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EAN : 9782867466229
59 pages
Liana Lévi (22/08/2012)
3.28/5   134 notes
Résumé :
Piero aime les belles voitures. Volées de préférence. L’espace d’un instant, voler lui permet de fuir un quotidien morne et lui donne l’agilité et la puissance d’un lynx. Une nuit de brouillard, quelque part dans la plaine du Pô, Piero stoppe son Alfa Romeo rutilante sur une aire de repos, entre dans un restoroute et s’apprête à braquer la caisse lorsqu’il tombe sur un adolescent paumé dont l’assurance et l’étrange beauté le foudroient… Une rencontre improbable qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Au volant de son Alfa Roméo Gran Turismo rouge volée, avec sa mine toujours impeccable, ses chemises Dolce & Gabbana sans faux plis, sa peau rasée de près, Piero est un vrai mâle à l'italienne. Piero est orgueilleux. Et quand il a un flingue entre les mains, qu'il braque une poste ou un restoroute, qu'il cambriole un appartement ou qu'il crochète une serrure, dans ces moments-là si intenses où le temps devient compact, Piero, en plus d'être un vrai mâle, se sent l'âme d'un lynx. Voler, c'est ce qui le fait vibrer, c'est ce qui le fait se sentir vivant, c'est ce qui lui fait oublier sa vie de merde.
A la compagnie de sa femme Maria, tout imprégnée de religiosité et de broderies aux points de croix, enlaidie par l'apathie et la résignation d'un mariage sans enfant, il préfère la fréquentation de la nuit, des parkings d'autoroutes et de ses camions garés en épis.
Une nuit, alors qu'il s'apprête à braquer la caissière d'un restoroute, il tombe sur un jeune paumé plein de piercing, sale, négligé, l'air perdu.
Mais quel est ce trouble subit qui envahit Piero ?
A bientôt quarante ans, pour la première fois de sa vie, face à Andrea, à son regard de glace, à son sourire diabolique, à sa gueule en morceaux si singulièrement belle, Piero se sent démuni, un type comme les autres, un pauvre con, avec un coeur tout mou qui dégouline.
Andrea et son insolence d'ado paumé, sa provocation, ses silences, ses questions qui jaillissent, brutales, comme seules les posent les enfants, « Pourquoi tu voles ? », « Quand est-ce que t'as demandé à ta femme de t'épouser? » « Mais toi, comment t'étais petit ? »…
Parce que lui aussi a hérité « d'une vie mal fichue, avec un trou marqué 1983 » du jour du départ de son père, parce qu'Andrea est beau comme une fille, parce qu'il pourrait avoir l'âge du fils qu'il n'a jamais eu, parce que c'est la plus belle chose qui lui soit jamais arrivé, cette rencontre au coeur « d'une de ces nuits lourdes comme du pétrole flottant sur la lande silencieuse » du Piémont, va bouleverser en profondeur l'existence de Piero, macho sûr de lui, voleur au coeur de lynx…

Silvia Avallone, arrive à faire naître un joli élan de tendresse de ce tout petit texte concis et allusif dans lequel se révèlent les failles et les fêlures de deux êtres meurtris et désarmés dans une Italie ouvrière où « si t'es pas dans les bons réseaux, tu peux rien faire ».
Et c'est un plaisir d'assister au bouleversement intérieur de l'homme viril, à l'assurance mâle qu'est Piero ; de voir ce macho orgueilleux mais quand même sympathique fondre devant un jeune garçon androgyne à la beauté troublante.
Si la romancière italienne fait ressortir la fragilité de Piero avec un brin d'insolence et de cynisme, elle le fait cependant avec beaucoup de tact et de subtilité. Tout en portant un coup d'estoc à la virilité machiste qui domine en Italie, elle ne veut ou n'ose dépasser les limites de la bienséance et de la pudeur ; le texte, tout en finesse et suggestion, n'en est que plus touchant.
La brume qui nimbe la relation des deux hommes, en ne se levant jamais complètement entre affection paternelle, rapport fraternel et sentiment amoureux, auréole le récit d'un voile tendre et pudique, très attendrissant.
La romancière campe ses personnages dans la campagne éteinte de l'Italie des centres commerciaux et des postes à essence, synthétise les émois et les troubles, renverse les clichés et casse les images, tout ceci en peu de pages, dans une langue juste, vivace, aiguisée, même si au terme de la lecture, le format court de la nouvelle nous laisse un léger goût de trop peu.
Il n'empêche que tout est dit et bien dit et que ce bref récit augure déjà des qualités et des prouesses dont fera montre la jeune italienne dans son roman « D'acier ».
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Je découvre Silvia Avallone (née en 1984) avec ce récit initialement publié par le Corriere della Sera en 2011.
Lors d'une nuit de brouillard glaciale sur une aire d'autoroute piémontaise, Piero gare son Alfa Romeo volée et pénètre dans le restoroute avec la ferme intention de commettre un braquage. Alors qu'il se croit seul avec la caissière, méfiante, il découvre dans les toilettes un adolescent maigrelet, blond, au visage couvert de piercings, dont le mutisme et l'étrange regard froid l'électrisent. Piero change d'avis et raccompagne l'adolescent. Cette rencontre va bouleverser sa vie.
J'ai bien aimé ce récit. On sent l'auteure à l'écoute de l'Italie populaire dans la grande tradition du néoréalisme italien. Piero est un macho blingbling et ringard, habitué à faire de la taule . Ses braquages lui procurent une montée d'adrénaline ; la nuit, il se sent devenir un lynx. Il s'est marié trop jeune à Maria qui s'est résignée depuis longtemps. Andrea, l'adolescent paumé, garde ses secrets comme une bête blessée. Derrière la réalité crue, Silvia Avallone suggère avec subtilité les blessures enfouies depuis l'enfance et rend crédible cette rencontre improbable qu'elle raconte avec pudeur.
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Un court roman qui tient plutôt de la nouvelle.
Piero, la cinquantaine est un braqueur qui vit de ses vols.
Une nuit dans une station service il fait la connaissance d'un étrange adolescent androgyne.
Entre eux se noue une étrange relation, ni amitié, ni relation père-fils, ni attirance sexuelle.
Leur passé les unit, bien qu'ils se livrent peu.
Du coup, Piero se pose pas mal de questions.
C'est un peu frustrant parce que trop court.
Silvia Avallone écrit bien et sait mettre en place ses personnages.
Des personnages toujours fragiles, même si, comme Piero ils se donnent des airs de caïd.
Ici, elle traite cette rencontre avec finesse et sensibilité, en suggérant plus qu'en affirmant.
Des personnages bien campés, un rythme bien mené et voilà un bon petit roman.
Toujours talentueuse Silvia Avallone, c'est toujours un plaisir de la lire.
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Petit coup de coeur pour ce court roman.

Piero amorce la quarantaine. Sa vie n'est qu'une suite de braquage, vols et cambriolages. Sa femme, il la croise désormais entre deux détentions carcérales. Un soir, dans les toilettes d'un restoroute, il croise Andréa, un jeune homme de 18 ans. Sur une impulsion, il se propose de le ramener chez lui. Commence alors une étrange relation entre le gangster et le gamin.

Le style de Silvia Avallone est percutant. Des phrases courtes, un récit bien rythmé et des personnages bien décrits ont fait de cette courte lecture un moment de plaisir. L'auteure reste volontairement dans le flou sur la nature exacte de la relation entre les deux hommes. le récit se concentre sur la figure paternelle qui est absente pour l'un et dévastatrice pour l'autre. J'ai particulièrement aimé la fin qui sans être ouverte, permet à l'imagination du lecteur de continuer à s'interroger sur le lien que ces deux êtres, brûlés par la vie, ont tissé.
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Piero c'est l'étalon italien, fringuant, macho sanguin, charismatique, charmeur il sent probablement le Bleu de Chanel, et roule dans une Alfa aussi rutilante et racée que volée. Aussi puant que la célèbre chanson de Toto Cutugno, vous voyez l'topo n'est-ce pas?!

Le lynx c'est son petit surnom de loubard. Ce petit félin prédateur à l'agilité et à la discrétion redoutable.

Son terrain de chasse ? La jungle moderne d'une station service. Déserte à une heure tardive. Enfin pas complètement déserte car souhaitant détrousser les biffions d'une pauvre caissière à qui il a tapé dans l'oeil, il fait un passage rapide par les vespasiennes et va faire une rencontre qui va bousculer sa vie.

Que nous raconte Silvia Avalons dans ce roman ou les carapaces sont bien perméables et les limites pas nettes?

Brouillard léger qui déroute, flou artistique qui dévoie, on suggère pour mieux brouiller les pistes.

Perso je me suis un peu perdu dans cette nouvelle à interprétation ouverte ou les apparences sont trompeuses et finalement un peu lassantes.

Un style agréable mais trop d'ambiguïté distillée dans ce récit qui finit dans l'incertitude.

Ça m'a donné envie de secouer les mains à la façon des italiens Pouces et doigts rejoints vers le ciel, balancés d'avant en arrière

Trop de clichés d'entrée puis de vapeur fallacieuse.
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critiques presse (2)
LePoint
03 juillet 2013
Fils-amant, démon de midi, effet miroir entre détresse et puissance, avec cette nouvelle archicourte, un an tout juste après les troublantes lolitas de "D'acier", Silvia Avallone renouvelle le prodige, version mâle, de la magnificence dans le sordide et la décrépitude.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
03 août 2012
Poignant de bout en bout, ce court récit paru dans le Corriere della Sera, inédit en français, confirme le talent très prometteur de Silvia Avallone.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Andrea ressemblait terriblement à une fille. Une fille éthérée, nordique. Mais c'était un garçon de dix-huit ans, et qui n'était même pas né en 1983. quand Piero avait douze ans et qu'il balançait des coups de pied contre le canapé, assis à côté de son père et mendiant une caresse, espérant un regard affectueux. En fait, il se contentait de pouvoir l'admirer de bas en haut. Avec son éternel verre de whisky à la main, sa grande moustache noir. et cette ritournelle qui déclenchait les applaudissements, et qui emballait son père : "Lasciatemi cantare, perché ne sono fiero : sono un italiano, un italiano vero."
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Ils se rencontrèrent pour la première fois dans un restoroute, en pleine nuit. Une de ces nuits, toutes pareilles, qui flottent lourdes comme du pétrole sur la lande silencieuse entre Novara et Vercelli.
Une pancarte verte émergea, après des kilomètres de néant. D’instinct, Piero mit le clignotant et commença à ralentir. Presque une heure du matin. L’obscurité dense découpée par les phares peinait à s’ouvrir. Et dans le fleuve noir de l’autoroute, il n’y avait pas d’autres lumières que les siennes, solitaires comme deux étoiles.
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La vie, tu pouvais la jouer de diverses manières, et le grattage en était une. Piero ne savait pas trop ce que c'était, le capitalisme, mais ça lui plaisait bien. Qu'on fabrique tous ces trucs sur le dos de ces pauvres couillons qui se tuaient à la tâche, dans les usines et sur les chantiers ; et que grâce à ça des types se la coulent douce sur des yachts amarrés à Portofino ou à Monte-Carlo, se pavanent en Lamborghini et mettent dans leur lit des ribambelles de filles superbes, ça lui plaisait bien. Un jour ou l'autre, il aurait un coup de chance et lui aussi mettrait la main sur toutes ces merveilles.
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Le parking du restoroute, semi désert, était éclairé comme les cours des prisons la nuit.
Il roulait dans une Alfa Roméo Gran Turismo, rouge, volée. Il éteignit la radio, détacha sa ceinture. Il aimait les parkings d'autoroute à cette heure de la nuit, des atolls de lumière flottant dans le vide. Il aimait les poids lourds garés en épi, rideaux tirés sur les cabines. Les pancartes, les pompes à essence : tout nageait dans le flou, telles des méduses dans l'eau.
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Il le regarda s'éloigner, de cette démarche de sale gosse impuni qui se croit le maître du monde. Qui commence par ronronner, et qui te balance un coup de griffe. Avec une vie entière dont tu ignores tout.
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Videos de Silvia Avallone (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Silvia Avallone
Par Daniel Pennac Dans le cadre du festival Italissimo 2024
Piero nourrit une passion pour les voitures de luxe, idéalement dérobées. Pendant un bref moment, le vol lui permet de s'échapper de la routine quotidienne, lui conférant l'agilité et la puissance d'un lynx. Une nuit de brouillard, il stationne sa flamboyante Alfa Romeo sur une aire de repos, prêt à piller la caisse d'un « restauroute ». C'est à ce moment-là qu'il croise le regard d'un adolescent égaré, dont l'assurance et la beauté singulière le foudroient, annonçant ainsi un bouleversement radical dans sa vie. Daniel Pennac, admirateur absolu de cette nouvelle de Silvia Avallone, nous offre une lecture inédite.
À lire – Silvia Avallone, le lynx, trad. de l'italien par Françoise Brun, Liana Lévi, 2012. L'oeuvre de Daniel Pennac est publiée chez Gallimard.
Lumière par Hannah Droulin Son par Lenny Szpira Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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