroir qui déforme le moins possible. Moins le miroir des mots déformait, plus il reflétait les sentiments et les pensées de celui qui l'utilisait. On pouvait le regarder à plusieurs et partager rires, pleurs et colères, avec les autres. Rédiger un dictionnaire pouvait sans doute être un travail plaisant. (p. 195)
Mais même dans le plus gros dictionnaire du monde, il ne trouverait pas les bons mots. (p. 75)
Les hommes ont inventé les mots pour avoir un lien avec les morts, et les générations à venir.
Page 238.
De la même manière que l'on ne peut écrire un bon article pour un mot qu'on ne comprend pas vraiment. L'important pour un lexicographe est de ne jamais cesser d'analyser le réel. (p. 62)
Il s’était trompé en croyant que son rôle d’éditeur de dictionnaire était de mener à bien ce projet dans lequel il avait tant investi. Trouver une personne qui aimaient les dictionnairse autant que lui, non, plus encore, était sa véritable mission. Pour le professeur. Pour les gens qui utilisaient le japonais, qui l’étudiaient. Et au-delà, pour ce bien précieux qu’étaient les dictionnaires.
Un dictionnaire n’est jamais terminé. Il vogue pour l’éternité sur l’océan des mots
Chaque fois qu'il réussissait à mettre un peu d'argent de côté, Araki courait chez le bouquiniste du quartier. Lorsque paraissait une nouvelle édition d'un dictionnaire, il y trouvait souvent la précédente, à bas prix. Il se mit à collectionner et à comparer toutes sortes de dictionnaires de différents auteurs. Leur couverture déchirée à force d'avoir été consultée, leurs pages contenant des annotations ou des passages soulignées en rouge étaient les marques de la lutte entre auteurs et utilisateurs.