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Citations de Stefan Hertmans (139)


Sous le régime féodal, le fossé entre pauvres et riches s'est creusé ; les frustrations du peuple et la rancune contre les nantis ... se sont accumulées.
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Les lieux ne sont pas qu'un espace, ils sont aussi associés à une époque. Je regarde la ville différemment depuis que je porte en moi ses souvenirs. Mes pensées ne cessent de vagabonder autour de la place d'Armes, que je connais moi aussi depuis mon enfance comme un lieu festif, un lieu lié aux dimanches matin, à l'odeur des fleurs coupées qu'achetaient mes parents, à la fanfare désuète dans le kiosque à musique parfaitement restauré. Mais à présent, je cherche dans le langage fermé des façades l'endroit où a dû se dresser l'immeuble dans lequel mon grand-père a passé quelques mois à travailler comme apprenti [...].
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Cette cathédrale a tant fasciné Claude Monet qu'il l'a peinte près d'une trentaine de fois, à chaque reprise dans de nouvelles teintes, selon la lumière passagère qu'il cherchait à saisir - une passion touchante, car la lumière sur les vieux monuments n'est pas stable un seul instant. Pas plus que notre regard sur le passé.
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[...] il m'arrive plus d'une fois de me demander quelle est la nature de ce lien ambivalent qui nous lie à nos grands-parents. Est-ce l'absence de ce conflit générationnel que nous avons avec nos parents? Dans le fossé béant entre eux et nous réside la lutte pour affirmer ce que nous imaginons être notre individualité, et la distance qui nous sépare dans le temps nous donne l'illusion qu'il se cache là une vérité plus profonde que dans ce que nous savons de nos propres parents. C'est une grande, une extraordinaire naïveté qui nous incite à vouloir savoir.
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Le pape Urbain pouvait difficilement prévoir la déchéance morale, les atrocités et l'endurcissement général que son appel enthousiaste à la croisade allait déclencher.
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[Mon grand-père] avait consigné ses souvenirs ; il me les a donnés quelques mois avant sa mort en 1981. Il avait alors quatre-vingt-dix ans. Il était né en 1891, sa vie semblait se résumer à l'inversion de ces deux chiffres dans une date. Entre ces deux dates étaient survenues deux guerres, de lamentables massacres à grande échelle, le siècle le plus impitoyable de toute l'histoire de l'humanité, la naissance et le déclin de l'art moderne, l'expansion mondiale de l'industrie automobile, la guerre froide, l'apparition et la chute des grandes idéologies, la découverte de la bakélite, du téléphone et du saxophone, l'industrialisation, l'industrie cinématographique, le plastique, le jazz, l'industrie aéronautique, l'atterrissage sur la Lune, l'extinction d'innombrables espèces animales, les premières grandes catastrophes écologiques, le développement de la pénicilline et des antibiotiques, Mai 68, le premier rapport du Club de Rome, la musique pop, la découverte de la pilule, l'émancipation des femmes, l'avènement de la télévision, des premiers ordinateurs - et s'était écoulée sa longue vie de héros oublié de la guerre. C'est sa vie qu'il me demandait de décrire en me confiant ces cahiers. Une vie se déroulant sur près d'un siècle et commençant dans un autre monde.
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Leur mesure du temps était aussi simple qu'efficace : il comptait en fonction de ce qui s'était passé "' avant la Grande Guerre" ou " des années après la Grande Guerre". On ne parlait pas beaucoup de la seconde Guerre mondiale...
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Le Nil est tel une fleur de lotus, disaient les anciens ;la vallée au sud est sa tige, le delta au nord sa fleur galbée, et la plaine de Fayoum est comme un bouton de fleur fermé sur la grande tige.
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Elle va prier le matin dans la petite chapelle et demande au dieu des Chrétiens de lui pardonner d'appartenir à présent au dieu juif. Mais elle sait qu'elle implore toujours le même dieu: cette voix désespérée, secrète, au plus profond d'elle- même.
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"Le Nil est une fleur de lotus , disaient les anciens; la vallée au sud est sa tige, le delta au nord sa fleur galbée, et la plaine de Fayoum est comme un bouton de fleur fermé sur la grande tige.
Hérodote considérait l'Egypte comme rien de moins qu'un cadeau du Nil. :mais ce lotus géant , qui avait insufflé la vie à L'Egypte, était aussi un organisme violent, mortel ....."
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Il y a dans l’ethos disparu du soldat à l’ancienne quelque chose qui, pour nous, contemporains d’attentats terroristes de de jeux vidéo violents, est encore à peine concevable. Dans l’éthique de la violence est intervenue une rupture de style. La génération de soldats belges qui fut conduite dans la gueule monstrueuse des mitrailleuses allemandes au cours de la première année de guerre avait encore grandi selon l’éthique exaltée du dix-neuvième siècle, avec un sentiment de fierté, un sens de l’honneur et des idéaux naïfs. Leur morale de guerre tenait pour vertus essentielles : le courage, la maîtrise de soi, l’amour des longues marches, le respect de la nature et de son prochain, l’honnêteté, le sens du devoir, la volonté de se battre, si nécessaire, d’homme à homme. […]
Toutes ces vertus d’une autre époque furent réduites en cendres dans l’enfer des tranchées de la Première Guerre mondiale.
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J'ai toujours eu un faible pour l'odeur d' humidité et de délabrement dans les vieilles maisons. Peut-être parce que né peu après la guerre, j'ai dû encore traverser, en tenant la main de ma mère, des habitations endommagées par les bombardements, et que l'odeur de pierre humide et de moisi est devenue pour moi celle de la célèbre madeleine de Proust. Quand on est enfant et qu'on n' a pas encore se souvenirs, même l'odeur de délabrement est une source de bonheur.( p.15)
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D'ailleurs ce n'est pas du vrai marbre, a poursuivi le notaire, la pierre de Comblanchien est un calcaire, résistant et dur.Elle est appréciée parce qu'elle rappelle le marbre italien, mais elle est bien moins chère- comme vous le voyez, mon cher, les gens qui vivaient ici rêvaient d'une vie meilleure. Il n'y avait pas d'ironie dans ses propos, plutôt une légère nostalgie. Au fond, vous savez, ils étaient bien braves ces gens-là, mais tout de même comment dire- une guerre, ça vous chamboule tout et, avant d'avoir eu le temps de s'en apercevoir, vous vous retrouvez du mauvais côté, pas vrai...?
( p.127)
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(**Tout début du roman)
La première année du nouveau millénaire, j'eus entre les mains un livre qui me fit comprendre que j'avais vécu pensant vingt ans dans la maison d'un ancien SS.Non que je n'aie reçu de signaux: même le notaire m'avait incidemment indiqué, le jour où il m'avait fait visiter la maison, l'identité des précédents occupants ; je n'y avais guère prêté attention à l'époque. Peut-être y avait-il aussi eu de ma part une volonté de refouler cette information, tant j'avais été imprégné au fil des ans par les douloureux poèmes de Paul Celan, les témoignages de Primo Levi, les innombrables livres et documents qui m'avaient laissé sans mots, l'impossibilité de toute une génération de décrire l'inconcevable.
( p.11)
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Les journées n’ont pas d’heures. On peut regarder fixement une tache de soleil se déplaçant sur un sol rustique, sorte de lumière blanche qui semble trembloter et grimpe sur le mur en fin d’après-midi avant de disparaître. Rien ne se passe, voilà le seul événement qui capte les regards. Le temps fait ce qu’il veut.
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[...] c'est fou, avant, j'étais persuadé que le tunnel sous la Manche était en verre et qu'on pouvait voir des hippocampes nager au-dessus de sa tête, alors qu'en ce moment, je n'ai même pas l'impression de traverser la mer.
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Au loin, la lumière se déploie en un fragile éventail de différents gris, et de rose, avec une pointe d’orange. Au-dessus de la campagne plane ce léger blanc de la brume qui se dissipe.
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A soixante- dix ans, par un dimanche matin ensoleillé de Pâques, il avait déclaré subitement, les larmes aux yeux, que l'intensité du bleu des iris barbus qui fleurissaient dans le jardin à l'arrière de la maison, associé au jaune vif de leur coeur, lui donnait des palpitations, et que c'était triste qu'un être humain doive mourir sans avoir compris comment tout cela pouvait voir le jour. (p. 48)
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William devait écrire des rapports sur tous ceux qui, selon lui et ses assistants, rompaient le pas : anglophiles, francs-maçons, juifs, socialistes, éléments hostiles à l'occupation allemande, fransquillons, résistants, bolcheviques et même, sur l' insistance de la Verwaltung, le mouvement scout avec son pacifisme provocateur, (...)et puis aussi ces bellicistes fanatiques de la Première Guerre mondiale, il fallait s'en méfier comme de la peste, avec leurs livres de Jean Jaurès et de Romain Rolland.Oui, c'était devenu une administration impressionnante, cette surveillance de la pureté de l'âme de la population.
( p.166 )
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L'appel de la banlieue, suscité par le passage du tramway, donne à Mien envie de se relever, de sortir dans le plus grand silence pour se retrouver dehors un instant, longer les façades et les petits commerces des faubourgs où tout un bric-à-brac est exposé dans la vitrine, arriver dans des rues de plus en plus désertes, jusqu'aux hangars en bois où le vent est plus froid et l'odeur des marchandises entreposées donne au promeneur solitaire une envie de bateaux, de partir sans se retourner.
( p.135)
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