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Citations de Stefan Hertmans (139)


Ce livre s'inspire d'une histoire vraie. Il est le fruit à la fois de recherches approfondies et d'une empathie créative.
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Ils marchèrent en silence, côte à côte, et ne se firent un signe de tête que pour se dire au revoir, là où se séparait leur chemin et où se dressaient de guingois, sous le soleil tardif, les premières maisons de la ville, chauffées par une lumière oblique et jaune de début de soirée, comme si quelqu'un avait posé une grande lampe sur le monde pour éclairer un secret que finalement personne ne voulait découvrir.
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Il existe encore ici de ces après-midi oniriques au cours desquels les lents nuages blancs évoquent de gigantesques dieux grecs assoupis qui, flottant à travers l'Elysée, nous donnent un aperçu du paradis. Je ressens de plus en plus le désir d'être enterré ici dans ce sol dur quand le moment sera venu. J'imagine qu'il me reste quelques années de répit puis je m'allongerais pour écouter le temps se déplacer, le bourdonnement des cyprès, le tintement de la cloche de l'église, le cri de la chouette et le gazouillis des guêpiers planant, extatiques, au-dessus de ma tombe, avec ce bleu intangible au-dessus de mes yeux devenus aveugles.
Le monde tourne, mais quand on retient un instant sa respiration, il s'immobilise.
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Comment dormir l’un près de l’autre quand les rêves de chacun ont suivi leur propre voie obscure ?
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Chez les mères, l’équilibre entre compassion et persévérance est délicat.
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Dans quelle mesure un être humain est-il prêt à être confronté à la vérité, quand il s’agit de son propre père ?
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C’est dans les périodes sombres qu’il faut beaucoup planter.
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Je regarde en silence les gars qui s'enfoncent dans le fatalisme autour de moi, la plupart plus jeunes que moi – des gars qui sont faits pour exercer un bon métier, qui ont le cœur là où il faut, des jeunes qui ont fait des études et devraient maintenant fonder une famille et avoir des enfants – ils sont allongés ici sous la pluie tiède, puants et le corps couvert de gale, sans perspective de changement, s'abandonnant au cynisme et à la pulsion de mort, abrutis par les plaisanteries idiotes des imbéciles du régiment, se grattant comme des singes et pleurant quand la colique leur donne des frissons et leur fait redouter une infection mortelle, craignant une belle perdue, l'accident d'une charrette branlante dont le timon se brise, le souffle qu'émettent à longueur des nuits des chevaux de train de crever lentement.
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Il m'emmena à l'Expo 58, l'Exposition universelle de Bruxelles, lui qui avait vu celle de 1913. Je me souviens de blanc, de bâtiments blancs, d'allées blanches, d'une architecture nouvelle, pure, impeccable, du soleil, d'un soleil blanc, d'un monde qui m'aveuglait : tout est blanc dans mon souvenir. Pour une génération qui vivait encore dans de vieilles pièces plongées dans la pénombre, l'ensemble était éblouissant. L'Atomium paraissait blanc, les arbres paraissaient blancs, le monde était blanc. Même le pain était blanc, le pain blanc de l'Expo.
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Ils contrôlent le travail, ont l'air satisfaits, mais essaient de ne pas trop le montrer : il ne faut pas laisser les gens simples se mettre des idées en tête en leur faisant des compliments, sinon, c'en est fini de leur dévouement.
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On parlait de la grande catastrophe au charbonnage du Hornu en Wallonie, des conditions inhumaines dans lesquelles les mineurs y effectuaient leur travail, des pêcheurs noyés à Ostende, des enfants épuisés dont les doigts étaient arrachés sous les grandes machines à carder dans les usines de textile lorsqu'ils ramassaient les bouts de fils de lin, des métallurgistes mutilés, des estropiés qui dépérissaient sans travail, des innombrables autres calamités auxquelles les travailleurs étaient exposés à l'époque.
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Soudain, il s'inquiète, appelle sa femme, montre du doigt une chose claire dans la nuit, sifflant à travers le firmament comme une étoile qui se serait emballée. C'est la grande comète qui, en cet été de 1092, suscite dans toute l'Europe occidentale l'angoisse des populations. On prêche et on prie, on annonce la énième arrivée de l'antėchrist, les chrétiens du village croient au retour de l'étoile de Bethléem. C'est l'affolement général, on marchande des indulgences, des charlatans vendent des onguents aux orties et aux crottes de chèvre contre les brûlures que provoquent les feux du diable auxquels tout le monde doit s'attendre.
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Le plus ambitieux roman sur la ville moderne commence aussi d’emblée par le plus grand zoom avant de la littérature mondiale. Le narrateur de L’homme sans qualité fonce sur la ville de Vienne comme depuis un satellite, à partir d’une «dépression au dessus de l’Atlantique…
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Rien n'est plus funeste pour la joie de vivre que le sentiment secret de devoir toujours se justifier devant un juge intime qu'on ne connaît pas. Il voit tout et condamne tout ; ce n'est jamais assez bien, on est toujours le perdant, quoi qu'on fasse ; il est insaisissable - il ressemble parfois à un ancien amour, puis à l'ami qui vous a trahi ou à la femme aux yeux perçants qui se moque de vous dans la pénombre ; tantôt le démon est rieur, ironique, se montre même patient face à vos imperfections, puis soudain vous parle, avec une immense condescendance, de ce que vous voulez éviter à tout prix, alors que c'est justement ce qui se passe, par votre faute en plus, votre grande faute, votre faute inepte, ineffaçable ; tantôt c'est un citoyen d'une élégance fatale qui vous tourne le dos parce que vous venez de faire quelque chose d'idiot qu'il est le seul à avoir vu; il vous guette quand vous ouvrez les yeux le matin et vous laisse vous endormir en haussant les épaules, parce que vous avez tout simplement fait ce que vous avez fait, sans savoir agir autrement.
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Mais tout uniforme la fait frémir. Comment dormir l'un près de l'autre quand les rêves de chacun ont suivi leur propre voie obscure ? La nuit est une crapule.Les enfants respirent d'une innocence qui humidifie légèrement leurs lèvres, ils balbutient des absurdités dans leur sommeil. Que fait de nous la guerre, cher pasteur Wartena? Pourquoi mon bien-aimé est-il un étranger dans mon lit ?

( p.100)
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La mer est violette et violente, le ciel semble être poussé par un autre ciel, un mouvement gigantesque au-dessus de leus têtes minuscules. Rien, voilà ce qu'elle est, voilà ce qu'ils sont ensemble, une bande d'insectes flottant dans une coquille de noix, un rien dans un rien plus grand. Mais ils avancent. Ils avancent chaque jour. La Crète est déjà loin au nord, le bateau gémit et file, entraîné par le puissant courant.
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Un jour qu’il regardait avec moi des reproductions et était tombé sur le célèbre bœuf écorché peint par Rembrandt, il avait dit : c’est si bien peint qu’on sent la puanteur du marché aux bestiaux.
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Ici on n'a visiblement pas atterri dans la Provence des cartes postales, mais dans un vieux paysage sans nom que l'on découvre partout dans les montagnes autour de la Méditerranée. Ici ce ne sont pas des platanes mais des châtaigniers sauvages et des vieux tilleuls qui bordent la route. Dans certains pâturages on voit déambuler de petites vaches alpines, on entend tinter toute la journée les clochettes des moutons. Un berger somnole dans un talus. Ici, rien n'a vraiment changé de mémoire d'homme. On se croirait dans une églogue de Virgile.
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Le temps devient une durée monotone, la durée perd se direction, la direction fait place à l’immobilisme et à l’ennui, l’ennui rend indifférent et las, les jours filent à travers les doigts
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L'auteur italien Mario Praz écrit quelque part dans son livre- La Maison de la vie- que les enfants qui grandissent dans un logement où existent des pièces intermédiaires obscures auront toujours envie d'une lumière située au-delà, de transcendance (...)
( p.146)
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