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Critiques de Simon Liberati (418)
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Les démons

Je viens de finir ce roman et je me sens incapable d'écrire un avis.

J'ai mis 3/4 étoiles parce que je veux saluer le talent d'écriture de cet écrivain, la plume est parfois poétique, parfois déjantée mais toujours d'une grande qualité.



Mais l'histoire, où elle nous mène, quel est le message de l'auteur ? alors là... j'attends de le voir en promo pour voir ce qu'il nous en dit.



On suit les aventures de frères et sœurs fortunés, issus de russes blancs qui sont tous en quête de l'inspiration pour écrire LE roman, être reconnu mais ils se perdent dans le sexe, l'opium et la décadence, ..

Même le fait de côtoyer des grandes figures comme Truman Capote, Aragon, Elsa, Wharhol,..et tant d'autres que je connais moins, ne les fera pas s'élever, se trouver.



Nous allons les suivre de Paris, en Asie, en passant par New York, Cannes, St Tropez et Rome; tous les personnages se retrouvent dans les mêmes sphères et vivent les 1ers instants de la liberté sexuelle, des drogues.



Certaines scènes sont choquantes, le sexe dans la fratrie, les débordements sexuels en Asie. Je pense que le lecteur doit être prévenu de cette ambiance nauséabonde.



Je remercie les Editions Stock et Netgalley pour ce partage, bien évidemment.
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Eva

La première fois que Simon vit Eva, elle le traita de "connard". C'était en 1979, il avait 19 ans, et elle 14. Depuis, ils se sont croisés et recroisés, jusqu'à ne plus se séparer à compter de 2013.

C'est cette rencontre, et cet amour monstre, que Simon Liberati relate ici. Mais ce qui fait la particularité de cet ouvrage tient au personnage (réel) d'Eva Ionesco, dont la jeunesse défie l'entendement : sujet des photographies pédopornographiques réalisées par sa mère (sous couvert d'art, évidemment ; c'était "une autre époque"), elle est confiée à la DDASS dont elle s'échappe pour s'éclater au Palace dès ses 13 ans. S'ensuivra une vie cabossée, mais qui n'est pas vraiment l'objet de ce livre.

Liberati raconte d'abord un amour évident et éternel. Pour ce faire, il n'hésite pas à les présenter, Eva et lui, sous des angles peu avantageux, en exposant ce qui (à mon sens) relève de l'ordre privé ; je suis restée un peu perplexe devant la nécessité d'un tel exhibitionnisme. Mais paradoxalement, cette mise à nu ne met pas le lecteur en position de voyeur, car la puissance de l'amour qui transcende ce témoignage confère au texte une certaine pudeur (l'essentiel est tu). L'auteur raconte aussi les années Palace (Paris, 1978-1983), et c'est ce qui m'a le plus intéressée : la description, de l'intérieur, de cette faune nocturne, branchée, blasée, fauchée -et finalement peu attirante.

Par contre, le style m'a rebutée ; je n'ai pas apprécié les longue phrases compliquées, ni les multiples références culturelles qui soulignaient mes lacunes -j'y ai perçu une forme de prétention très "jeunes gens modernes" ; pas mon monde.

Mais je ne regrette pas le voyage. Et je ne regrette pas non plus de ne pas avoir connu ces fameuses nuits parisiennes, au réveil douloureux.
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Eva

Je ressors plutôt perplexe de ce roman porté au nues lors de sa sortie il y a quelques années. Une chose est toutefois certaine : les qualités d'écriture de Simon Liberati sont frappantes et remarquables. Et en cela je ne regrette pas du tout le temps passé à le lire.

Mais, il y a un "mais", je n'ai pas du tout réussi à rentrer véritablement dans ce livre, ni à m'intéresser à ce qu'il raconte et qui est pourtant tout à fait terrible. Je m'interroge donc sur les raisons de cette distance par rapport à ce qui est raconté. Il est tout à fait possible que cela soit de mon fait. Mais est-ce lié à une forme de narcissisme de l'auteur ? A sa volonté, même sur un sujet difficile comme celui-ci, de faire de la littérature, et de le montrer ?

Un mystère que j'ai pas réussi à percer !
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Performance

Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=WekVRvP2Wh4



De quoi ça parle ? On y suit le narrateur, âgé de 71 ans, écrivain qui n’écrit plus, et qui va cachetonner pour une série Netflix sur les Rolling Stones dans les années 70. A côté, on suit son quotidien, avec Esther, sa nouvelle compagne, fille de son ancienne femme, âgée de 23 ans.

C’est difficile pour moi de juger ce livre, juger une œuvre devrait s’affranchir de la morale. Donc je vais essayer d’évoquer ce qui m’a dérangé de la manière la plus prudente possible. Parce que même si on a pas envie de faire notre Sainte-Beuve et de juger l’homme, quand il s’agit d’un texte autofictionnel, ça s’avère plus compliqué, car l’homme c’est le sujet, c’est la matière du texte.

Je vais commencer par parler de ce que j’ai apprécié dans ce texte, puis on va expliquer en quoi la polémique qui va suivre ou non la médiatisation de ce texte est selon moi assez justifiée.



J’ai aimé la précision de Liberati, le fait qu’un des procédés qu’il affectionne soit l’hypotypose, qu’il utilise beaucoup dans les passages sur les Rolling Stones pour les faire revivre comme à l’époque : l’énumération de détails suit une progression visuelle, comme si on assistait à ces scènes, comme une caméra qui zoome de plus en plus pourrait dire les deux producteurs de la série sur laquelle il travaille. Par contre, il a tendance à faire des généralités, des sentences qui sonnent littéraires mais qui auraient gagnée à être de temps en temps remise en question, on ne comptera pas par exemple le nombre de fois où apparait le groupe indéterminé des « femmes ». La littérature c’est sans doute l’observation, noter que tel groupe de personnes agit de telle manière, les agents immobiliers, les policier, etc,. (c’est bien pour le tableau d’ensemble que l’on fait). En revanche, il faut aussi contrebalancer avec la distinction, surtout quand on rentre dans le détail (ici avec Esther par exemple. Or, il ne le fait jamais, elle ne contredit jamais ses idées généralistes sur les femmes. La palme revenant à « Intuitive comme toutes les hystériques, même si cette hystérie chez elle était rentrée » Même quand ça ne correspond pas à son idée de base, il fait une pirouette pour faire rentrer Esther dedans, et on ne commentera pas le terme d’hystérique, à minima malvenu).

Ce que j’ai trouvé assez amusant, c’est la manière dont Liberati peint notre époque, ridiculisée sous les traits des deux producteurs de cette série Netflix sur les Rolling Stones (ces deux producteurs qui m’ont fait penser aux pubeux du film The Square — toujours penser à l’audience, à la réaction de leur public-cible), donc une époque bégnine qui joue sur une nostalgie totalement faussée qui prend plus en compte l’optimisation et la budgétisation du projet que son esthétique.

Tous ces passages sont assez marrants, entre lui qui est là pour remplir les caisses et leur servir un peu de sa féérie d’it-boy vieillissant, qui perd par conséquent de sa féerie pour devenir une soupe à la recette facile, et eux dont les remarques visent toujours à côté. On ajoute la figure du réalisateur coréen étonnamment profond et mystique, et malheureusement, du name dropping à gogo (d’ailleurs le name dropping serait presque un procédé littéraire avec Liberati — quand il parle littérature, quand il parle musique, il aime balancer des noms en veux-tu en voilà, mais ça a malheureusement un côté artificiel voire cuistre puisqu’il ne prend pas le temps d’expliciter un peu ses références. Alors certes, je dis souvent que je veux de la précision en littérature, mais je pense que plus obscure est la référence plus il est nécessaire de l’expliquer : le but de la littérature n’est pas de faire le malin, si tu veux utiliser des notions oubliées, c’est bien de les mettre en scène, pas juste les balancer pour montrer ta culture. J’ai trouvé que ça donnait des airs compassés au texte, que ça pouvait retirer de la spontanéité à certains moments, que les moments où c’est pertinent, c’est surtout les passages où ils parlent de ces années 67-70. Car c’est toute une reconstruction historique qui doit être faite, sans paraitre en être une, et que donc virevolter d’un nom à l’autre comme si on les connaissait tous, ça donne un côté réaliste au texte. J’aurais cependant apprécié plus de passages, qu’il tire plus sur les fils, parce qu’on a souvent la désagréable impression qu’il rompt la rêverie, même si je peux aussi comprendre que c’est son intention.

On aime bien les quelques extraits où il se représente comme une des dernières figures d’une aristocratie agonisante, un homme de lettres et de culture comme l’entendraient plutôt les siècles passés, et le ridicule du hiatus qu’il y a entre le fantasme de l’écrivain et la réalité égaye parfois le texte — sa demeure est en ruine, il se claquemure avec sa nouvelle compagne pour éviter le scandale, s’habille de vêtements mités « L’écrin avait beau être vide, l’écrivain disparu, l’individu qui jouait son avatar avait encore la tête de l’emploi avec sa robe de chambre Old England en tartan vert et bleu, son pyjama Charvet et ses pantoufles de velours. Je recouvris la robe de chambre par une sorte de super-robe de chambre, un manteau Lanvin croisé en cachemire marron d’Inde troué aux mites […] ». Mais bizarrement on a aussi l’intuition qu’il aime cette image, que le ridicule est une sorte de transmutation qui se produit dans l’œil du lecteur sans que ce soit souhaité par l’auteur — il cite ces marques et la recherche encore étudiée de ses tenues comme un dandy qui a malgré tout encore du goût, une sorte de manière de perpétuer sa distinction de classe, de montrer que malgré la ruine, il restera ce noble au-dessus de la masse, cet aristocrate au goût sûr. Ce fossé avec le lecteur lambda, il dérange à deux ou trois reprises :

On sent que Liberati cherche, comme il l’a dit dans un de ses précédents roman Eva, à « ne séduire que l’élite ». Dès le début, le geste hiératique d’ouvrir la fenêtre dès que le petit personnel se barre est éloquent — ici, le petit personnel, c’est les dealeurs, qui sont les seuls personnages qui ne viennent pas de la bourgeoisie ou de la petite noblesse comme dit Liberati. Le petit peuple ça pue, semble -t-il écrire. Ou encore quand la décoratrice médit du réalisateur « Ségolène se régalait des déboires du réalisateur et de ses assistants. Cette malveillance de domestique m’agaçait ». Et enfin, quand Esther ose le contredire, cela fait ressortir son milieu d’origine au yeux du narrateur, ce qui lui fait dire « Comment cette oie osait-elle me faire les gros yeux, me reprocher à moi, de cette petite voix agacée où une pointe de vulgarité laissait voir un peu d’accent vaudois, comme ces anciennes prostituées rangées dans un intérieur bourgeois qui laissent couler un mot ordurier trahissant ce qu’elles cherchent à cacher » — Il essaie lui-même de cacher derrière une peinture de mœurs très 19ème son mépris de classe, son mépris du féminin aussi, où dès qu’Esther s’éloigne de la petite fille qu’il esquisse, la sentence est redoutable, elle devient une poissonnière.

Et parallèlement à cette intrigue sur la série et sur l’écriture, il y a aussi la relation qu’il entretient avec Esther, une jeune femme de 50 ans sa cadette, fille de son ex-femme, particulièrement malaisante.

Parce que ce qui dérange, c’est pas tant la différence d’âge que le rôle de femme-enfant dans lequel il l’enferme. Ce qui donne en plus un aspect assez répétitif au roman (et qui me fait d’ailleurs me demander s’il a été suffisamment relu par son éditeur, on note par ailleurs la mention à deux reprises du portail cadenassé de leur maison). Pour vous montrer ce que j’entends par là, je vais vous mettre maintenant toutes les citations qui mentionnent la jeunesse ou la fraicheur d’Esther :

« L’amour des très jeunes filles est d’une eau plus transparente que les sentiments même ardents d’une femme plus âgée »

« De toutes les femmes que j’avais aimées, Esther était sans doute l’une des trois plus belles, et la plus jeune ».

« Enfantine, elle aimait que je lui relise sans cesse les mêmes choses »

« Jamais plus elle ne serait aussi séduisante qu’en ce moment et elle offrait ses lys et ses roses à un vieux desperado désargenté, édenté et parfois saoul. »

« Certaines filles très belles et très jeunes se montrent extrêmement sensibles à la beauté au sens large »

« Esther avait un con si frais que j’aurais pu lui arracher la langue ou les oreilles d’un coup de dent »

« Esther n’avait pas envie d’être mère, elle m’avait dit « on ne fait pas un enfant à un enfant »

« je ne voulais pas que la petite finisse sur le trottoir, un de ses fantasmes récurrents »

« Et puis elle rit de ce rire dont la jeunesse est prodigue et qui disparait vers 30 ans. »

« C’était une enfant, mon enfant, je ne pouvais pas supporter de la faire souffrir ».

« Je restai impassible, ses colères d’enfant ne m’impressionnaient pas »

« Peut-être parce qu’elle n’était pas une femme, parce qu’elle était demeurée dans cette région de l’enfance où certaines petites filles ont la droiture simple des garçons ».

« Dans les tortures permanentes que m’infligeait la vie aux côtés de cette enfant »

« Je pensai à la jeune fille qui dormait près de moi comme l’ogre pense à la chair fraîche. Je n’étais pas excité physiquement, mon sexe petite chose sentant l’urine n’avait rien à voir avec le cep de vigne noueux, long et dur comme un manche de tire-bouchon que j’avais introduit tout à l’heure dans la vulve fraiche de la jeune fille »

« Le plus terrible, dans les amours entre un vieil homme et une jeune fille, ce n’est pas le vieillissement de l’homme, ce singe rusé menaçant ruine depuis des décennies, mais le flétrissement de la jeune fille ».



On a l’impression que c’est uniquement la jeunesse qui l’intéresse, que c’est uniquement par ce prisme qu’il la perçoit, ce qui donne un côté vampirique à son personnage — Esther n’est qu’une sorte de memento mori, un calice dans lequel il s’abreuve désespérément. Il faut préciser en plus, ce qu’on voit dans certaines citation « torture permanente », qu’il se plaint de la situation et retourne la culpabilité sur la séduction d’Esther, comme un Humbert Humbert qui ne prend même pas la peine d’être cynique (il faut savoir que toute la partie sur Esther est autobiographique, excepté qu’elle n’est pas directement la fille d’Eva Ionesco, mais sa belle-fille. De plus, elle souffre d’anorexie, de toxicomanie, et dépendante financièrement de lui semble-t-il, comme il dit « Je la tenais par un lien souple mais solide ».)

Ça joue toujours sur la même note, et en plus d’avoir un côté crypto/pédophile, de jouer même sur la corde de la culture de l’inceste (concept qui reprend la formule culture du viol pour montrer comment l’art ou la société peuvent parfois légitimer l’inceste), ben le roman va toujours dans ce sens, ce qui donne un aspect unidimensionnel à leur relation. En fait, ce que j’aurais voulu, c’est pouvoir être touchée par cette relation, ou alors au contraire pouvoir en rire — quand Houellebecq est limite sur ses plans là, c’est assez dégueulasse, y a assez de distance pour me faire marrer. Liberati se prend trop au sérieux, trop au premier degré, y a même à une ou deux reprises des remarques assez pénibles dans la manière dont il se peint.

« On ne me donnait pas toujours mes 71 ans, le visage régulier entre les poils, la stature martiale et une bonhomie pleine de simplicité mêlée au reste d’une éducation à l’ancienne, sans compter mes grands pieds et mes mains puissantes prometteuses de certaines voluptés[…] »



Quand on écoute ce qu’en dit le masque et la plume, on voit que c’est l’éléphant dans la pièce, je suis sûre que tous, et surtout les femmes, ont mis le doigt sur l’aspect pédophile de ce texte, mais relativise. Ce qui est ironique, c’est que Liberati dit ce lieu commun : « La société parisienne, naguère si libérale de mœurs, était devenue moralisatrice et jalouse », le masque les contredit d’une part, et me fait m’interroger, sont-ils complaisants pour ne pas paraitre moralisateurs et jaloux, a-t-elle déjà été moralisatrice et jaloause, cette société parisienne — on pense à Matzneff, on pense à la libération de la parole, au monde d’après et toute les conneries qu’on entend à la radio et à la télé. Si ce roman permet de démontrer cette hypocrisie, qu’il n’y a jamais eu d’ère post Metoo, à part un argument marketing de magazines féminins, que c’est aussi un enrobage que sortent les dominants pour se justifier, parce qu’il se sont fait prendre la main dans le sac, à soutenir des hommes tels que PPDA, Matzneff, et cie. Beigbeder a fait son mea culpa pour ce dernier, on voit que se désolidariser de Matzneff, c’était surtout pour ne pas être éclaboussé par lui. Rien n’a changé, on est en 2022, et un livre qui parle de vulve fraiche de jeunes filles vient de gagner le Renaudot.


Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Anthologie des apparitions

Drôle de bouquin, lu après la lecture d' "Eva" du même auteur, qui y évoquait cette "Anthologie des apparitions" écrite 20 ans auparavant (vous suivez ?).

"Eva" m'avait laissé un goût mitigé, mélange d'attraction-répulsion pour cette jeunesse déglinguée de la fin des 70's/début des 80's, qui mettait un point d'honneur à paraître et disparaître, plutôt qu'à être. Mais avec le recul, force m'est de constater que Simon Liberati a été plutôt doué en ressuscitant tous ces fantômes, puisqu'il m'a donné envie de retourner dans ce monde distordu.

Dans ce très court récit, il raconte un frère qui raconte sa soeur disparue et tous les autres, jeunes et beaux qui, dès l'adolescence, choisissent de ne vivre que pour "la frime, les belles coiffures et les chiffons", en côtoyant les pipoles de l'époque dans les boîtes les plus courues de la capitale, sans un sou en poche mais de l'héroïne plein les veines, et disposés à donner leur corps à qui en veut. Ca m'a fascinée, ce désintérêt pour leur intégrité physique ("Si le corps n'était rien pour eux, les atours, les coiffures dont ils se paraient représentaient à leurs yeux l'essentiel.") lié à un nihilisme absolu ("Si l'on n'est pas capable de se déshonorer, si l'on sait dire non, c'est qu'on accorde de la valeur aux choses de ce monde, et par exemple au confort, à la sécurité, à l'estime de soi ou à la santé."). Liberati répond à toutes mes interrogations sur cette jeunesse perdue qui, malgré sa morgue, fait finalement pitié.

C'est dense, parfois poétique, et totalement amoral -je ne suis pas sûre que ce livre pourrait être publié aujourd'hui-, tout en étant empreint d'une grande tristesse et d'une forme de pudeur décadente.

Un roman punk sous la pacotille, et plutôt réussi dans son genre ; c'est suffisamment rare pour se laisser tenter.
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Anthologie des apparitions

Beaucoup aimé le style de Liberati pour cette histoire de déglingues. J'ai suivi avec intérêt le parcours presque immobile du personnage à la beauté luciférienne qui michetonne ici ou là. Poésie à la fois sombre et lumineuse pour un livre très beau.
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Eva

Photographiée par sa mère dès quatre ans, à moitié dénudée, dans des poses érotiques, voire pornographiques, Eva va grandir dans ce monde d'adultes qui lui volent son enfance.

Un univers sulfureux : Drogue, alcool, première expérience sexuelle à 12 ans, clubbeuse à 15 ans. De la souffrance, de la solitude, des névroses.

Simon Liberati nous livre un portrait d'Eva enfant mais aussi celui de la femme dont il est tombé amoureux.

Un livre qui parcourt le passé et le présent, un peu voyeur, parfois dérangeant, qui ne m'a pas vraiment séduite. Je suis sans doute un peu dure mais je ne mets que deux étoiles.
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Jayne Mansfield 1967

La description glaçante et écœurante de l'accident fatal, puis le déroulement des derniers mois d'une Jayne Mansfield plus pathétique que glamour ne m'ont pas emballée. Avec ça, une chronologie parfois un peu confuse et quelques phrases obscures dans une écriture qui ne manque pourtant pas de talent, me font noter cette lecture en dessous de la moyenne.
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Performance

Liberati ferait partie des meilleurs écrivains de sa génération...disent ses amis critiques littéraires. Il est indéniable que le style est fluide, que ce roman - comme le précédent - est érudit...mais c'est totalement vain.

Qui peut raisonnablement s'intéresser à ce roman sur un scénariste en proie à ses angoisses alors qu'il travaille à un documentaire sur brian jones?
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Les démons

J’ai cherché un qualificatif pour ce roman et le premier qui me soit venu à l’esprit est crapoteux…



C’est bien l’impression que me laisse ce livre un peu putassier qui mélange bourgeoisie fin de race, jet-set décadente des années 60, usage intensif de la morphine, partouzes et jeux interdits. Pour faire mousser, on met un peu de paillettes intello en convoquant quelques écrivains vieillissants (pauvre Aragon !) ou des américains underground pour donner un fil conducteur à ce roman qui peine à trouver son chemin.



L’indigence de l’histoire n’est même pas compensée par le style. Liberati fait des phrases maniérées qui frisent le rococo, mais il ne suffit pas d’ajouter de jolis qualificatifs pour faire de belles phrases, surtout quand elles sont pleines de poncifs ou de clichés.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Les rameaux noirs

Merci à Net Galley et aux éditions Stock de m'avoir permis de découvrir ce livre, que malheureusement je n'ai pas apprécié !

J'ai aimé le premier chapitre, mais après je n'ai pas du tout accroché ! J'ai trouvé ce livre chiant, désolé mais là il n'y a pas d'autres mots.

Je n'ai pas apprécié l'écriture, c'est pompeux, pas très bien écrit, et je trouve que l'auteur saute du coq à l'âne. Du coup, je me suis rapidement perdue dans cet ouvrage.

J'ai fini par le lire en diagonale, tout en regrettant de l'avoir demandé. Je suis toujours un peu mal à l'aise quand je n'apprécie pas un livre que l'on me permet de découvrir gratuitement, et là vraiment j'ai détesté cet ouvrage !

Je mets une étoile, à cause de ce premier chapitre qui m'a plu.
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Jayne Mansfield 1967

Et dire que je me faisais une joie de lire ce livre, j'aurais du me méfier des critiques professionnelles si élogieuse un peu plus de 200 pages pour un livre qui se veut évoquer la vie de cette actrice des années 50 et d'après la quatrième de couverture « ressusciter Jayne Mansfield» (pour ressusciter on a déjà fait mieux) ça semble assez bref... Bref et pourtant j'ai trouvé ce livre incroyablement long et ennuyeux au possible.

Sur les 200 pages, le premier quart est entièrement consacré à nous décrire minutieusement l'accident de voiture qui lui coutât la vie, les quelques minutes précédant la collision, l'arrivée des premiers témoins, des premières voitures de secours.

Tenir 50 pages en ne parlant uniquement de l'instant de l'accident, c'est long alors tout y passe, du petit chien survivant couvert de sang errant sur la chaussée, aux enfants de Jayne Mansfield, de leurs blessures des jouets récupérés dans la carcasse de la voiture par les secours qui les leur redonne, espérants ainsi les distraire, en passant par les corps encastrés certaines des images qu' il évoque alors sont d'un goût assez moyens; certaines scènes et descriptions nous sont d'ailleurs resservit plusieurs fois.

J'avais espéré que la suite raviverait mon intérêt, que nenni ! Jayne Mansfield n' y est évoqué que par petite touche, avec une certaine fascination dans l'écriture, les pages restantes étant consacré uniquement à sa consommation de drogue, d'alcool, aux dérives que cela inspire dans le comportement de cette femme.



C'est rare que je m'ennuie à ce point en lisant un livre, heureusement qu' il était assez court autrement je l'aurais abandonné sans aucun regret.
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Nada exist

« Nada exist » est le second roman de Simon Liberati, paru en 2007 et on sent la filiation avec l’Anthologie des Apparitions et Occident, tant le thème (l’obsession de l’auteur) pour une stylisation de la déchéance de l’Artiste, et sa démystification imprègne son œuvre à venir.

Comme souvent chez l’auteur, l’intrigue tient sur une paillette : un photographe qui a eu son heure de gloire dans le showbiz international vit désormais dans une vieille demeure loin de Paris avec sa femme mourante d’un cancer – elle était autrefois la femme la plus enviée de Paris pour sa beauté et son métier de rédac en chef d’un magazine de mode quelconque, son père, et son ami/monsieur de compagnie loser (n’est-ce pas le même personnage que dans l’Anthologie ?) qui vit à ses crochets et il a rendez-vous avec sa maitresse, Lukardis (Ah, les prénoms chez Liberati…).

Va-t-il y arriver avant ou après son dealer ? La voiture va-t-elle tenir le coup ?

Une trajectoire à l’image de son héros : toujours vers le bas, de la vieille bâtisse en ruines étudiées, grâce à une vieille voiture stylée qui marche mal, pour aller retrouver sa maitresse trop vieille dans un hôtel Novotel (lol) du quartier le moins esthétique et le plus « plastifié à l’américaine » de Paris ; toute la panoplie du décadent cool de la mode de la fin des années 80/ début 90 est là - il ne manque plus que la fausse Rolex Submariner achetée en Thailande à l’occasion d’un sex trip, et une séance de shopping d’un blouson en simili cuir au H&M de Beaugrenelle (« le grand magasin parisien du 21ème siècle » dixit son site internet) pour compléter cette « plongée ».

Faire rimer H&M avec S&M, voilà le concept de ce roman.

Connu pour être un moine de l’écriture, on ne veut pas croire que l’auteur écrit au premier degré, c’est forcément ironique – même si on dénote une grande complaisance dans ce faux misérabilisme dandique d’un héros qui a pu profiter d’un système mis en place par Warhol, le Louis 14 américain du siècle dernier– et qu’il a surement connu, et cotoyer avant sa mort.

Car quand comme dans tous les romans de Liberati, le narrateur/le héros n’est jamais sympathique, ni charmant– mais il s’agit, j’ai l’impression, d’une vraie ambition de l’auteur, d’être authentique et de ne pas s’épargner à travers lui.

L’égoïsme est latent chez tous les artistes et Liberati disserte sur leur petitesse à travers tous ses romans – alors que le mainstream continue de les mettre sur un piédestal, lui semble vouloir les faire descendre à tout prix.

Le héros, donc, puisqu’il s’agit d’un grand monologue, est une synthèse « libératienne » : la panacée « warholienne », l’ultra-matérialisme vulgaire qui cherche la lumière divine (mais c’est trop tard, on ne peut pas faire de tourisme en enfer), l’idéal des années 80 déconstruit, qui se heurte à la réalité des années 2000 ou plus exactement à la vieillesse de ses protagonistes – non, spoiler alert, aucun ne finit jeune, beau, riche et heureux – puisqu’ils ont survécu à leur 15 minutes de gloire et n’ont pas eu le bon goût de mourir jeune pour devenir des « légendes » de papier glacé.

Il est dit que chaque auteur réécrit le même livre – et vraiment, on a l’impression que Nada Exist est né des « chutes » de son premier roman, lui très court, celui-là, un peu trop long.

Sa plume est toujours intéressante en ce qu’elle mélange le classique et le toc – et gorgée de références artistiques plutôt-obscures et provoc facile (petit relent raciste, extrême droite…)

Ce roman est long. Il ne se passe pas grand-chose, mais il y a même genre de fascination/répulsion que pour Glamorama de Bret Easton Ellis – à la différence près que Glamorama est ouvertement une satire et est très drôle, alors que Liberati se prend toujours au sérieux – pas d’humour ici, jamais, même quand il essaye de montrer des scènes « drolatiques », mais beaucoup de style et c’est déjà quelque chose à notre époque.

On revient vers Liberati pour ses belles phrases, et sa plus grande réussite et d’imprégner dans le lecteur, en tout cas chez moi, le dégoût – et finalement arriver à son but, nous guérir de tout fantasme d’aspiration à ces vies en toc – et bam, voilà, la lumière.





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Eva

Fascinant, dérangeant, énervant. La fascination d’un écrivain pour une très jeune fille qu’il a connu et qui deviendra sa femme 30 ans plus tard. Dérangeant parce que la mère d’Eva a profité du corps de son enfant pour en faire des photos érotiques et lui, Simon Liberati ne profite-t-il pas d’Eva pour en faire un roman ? Mais comment un écrivain peut-il résister à autant de matières à portée de main ? Enervant parce qu’une bonne moitié m’a happée avec un style fluide, puis qui part dans différents méandres en s’éparpillant. Dans tous les cas, une belle histoire d’amour et d’admiration pour sa muse. Biographie de sa femme Eva Ionesco, actrice et réalisatrice du film My Little Princess avec Isabelle Huppert que j’ai regardé à la suite du livre. Le tout ne laisse pas indifférent.
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L'hyper Justine

Décidément, mauvaise pioche chez Flammarion pour l’année 2009.

Après « La restitution » d’Hadrien Laroche, voici une seconde histoire embrouillée sans queue ni tête.

Une bande de pseudo-intellos parisiens dans un milieu branché qui ne crache ni sur l’alcool ni sur la drogue.

Leurs buts ? Leurs motivations ? Je n’ai strictement rien compris.

Ah ah ! Deux mauvais choix de suite dans ma PAL ! Croisons les doigts pour le suivant.

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Jayne Mansfield 1967

Toutes les télés ont parlé de ce livre, et pourtant j'ai l'intime conviction que certains chroniqueurs ne l'ont pas lu, s'attardant sur des anecdoctes qui ne font pas l'essence du livre. L'essence c'est l'écriture, métallique, photographique, presque dérangante tant elle est descriptive tel un rapport de police, sur l'accident de voiture,notamment.

Jayne Mansfield, mauvaise actrice, pin up grotesque, abimée par la drogue, s'exhibant dans des clubs miteux, trimballant sa tribu, chiens, enfants, amants glauques, dans un décor qu'elle veut rose bonbon. Simon Liberati la passe aux rayons x, en fait un animal de laboratoire sous son écriture aussi froide qu'une table de dissection.

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Performance

Donc en 2022 on peut, sous prétexte de se la raconter un peu sur les Stones (qui font cruellement tapisserie ici), écrire un roman limite ennuyeux sur l'histoire d'amour entre un pseudo-dandy de 71 balais et son ex belle fille de 50 ans sa cadette, le tout avec force clichés et manières un peu misogynes...et chopper le Renaudot...

Bon, ok.
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Trois jours et trois nuits

Nouvelle proposition de lecture que ce livre improbable réunissant 14 écrivains

athées, agnostiques, ou de confession chrétienne lointaine ou enfin rapprochée. C’est dire le pari des deux éditeurs lancé à ces hommes de vivre cloîtrés trois jours à l’abbaye de Lagrasse dans l’Aude !

J’achète le livre, car je vois que les droits d’auteur sont reversés à l’ordre pour la restauration de l’abbaye, bâtiment sublime abandonné par les hommes et réhabilités en 2004 par ces chanoines devenus plâtriers, électriciens, plombiers…

Je ne m’attends pas à grand chose de nourrissant, j’y vois une simple retranscription de bavardages germanopratins.

En fait, j’ai été détrompée très rapidement : chaque auteur a quelque chose d’intelligent à nous dire, de sérieux, de profond, de drôle aussi. Chacun expose ses vues sur le mode de vie de ces 42 chanoines hors du temps. Cela les questionne tout comme le monde qu’ils maintiennent. Pas de préjugés ni de conversions, mais un éclairage particulier en fonction de la sensibilité de chacun. C’est formidable !

Mention spéciale à Pascal Bruckner, Jean-René Van der Plaetsen, Boualem Sansal et à Simon Liberati qui, dans leur genre bien différent, expriment une sensibilité au fait religieux qui interroge profondément l’homme moderne dans ce monde si vide de sens.

La dernière controverse sur ce livre tombe à plat lorsqu’on le lit vraiment : il n’y a pas d’apologie de la religion ni du rite tridentin… il se trouve juste que c’est la règle de la communauté…



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Jayne Mansfield 1967

Enquête pointilleuse, sobre, d'où se dégage peu à peu le portrait d'une femme névrotique, défoncée, mère à 34 ans de 5 jeunes enfants, de 4 chihuahuas, peluches/doudous vivantes en turn over entre ses seins, de peluches/jouets qu'elle transportait partout, à l'intelligence supérieure qu'elle utilisa comme moyen d'oubli instantané, actrice ratée se consolant de ses échecs artistiques en repoussant les limites outrancières de l'incarnation de la dump-blonde des années 50... morte non pas décapitée (confusion due à une de ses multiples perruques collées sur le pare-brise de la voiture) mais broyée au cours d'un accident nocturne après un numéro de strip-tease dans un bar miteux de Louisiane. Seuls les enfants survécurent au drame qui coûta la vie à deux autres adultes.

Simon Liberati nous entraîne dans un récit étrange, avec une pointe de fascination morbide (pour lui comme pour le lecteur), mais aussi d'une extrême élégance. La femme qu'il a choisi de "réhabiliter" dans une probable vérité plus complexe que sa légende, n'est ni magnifiée, ni statufiée, ni bizarrement humaine. Elle semble physiquement et psychiquement incarner une sorte de monstre de cirque assumé, revendiqué, une créature pleine de vie, frénétiquement sexuelle, colérique, apaisée seulement par la présence de ses enfants et ses chiens.

Devant ce portrait et celui en filigrane d'un Hollywood moribond, mon émotion a été plus proche d'une légère nausée que de la tristesse.

Pourtant, même si les dernières lignes insistent sur le caractère définitivement dérisoire de l'image qui perdure de Jayne Mansfield, j'ai été touchée par cette femme victime d'elle-même comme de ceux et celles qui la regardaient. Jayne était affamée de célébrité, et comblait le vide qu'elle ressentait par l'accumulation d'albums où elle collait et triait absolument tous les articles, reportages ou ragots abjects, la concernant. Des centaines d'albums, dont le dernier fut retrouvé dans la voiture accidentée, des albums qu'elle feuilletait sans cesse pour se persuader d'être vivante.
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Trois jours et trois nuits

« Alors l’évidence me terrasse : ici, dans cette pièce où nous partageons ce repas muet, se tiennent les derniers des héros. Les seuls braves d’une civilisation mourante, empoisonnée par l’égo et l’hédonisme marchand. »

Le grand voyage de trois jours et trois nuits de 14 écrivains en l’abbaye de Lagrasse en vivant selon la règle augustinienne en clôture avec les chanoines. Quatorze regards, quatorze sensibilités, quatorze plumes offrant au lecteur une unique opportunité d’enrichissement spirituel au moment où le monde gouverné par les chiffres s’enferme dans le bruit et les divertissements. Cet ouvrage dans un monde sombre apparaît comme un signe d’espérance.


Lien : https://www.quidhodieagisti...
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