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Critiques de Sophie Daull (242)
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Camille, mon envolée

Des mots pour le dire,



Des mots pour prolonger la vie,



Des mots pour se souvenir,



Des mots pour ne jamais oublier,



Ce serait faire mourir une deuxième fois Camille,



C'est ce que Sophie Daull s'attache à nous transmettre à fleurs de mots, à fleur de peau, pour tenter de ne pas sombrer, pour continuer à vivre en écrivant à sa fille perdue.



Des mots pour retracer ce qui s'est passé,



Des mots pour exorciser la douleur,



Des mots pour y donner un contour, éviter le précipice,



Des mots tendres,



Des mots d'amour,



Des mots qui vont vous surprendre :

Des mots d'humour



Des mots qui vont vous suspendre :

Des mots trop tard



Des mots qui vont vous faire bouche bée

et buées dans les yeux.



Un cri, celui d'une mère meurtrie….



Une belle écriture, mais pas une belle histoire….de toutes les façons j'ai pas les mots…



Sophie, vous avez réussi grâce à ce livre à prendre une autre destination, « Camille mon envolée », c'est votre enfant pour l'éternité.

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Camille, mon envolée

Une fièvre soudaine. La tête lourde. Camille s'est couchée ce soir-là et ne s'est plus jamais relevée.

Des douleurs atroces dans le corps le lendemain, la fièvre qui ne baisse pas. Des appels vers les urgences, le médecin traitant. Personne ne se déplace. Une mauvaise grippe, sans doute, c'est la saison. Juste une ordonnance de Doliprane. Inefficace. Et Camille s'est envolée... Quatre jours de souffrance, d'incompréhension, d'impuissance. Et l'indicible, l'insupportable, l'inconcevable s'est produit. Soudain, le vide. Il faut prévenir les amis, ranger la chambre désormais vide, préparer la cérémonie, continuer à se lever tandis que d'autres illuminent leurs maisons de guirlandes de Noël. Et, surtout, il faut écrire. Pour ne rien oublier...



Dans ce témoignage profondément intime, Sophie Daull se livre avec humilité. Avec son cœur. Meurtri. Comment faire face à la perte d'un enfant en pleine fleur de l'âge? Comment faire face au vide? Au silence? A 16 ans, Camille avait encore la vie devant elle. Tout s'est arrêté net, d'un coup. En seulement 4 jours.

Sophie Daull écrit pour elle et surtout pour Camille en s'adressant à elle directement, accentuant le sentiment d'intimité. En 2 temps: les quelques jours autour de sa mort et les quelques semaines qui ont suivi. Elle raconte tout, l'horreur, l'absurde, confie ses pensées les plus secrètes, se remémore la vie d'avant. Ce roman, sans voyeurisme aucun, est véritablement touchant et bouleversant. Une écriture puissante, vibrante, tendre et tout en justesse. Un véritable cri d'amour à celle qui est partie beaucoup trop tôt.
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Camille, mon envolée

J’assume ma sévérité sur ce roman que je n’aurai probablement pas lu si j’avais su qu’il était autobiographique. Je ne peux m’empêcher de penser que ce genre d’écriture ne sert que l’auteur et dessert en général le lecteur pris en flagrant délit de voyeurisme, en veux tu, en voilà.

Que nous soyons les heureux chanceux d’avoir nos enfants près de nous ou confrontés au terrible drame de la mort d’un enfant, je n’ai pas cerné l’intérêt de cette lecture combien laborieuse.

J’ai ressenti l’effort de l’auteure de ne pas s’épancher comme souvent lorsqu’il s’agit d’un pareil drame, aucun penchant que ce soit dans la souffrance ou la frustration.

Quatre jours qu’a duré l’agonie de Camille sans que quiconque ne s’en inquiète. Médecins, infirmiers, même les parents, la petite âgée de 16 ans ne sait presque plus bouger et on la croit atteinte d’une vilaine grippe. Déjà la, je ne comprends pas.

Et encore moins que le décès passe comme une lettre à la poste.

Bien sûr qu’il y a une belle envolée lyrique, de beaux souvenirs, une douleur, mais doit-on passer par la commercialisation du récit pour se sentir mieux ?

Je suis sévère, pas par manque d’empathie, j’en ai ma dose d’empathie mais pour ma naïveté à lire de tels témoignages lorsque personnellement, et comme bon nombre, j’en ai tout autant ma dose des larmes et de la douleur. Peut-être suffit-il d’avoir du recul et de peter la forme pour être réceptif à ce genre d’écrit. Ce n’etait pas pour moi aujourd’hui ni demain.

J’ai encore préféré les critiques des uns et des autres dans lesquelles j’ai ressenti émotions et sensibilité.
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La suture

De Nicole, sa mère, Sophie Daull ne connaît pas les 26 années qui ont précédé son mariage. Seules quelques photos, jaunies et racornies, sans légendes ni dates, quelques bulletins de paie ou cartes postales et un enregistrement audio de sa sœur, rassemblés aujourd'hui dans une boîte à chaussures vont permettent à Sophie, telle une couturière curieuse et capricieuse, de raccommoder les trous et tendre patiemment le fil si ténu qui le relie à Nicole.



L'auteur se livre à nouveau dans ce roman et, après avoir brillamment évoqué la mort de sa fille, Camille, se penche ici vers son passé. Ayant perdu sa maman à 19 ans, elle n'a pas eu vraiment le temps de la connaître, cette dernière, mystérieuse, éclipsant les questions ou distillant de brèves informations confuses sur son passé. Sophie Daull va parcourir le chemin emprunté par Nicole, de Coulomniers où elle aura passé son enfance auprès de ses parents et sa soeur, à Belfort en passant par Contrexéville. Un chemin cahoteux au cours duquel elle recueillera le moindre témoignage ou souvenir, traversera les lieux du passé et cherchera les documents susceptibles de l'aider. Ainsi, pourra-t-elle se raconter, et nous raconter, ce que fut la vie de Nicole, fut-elle romancée et brodée là où il manque des morceaux. Un patchwork d'émotions, de sourire, de nostalgie. Un passé recomposé pour mieux se construire. Camille, n'étant jamais loin, l'auteur offre à ses deux envolées un endroit où elles pourront se présenter. Un roman subtil et touchant, baigné dans une certaine douceur mélancolique et servi par une écriture poétique et délicate.
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Camille, mon envolée

L'hommage d'une maman à sa fille, morte à 16 ans ; beaucoup trop tôt…

Il n'y a pas de mot suite à cette lecture.

Il s'agit d'une maman qui a ressenti le besoin de poser des mots sur des maux, le besoin de laisser une trace pour ne pas oublier…

Malgré tout, la vie continue ; avec une absence qui sera présente tout le restant de sa vie...

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Camille, mon envolée

Voilà, il faut dire les choses sincèrement, je ne raffole pas de ce genre de lecture, je dirais même que je les fuies...

Quand une amie m'a proposé de lire "Camille, mon envolée", j'ai cependant accepté, conscient de ce qui m'attendait.

Le récit de cette mère, racontant les derniers instants de la vie de sa fille de 16 ans trop vite emportée par une subite maladie et les jours qui ont suivis, est bouleversant, il fallait s'en douter.

Ce qui m'effraie dans ce genre de livre, c'est le coté voyeur du lecteur. Pourtant Sophie Daull le met à l'aise, par une narration honnête, sensible, y allant même de quelques traits d'humour, dans des chapitres courts permettant de respirer.

Parce que ce récit est dur, à écrire sans doute, mais, dur à lire aussi...

Je ne pense pas que j'ai jamais versé de larmes, au cours d'une lecture, aussi sincères que celles qui ont inondées mon visage.

Il faut un certain courage pour raconter ces moments si violents, avec une telle retenue, une telle tendresse et surtout une telle vérité, allant jusqu'à assumé ses propres écarts de conduite.

J'ai toujours pensé, à tort ou à raison, que ce genre de récit était avant tout une thérapie pour son auteur. Je ne sais pas si ce fut le cas pour Sophie Daull.

Un roman à lire comme un partage...
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Camille, mon envolée



"Ne pas pleurer de l'avoir perdue, se réjouir de l'avoir reçue."

Paroles de réconfort, paroles convenues... Si c'était si simple...



Mauvaise fièvre, mauvaise grippe? Une mère sonnée de la mort brutale de sa fille de 16 ans met en mots le calvaire familial de quatre jours de maladie fulgurante et soudain, la porte ouverte du vide, l'éternité de douleur de la perte d'un enfant. L'urgence est de raconter, de cristalliser les jours, de comprendre le sentiment de révolte, de culpabilité, chercher la faute, la raison. Ecrire c'est aussi garder encore un contact, de crier amour et douleur avant l'oubli des détails.

Préparez une cérémonie d'enterrement pendant un réveillon de Noël, ranger une chambre désormais vide, continuer à se lever, travailler, faire les courses, rencontrer des gens quand l'esprit est bloqué comme le disque dur qui mouline. Ce sont les heures livides faites de l'hyperfrénésie anesthésiante des tâches immédiates, suivies d'une nouvelle routine infinie de la vie qui poursuit malgré tout mais où le corps somatise.



Un livre en thérapie pour son auteur mais qui touche au cœur du lecteur par son intimité en partage, sa spontanéité et sa simplicité pour exprimer la brutalité des sentiments.

Tous parents s'identifient inévitablement. Ca fait froid dans le dos et dans le coeur.

Un type de lecture que je ne recherche pas mais l'auteur a su trouver le ton juste, un rythme, des mots, une confidence en générosité avec le lecteur.



Tres beau témoignage d'une peine inénarrable.

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La suture

Avec son deuxième roman, après le formidable « Camille mon envolée », Sophie Daull, m’a de nouveau séduit par son style d’écriture.

Toute en simplicité, en tendresse et douceur, maniant l’humour avec délicatesse, narrant le drame ou la détresse sans pathos ni excès de larmes. Semblant forte et soumise et pourtant si fragile derrière ses mots.

Bien sûr, si l’on ne voit que le sujet du livre qui nous raconte l’histoire de sa mère disparue à 45 ans dans des conditions dramatiques, on se dit que, voilà, elle remet ça. Autre personnage, autre destin tragique, sortons les mouchoirs. Mais La suture, ce n’est pas ça. Sophie Daull, ne nous demande pas de pleurer sur son triste sort. Au contraire.

Ayant reçu, en héritage, une boîte à chaussures contenant quelques objets anonymes et quelques photos sans légendes, elle va se servir de ces vestiges de son passé pour mener son enquête sur ses origines familiales.

Au fil de ses recherches, de ses rencontres, de témoignages, de documents glanés ici où là dans les différentes villes où région où vécurent ses parents, elle raconte la vie, elle raconte leur vie, elle raconte sa vie… Et comme il y a des blancs, des vides que personne ne sait combler, elle brode, elle invente, dans une imagination débordante, l’histoire de cette famille, avec ses secrets, ses non-dits, ses sous-entendus et elle le fait tellement bien, que l’on se perd avec plaisir dans son récit entre réalité et fiction.

Il y a des auteurs qui savent vous toucher, vous émouvoir, avec des mots simples et une écriture poétique, Sophie Daull est de ceux-là.

Une nouvelle fois, je suis sous le charme… Vivement le prochain.

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La suture

Une lecture vraie et bouleversante qu’a été celle de Camille mon envolée, où j’avais eu du mal à griffonner quelque chose, seulement « déplorer » quelques mots sur le papier.



Pourtant, j’avais aimé la plume de cet auteur qui avait réussi à trouver le ton juste pour nous partager ce tragique moment de sa vie.



Dans ce deuxième livre, «La suture » titre si chargé de sens, Sophie Daull ouvre la commode à souvenirs pour nous raconter ses histoires familiales du passé et faire du lien. Comme elle l’a exprimé dans la Grande Librairie : «la mort a trouvé cela marrant de couper le fil de ses deux existences. »



Alors, suite au décès brutal de sa mère, des années plus tard, elle exhume d’une boite à chaussures, quelques souvenirs d’elle et tente de les faire parler : photos, bulletins de salaire, enregistrement de sa sœur, images pieuses.



Sophie Daull part sillonner la France mener l’enquête, pour découvrir son histoire et sa géographie familiale.



Dans ce patchwork filial, il manque des morceaux, alors elle brode, invente des poches de fictions pour reconstituer l’étoffe d’une vie, essayer, malgré la douleur, le chagrin, de garder le contrôle de son GPS émotionnel.



Camille est toujours là au détour des pages, comme une ombre au tapis.



Coudre, rassembler, pourtant ses morts qui ne sont plus rattachés à la Terre, le fil tendu est trop fin. Sophie Daull tente alors de prendre du recul et prendre conscience que le secret de la vie est de raccommoder encore et encore : passer le fil dans le chas, faire un nœud, trouver un endroit où elle peut faire un point qui tiendra. Et recommencer, encore et encore. Pour l’auteur, les mots sont des points de suture pour ne pas finir en guenilles. Elle vaut bien mieux que cela !



Toutes les vies sont difficiles, mais il est nécessaire de comprendre l’évanescence de ceux qui sont morts : ils ne sont plus là.



C’est l’attache de Sophie Daull, forte et fragile à la fois ; comme elle le dit à François Busnel :

«à défaut d’être heureuse, j’ai des crises de vie »…

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La suture

A maintes reprises, on m’a parlé de cet auteur. Je ne me sentais pas de lire le premier sur la mort de sa fille de 16 ans. Dans celui-ci, elle y parle de sa mère assassinée, faisant le lien avec sa fille. L’écriture m’a conquise dans le fait qu’elle montre qu’il n’y a jamais de vérités absolues, alors elle imagine l’enfance de sa mère, enquête, va sur les lieux où elle a habité, se confronte à des employés de mairie typique fonctionnaire. Lu d’une traite bien que ce sujet ne soit pas ma tasse de thé.



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Camille, mon envolée

Comment admettre l'inadmissible ? Comment faire face à la terrifiante réalité ? Comment Camille a-t-elle pu passer en quatre jours de son état d'adolescente de seize ans, pleine de vie à ce corps inerte sur une table d'autopsie ? Comment vivre lorsqu'on vient de perdre sa fille unique ? Pour rester debout, pour tenter d'amorcer un processus de guérison, Sophie Daull choisit l'écriture. Elle livre ici un texte fort, poignant, d'une grande qualité. Un texte courageux qui est aussi un hommage (un remerciement ?) au pouvoir des mots, qui nomment et qui apaisent.



Avec des mots choisis, une nette volonté de précision, Sophie Daull entreprend de raconter à sa fille disparue après quatre jours d'une effroyable fièvre ses derniers jours et les premiers de son entourage sans elle. Un récit à deux niveaux, utilisant les pages écrites "à chaud" dans un cahier d'écolier peu après le décès de Camille et les remettant en perspective au moment de l'écriture de ce texte, quelques semaines après l'enterrement. Ce qui donne l'impression que l'auteure se dédouble et qu'elle s'observe ainsi que ses proches agir-parler-penser pour tenter de garder l'horreur et l'émotion à distance.



"J'écris comme on dépollue des sols rendus infertiles par une catastrophe industrielle". Sophie Daull ne recule pas devant l'obstacle, elle s'attache à décrire et à décortiquer les moindres pensées, les bonnes comme les mauvaises. De celles qui soulagent comme se réjouir des choses qui n'ont pas été comme autant de "non souvenirs" et de douleurs évitées. Ne pas avoir partagé le plaisir de cuisiner rend cette pièce de la maison plus fréquentable, savoir qu'aucun frère ou aucune sœur n'aura à pleurer Camille... L'auteure se raccroche à sa fille, à son courage, à sa personnalité solaire. Compare son chagrin à d'autres qui l'ont frappée, la mort de sa mère dans des conditions atroces trente ans auparavant. Se sent appartenir à une communauté consciente que d'autres ont perdu leur enfant, une communauté sans étiquette : "Nous n'avons pas de nom. Nous ne sommes ni veufs, ni orphelins. Il n'existe pas de mot pour désigner celui ou celle qui a perdu son enfant".



Ce texte puissant dit parfaitement la sidération et l'impuissance face à la fragilité de la vie. Phénomène aggravé lorsque l'on n'a rien vu venir et que les causes du décès restent inexpliquées pendant de longs mois. Mais il dit surtout l'incongruité de cette vie qui continue tout autour et qui soumet le chagrin à sa pérennité forcée quand chaque instant est rapporté à Camille, alors que déjà pointe l'oubli futur, l’œuvre du temps dit-on.



"Je voulais écrire vite, jusqu'à ta mort, ton dernier souffle ; puis, allez, faisons durer jusqu'à ton enterrement, et puis voilà, ça ne s'arrête pas, ça ne s'arrêtera jamais - toi disparue n'a pas de fin. (...) Comment finir d'écrire ta fin ?"



Travail de deuil, outil de guérison, ce roman est aussi un superbe cadeau d'une mère à sa fille, célébrant sa courte vie et le courage dont elle a fait preuve durant ses derniers jours. En lui disant adieu à la dernière page, elle lui offre l'immortalité que confèrent les mots, elle qui les manie si bien, femme de lettres nourrie par les textes classiques.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Au grand lavoir

C’est autour d’une ballade livresque que j’ai découvert « Au grand Lavoir » de Sophie Daull.



Je n’ai pas hésité un seul instant à m’en emparer !



Je connais cette auteure depuis quelques années, après avoir lu « Camille, mon envolée » puis « la Suture ».

La compréhension de ce dernier opus est indissociable de ces deux lectures car l’auteure y mêle par fragments fiction et réalité alors je n’en parlerai pas dans les détails car ce serait dévoiler les mystères de ce livre. Cet ouvrage peut aussi être lu indépendamment mais là il y aura un pan de l’histoire qui vous échappera….



Sophie Daull se met dans la peau de cet ex-taulard, qui a purgé 18 ans de prison suite à un viol puis le meurtre de sa victime. Il est maintenant réinséré et est jardinier à la ville de Nogent le Rotrou. Sa vie va basculer un soir devant sa télévision…



La construction de ce livre est particulière, elle est à trois voix, nous écoutons celle de cet employé des espaces

verts, -qui mène une existence relativement tranquille-, celle d’une auteure en tournée pour la promotion de son livre, puis du narrateur pour nous compter la fin de cette histoire.



« j’irai au grand lavoir là-bas, où la mémoire se récure contre le granit rugueux, où la langue se rince au torrent qui mousse comme un savon d’encre, où la fiction fait javel. Je regarderai l’eau crasseuse s’écouler dans une grande synovie de mots et je laisserai sécher les éclaboussures au soleil de la consolation »



Au grand lavoir, c’est la grande lessive c’est décapant…et ça règle les comptes….

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Au grand lavoir

J'ai découvert Sophie Daull avec Camille mon envolée un de ces livres formidables qui serre fortement le cœur, où elle tentait de décrire l'impossible et en d'expliquer l'impuissance et le douleur d'une mère .



Hélas j'ai raté la Suture publié deux ans après dans lequel Sophie Daull recomposait le passé de sa mère disparue depuis 30 ans afin de recoudre une histoire familiale justement déchirée par la mort de Camille, et me suis rattrapé avec son dernier roman Au grand lavoir,qui complète les pièces du puzzle élaboré avec les deux premiers romans



Sophie Daull se met en effet dans la peau celle d’un jardinier à Nogent-Le-Rotrou, ex taulard pour avoir commis un viol et avoir tué sa victime qui n'est autre que la mère de Sophie, héroïne de la suture, la boucle est bouclée, et on est toujours autant bouleversé par la façon dont Sophie Daull parvient à mélanger histoire intime et fiction.



La construction du livre est assez formidable puisqu'on a affaire à un roman à trois voix,celle de cet ex détenu qui mène une existence a priori peinarde, devenu agent docile des espaces verts communaux, celle d’une auteure en tournée pour faire la promotion de son roman, fille de la victime dont la parenté avec Sophie Daull semble évidente ; enfin celle d’un narrateur, une voix off pour nous narrer la fin de cette histoire.



Ce roman bouleverse tant l’écriture de Sophie Daull ausculte avec force et poésie ces relations faites de trouble et d'ambiguïté, et ces dérisoires mais si importantes tentatives d’explications et d'une impossible rédemption et d'un encore moins possible pardon entre la victime indirecte et son bourreau .



Un grand et beau livre de cette rentrée littéraire .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Au grand lavoir

Imaginez !

Imaginez que l'assassin de votre mère sorte de prison après ses dix-huit années de sûreté, peine minimale infligée pour ce crime.

Imaginez que cette libération tombe pendant la promotion de votre premier roman écrit à la suite du décès subit de votre fille.

Imaginez que vous retrouviez sur votre écran télé ce visage d'un homme que vous pensiez condamner aux oubliettes.

Imaginez que cet homme puisse refaire sa vie, retrouver un travail..

Mettez-vous dans la peau de l'ex-tôlard.

Entrez dans la tête d'un criminel repenti qui aspire à vivre dans l'anonymat.

Acceptez de l'accompagner dans ses virées nocturnes.

Vivez avec lui son quotidien d'homme libre.

Imaginez l'improbable rencontre...

Dans la première partie, Sophie Daull est actrice, à deux voix. Tantôt elle, l'auteure, tantôt lui l'ancien détenu.

J'ai retrouvé ce que j'aime chez une autre écrivaine, Angélique Villeneuve, dans les parterres de fleurs de Sophie Daull.

Mais j'ai découvert une violence des mots aussi. Une violence inhabituelle chez elle. On ne fait pas l'amour dans Au grand lavoir, on baise...  c'est cru, choquant peut-être...

Dans la seconde partie elle devient narratrice, elle raconte la suite des événements,  elle observe ses personnages. Elle déroule son récit, de sa magnifique plume, jusqu'à une fin émouvante.

Elle en profite au passage pour s'expliquer, pour répondre aux interrogations, apporter des précisions à ses détracteurs.

Dans les malheurs de Sophie (sans jeu de mots) elle a choisi de vivre et de l'écrire et elle le fait merveilleusement bien.

Notez sur vos tablettes, c'est le 23 août, dans toutes les bonnes librairies 

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Camille, mon envolée

"Écrire, c'est te prolonger."

Sophie Daull vient de perdre sa fille Camille, décédée brutalement à l'âge de 16 ans, et c'est par ces mots qu'elle explique son envie d'écrire ce livre.

Un livre fort, pas larmoyant du tout, dans lequel elle déroule un récit sur deux périodes. Par courts chapitres alternés elle raconte d'un côté les quatre derniers jours de Camille et jusqu'à son enterrement, de l'autre les quatre mois qui ont suivi.

C'est une maman blessée qui parle, qui se souvient, qui montre sa douleur et nous dévoile ses pensées sans chercher à enjoliver. C'est intime sans jamais être impudique et c'est terriblement émouvant.

En tant que parent, on ne peut pas rester insensible. On s'identifie forcément à cette maman "orpheline" de son enfant. On compatit, on partage son chagrin à défaut de comprendre entièrement son intensité.

Partage : voilà peut-être la raison d'être de ce livre.

Sophie Daull partage son histoire pour partager sa douleur. Cette douleur indicible qu'elle a besoin d'extérioriser pour ne pas exploser.

À travers son témoignage, c'est une grande leçon de vie qu'elle nous délivre.

Oui, paradoxalement, ce livre est plein de vie. Et là, je tire mon chapeau à son auteur : après cette lecture, on a envie de courir embrasser ses enfants quand on a la chance de les avoir à côté de soi, de leur dire qu'on les aime. De vivre plus intensément.

Madame Daull, j'admire votre courage, et j'espère que l'écriture de ce livre vous aura un peu soulagée.

En tout cas, sa lecture, émouvante et parfois très difficile, fait un bien fou à ses lecteurs.
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Camille, mon envolée

Comment appelle-t-on des parents dont l'enfant meurt avant eux ? Vous savez quoi, cela n'a pas de nom. Il existe bien le veuf ou l'orphelin. Mais pour ceux qui ont donné la vie et à qui le destin leur retire la chair de leur chair trop tôt, trop vite, il n'y a pas de mot. Comme si le fait même d'imaginer une chose aussi incongrue : on ne meurt pas après ses enfants, était en soi une hérésie linguistique, un néant lexical sur lequel personne n'ose se prononcer, de peur d'attirer le mauvais œil.



Face au vide laissé par la mort de sa fille de 16 ans, Camille, Sophie Daull choisit les mots : pour raconter les 4 jours pendant lesquels son enfant chéri a bataillé courageusement contre une fièvre mortelle, pour raconter sa mort, absurde, son désarroi face au corps médical, leur jargon auquel on ne comprend rien, pour raconter les étapes du deuil les plus impensables : choisir un cercueil et un enterrement digne de ce nom pour son enfant adoré. Pour dire le vide laissé par la perte de son enfant et comment se reconstruire malgré tout, mourir à petit feu et culpabiliser de vivre, comment survivre, mal, maladroitement, entre pleurs et rires, gérer l'après, le deuil, l'absence, et oui que faire des 77 peluches de son enfant d'amour : on jette tout, on conserve tout ?



189 pages époustouflantes, sur le fil, émouvantes, tragiques, sans pathos, pour conter la lumineuse existence d'une jeune fille à qui l'avenir ouvrait ses bras : sciences po, le théâtre, le chant. 189 pages contre 4 jours de souffrance inénarrable et la détresse de Sophie Daull qui ne sût comment soulager sa fille, mère contre mort. Et au final, victoire par KO d'une faucheuse machiavélique.



Est-il besoin de continuer ? Je ne suis pas mère et fort heureusement, car j'aurais été incapable d'écrire une chronique sur ce livre qui finit sur phrase sublime, d'une dureté sans nom, qui résume tout à elle seule : « Moi qui aimais tant de voir de loin, maintenant je suis servie – je ne te vois plus ».



Je m'arrêterais là.


Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Camille, mon envolée

Jeudi 19 décembre 2014 : Camille, jeune adolescente de 16 ans et sa mère vont ensemble voir une pièce de théâtre. A son retour, Camille a mal à la tête, de la fièvre.Tout laisse croire à une mauvaise grippe mais les symptômes s’aggravent.Et malgré les appels au médecin traitant et visites aux urgences d’ou elle ressort avec une ordonnance de doliprane...rien n’y fait !

Camille décède 4 jours plus tard, d’une méningite foudroyante qui ne sera identifiée comme telle que plusieurs mois après par les services médicaux.



En employant le "tu" Sophie Daull entreprend de raconter à Camille, sa fille unique, la description des 4 jours précédant sa mort, les incompétences et "légèreté du corps médical", les démarches auprès des pompes funèbres, son enterrement au cimetière de Montreuil... et les jours d’après sans Camille .

Face au drame absolu que constitue la mort d’un enfant, Sophie Daull a réussi à trouver le ton juste. Pas de pathos, pas d’apitoiement, de l’humour pour survivre.



Ce premier livre est un témoignage exceptionnel de finesse et d’intelligence

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Camille, mon envolée

Dans ce récit autobiographique, l'auteur nous livre comment sa fille de 16 ans est morte en seulement 4 jours : 4 jours de fièvre, d'incompréhension, d'attente, de douleur, de soutien pour une fin inacceptable. Comment survivre à la mort de son enfant survenue juste avant Noël. Quand tout le monde se retrouve, Cette mère et son mari doivent poursuivre une vie qui n'a plus de sens. Alors comme une thérapie, un cri d'alarme, l'auteur raconte ces quatre jours improbables, alternés par des pensées quelques mois après ce décès.

Certains passages sont émouvants et nous renvoient à nos propres sentiments de parents, d'autres sont pleins d'humour parfois troublants mais le tout est écrit avec intimité et honnêteté.

Ces mots qui racontent pour peut-être apprivoiser une vie sans Camille, pour se donner le courage d'être alors que l'on doute. Un témoignage qui est fort sans pour autant être voyeuriste.
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Camille, mon envolée

Fini le 23 mars… Un jour qui aurait marqué Sophie Daull, la maman de Camille, morte à 16 ans après une forte fièvre de quatre jours, un 23 décembre. La douleur est insurmontable mais de coucher les mots sur le papier, de parler de sa fille l'aide à avancer. Elle alterne les moments de souffrance de Camille avec l'après, les résultats d'autopsie, les souvenirs de sa fille dans chaque petite chose qui lui rappelle Camille. Elle qui a perdu sa mère moins de trente ans plus tôt, est confrontée à un nouveau deuil.

Son écriture est très belle, très poétique, malgré cette douleur qui l'habite. Plus important, elle utilise l'humour, pas de l'humour noir non, de l'humour chagrin, très doux, pour parler de sa fille.

Difficile de lire un tel livre sur la mort d'un enfant, c'est toujours aussi injuste… mais elle a su en parler de belle façon pour le rendre beau. Un bel hommage.

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Camille, mon envolée

J'ai beaucoup de mal à lire ce type d'ouvrages qui me font pleurer systématiquement (ce qui n'a pas manqué encore une fois). Conseillée par une lectrice, je m'y suis attelée et quelle merveille ! Dans une écriture concise et dépouillée, voilà un superbe cri d'amour d'une mère à sa fille, mère qui précise avec justesse : "Ne pas pleurer de l'avoir perdue, se réjouir de l'avoir reçue." Juste magnifique !
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