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Critiques de Silvia Avallone (434)
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La vie parfaite

Elle vient d'avoir dix-huit ans. Elle vit avec sa soeur et sa mère dans un appartement des Lombriconi, la « cité des Lombrics », près de Bologne. Son père vient de sortir de prison, et il n'est pas le bienvenu à la maison. Mais Adele a d'autres soucis : elle est enceinte de Manuel, la petite frappe du quartier, qui l'a laissée avant que son

corps ne déforme, préférant faire carrière dans la mafia locale, son t-shirt « Born to lose » sur le dos.



« Trop jeune pour se faire déchirer les entrailles », Adele a pourtant tenu à garder ce bébé. Par peur de l'abandon d'abord, et dans l'espoir qu'il lui ramène Manuel, ce jeune voyou qui est tout pour

elle. Pourra-t-elle en assumer la responsabilité jusqu'au bout ?



« le roman s'ouvrait sur ça, sur la réalité des faits » : une citation on ne peut plus vraie tant le style réaliste de l'auteur vous étreint dès les premières pages de ce roman. Tout en douceur mais avec un

talent certain pour la mise en scène et l'identification, suivons ses pas à la découverte d'une Italie hors des cartes postales estivales. [...]



Neuf mois de grossesse, neuf mois d'espoir pour « une vie parfaite ».

Si elle ne peut élever son enfant, elle fera tout pour lui donner la chance d'avoir « une vie meilleure ».



« Une mère ne suffit pas. Les pères aussi ça compte. Même les menteurs et les voyous. » Adele évolue et on la suit avec un intérêt décuplé tant l'écriture de Silvia Avallone nous emporte.



« le banc d'où la vie est parfaite »



Les personnages défilent et les émotions se déchaînent. Comment ne pas évoquer Dora Cattaneo qui, à l'opposé d'Adele meurt de ne pas pouvoir enfanter. le drame de la maternité, désirée ou non, et donc de la condition féminine dans l'Italie d'aujourd'hui y est magistralement illustré.



« Il y a des forces contres lesquelles on ne peut rien ». Tous ces personnages s'imbriquent et se déterminent par leurs forces respectives et leurs conditions sociales qui les enferment.



Après "D'acier", "Le Lynx", ou "Marina Bellezza", vous ne résisterez pas au

nouveau roman de Silvia Avallone, certainement parmi les auteurs

italiens les plus importants du moment. Poignant et addictif, son style épouse parfaitement les contours de la « vraie vie ».



Alors, il ne nous reste peut-être plus qu'à nous asseoir comme Dora,

sur ce banc d'où elle imaginait sa vie rêvée, car « le monde est plein

de perfection, il faut seulement se laisser conduire. » Laissons-nous

donc conduire par cette vie parfaite...



Lu en juillet 2018.



Article complet sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/La-Vie-..
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D'acier

Sous un soleil plombant, la ville Piombino déverse son lot quotidien de misères. Les hauts fourneaux de l'aciérie crachent leur fumée noire. Les familles s'entassent dans les barres de béton. Les pères, parfois les fils aussi, pointent tous les jours dans l'usine d'acier, véritable cœur de cette ville. Les mères s'acquittent à leurs tâches ménagères tandis que les enfants ont pris pour terrain de jeu la plage. Brouhaha de vaisselle, de klaxons et de cris. Au loin l'île d'Elbe, véritable oasis de bonheur, semble narguer la population ouvrière.

L'on remarque tout de suite ces deux jeunes filles, Franscesca et Anna, 13 ans, la blonde et la brune. Deux beautés fatales, deux corps qui ne demandent qu'à être enlacés. Deux âmes soudées empreintes de liberté. Regardées avec envie parfois, jalousie ou malveillance. Elles partagent tout: les quelques pas de danse, nues devant le miroir, les désirs, les angoisses et leur endroit secret, théâtre de leur amitié qu'elles jurent inébranlable.

Bientôt, des drames se jouent dans ces rues débordant de vie. Plan de licenciement à l'aciérie, amours et promesses trahies, des pères qui frappent leur famille, des lignes de coke qui se sniffent.



L'on est plongé littéralement dans cette ville italienne, l'on suffoque sous ce soleil, l'on époussète ce sable collant et l'on croirait presque entendre ce bruit incessant de la rue qui s'anime de ces enfants qui crient, de ces adolescents qui se murmurent encore et toujours cette volonté farouche de sortir de tout ça. Roman social où les passions brulent au soleil, où les corps sont mis à nu et à mal. Dans cette cité où l'acier régit les gens, ces deux jeunes filles nous interpellent de par leurs rêves, leur soif de liberté, leur passion indestructible. Sylvia Avalonne nous dépeint somptueusement cette société en proie aux doutes et soucieuse, cette jeunesse trop vite confrontée aux drames et ces hommes qui démissionnent. L'écriture, à fleur de peau, est à la fois délicate et sans concession. Ce roman poignant, intelligent et d'une intensité grave est une très belle réussite.



D'acier... et d'or...
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D'acier

L’Italie, la Toscane, Piombino, le soleil, la plage, ça donne envie, non !

Et bien détrompez-vous le roman de Silvia Avallone est tout le contraire. A travers une dizaine de personnages, la dure réalité de petites gens dont les parents ont fait une croix d’une vie meilleure, les jeunes rêvant encore de lendemains plus florissants. On est touché par Anna et Francesca à la fois insolentes, provocantes mais aussi émouvantes. Ecœuré par la lâcheté et la violence des pères. Troublé par le mutisme des mères, les secrets ne doivent pas franchir la porte des appartements.

Et puis au milieu de tout ça, L’aciérie, qui rythme cette petite ville industrielle, seule espoir de gagner un maigre salaire et de survivre malgré tout.

Un roman coup de poing, noir, âpre, dur, le portrait d’une jeunesse sous l’air berlusconienne sans confession. L’écriture est au diapason. Malgré l’image idyllique de cette région, c’est bien la noirceur qui prédomine tout du long du roman de Silvia Avallone. Et même si le roman se termine sur une note d’espoir c’est la désespérance qui en est le fil conducteur.

Une belle réussite.



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La vie parfaite



Silvia Avallone, le retour . Enfin !



Fervente admiratrice de l'auteure , je viens de passer une longue année à guetter la traduction de "Da dove la vita è perfetta ". Et ça en valait la peine .



Même veine que " d'Acier " .

On y retrouve les thèmes de l'avenir d'une jeunesse sacrifiée qui croupit dans des banlieues tristes , ici hauts-lieux de la précarité et de la misère du monde .

Pourtant , certains se battent , parfois ils chutent , parfois ils espèrent , ils rêvent , ils s'aiment : ils essaient de vivre , ils souffrent mais ...ils sont jeunes .



Et on va les suivre ces héros du quotidien en prenant de plein fouet uppercut sur uppercut : elle frappe fort la Silvia !

Un récit magistral qui allie si bien la force et la fragilité , le sordide et le merveilleux , le rêve et la réalité .



Les personnages sont bien campés, attachants , terriblement vivants .

Ils se croisent , disparaissent , renaissent .

Ils s'aiment, ils se déchirent ils s'entraident , ils s'épient , ils s'ignorent, ils se quittent .

Une superbe fresque de la comédie humaine , avec en son coeur un joyau , l'enfant de la jeune Adèle.

Et il faut être de marbre pour résister à l'émotion suscitée par la merveilleuse description de ces liens mère-enfant et des moments de la vie intra-utérine .



Si ce livre est un roman c'est aussi un essai sur la maternité et le désir de parentalité vus sous différents angles selon la catégorie sociale et qui met en exergue les difficultés des uns résolvant celles des autres .

Une analyse psychologique et sociétale fine et très complète . Beau travail .



C'est un récit poignant servi par un style sécant , vif.

Des phrases qui claquent .

Terriblement réaliste , souvent dur mais aussi pétri d'amour, de tendresse , d'intelligence et d'une once d'espoir .



Voilà donc que s'achève pour moi la lecture de ce superbe roman signé par la toujours engagée, toujours rebelle et toujours extraordinaire Silvia Avallone .

Et comme j'ai déjà dévoré tous ses romans , je suis condamnée à encore attendre le prochain ...

















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La vie parfaite

Une douleur viscérale. Des cris stridents. Des efforts bientôt récompensés par l'arrivée de cette enfant aussi inattendue qu'inopportune. Car Adele, originaire de la Cité des Lombriconi, n'a que 18 ans. Quant au père, Manuel, il croupit en prison. C'est seule qu'elle a pris le bus pour aller à la clinique. Et c'est seule qu'elle accouche dans cette chambre gris-vert. Quel autre choix pour cette toute jeune adulte que de laisser sa petite fille, dorénavant attendue, à un autre couple, sûrement en mal d'enfant ? Juste quelques minutes entre elle et sa fille avant de l'abandonner...

Dans le centre-ville de Bologne, Dora est professeure d'italien. Le couple qu'elle forme avec Fabio, architecte, se délite progressivement, au fil des fécondations in vitro et des micro-injections. Démunie face à cette stérilité, à la fois amère et triste de voir toutes ses tentatives échouer les unes après les autres, Dora désespère un jour de pouvoir donner la vie...



Rien ne semble lier le destin de Dora et Adele. L'une riche, l'autre pauvre. L'une instruite, l'autre déscolarisée. L'une habitant le centre-ville, l'autre la banlieue. Rien ne lie ces deux femmes si ce n'est la maternité. Ardemment désirée pour l'une, accidentelle et subie pour l'autre. Sylvia Avallone fait lier ces deux femmes, ces deux combattantes parfois désespérées ou désemparées, s'entremêler leurs destins. Autour d'elles, des femmes bafouées ou malades. Les hommes ne sont pas en reste : trafiquants, alcooliques, lâches, irresponsables ou encore infidèles. Seul Zeno, l'ami d'Adele, scolarisé dans un lycée classique, semble s'en sortir. Autour de ce thème, la maternité, mais aussi sur fond d'amitié, d'amour, de misère sociale, de transmission, l'auteure nous plonge dans un roman saisissant et empreint d'une grande humanité. Cette fresque sociale, à la construction vigoureuse et porté par une plume vivante, s'avère riche et émouvant.
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La vie parfaite

La vie parfaite est un rêve adolescent qui échoue presque toujours confronté à la réalité. Adèle et Dora issues de milieux différents au seuil de choix cruciaux vont en faire la dure expérience. Adèle parce que son dénuement sa jeunesse et l'emprisonnement de son père décident de l'avenir de son enfant. Dora parce que son statut de privilégiée ne peut rien pour son obsession de maternité inassouvie.



Comme sa célèbre consoeur, Elena Ferrante, Sylvia Avallone décrit les affres de la jeunesse italienne, pauvre mais aussi bourgeoise, ses rêves et ses dérives et ses réussites parfois. C'est plutôt bien écrit, vivant et réaliste. C'est un peu long aussi, avec des débuts de paragraphe où on ne sait pas de qui il s'agit. Néanmoins, un beau roman très inspiré sur le déterminisme social, la maternité et le désir d'enfant, la violence masculine et la place des femmes dans un pays résolument machiste.



Challenge MULTI-DÉFIS 2021
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La vie parfaite

Les Italiens sont-ils tous immatures, volages et violents ?

Les Italiennes sont-elles toutes hystériques, capricieuses et hurlantes, mais assez solides pour pallier les défaillances masculines, tenir une famille sur leurs épaules, remplacer les hommes/maris/pères qui fuient ?



A en croire Silvia Avallone, Elena Ferrante, Luca Di Fulvio, la réponse est OUI. Et ces trois auteurs le démontrent avec des galeries de personnages très fournies - on peut s'y perdre. Ils évoquent aussi brillamment les rêves d'ascension sociale.

Là, c'est façon « Ici, nos rêves sont étroits / C'est pour ça que j'irai là-bas. » ♪♫ Et tant pis si le « là-bas » mène tout droit à la case prison. Fallait être crétin pour ne pas les voir venir, ces barreaux, mais les hommes sont d'éternels gamins...



Dans ce dernier roman, Silvia Avallone m'éblouit encore. Toujours sur fond d'amitié (et donc de trahisons), de misère sociale et affective, elle centre cette fois son intrigue sur la maternité. Maternité dont elle montre toutes les facettes : grossesse, désirée ou non, IVG, accouchement avec déclaration officielle et retour radieux avec bébé à la maison, ou plus sinistre, sous X. Mais aussi stérilité, FIV, mères porteuses, adoption, éducation des enfants, ambitions parentales pour la progéniture...

Avec, en parallèle, une large palette de scènes de la vie conjugale, du rose au noir.



Ces destins entrecroisés de femmes et jeunes filles perdues, de 'mauvais' pères, de bébés abandonnés, d'enfants mal-aimés m'ont beaucoup touchée, pour plein de raisons, plus ou moins intimes, plus ou moins viscérales, plus ou moins raisonnées.



Je place Silvia Avallone dans mon top 3 des auteurs féminines, avec Virginie Despentes et... ? Dans mon top 2, alors... ♥

___

♪♫ playlist :

https://www.youtube.com/watch?v=_Yhyp-_hX2s

https://www.youtube.com/watch?v=HfzGl1aFH4g
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Une amitié

Pourquoi avoir choisi cette lecture ?C'est trés simple , Silvia Avalone écrit trés bien , j'aime beaucoup la littérature italienne et .....nous avons des petites filles adolescentes dont les " comportements " , sans être désagréables , loin de moi cette idée , sont parfois ... étranges et quelque peu déconcertants pour le septuagénaire que je suis .Bigre , elles sont "normales" ou pas ??? Pour tout vous dire , je ne me souviens guère de ma propre adolescence , ni même de celle de notre fille ...Le temps , hélas , fait son oeuvre .Donc , la quatrième de couverture annonce la couleur , "les amitiés de l'adolescence sont les plus fortes ".

Comme cette période de vie concerne Elisa et Béatrice , deux filles donc , je vais sans doute trouver matière à apporter des réponses à mes nombreuses questions .Malgré le nombre de pages , 570 , me voilà parti . Autant le dire tout de suite , le contenu ne m'a pas vraiment emballé et j'ai été plusieurs fois tenté de " jeter l'éponge " .

Tout d'abord , " la parole " monopolisée par Elisa donne à l'ensemble un çôté " ronronnant " un peu " endormissant" .Ajoutez à cela que , se complaisant dans une attitude de " victime "consentante , l'aspect geignard en permanence d'Elisa devient vite perturbant .Enfin , l'horizon trés " feutré " et le manque d'action ....Deux familles , deux couples complexes qu'il faut tout de même " suivre " , deux filles , des ados , l'une studieuse et tournée vers les livres et la littérature , l'autre vers le besoin de paraître et d'occuper l'espace et des échanges en cascade jusqu'à la fin , tout cela pour conclure qu'UNE amitié ne reflète pas forcément L'amitié .

Et , hélas , l'apparition des " technologies modernes " va jouer dans les comportements , un rôle que chacun et chacune d'entre nous pourra apprécier ainsi qu'il convient ...

Certes , les chemins des personnages , notamment ceux d'Elisa et Béatrice , vont nous donner quelques aperçus de ce qu'est UNE adolescence mais pas , à mon point de vue une description de L'adolescence ( Il est vrai que ce n'était pas non plus l'objectif , plutôt mon espoir ) . Ici , il y a plutôt mainmise et domination d'une personne sur une autre , faiblesse maladive de la seconde , une relation tout de même un peu toxique .

Vous l'avez compris , je ne suis pas " fan " mais , je ne sais pas vraiment pourquoi , j'ai tenu à lire intégralement ce récit alors que , normalement , je me montre moins patient .L'écriture , sans doute , la beauté de certains passages , l'émotion , quelques situation assez sympas et drôles , bref , je ne veux pas jeter " le bébé avec l'eau du bain " , cet avis mesuré n'engage que moi .Je n'étais pas " le bon client " ou le bon lecteur , le choc des générations sans doute et je vais tout de même garder mes " attachiantes " petites filles telles qu'elles sont , et je suis certain que d'autres parents et grands -parents me comprendront .

Cela m'apprendra à vouloir me ressourcer dans des thèmes qui ne sont " plus vraiment de mon âge ". Que les parents gèrent au mieux leurs ados , les pauvres , il y a du boulot , et que les grands - parents ne " fourrent plus leur nez " dans leurs affaires ...Mais ça , c'est une autre histoire , non ?

Allez , à bientôt , je vais prendre un polar maintenant ....



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Marina Bellezza

Marina Bellezza est une jeune femme blessée par une enfance gâchée par des parents bien trop jeunes pour assurer une éducation convenable. En ressort une femme colérique, insolente, en révolte constante, d'un égoïsme terrifiant. Marina rêve de devenir une star de la chanson et est prête à tout pour réussir.

Andrea lui, n'a pas connu la même enfance, fils d'un notable, il l'a pourtant vécue comme une souffrance jaloux de son frère ainé, modèle à suivre pour ces parents. Au grand dam de son père, il décide de reprendre le métier de fermier de son grand-père. Andrea n'a pas n'ont plus oublié son histoire d'amour avec la belle Marina, qu'il retrouve un soir après une rupture qu'il n'a jamais digérée. Sa dépendance à la jeune femme se réveille comme au premier jour. Mais leur rêve respectif et le caractère de la jeune femme semble insurmontable pour une vie à deux. On plaint le pauvre Andrea tellement Marina joue avec ses sentiments. La jeune femme est ingérable et en constante rébellion. Mais sous ce caractère explosif, il y a une évidente souffrance.

Pour son nouveau roman , Silvia Avallone s'attache comme pour « D'acier » a ausculté une génération (la sienne) en perte de repères dans une Italie durement touchée par la crise et les années « Berlusconi ». Difficile de se construire un avenir. Ces portraits sont touchants, ces personnages torturés par leurs démons intérieurs. le livre parle aussi du choix de quitter une région rurale pour les feux de la ville. Et l'envie pour certains de refaire le chemin inverse.

Silvia Avallone confirme avec talent la qualité de sa plume. Un très bon roman.
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D'acier

"D'acier" se passe en Toscane.

Piombino, ville industrielle qui a servi de toile de fond à ce roman, où l'auteur a vécu dans sa prime jeunesse, avant d'aller étudier la philosophie à Bologne.



L'acier fond et coule, brûlant, suffocant, use les hommes.



Ces mêmes hommes sans autre avenir que les bruits des Hauts Fourneaux, la rouille, l'épuisement et la vie qui se délite au fil des années de dur labeur.



La vie dans les Tours de béton, les balcons uniformes qui se font face où se confondent les destins, tous semblables et désespérément vides.



Pour oublier cette vie sans horizons, les réunions dans le bistrot du coin, où l'alcool, les grossièretés et les rébellions stériles se côtoient.



La jeunesse se brûle les ailes à un avenir sombre, prédestinée à poursuivre le lent et sirupeux écoulement de l'acier qui court comme un long ruban - Infiniment !



Ebouillante les sens des filles et des garçons qui rêvent d'un ailleurs, d'une autre vie.

" Les filles se rêvent starlettes de cinéma, les garçons chefs de bande".



Violence, Alcool, Sexe, folle jeunesse qui brûle la vie par les deux bouts, en espérant échapper à un destin implacablement couru d'avance.



Roman puissant, poignant, tranchant, désespérant.



La fin laisse, peut être, entrevoir un zeste de bleu pour Francesca et Anna !
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D'acier

« Ca veut dire quoi, grandir dans un ensemble de quatre barres d’immeubles d’où tombent des morceaux de balcon et d’amiante, dans une cour où les enfants jouent à côté des jeunes qui dealent et des vieilles qui puent ? Quel genre d’idée tu te fais de la vie, dans un endroit où il est normal de ne pas partir en vacances, de ne pas aller au cinéma, de ne rien savoir du monde ? »

Pourtant, l’île d’Elbe, le paradis des riches touristes, n’est qu’à quelques kilomètres au large. Mais la plage pleine d’algues bordant la barre d’immeubles de la rue Stalingrado, malgré sa puanteur, est le paradis de tous les jeunes, ceux qui travaillent aux aciéries Lucchini de Piombino, ville industrielle de Toscane, où tous suent sang et eau. Drague, amitiés et jeux font la nique aux adultes trop tôt harassés, à la violence et aux trahisons de la vie.



« Cet endroit-là, elles s’y étaient rencontrées et elles s’étaient choisies ».

Elles, c’est Anna et Francesca, 14 ans, 2 jeunes filles en fleur que tous les garçons voudraient cueillir. Mais elles n’en ont cure, ces 2 beautés, car elles sont amies, complices depuis leur enfance. Leur union est telle que Francesca la blonde, la belle, l’unique voudrait que cela dure éternellement. Anna l’aime comme une sœur. Mais Anna est attirée par Mattia, le charmeur. Et cet amour va provoquer des ravages, pas seulement dans son cœur...



D’un été à l’autre, d’une face de la vie à l’autre.

Avec une grande sensibilité, picorant dans le cœur de l’un et l’âme de l’autre, l’auteure nous emmène de l’insouciance à la fragilité, du plaisir égoïste à la souffrance cachée. Désarroi de l’adolescence face aux premiers émois, fierté d’être belle et égocentrique, désir d’être la seule, tout ceci cache tant bien que mal un côté obscur.



J’ai adoré me perdre dans les méandres de la vie de ces très jeunes filles, de ces garçons travaillant dur et malgré tout, à cause de tout, avides de saisir tous les plaisirs, de ces adultes vieux avant l’âge, regardant droit dans les yeux leurs illusions perdues.

Je vous recommande « D’acier », ce roman attachant, plein d’acuité et authentique, qui illustre avec brio cette phrase : « Avoir été au cœur de la vie, et ne pas l’avoir su ».

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Une amitié

Encore un livre qui m'aura fait passer une nuit écourtée. Mais quel plaisir de lecture et quelle joie de retrouver la plume sensible et précise de Silvia Avallone dans ce qu'elle maitrise le mieux : raconter l'amitié et l'adolescence. Comme dans D'acier (un autre de mes ❤️de l'autrice), les 2 héroïnes ont 14 ans. Elisa est la discrète, Beatrice la battante. Un jean volé va sceller leur amitié, une amitié folle qui va connaître joies, disputes et trahison. C'est ce que Elisa nous raconte sur près de 500 pages, à partir de ses journaux, 15 ans après. Le texte sonne toujours juste, qu'il relate les émois de l'adolescence ou les bouleversements d'une époque (les années 2000, avec les débuts d'internet et l'arrivée des blogs, une époque où l'apparence devient la norme). De même, premiers ou seconds rôles, les personnages (agaçants, attachants, émouvants) sont parfaitement campés.

Un délicieux roman, réaliste, addictif, passionnant.

Lisez-le. Merci à la Masse critique et à l’éditeur pour l'envoi.
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Marina Bellezza

Au cœur de la vallée de Biella, dans le Piémont rural et montagneux. Dans ce village comme dans beaucoup d'autres, la crise est passée par là. Les magasins fermés, les enseignes éteintes, les rues désertes et le village est devenu silencieux. Andrea, le fils de l'ancien maire, ne voudrait pour rien au monde quitter cette vallée qui l'a vu naître. Ne pas faire comme son frère, Ermanno, qui s'est exilé aux Etats-Unis. Quitte à décevoir, encore une fois, ses parents. Il a bien d'autres projets en tête. Mais sa rencontre avec Marina, son ex petite amie dont il s'est séparé il y a 3 ans, risque bien de le chambouler. Marina, cette magnifique jeune fille aux formes généreuses et à la chevelure d'or, l'attire toujours autant. Marina, depuis qu'elle a chanté dans une pub pour un artisan local, rêve de gloire, de renommée et plus que tout veut prendre sa revanche. Elle, petite fille abandonnée par son père et élevée par une mère alcoolique, veut réussir et devenir quelqu'un. La participation à un télé-crochet est une chance pour elle. Mais, leur amour, aussi profond soit-il, peut-il survivre à leurs rêves ?



Un amour entre une bimbo, belle à damner, revancharde et prête à tout pour réussir et un fermier, fils de bonne famille, désireux de renouer avec la terre, peut-il durer et surtout survivre aux rêves et aux espoirs de chacun ? Sylvia Avallone nous dresse le portrait de deux jeunes pleins de vie, et à laquelle ils croient encore, avides de liberté et de gloire. Autour d'eux gravitent leurs amis, terriblement attachants, tous issus du milieu de la terre dans laquelle ils restent ancrés; de jeunes hommes et femmes résignés qui n'espèrent rien mais tous touchants et émouvants. L'auteur dépeint un monde bancal et précaire, touché de plein fouet par la crise. Seule Marina veut en échapper, bercée d'illusions mais plus que jamais déterminée. On l'aime tout autant qu'on la déteste. Tellement insaisissable, frivole mais si fragile. Ce roman dense, profondément humain et riche, est à la fois sombre et sensible.



Marina Bellezza... du tempérament !



Merci Cécile...
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D'acier

Le paradis et la merde peuvent-ils porter le même nom?



Les cristaux de neige, si rares en Maremme, dessinent ,en hiéroglyphes, son nom. Les Etrusques, secrètement ,nommaient ainsi leur île déifiée. Toutes les grands mères du coin le portaient comme prénom.



ILVA.



L'autre nom de l'île d'Elbe. Elba, Ilva, petit morceau de paradis flottant au large de Piombino.



Piombino, ville de plomb, ville de fer et d'acier, ville ouvrière frappée par la crise , ville des hauts fourneaux, arrêtés l'un après l'autre. Dont l'usine, autrefois, osait porter , elle aussi , le nom d'ILVA.



"Le paradis et la merde peuvent-ils porter le même nom? "s'étonne le beau Mattia, ouvrier dans cet enfer de feu, de fer et de sueur.



Tout le paradoxe du livre me paraît résumé dans cette interrogation onomastique: enfer et paradis au coeur du même lieu.



Enfer du travail d'usine épuisant , sous la menace constante du licenciement économique, travail dangereux qu'on supporte à coups de ligne de coke ou de soirées moites au Gilda, devant le slap dance des filles dénudées et humiliées.



Enfer des familles aux mères écrasées ou impuissantes, aux pères absents et maffieux, ou incestueux et brutaux, pantins ou ogres, mais tous victimes dehors, tyrans dedans- les "babbuini" comme les appellent leurs filles...



Enfer des tentations consuméristes, martelées par la T.V. berlusconienne., putassière et vulgaire..



Mais aussi paradis: la mer, si bleue, si chaude, si tendre aux corps amoureux, paradis des premiers émois, des premiers troubles. Paradis du sexe qui trouve, tôt ou tard, son revers, son enfer, lui aussi.



Paradis des amours enfantines, petites bulles d'enfance dans un coin de parc oublié avec ses balançoires rouillées, son petit banc de pierre moussue ou dans une plage secrète ,enfouie sous les algues, pleine de chats faméliques et de barques encalminées...



Paradis de l'amitié amoureuse de deux "ragazze" de 13 ans, Anna la brune et Francesca , la blonde.



Paradis qui peut aussi devenir un enfer de jalousie, de trahison, de déréliction suicidaire...



J'avais dévoré , en français, le livre de Silvia Avallone à sa sortie.



Je viens de le relire, en italien cette fois, et "in situ", dans cette Maremme étrusque, terre de fer et d'eau, de mines sombres , de "via cava" et de soleil brûlant, avec l'île d'Elbe qui palpitait sous la lumière ou disparaissait sous les nuées, au rythme d'un temps agité et capricieux..



Enfer et paradis. Merda e paradiso, comme disait Mattia...



J'avais aimé ma première lecture: j'ai adoré ma relecture, en V.O., plus lente, plus patiemment dégustée.



Silvia Avallone sait être tour à tour brutale et cruelle, crue et sensuelle, poétique et tendre. Elle module toutes ces tonalités avec un étonnant naturel, dans un récit méthodiquement scénarisé et maîtrisé, une sorte de chant choral puissant qui suit alternativement tous les personnages gravitant autour des deux jeunes filles, et qui trouve son point d'orgue dans les derniers chapitres où l'horreur puis l'apaisement culminent..



Enfer et paradis, jusqu'au bout...



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La vie parfaite

Tout a été dit déjà.



J'ajouterai qu'après la force « D’acier » , en 2011, humain et social, solaire et poignant , énergique et fou, ses héroïnes inoubliables dans la Toscane ouvrière de Silvia Avallonne «  La vie parfaite  » m'a fait penser à «  L'amie prodigieuse »d'Elena Ferrante...



Adèle, née du mauvais côté de la ville de Bologne, part accoucher seule à dix- huit ans : «  Les pères ça n'existe pas. » ,Impossible à raisonner comme dirait Rosalia sa mère, enceinte de Manuel, un faible crétin, pourtant intelligent , lecteur de Dostoïesvski, qui deviendra dealer de beuh...... «  Pourquoi tu m'écris pas? » , «  La douleur est une forme de langage . » , les maris et les pères fuyant leurs responsabilités ......

Adèle met au monde une petite fille : Bianca..



En parallèle à une petite poignée de kilomètres , jeunes , diplômés , aisés , Dora et Fabio , la trentaine , essaient en vain de concevoir, un enfant , ils avaient pourtant tenté de devenir , en envisageant l'adoption, les parents d'un enfant « autre ».

Dora est animée d'un désir profond de maternité , inassouvi qui la torture. ....

L'auteure décrit minutieusement leur état d'esprit , progressiste aux idées larges.

Mais l'idée d'un enfant qui ne serait pas le « sien »taraudait Fabio,...



Ils ne parvenaient pas à faire «  le Deuil » de l'enfant « Biologique. »





Autour d' Adèle et de Dora , au seuil de choix cruciaux ,( Adèle envisageant l'idée d'abandonner son bébé) , gravitent des personnes qui se croisent, faisant le lien avec les autres , des témoins de leur histoire qui cherchent peut- être un ailleurs, où ils pourraient entrevoir une vie parfaite ....

N'en disons pas plus.



C'est une oeuvre chorale réaliste, poignante, pétrie d'humanité déroulant l'idée de maternité , toute entière au coeur de l'ouvrage, contrairement à « Dacier », décrivant la misère sociale : pauvreté, précarité.

Un roman pétri d'humanité prenant en compte les réalités de son temps parfaitement construit en trois parties .





L'auteure y explore minutieusement, de l’intérieur , la réalité des cités, la capacité des femmes à porter à bout de bras parfois le foyer lorsque l'homme est absent ou fuit ses devoirs...occupé ailleurs

.

...On retrouve le souffle incandescent de cette auteure engagée , née en 1984, entre résignation d’une jeunesse italienne écartelée entre fatalité , immense espoir et précarité .



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D'acier

Eté 2001 à Piombini, une cité ouvrière italienne. Des femmes qui triment et souffrent, des époux et pères violents et/ou totalement irresponsables. Des jeunes qui ne veulent pas suivre ce chemin, mais qui n’ont finalement guère le choix et entrent aux aciéries dès seize ans (comme leurs voisins, leurs père et grands-pères), arrondissant les fins de mois avec petites combines, deal et vol de cuivre. Qui continuent malgré tout de rêver de l’île d’Elbe, eldorado inaccesible qu’ils aperçoivent de leur cité.



En vedette dans ce roman, les inséparables Anna et Francesca à la veille de leurs quatorze ans, âge charnière où le corps se transforme plus ou moins harmonieusement. Elles, elles resplendissent, rendant jalouses les autres jeunes filles, amoureux les garçons, concupiscents les hommes. Elles sont deux lolitas plus innocentes et vulnérables que ne le laissent supposer leur arrogance, leurs provocations et exhibitions perverses.



Ce roman est splendide, intense, sensuel, sobrement et magnifiquement écrit. Pauvreté, souffrance, tensions, chaleur d’un été italien sont parfaitement décrits. La sensualité qui s’en dégage dérange parfois, s’agissant de l’éveil des sens d’adolescentes. On s’y sent toujours sur un fil, comme dans certains romans de Steinbeck : entre routine et drame, entre passivité et action, entre amitié et coups de sang, entre docilité et rébellion...
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La vie parfaite

Dans une banlieue imaginaire de Bologne, la vie est dure , sans pitié .Les hommes font souvent défaut et les mères font de leur mieux, quand elles n'ont pas baissé les bras , pour accompagner du mieux possible leurs enfants. C'est le royaume des Bolofeccia.

Adèle, presque 18 ans , est sur le point d'accoucher , seule .Pendant ce temps , Dora et Fabio se meurent de ne pas être encore parents. Eux ce sont des Bolobene , des gens bien comme il faut...



Après la cote toscane où elle a passé sa jeunesse , puis les vallées alpines où elle est née, Silvia Avalonne nous attire dans sa ville , Bologne.

Elle le fait avec le même thème principal, celui d'une jeunesse perdue, livrée à la misère et rejetée de ces centres villes majestueux où tout semble hors de portée.

Elle ajoute ici celui de la douleur parentale, sous diverses formes. Le deuil, la grossesse non désirée ou l'infertilité et les ravages moraux que cela peut entrainer.



La construction du livre demande lors de la deuxième partie , la plus conséquente des trois, de rester un chouia concentré car l'auteur navigue entre les personnages , les époques , les lieux..



C'est un bon livre , prenant, poussant le lecteur à s'attacher à Adèle ou d'autres. Il me semble un brin moins réussi que les deux autres, D'Acier ou Marina Bellezza, mais peut être aussi que l'effet de surprise ne joue plus.
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D'acier

D’Acier est un roman social qui se déroule en Italie dans une ville industrielle de Toscane .On y suit plusieurs personnages dont principalement deux jeunes filles Anna et Francesca qui rêvent d’un avenir brillant, loin de cette rouille ,de ces cris et ces violences.

Siliva Avallone nous dépeint un environnement où la pauvreté et criante, l’horizon bien sombre laissant vraiment peu de place à l’espoir . L’auteur nous fait vivre le quotidien de ces familles, quotidien rythmé par les violences , l’alcoolisme des maris, ou encore les astuces pour survivre dans les conditions dures de l’usine, vol, drogues…

L’atmosphère est glauque, le langage parfois cru et les situations quelque peu caricaturales nous permettent de visualiser sans aucune difficultés Piombino cette ville où évoluent tous ces personnages .

L’italie ici décrite vient bousculer l’image d’une Italie ensoleillée, estivale et séduisante mais si l’on écoute les musiques parsemées dans ce livre comme Gianni Nanni ou encore Renato Zero , que l’on déguste des spaghetti alle vongole et que l’on savoure du limoncello comme nous le lisons au cours des pages, nous pouvons alors sans difficulté nous plonger quelques instants dans l’Italie que nous aimons !!!

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Le Lynx

Au volant de son Alfa Roméo Gran Turismo rouge volée, avec sa mine toujours impeccable, ses chemises Dolce & Gabbana sans faux plis, sa peau rasée de près, Piero est un vrai mâle à l’italienne. Piero est orgueilleux. Et quand il a un flingue entre les mains, qu’il braque une poste ou un restoroute, qu’il cambriole un appartement ou qu’il crochète une serrure, dans ces moments-là si intenses où le temps devient compact, Piero, en plus d’être un vrai mâle, se sent l’âme d’un lynx. Voler, c’est ce qui le fait vibrer, c’est ce qui le fait se sentir vivant, c’est ce qui lui fait oublier sa vie de merde.

A la compagnie de sa femme Maria, tout imprégnée de religiosité et de broderies aux points de croix, enlaidie par l’apathie et la résignation d’un mariage sans enfant, il préfère la fréquentation de la nuit, des parkings d’autoroutes et de ses camions garés en épis.

Une nuit, alors qu’il s’apprête à braquer la caissière d’un restoroute, il tombe sur un jeune paumé plein de piercing, sale, négligé, l’air perdu.

Mais quel est ce trouble subit qui envahit Piero ?

A bientôt quarante ans, pour la première fois de sa vie, face à Andrea, à son regard de glace, à son sourire diabolique, à sa gueule en morceaux si singulièrement belle, Piero se sent démuni, un type comme les autres, un pauvre con, avec un cœur tout mou qui dégouline.

Andrea et son insolence d’ado paumé, sa provocation, ses silences, ses questions qui jaillissent, brutales, comme seules les posent les enfants, « Pourquoi tu voles ? », « Quand est-ce que t’as demandé à ta femme de t’épouser? » « Mais toi, comment t’étais petit ? »…

Parce que lui aussi a hérité « d’une vie mal fichue, avec un trou marqué 1983 » du jour du départ de son père, parce qu’Andrea est beau comme une fille, parce qu’il pourrait avoir l’âge du fils qu’il n’a jamais eu, parce que c’est la plus belle chose qui lui soit jamais arrivé, cette rencontre au cœur « d’une de ces nuits lourdes comme du pétrole flottant sur la lande silencieuse » du Piémont, va bouleverser en profondeur l’existence de Piero, macho sûr de lui, voleur au cœur de lynx…



Silvia Avallone, arrive à faire naître un joli élan de tendresse de ce tout petit texte concis et allusif dans lequel se révèlent les failles et les fêlures de deux êtres meurtris et désarmés dans une Italie ouvrière où « si t’es pas dans les bons réseaux, tu peux rien faire ».

Et c’est un plaisir d’assister au bouleversement intérieur de l’homme viril, à l’assurance mâle qu’est Piero ; de voir ce macho orgueilleux mais quand même sympathique fondre devant un jeune garçon androgyne à la beauté troublante.

Si la romancière italienne fait ressortir la fragilité de Piero avec un brin d’insolence et de cynisme, elle le fait cependant avec beaucoup de tact et de subtilité. Tout en portant un coup d’estoc à la virilité machiste qui domine en Italie, elle ne veut ou n’ose dépasser les limites de la bienséance et de la pudeur ; le texte, tout en finesse et suggestion, n’en est que plus touchant.

La brume qui nimbe la relation des deux hommes, en ne se levant jamais complètement entre affection paternelle, rapport fraternel et sentiment amoureux, auréole le récit d’un voile tendre et pudique, très attendrissant.

La romancière campe ses personnages dans la campagne éteinte de l’Italie des centres commerciaux et des postes à essence, synthétise les émois et les troubles, renverse les clichés et casse les images, tout ceci en peu de pages, dans une langue juste, vivace, aiguisée, même si au terme de la lecture, le format court de la nouvelle nous laisse un léger goût de trop peu.

Il n’empêche que tout est dit et bien dit et que ce bref récit augure déjà des qualités et des prouesses dont fera montre la jeune italienne dans son roman « D'acier ».

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Une amitié

Silvia Avallone m'avait conquise avec le brûlant 'D'acier', et plus encore avec ses questionnements sur la maternité dans 'La vie parfaite'.

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Je suis donc navrée d'avoir été si agacée par les jérémiades d'Elisa, ici.

Amie de la sublime et charismatique Beatrice depuis l'âge de quatorze ans, Elisa reste persuadée d'avoir tutoyé une étoile, et ne se remet pas de la brûlure, vingt années après leur rencontre.

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Je n'ai pas compris le propos. Elisa tourne en rond autour des trahisons de l'amie, aussi mal dans sa peau et malmenée qu'elle le fut elle-même par sa mère. Bea est une belle garce manipulatrice dont les vacheries ne surprennent pas, vu son manque de confiance en elle.

Elisa, l'intello 'terne' (c'est ainsi qu'elle se voit) répète à l'envi que les apparences, c'est du toc : "Je maudis ces injonctions de la mode".

Alors quoi ? Pourquoi s'obstine-t-elle à jalouser cette femme célèbre & riche, dont la plastique parfaite et l'élégance ne sont manifestement qu'une coquille vide ? Qui peut envier une femme comme ça ? Une telle vie : 'Sois belle, selfise-toi (la bouche en Q de poule), donne envie de consommer du luxe, et surtout : tais-toi'. Besoin d'exemples de stars déchues, seules à crever, pour se calmer ?

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Cette amertume, je ne la comprends pas. A l'adolescence, d'accord ; à trente-trois ans, non. Qu'a-t-on à faire du glamour, des palaces, yachts et paillettes, quand on s'éclate à lire Merleau-Ponty, comme Elisa ?

La folie ambiante (des mères, en famille & entre amies) et la déglingue m'ont pesé, paru outrées, et je commence à me dire que l'exubérance italienne me dérange (cf. Elena Ferrante, les cris, les crises, les mères borderline...).

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Cinq cent vingt pages interminables, lourdes et répétitives avec effets de manche (et attendez, j'ai encore ça à dire, mais je ne sais pas si je vais y parvenir...). Tout cela pour conclure qu'il vaut mieux une vie modeste et remplie de bouquins, que du clinquant sous le feu des projos.

Merci, je n'en avais jamais douté.

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• Mauvais choix dans cette MC de la rentrée littéraire de janvier.

Je remercie néanmoins Babelio et les éditions Liana Levi.
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