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Critiques de Sinan Antoon (29)
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Ave Maria

Quand il y a une guerre, surtout aujourd'hui, que tout est diffusé à travers les médias, on pense rarement au quotidien des milliers de civils qui n'ont rien à faire avec les agissements de leur gouvernement en cause, mais qui finalement payent lourdement la facture, pendant et longtemps après.

Avec le deuxième livre de l'auteur irakien Sinan Antoon, on retourne à Bagdad, mais cette fois-ci dans une famille chrétienne de l'Eglise Chaldéenne*. Les événements du livre se passe sur une seule journée, avec deux visions différentes du monde. L'une, celle de Youssef, septuagénaire, qui vécut l'avant, pendant et l'après Saddam, et l'autre, celle de sa nièce Maha, née en plein embargo et petite fille durant le coup de grâce des Etats-Unis en 2003. Une voiture piégée ayant détruit leur maison, elle s'est réfugiée avec son mari chez Youssef. L'oncle et la nièce sont en désaccord sur leur avenir en Irak et le communautarisme qui empire. Qui a ou aura raison ?



Youssef vit enfermé dans son passé. Il a passé plus de la moitié de sa vie à l'Office national des dattes, gravissant les échelons jusqu'au poste de directeur général. Il vécut le temps où le communautarisme n'existait pratiquement pas en Irak, alors qu'aujourd'hui, règne dans le pays un fort climat de tension communautaire. "Il y a a toujours eu des sunnites et des chiites, des chrétiens et des musulmans. Et tout ça sans massacres ni exterminations, ni milices, ni voitures piégées !".....Ayant vécu ce passé, il est optimiste, alors que pour Maha, étudiante en médecine qui vit un tout autre quotidien, il n'y a plus aucun espoir, ("ces regards, ils ne viennent pas que des hommes, ils viennent aussi des femmes qui me voient et me perçoivent comme une prostituée dès l'instant que je ne porte pas le hijab".), sinon l'exil.....



À travers les photos de famille réparties sur les murs de la maison de Youssef, l'auteur nous raconte aussi l'histoire tragique d'une famille qui s'inscrit dans la grande Histoire multiculturelle et chaotique de l'Irak. Une famille exilée aux quatre coins du monde et une photo entre autres gardée dans une enveloppe, pas sortie depuis des années mais dont il garde des copies épinglées un peu partout sur les murs de son coeur et de son âme....

Un beau roman âpre sur la situation actuelle d'un pays dont on a tendance à oublier le sort tragique, et qu'on ne devrait pas. Un sort empiré grâce au coup de grâce des États Unis en 2003, "ce qui s'est passé après 2003 dépasse en férocité tout ce qui s'est passé avant". Un livre qui fait réfléchir sur l'apport réel des religions aux hommes, en bien ou en mal, que je recommande fort pour qui s'intéresse à cette partie du monde embrasée, ainsi que son premier livre, "Seul le grenadier ", qui n'a que deux critiques sur Babelio.





"Comment Dieu permet-Il tout ce mal, ou tout au moins ne punit-Il pas ceux qui le font, bien qu'Il soit omniprésent, non seulement dans les livres saints, les prières et les lieux de culte mais dans la nature et la beauté ? "





*On désigne aujourd'hui sous le nom de « Chaldéens » ou d'Assyro-Chaldéens, les assyriens membres de l'Église catholique chaldéenne, de rite et de langue liturgique syriaque oriental.

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Seul le grenadier

".....ce que mon père nous achetait était dû à la faveur de la mort, et ce que nous mangions aussi, c'était la mort qui nous l'assurait ",

Propriétaire de la seule salle de lavage pour chiites de Bagdad, où travaillèrent plusieurs générations de la famille et dont l'histoire remonte à plus de dix décennies, le père lave et prépare les morts à l'enterrement. le narrateur est son fils cadet Jawad.

Dans son jardin un grenadier fleurissant, buvant les eaux de la mort, et près de celle-ci un banc de bois prévu pour les proches du défunt qui veulent assister au rituel de lavage.......Le père souhaite que le fils prenne sa suite, mais ce dernier qui l'aide déjà pendant les vacances scolaires, n'en a ni la force ni l'envie....et il en a honte.

Jawad aime dessiner. Un professeur de "pratique artistique" au lycée l'y encourage. Et contre le gré de son père, il fera des études de Beaux-Arts.

Mais l'invasion américaine en 2003 va changer le cours des choses......

La guerre avec l'Iran, le régime d'oppression de Saddam Hussein, la guerre du golf après l'invasion irakienne du Koweit en 1990 et finalement les Américains qui donnent le coup de grâce en 2003 au pays, soi-disant pour le libérer .....Jawad va tout y perdre ( "En descendant du monticule de gravats, j'ai senti les ruines que je portais en moi se dresser de plus en plus haut, pour étouffer mon coeur" ). Noyée dans ses cauchemars récurrents, son âme d'artiste et de poète y survivra quand même.

Une atmosphère lourde de calcinés, de cadavres, de disparitions et de scènes révoltantes, comme celle où le narrateur en route pour Najaf pour enterrer son père croise un régiment américain. Des soldats américains qui maltraitent et humilient trois irakiens dans leur propre pays, pourquoi ? Juste parce qu'un connard à la solde des lobbys d'armes,, qui ne savait même pas où se trouvait l'Irak sur la carte, a décidé de l'envahir, pour tuer sa propre création ( "L'élève a déguerpi, le maître est arrivé ! " ), le reste vous connaissez...."l'éradication d'un pays", comme le remarque le tonton du narrateur, à un retour d'exil.

Un récit poignant, jonglant entre passé et présent, histoire personnelle et celle de l'Irak, le tout adoucie par une trés belle prose tout en sensibilité et finesse. Malgré le froid de la violence continue dont la mort en est le principal protagoniste ("un jour, je me suis rendu compte que mis à part Mahdi et ma mère, je vivais mes journées avec les morts" ), la chaleur de la Vie est présente, à travers des visages trés humains de Jawad, d'Ammouri le frère aîné, de tonton Sabri l'oncle communiste exilé et d'autres personnages de passage, l'amour et l'art y contribuant.

Un livre sur l'histoire de la folie humaine qui carbure à l'avidité sans fin de pouvoir et d'argent et où la vie humaine n'a aucune valeur. Un livre plus que jamais d'actualité.



"Ma petite histoire, que j'ai voulue différente, a été engloutie par la grande histoire, il n'en reste plus rien."



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Ave Maria

Comment ne pas s'attacher à ce récit bouleversant , pétri d'émotions, grave et actuel , tissé de connaissances, de richesses culturelles accumulées, de souvenirs heureux de Youssef, ce vieil Irakien , de confession chrétienne, célibataire endurci, bourru, le regard triste, attaché à sa culture et à ses traditions qui vit enfermé dans son passé .....fixant les portraits souvenirs accrochés aux murs de la mémoire ...?" Le passé , c'est un peu mon jardin, que j'aime et soigne comme s'il était ma fìlle. Je m'y réfugie pour fuir le vacarme et la laideur du monde. Il est mon "paradis "en plein coeur de " l'enfer " , " ma religion autonome à moi "...

Il nous conte son histoire , son enfance, ses joies, son pére Gorgis, sa mére Naïma, ses frères et surtout sa grande soeur, Hinna qui l'a élevé.



Trés pieuse elle se destinait à devenir nonne.



Le destin en a décidé autrement ....

Youssef est profondément attaché à son mode de vie oriental , ses amitiés multiconfesssionnelles et refuse obstinément de quitter Bagdad. Il explore sa jeunesse oú est né son" amour du palmier".

Il rentre d'ailleurs à l'office national des dattes et y finira directeur général....

Aujourd'hui, les circonstances de la guerre l'obligent à héberger sa nièce, Maha, jeune étudiante en médecine.



Elle vient s'installer chez lui avec son mari.

Rêvant chaque jour de partir trés loin le plus rapidement possible , vivant un quotidien difficile, elle interpelle son oncle qui refuse de quitter sa ville .

" Tu vis dans le passé mon oncle, comment peux - tu avec tous ces meurtres, ces égorgements, ces expulsions, ces bombes?

L'auteur restitue avec force un moment extrêmement douloureux où l'Irak est en train de se vider de sa communauté chrétienne , soumise à la peur continuelle des attentats qui la vise.

Cet ouvrage fort bien écrit ----je ne connais pas l'auteur---- nous fait toucher du doigt avec âpreté , intelligence et profondeur la situation catastrophique de l'Irak que ---- peut- être---- l'on préfére oublier ...

Ce récit oppose deux générations d'irakiens, le passé heureux, sans haine, multiculturel , nostalgique d'une culture et d'une communauté chrétienne enracinée depuis deux millénaires de Youssef, menacé de disparaître et l'urgence, la violence de la situation depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003 qui plonge dans l'horreur, la douleur et la violence , dressant les composantes confesssionnelles les unes contre les autres...



Un roman éclairé et tendu que chacun pourrait lire !



Roman traduit de l'arabe ( Irak ) par Philippe Vigreux aux éditions Actes-Sud.





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Seul le grenadier

Seul le grenadier, de l'irakien Sinan Antoon, porte le titre de Le laveur de cadavres, dans sa traduction anglaise. Il donne effectivement une idée assez explicite de ce qu'est le roman avec un narrateur qui a pris malgré lui la succession de son père et des générations précédentes dans cet office qui est loin de son rêve de devenir sculpteur. Des dernières années de la guerre du Golfe à aujourd'hui, le livre raconte la violence ininterrompue à Bagdad, devenue encore plus sanglante avec le conflit confessionnel. S'il y a déjà eu d'excellents romans d'auteurs irakiens, ces derniers temps, notamment Frankenstein à Bagdad, Seul le grenadier est sans aucun doute le plus poignant, ne serait-ce que dans ses aspects documentaires pour comprendre véritablement ce que signifie la vie et la mort, inextricablement liés, en Irak. Ce thème est l'un de ceux traités par Sinan Antoon notamment à travers ce métier de laveur de cadavres qui donne lieu à plusieurs scènes d'une force incroyable. Au-delà de son réalisme saisissant, le livre est aussi une fiction remarquable autour de son personnage principal, de ses rêves et cauchemars, de ses amours impossibles,de son apprentissage de l'âge adulte, et de son enlisement progressif dans ce qui pourrait ressembler à une dépression si le mot n'était pas aussi dérisoire dans une vie cernée au plus près par la mort. Ce requiem de Bagdad est rendu vibrant par un style délié, une plume qui recourt à la poésie à chaque fois que le linceul de la tragédie semble recouvrir cette ville dont l'âme ne fait qu'errer entre vivants et défunts.
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Seul le grenadier

J’ai aimé le ton poétique du livre, son symbolisme et le fait que l’histoire s’inscrive dans l’Histoire dramatique récente de l’Irak (on comprend toujours mieux les faits à travers des témoignages individuels qu’à travers les reportages factuels). J’ai aimé aussi sentir « de l’intérieur » les doutes du protagoniste qui peine à trouver le sens de sa vie entre désirs et culpabilité, toucher du doigt sa souffrance et ses errances. J’ai pu aussi, à travers ce livre, comprendre un peu de ce qu’est l’antagonisme latent entre chiites et sunnites qui se révèle surtout dans les situations de crise. Par contre, j’ai été déçue par le tour que prenait le roman. Autrement dit, je suis entrée avec facilité dans la vie de Jawad, j’ai mûri avec lui au fur et à mesure de ses deuils mais je n’ai pas réussi à faire mien son détachement qui s’installe progressivement et le roman s’est poursuivi sur ce ton un peu neutre qui m’a donné jusqu’à la fin une impression de non-aboutissement tant dans la vie de Jawad que dans le roman. J’en sors avec le goût amer d’un certain pessimisme que n’avait pas laissé présager le début.
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Seul le grenadier

"Seul le grenadier" est vraiment un très beau livre, très touchant sur le difficile quotidien des Irakiens.

À travers le destin de Jawad, le personnage principal, nous découvrons l'histoire de l'Irak, ce pays déchiré, sur une vingtaine d'années : la guerre avec l'Iran, puis celle avec les Etats-Unis, la vie sous l'embargo, et ensuite la guerre confessionnelle entre notamment chiites et sunnites. Les habitants vivent dans la peur des attentats suicides ou attentats à la bombe, des représailles, des meurtres gratuits, les coupures d'électricité incessantes. L'atmosphère est étouffante et se ressent également dans les pensées de Jawad et dans ses cauchemars qui ne cesseront de le hanter durant tout le roman.

La grande histoire se reflète également dans le métier de Jawad, puisque le destin a fait qu'il a finalement dû suivre les pas de son père : il lave les morts, qui sont de plus en plus nombreux, jeunes et mutilés.

Je me suis beaucoup attachée à ce jeune homme rêvant d'être artiste mais dont les plans ont été bouleversés par la situation du pays. Il est bouleversant dans ses choix et ses réflexions.

Je vous conseille donc vivement de lire ce très beau roman !
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Ave Maria

Sinan Antoon vit depuis plus de 25 ans en Amérique mais son coeur est resté fondamentalement attaché à son pays natal, l'Irak. Après Seul le grenadier, un nouveau roman de cet auteur (chronologiquement, son troisième), Ave Maria, est publié par Actes Sud. Deux personnages s'opposent et se complètent dans la Bagdad de 2010, théâtre de chaos, soumise à une violence confessionnelle qui n'a fait que s'amplifier depuis le début de l'occupation américaine. La jeune Maha et le vieux Youssef sont cousins et vivent dans l'appartement de ce dernier depuis peu. Le second représente le passé irakien avec sa nostalgie chevillée au corps et un certain optimisme (naïveté) malgré le climat d'apocalypse ; la première, en revanche, peut-être considérée comme le symbole du présent et de l'avenir avec, hélas, peu d'illusions sur une amélioration prochaine de la situation et envisageant l'exil comme seule solution. De chacun d'eux, Sinan Antoon raconte l'histoire et les croyances avant dans les plonger dans l'enfer de l'attaque terroriste du 31 octobre 2010 à l'église Notre-Dame-de-la-Délivrance, perpétrée pendant la messe dominicale, qui fit une soixantaine de victimes. A travers ce récit, l'auteur montre les souffrances que vécurent les chrétiens d'Irak, de moins en moins nombreux désormais dans le pays. Mais à travers les lignes, il y a aussi la volonté de décrire l'Irak d'avant quand toutes les populations, quelles que soient leurs religions, vivaient en paix et en bonne intelligence. Plus court que Seul le grenadier, moins étoffé narrativement, Ave Maria confirme malgré tout l'excellence du style d'Antoon. Son quatrième roman, Fihris, a été publié en 2016 au Moyen-Orient. Il y a donc de fortes chances pour que nous puissions le découvrir en 2019 chez Actes Sud. Au passage, félicitations à cet éditeur qui publie régulièrement des auteurs libanais, syriens et irakiens, mais aussi saoudien, koweïtien ou yéménite.
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Ave Maria

Quand on fait référence à l’Irak, on a en tête des images de guerre sur fond de de renversement des régimes successifs et d’ingérence étrangère… bref, de violence. C’est aussi le berceau d’une civilisation millénaire et la rencontre de nombreuses communautés ethniques de confessions différentes. J’avais sans doute entendu parler de ces Chrétiens d’Orient et de leur persécution par Daesh mais, pour moi, il n’y rien de tel qu’un roman et ses personnages attachants pour me faire comprendre ce qu’a pu vivre la population civile et ainsi ancrer dans ma mémoire cette tragédie. Antoon signe un roman empreint de la nostalgie d’un Irak perdu symbolisé par le personnage de l’oncle Youssef et par le palmier source de vie qu’il cultive et vénère. Cette nostalgie cohabite cependant avec l’angoisse vécue par la génération montante personnifiée par sa nièce Maha qui, en dépit de ses études de médecine et de son mariage qui s’annonçait heureux, ne peut s’imaginer un avenir en Irak. À lire pour comprendre un peu de la complexité de ce pays meurtri.
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Seul le grenadier

Seul le grenadier est un roman qui m'a marqué par la force de son récit et de ses personnages touchants.

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Nous suivons le fils cadet d'une famille irakienne dont le père a la particularité d'être un laveur de morts. le fils a toujours regardé avec beaucoup de distance son père qui travaillait et n'a jamais eu la volonté de reprendre l'entreprise familiale. Il pense à devenir artiste, à s'accomplir dans cette voie, à tomber amoureux et peut-être à rêver d'un ailleurs que l'Irak qu'il connaît, noyé dans la violence. On suit cet homme, on assiste à ses doutes, à ses rêves, à ses envies de distance, et à l'amour qu'il porte à sa famille et à une femme. On sent son déchirement concernant cette terre qu'il aime mais qu'il ne reconnaît plus, qu'il ne supporte plus. Il observe le grenadier qui pousse dans la cour, là où son père travaille, et telles les racines de cet arbre, il est voué à rester ancré dans cette terre. L'écriture est sublime, l'histoire marque le lecteur.
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Seul le grenadier

Ce livre m’a prise par surprise. Je n’arrive plus à me rappeler dans quelles conditions j’en ai entendu parler et pourquoi je l’ai acheté, mais il dort sur mes étagères depuis un petit bout de temps et il m’a fallu cette participation à un défi de lecture balayant le continent asiatique et s’arrêtant pour un temps en Irak pour que je me décide enfin à l’ouvrir. Un livre qui se passe pendant la guerre en Irak (et pendant celles qui l’ont précédée, en Irak aussi) ne peut pas être un livre gai, et celui-là ne fait pas exception. Il est d’un immense tristesse et, probablement encore plus difficile, d’une immense résignation.

Ecrit à la première personne par Jawad, fils cadet d’une famille chiite de Bagdad, il raconte les espoirs de cet adolescent puis jeune homme. Son combat personnel d’abord pour tenter de devenir lui-même, refusant d’exercer le métier de son père, qui lave les corps et les prépare avant qu’ils soient enterrés, et se rêvant sculpteur, à l’image de Giacometti, qu’il admire. Mais la vie tout court et la vie en période de guerre n’est pas tendre avec les rêves, et Jawad conte les déboires qui s’enchaînent, les renoncements qui viennent les uns après les autres.

Il y a peu à dire car il se passe peu, mais le livre m’a emportée, j’ai eu la sensation de voir ma vie m’échapper peu à peu comme Jawad, de voir les perspectives d’avenir se fermer après les autres, de voir mes options se réduire à peau de chagrin. C’est un livre sans lumière (malgré ce que pourrait laisser croire les couleurs saturées de la couverture choisie par Actes Sud), qui absorbe toute étincelle, qui éteint le moindre brasier. La guerre et ses horreurs sont là, en arrière-plan, mais elle n’a pas besoin d’être sur le devant de la scène. Le propos de Sinan Antoon n’est pas la guerre mais comment la guerre touche tous ceux qui vivent dans son voisinage immédiat. Bien que n’étant pas directement concerné par les conflits et les horreurs, la vie de Jawad se rétrécit jusqu’à n’être plus qu’un ersatz de vie.

Ce n’est pas un livre à lire pour se remonter le moral, je ne le conseillerais pas à n’importe qui n’importe quand, surtout en ce moment où beaucoup de lecteurs semblent rechercher des livres qui les sortent d’un quotidien pesant. Pourtant c’est un livre passionnant, dont la lecture secoue, happe, dont on ne sort pas indemne parce que l’on comprend mieux ce qu’est une vie gâchée par la guerre. Un livre qui ne méritait pas de dormir aussi longtemps sur mes étagères, mais dont la lecture au moment où les images de guerre sont omniprésentes dans notre quotidien prend un relief particulier. Un livre dont je vais garder le souvenir longtemps et que je recommanderai pour les lecteurs qui sont prêts à affronter de tels sujets.
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Seul le grenadier

C’est l’histoire d’un laveur de morts qui aurait préféré être sculpteur.



En Irak, depuis la guerre du golfe jusqu’à l’invasion des américains qui cherchaient des armes de destruction massive, les habitants ont subi violences sur violences. Ce roman retrace cette période à la lumière de l’histoire d’une famille, laveur de morts de père en fils.



Le sujet est passionnant, instructif et relate d’une manière intéressante la vie des irakiens et leur rapport à la mort. On a tous entendu parler de ce qui se passait là-bas, je me souviens parfaitement bien de toutes les informations concernant ces événements majeurs pour l’Irak, mais ce roman permet d’avoir une vision poignante de ce que ces hommes et ces femmes ont réellement vécu.



Je n’ai pas été ébouriffée par le style, en revanche, j’ai été captivée par l’histoire. C’est un livre qui nous aide, nous occidentaux, à comprendre, à saisir ce que les médias relaient d’une manière factuelle. « Aujourd’hui, un attentat a eu lieu dans les rues de Bagdad… » un de plus, un parmi tant d’autres, bah oui, sauf que derrière tous ces morts, ces corps déchiquetés, il y avait des maris, des frères, des mères, des sœurs, des fils, des filles…



Le narrateur n’en peut plus de cette vie-là, il n’en peut plus d’ensevelir d’une main qui caressera plus tard le corps de son aimée, il n’en peut plus et son cœur se meurt…



Seul le grenadier est un livre utile pour qui veut ouvrir son cœur aux autres.
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Seul le grenadier

Bagdad. Irak.



Ici, la vie et la mort sont deux meilleures ennemies, elles se côtoient, se frôlent, empiètent l’une sur l’autre, inséparables, prennent le dessus, s’avalent, rivalisent. Mais aucune ne l’emporte jamais vraiment.



Tout et rien. Rien et tout.

Tout n’est rien ; rien du tout.



Une question jaillit presque inévitablement : que serait la vie sans la mort ?



Dans « Seul le grenadier », Sinan Antoon évoque ainsi l’histoire de son pays et sa déchéance à travers la famille de Jawad. Très vite, Jawad découvre qu’il est différent. Depuis des décennies, les hommes de la famille héritent de la même profession, du même « art » ; ils sont laveurs. Or Jawad n’aspire pas à ce destin tout tracé, à ce chemin qui s’offre à lui, telle une évidence.

Jawad aime l’Art, il veut étudier la peinture, la sculpture, l’Art sous toutes ses formes, l’Art comme moyen de révolte, de protestation, comme échappatoire, exutoire, l’Art comme une voie de traverse. Il veut célébrer l’espoir et la Vie, et non pas assister à la déchéance et la Mort.



En s’échappant de cette trajectoire pourtant inévitable, Jawad s’éloigne de son père, le déçoit, c’est toute une coutume qu’il rejette, c’est l’histoire de ses ancêtres, de sa famille, c’est son héritage qu’il balaie d’un revers de main. Mais pour autant, Jawad n’abandonne pas ses rêves, il entre à l’université d’Arts, côtoie les plus éminents professeurs, les artistes les plus talentueux, il en découvre d’insoupçonnés et surtout, il rencontre l’Amour. Le vrai, le véritable, le profond, celui qui chamboule, promesse d’un avenir radieux et merveilleux dans sa ville écrasée par les bombes, par les basculements politiques, ravagée par les Américains et son propre gouvernement.



Je lis rarement de romans historiques, dans lesquels la fiction se mélange à l’histoire, je les appréhende, allez savoir pourquoi. En entamant la lecture de Seul le grenadier, je craignais d’être perdue dans cet aspect de l’Irak que je ne connais pas, ces guerres dont j’ignore les profondes raisons, ce conflit conscient mais pourtant inconnu, méconnu, qui m’est en somme étranger.



Et pourtant, il n’en est rien.

Sinan Antoon a réussi le pari fou de me tenir en haleine, avec un récit incroyable, des personnages forts, attachants, dont le destin tragique est effroyable. Seul le Grenadier pourrait être une fable du XXIè siècle, il représente la Vie à travers ce qu’elle puise dans la Mort, sa force de subsistance, sa victoire malgré tout.



La vie de Jawad suit la course d’un cycle infernal ; elle donne, elle reprend, elle offre, elle arrache, elle concède, elle punit, elle plie, elle saccage. La vie est double, elle est ambivalente, elle est oxymore, elle crée à la fois l’amour et la souffrance.



Ainsi triomphe ce grenadier, dont les racines se nourrissent de l’eau qui s’écoule de la petite maison, dans laquelle on lave les morts pour les purifier une dernière fois, et de l’horreur naît la beauté. Et de la Mort jaillit la Vie.





“Just remember that death is not the end

Oh, the tree of life is growing

Where the spirit never dies

And the bright light of salvation shines

In dark and empty skies”



(Death is not the end – Bob Dylan)

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Ave Maria

Difficile de parler de ce livre tant je suis ignorante de l'histoire de l'Irak. Pas facile de comprendre, la situation est compliquée (pour moi en tout cas) . Pourtant, une fois de plus, Sinan Antoon (Seul le grenadier) nous raconte le quotidien de ces habitants d'une telle façon que l'on ne peut pas rester insensible à ce qui se passe : des gens ordinaires, pris dans un conflit infernal, qui ne demandent qu'à vivre tout simplement. Des romans qui emmènent nos petits nombrils voir ailleurs, c'est bien.
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Seul le grenadier

Abandonné a 160 pages, rien de transcendant, le quotidien, aucun attachement au personnage, psychologie ordinaire...
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Seul le grenadier

De Zeruya Shalev à Sinan Antoon , de « Stupeur » à « Seul le Grenadier », deux belles voix de la littérature israélo-arabe.



Vraiment, je n’avais pas prévu l’horreur du massacre du 7 Octobre. Qui l’aurait pu? Il y avait déjà tant d’insoutenables problèmes à résoudre, tant de tragédies que l’on se forçait à fuir, tant d’intifadas rebondissant sur des colonisations permanentes lâchement acceptées par l’Occident depuis

2007 et les accords d’Oslo sabotés par les extrémistes des deux bords, tant de mépris pour le Mouvement de la Paix.

Non, je voulais mettre à l’honneur, en parallèle , sur une même estrade, une des grandes voix de la littérature Israélienne, il y’en a tant, et l’une des plus brillantes écritures d’un grand auteur Arabe. Dire simplement, qu’entre les deux je ne voulais, pouvais pas choisir, tant ils s’unissent dans une splendide et indispensable littérature.

Les grandes plumes Israéliennes sont connues, de David Grossman ( “une femme fuyant l’annonce”) à Amos OZ, de la nouvelle génération Etgar Keret à la tradition parentale d’Abraham Yehoshua , et tant d’autres.



La situation est un peu différente pour la littérature arabe. Riche elle aussi, mais un peu brouillée par le fait que beaucoup de grand auteurs, maghrébins, libanais, égyptiens , sont de culture française, écrivent en Français et font partie du paysage culturel français. Leila Slimani, Amin Maalouf, Yasmina Khadra, Albert Cossery en sont les têtes d’affiche pendant que la Syrienne Dima Wannous ou

l’égyptien Najib Mahfouz peinent encore à occuper leurs premiers plateaux de télévision Français. Je voulais mettre à l’honneur l’écrivain Irakien Sinan Antoon pour son très beau et très dur “Seul le Grenadier “.



Zeruya Shalev, à 64 ans, est une écrivaine israélienne moins connue en France, même si elle a une riche bibliographie derrière elle honorée du Prix Femina en 2014 pour son livre le plus plébiscité chez nous “ Ce qui reste de nos vies”.



« Stupeur » est une Splendeur. Il fait partie de ces livres, rares, qui vont rejoindre, ce qui était au départ, une galéjade , ma désormais PARL , ma pile à relire !

Ce livre est tellement beau, d’une profondeur à ce point insondable, d’une humanité tellement religieuse, au sens où il nous relie à notre propre humanité, à nos différences, à nos interrogations subversives sur nos couples. Il parle du couple, de la famille et de ses secrets, des enfants dont on n’a pa su deviner le changement intime tant il était profond, de l’amitié, du passé douloureux et parfois regretté, du présent remis en question et en évidence , du futur qui va se construire sur d’improbables et inattendues perspectives. C’est aussi le livre le plus politique de l’auteur, rythmé par des allers retours permanents entre l’Israel de 1948, et celui d’aujourd’hui à Haïfa, peinture qui ne sert que de toile de fond à l’histoire.

« Stupeur »c’est Rachel, cette vieille femme juive de 90 ans, aux portes de sa fin, ancienne combattante du groupe extrémiste Lehi qui a lutté en 1948 pour expulser les Britanniques de cette Palestine qu’ils avaient pour mandature, rêvant d’une vie d’entente avec les Arabes dont on voit ce qu’il en a été, « Stupeur » c’est Atara, architecte brillante et imaginative dans son travail et son art qu’elle utilise pour reconstruire des bâtiments anciens avec des matériaux d’époque, femme libre et moderne mais pleutre et pauvre dans le chipotage permanent de sa vie de couple qui va foncer dans le décor avec la disparition tragique de son second mari Alex, regrets et culpabilité éternelle.

« Stupeur » c’est la rencontre inattendue de Rachel porteuse d’un secret qui l’étouffe et qu’il va lui falloir dévoiler à Atara,

« Stupeur » c’est le basculement spirituel et mystique d’ Éden son fils commun avec Alex, enfin « Stupeur » c’est le lecteur bousculé sur les barricades de ses certitudes littéraires et va se retrouver confronté à la beauté de l’écriture de Zeruya Shalev, à sa psychologie, à l’interminable introspection sur ses erreurs, ses errements, ses ambiguïtés. L’écriture est d’une finesse et d’une élégance, émouvante à force d’être belle.

Je suis abasourdi par la beauté de ce livre à nul autre pareille. Pourquoi ? Peux-être par l’actualité qui nous renvoie à la lâcheté, non pas des peuples, mais des hommes qui s’en improvisent, les lea(lai)deurs et les maîtres, mais aussi les voleurs et les traîtres.

S’il y avait une supplication que j’aimerais vous faire, ce serait de plonger dans ce livre de vies brisées et d’espérances en berne, et qui s'abreuve aux abysses de l’âme humaine. C’est une gifle littéraire.



Je suis conscient de marcher sur des œufs en mettant sur le même plan ces deux auteurs de confession et de culture différente.

Sinan Antoon est un poète et renommé traducteur Irakien de 56 ans. « Seul le Grenadier » est son troisième livre.

Jawad est un jeune adulte qui vit avec ses parents à Bagdad pendant la période de l’invasion américaine en Irak. Il a aussi un frère futur médecin et une sœur mariée. Le papa est “laveur de cadavres “, il prépare les morts avant l’inhumation, qu’ils soient anonymes ou amenés par les familles. Les rites funéraires sont codifiés et très réglementés. C’est un travail qui est repris de père en fils depuis plusieurs générations.

Et le Grenadier, c’est l’arbre du jardin dont les racines se nourrissent de l’eau qui a servi au Père de Jawad pour laver les corps.



Sauf que Jawad a d’autres projets dans la vie, celui de se tourner vers les arts plastiques et le dessin, dans lesquels il excelle. Il s’y fait remarquer par son professeur et il va tout faire pour accomplir sa passion malgré la déception de son père de ne pas le voir reprendre l’activité familiale. La guerre va en décider autrement.

J’entends souvent dans les commentaires et les résolutions des hommes politiques et des organismes internationaux dire que tel ou tel état ne respecte pas les droits et les règles de la guerre, ne pas attenter aux civils, ne pas affamer et assoiffer les innocents des populations civiles. Mais depuis quand y a t’il des droits, une charte, à respecter dans une guerre, un curseur à positionner sur des actes licites à commettre et d’autres qui ne le seraient pas, y a t’il une légitimité à faire la guerre? Ce livre pose immanquablement ces questions. Deux mille ans de soi disant civilisation ne nous ont donc conduit qu’à des massacres organisés, prémédités, légalisés. Qu’est ce que que c’est que ce monde où l’humain ne sait plus que torturer, décapiter, massacrer.

C’est aussi cela que nous montre le livre, où Joudi avance dans le brouillard de la Mort, essayant à son niveau, avec pour lui infiniment d’humanité, d’apporter au mieux, un semblant de respect et d’ordre par des rites , des soins, des prières, attention aux corps qu’il lave , embaume, traite comme un médecin le ferait, avec empathie pour chacun. Quelle atrocité encore dans ce conflit, où les Américains , gendarme du monde dit libre, envahissent un pays à la recherche perdue d’avance, d’hypothétiques parce que imaginaires, armes de destruction massive qu’ils ne pourront pas découvrir parce qu’elles n’ont jamais existé, la destruction massive ce sont eux qui l’amènent dans l’ordre et la rigueur politique qu’ils se sont inventés.

Attentats suicides , explosions de kamikazes et de voitures piégées, rythment cette histoire trop brièvement éclairée de rencontres amoureuses et sensuelles qui permettent à Jawad, poisson prisonnier dans un bocal, de venir absorber un tout petit peu d’oxygène pour vivre.

Malgré ces horreurs, Jawad continue, sans prendre parti, en dépit de ses cauchemars, de réciter , prières et lamentations , de faire appel à Dieu , à un cadre religieux qui continue de le structurer et de le maintenir debout. Les sourates diffusées sur des haut parleurs demeurent psalmodiées . De façon imperturbable. Comme si rien ne se passait.



Le livre est magnifique, mais dur. Les bombardements, les voitures piégées, les attentats suicide, la présence de l’armée américaine qui fait comme si elle était chez elle, rythment l’histoire et la vie complexe du jeune Jawad, surnommé Joudi. Les premières amours sont aussi décrites avec infiniment de délicatesse et de sensualité. Nous pénétrons dans un monde et une guerre toujours d’actualité, où l’on n’en finit pas de s’interroger sur l’improvisation de l’espèce humaine, bien plus préoccupée par sa destruction que par une ambition de fraternité collective, et où l’on passe allègrement d’une dictature à une autre . Le parallèle avec ce qui se passe aujourd’hui à Gaza, comme en Israël , est vite fait comme avec les multiples régions du monde où sévit la guerre. Les populations civiles qui ne demandent qu’à vivre en paix , trinquent. Certaines pages sont angoissantes , et le mieux est de les lire dans la journée plutôt que le soir ! Pourtant, dans cette humanité déchirée par des conflits atroces, dont la pertinence nous échappe, telles les haines entre les communautés Sunnites et Chiites, surnage une espérance et une foi dans un hypothétique avenir meilleur, où l’homme devenu enfin intelligent, accepterait la différence, l’altérité et saurait regarder ses frères d’infortune avec amour et dignité.

On pense tout au long de ces pages écrites sobrement mais avec talent, à la fameuse phrase de Shakespeare “ l’ Enfer est vide. Tous les démons sont ici “.

J’ai aimé ces deux livres , que je voulais associer et chroniquer ensemble, convaincu que leurs deux auteurs sauraient en débattre, et parler de littérature et de foi en l’être humain.

On voudrait tous se lever , ensemble, main dans la main, sur tous les champs d’Horreur et dire, Stop, ça a assez duré.

La littérature peut nous y aider.

Humainement recommandés.
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Ave Maria

Je découvre ce livre et cet auteur grâce au Challenge Globe-Trotter. Je le recommande à tous ceux qui s'intéressent à l'Irak, et plus particulièrement à la place des chrétiens en Irak. Je lis dans ce livre exactement ce que mes amis irakiens chrétiens me décrivaient !



Le livre est bien écrit, bien construit. Un oncle âgé accueille un jeune couple qui désire quitter l'Irak et rejoindre la diaspora. La première partie nous raconte la vie de Youssef, l'oncle et à travers elle, l'histoire mouvementée de l'Irak des 60 dernières années. Tandis que la deuxième partie du livre, nous livre le témoignage de sa jeune nièce, depuis l'arrivée des Américains.



Qui des deux a raison ? l'oncle plus philosophe qui nie tout sectarisme passé et prône une attitude de patience ou Maha, la jeune femme qui essaie de le convaincre des violences systématiques faites aux chrétiens et qui désire fuir le pays ?



Malheureusement, la fin du livre, relatant l'attentat de 2010 dans la cathédrale de Bagdad, donnera raison aux peurs de la jeune femme.
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Seul le grenadier

Un roman touchant , poétique qui évoque le conflit en Irak les horreurs, les attentats l'occupation américaine, le conflit sunnites/chiites.
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Seul le grenadier

Jawad Kazim assure la toilette des morts, comme son père avant lui, et son grand-père. Il ne voulait pas de ce destin et fait des cauchemars la nuit. Enfant, alors que son père l'initie à la toilette des morts, Jawad dessine. Tout ce qu'il voit, y compris les morts, jusqu'à ce que son père lui dise que c'est sacrilège. Un des rares professeurs d'arts plastiques remarque son talent. Il avait fait des études de beaux-arts (joli trait de crayon), mais dans l'Irak occupé par les Américains, les morts se multiplient et il ne trouve pas d'autre travail. A la mort de son père, et à la disparition de l'assistant de ce dernier, il est contraint de suivre cette voix. Poussé par al-Fartoussi, un homme qui veut offrir une sépulture aux corps non réclamés. Et ils sont nombreux. Sur ces carnets de croquis, il gardera la trace des morts dont il s'est occupé. Entrecoupé de dessins de son deuxième amour.

La vie quotidienne en Irak, marquée par l'omniprésence de la mort (guerre - le frère chéri Ammouri - attentats, suicides), les relations familiales (sa mère) et sentimentales (ses amours : Rim, étudiante en théâtre, veuve. Ghayda), la tentation de partir, les dissensions religieuses (sunnites vs chiites) et politiques (l'oncle communiste exilé)...

Et au milieu, dans la cour de la salle de lavage, un grenadier, qui fleurit grâce au sang des morts.

Un livre intéressant car il propose une vision d'en dedans, inattendue.

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Seul le grenadier

un très beau roman, où la violence de la guerre transpire subtilement mais toute en force. Beaucoup de pudeur dans ce récit! On prend conscience de l'horreur de ce conflit si proche dans le temps comme dans l’espace qui brise toute une génération.

On suit peu a peu la destruction des êtres.

Un prix bien mérité!
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Ave Maria

AVE MARIA de Sinan Antoon



L'intérêt de ce roman réside dans le fait que l'action se déroule en Irak et qu'il met en lumière les discriminations subies par les juifs mais aussi, et surtout, par les Chrétiens victimes d'attaques terroristes. L'histoire est statique. Ainsi, un homme d'un certain âge, Youssef, se remémore l'Irak d'avant et refuse de voir la réalité en face. Il ne se passe rien avant la toute fin.



L'émotion n'est pas au rendez-vous.
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