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Critiques de Stéphane Piatzszek (311)
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L'île des justes

Marseille, juillet 1942. Alors que les rafles emportent les Juifs, Henri, sa femme, Suzanne et le petit Sacha n'ont d'autre choix que de fuir la ville. Depuis octobre 40, l'état français a déchu les Juifs d'Algérie de la nationalité française. Un pêcheur corse du nom de Bastiani les attendra au vieux port pour les emmener en Corse. De là, ils rejoindront la Palestine où des milliers de juifs débarquent. Malheureusement, en pleine nuit, les flics débarquent, les obligeant à fuir précipitamment. Henri fait diversion afin que Suzanne et Sacha puissent rejoindre le vieux port où Bastiani les attend. Pendant la traversée, un bateau de police les rattrape. Suzanne saute à l'eau mais est bientôt repêchée par les forces de l'ordre. Au petit matin, Bastiani est accueilli par ces derniers mais aussi par les habitants qui s'offusquent de cette arrestation. Le préfet Balandier intervient pour calmer tout le monde. Face au commissaire Rossi, qui se défend de n'exécuter que les ordres du ministre de l'intérieur, il ne peut malheureusement pas empêcher l'arrestation de Suzanne. Sacha, Bastiani l'ayant fait passer pour son fils, est en sécurité...



S'inspirant de sa propre histoire familiale, Stéphane Piatzszek nous offre un album fort intéressant sur la tentative de la famille Cohen d'échapper aux rafles de 1942. Il met en avant le rôle de la population locale qui aida bon nombre d'entre eux à se cacher et à en réchapper ainsi que le rôle de certains fonctionnaires, opposés à la politique de Vichy. L'auteur nous dépeint des portraits forts et magnifiques de résistants, que ce soit le préfet Balandier ou le curé Siméoni. Un album parfaitement maîtrisé et captivant de bout en bout. Un album émouvant sur ces héros du quotidien en ces temps de guerre. Graphiquement, Espé met magnifiquement en lumière ces derniers et l'île de beauté. Un trait d'une grande finesse et de superbes couleurs ensoleillées.
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Le Maître des crocodiles

En premier, des planches aux couleurs travaillées, des pastels, des bleus, diurnes ou nocturnes, ceux de la mer ou du fleuve et de leurs profondeurs, de ce côté-là c'est très réussi.



Mais, c'est le scénario qui pèche, même s'l débute assez bien. Seulement, très vite se mêlent des poncifs écologiques et politiques sur fond de menées autonomistes d'un mouvement local, dans les Banyak, un île du côté de Sumatra. Et on enchaîne les incohérences, les relations chaotiques avec les autochtones, puis le crocodile dont les motivations intellectuelles de ses attaques sur l'homme ne seront dévoilées qu'une trentaine d'années plus tard, lorsque le héros esseulé reviendra sur ses jours chercher une vengeance impossible.



D'aucuns ont tenté un parallèle avec Moby Dick... Pour ma part, même si le crocodile a perdu un oeil sur un coup de poignard, je n'ai pas vu le regard de la baleine blanche dans celui restant, ni la volonté opiniâtre d'Achab dans la personnalité du malheureux Léo.



Les planches n'étant pas saturées de légendes, il reste le plaisir des yeux, mais le lecteur de ce genre attend, je crois, beaucoup plus.
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Une famille en guerre, tome 1 : Le pays perdu

1940, l'Alsace est annexée par l'Allemagne, une famille se retrouve au cœur de la tourmente, chacun doit choisir son camp.



Le début d'une saga d'une «famille française», mais avec cette différence de taille, nous sommes en Alsace, alors que faire: attendre la fin de la guerre, collaboré, résisté, ou revendiquer l'indépendance?



Une Alsace ballotée dans l'histoire d'un pays à l'autre et le diktat Nazis qui petit à petit rend toute opposition périlleuse.



Un début de saga formidable où chacun devra trouver sa place. Le destin tragique d'une famille comme les autres dans une région pas tout à fait comme les autres.



Les dessins sont réalistes et se prêtent bien à ce genre de récit historique.

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Les oubliés de Prémontré

Août 1914, asile de Prémontré, près de Soissons. Dans les allées de l'hôpital, Loisel, le gardien en chef, fait visiter les lieux au jeune Clément, venu pour un poste de soignant. Ici, l'on accueille pas moins de 1300 malades, âgés de 4 à 95 ans, toutes professions confondues. Loisel le rassure en lui disant qu'il commencera chez les plus calmes. Or, le chauffeur attitré étant mobilisé, c'est à pieds que devront se faire les tournées. Par chance, Clément sait conduire. Loisel n'hésite donc pas une seconde pour embaucher le jeune homme. Un homme seulement d'apparence sous lequel se cache Clémence, venue ici pour une toute autre raison que le poste de soignant... Dans les jours qui suivent, elle fait la connaissance de la Mère Supérieure mais aussi d'André Letombe, l'économe de l'asile. Alors que les autorités refusent d'évacuer les malades, que les affaires sanitaires s'installent à Chateau-Thierry, que le médecin-chef déserte lâchement, une garnison française occupe les lieux. Malheureusement bientôt remplacée par des soldats allemands...



C'est en 1867 que l'asile de Prémontré ouvre ses portes, prospère jusqu'à la guerre. Mais, les Allemands, qui imposèrent restrictions et réquisitions, mirent à mal aussi bien les patients que les soignants. C'est surtout grâce à l'économe et le maire du village, Édouard Letombe, épaulé par son fils, que l'asile survit tant bien que mal. 30 % des femmes et 48 % des hommes y moururent, en un peu plus d'un an, de faim. C'est cette sombre histoire que Stéphane Piatzszek nous livre au cœur de cet album, l'agrémentant d'une partie fictionnelle en la personne de Clémence, venue y trouver des réponses. Ce pan de l'histoire, fidèlement rapporté, se révèle tout aussi passionnant, instructif que révoltant. L'on s'attache aussitôt à tous ces protagonistes, généreux et profondément humains, qui vont tout faire pour résister, s'organisant pour se ravitailler, protégeant au mieux tous les malades. Jean-Denis Pendanx nous offre de très belles planches au trait semi-réaliste et à la colorisation aux lavis dans les tons ocre et gris. Il restitue parfaitement les décors, donne vie à tous ces personnages et traduit les émotions.

Un album remarquable...



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Tsunami

Banda Aceh au nord de l'île de Sumatra, 2013. Neuf ans après le tsunami, les ruelles de la ville, l'une des plus touchée par la violence de la vague, sont bordées de petites maisons blanches reconstruites mais atrocement identiques. La ville porte encore les stigmates de ce tsunami. Ici, un bateau en pleine ville attendant la prochaine vague qui le remettra à flot, là des débris de tôle ou des voitures ou encore certains enfants qui portent ce nom, comme signe de force ou pour conjurer le destin. Romain a débarqué de France, voulant retrouver la ville telle qu'elle était lorsque sa sœur, alors médecin humanitaire, l'a vue pour la première fois. Sans nouvelle d'elle depuis 2004 et dans l'espoir fou de la retrouver, il se rend au commissariat de la ville. Même si le vieux flic le dissuade de poursuivre ses recherches, toute la ville ayant été fouillée, même si un détective privé a fait chou blanc, le jeune homme décide tout de même de continuer...



Nous partons en compagnie de Romain, jeune homme qui décide de partir à la recherche de sa sœur, Elsa. Cette dernière était venue à Banda Aceh, peu après le tsunami qui a ravagé certaines îles d'Indonésie, dans la seule volonté de venir en aide au peuple sinistré. Devant une mère qui pleure la disparition de sa fille, Romain va tenter de savoir ce qu'est devenue Elsa. Est-elle morte? Malade? Ou a-t-elle simplement disparue? Ce voyage vers Sumatra et ses petites îles sera le terrain de rencontres improbables mais riches. À la fois surnaturel, empreint d'émotions et de nostalgie, cet album, tout en subtilité, fait la part belles aux personnes affectées par cette catastrophe et à ce jeune homme, en quête se savoir. Stéphane Piatzszek nous offre un scénario finement mené, travaillé et touchant, aux silences et aux non-dits retentissants.

Jean-Denis Pendanx nous offre de magnifiques planches, que ce soit ces paysages dévastés, ces rues débordantes de débris, ces petites îles paradisiaques ou encore cette mer d'un bleu éclatant sous un soleil éblouissant, partant de couleurs sombres pour finir en teintes beaucoup plus douces. S'inspirant de ses croquis de voyages, il donne vie, de son trait délicat, à ce récit émouvant.
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La Cour des miracles, tome 1 : Anacréon, Roi ..

Paris, février 1667. Un vieil homme éclopé, adossé à un mur, fait la manche dans les ruelles de Paris. Tout près de lui, il remarque le manège d'un jeune homme qui, feignant de se balader, vole dans les poches des passants. Aussitôt, le mendiant donne l'alerte. Plusieurs hommes s'emparent alors de lui et, précédé du vieil homme, le conduisent vers le châtelet où il sera puni. Mais, en chemin, ils croisent un groupe d'hommes armés d'épées. Les escorteurs du jeune homme prennent peur et s'enfuient. Ce qui fait bien rire ce dernier et le vieillard, complices puisque Jean est le fils d'Anacréon, le roi des gueux qui règne en maître sur la vaste cour des miracles. Celui-ci vieillissant, il songe à se retirer et laisser le pouvoir à son fils.



Ce premier tome d'une série post-moyenâgeuse plante son décor au cœur des ruelles malfamées et sales de Paris. En chef de file, Anacréon, le Grand Cöesre, sa fille, La marquise et son fils Jean. Le vieil homme voulant se retirer, sa succession ne va malheureusement pas se dérouler comme prévu : bon nombre de partisans sont attirés par le titre et Louis XIV, via Colbert, tient à le remplacer par un homme intègre. Stéphane Piatzszek nous offre un premier album original au héros pour le moins atypique. Les personnages secondaires ne sont pas en reste puisqu'on y croise prostituées, mendiants... Au cœur de cette cour, trahisons, manigances, coups bas et autres vilenies. Jérôme Maffre excelle dans ce Paris sordide et sale : un trait minutieux et vif, des décors parfaitement retranscrits (des fastes de Versailles aux ruelles sordides) ou encore des plans variés.
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Le Maître des crocodiles

Lorsqu'un petit groupe de militants écologistes débarque dans un minuscule archipel indonésien dans le but d'y tourner un film visant à démontrer la nuisance de l'homme sur son environnement et sa possible disparition à très court terme, il n'imaginait pas avoir affaire à l'un de ses plus fervents défenseurs, un sac à main sur pattes d'un fort joli gabarit, ma foi, dans les 10 m bien tassés, de quoi ouvrir une maroquinerie XXL en cas de victoire illusoire de l'homme sur la bestiole.

La bête, qu'était loin de l'être, initiera cruellement ce récit éco-responsable à forte teneur mystique.



Avant, y avait pompom pompom pompom-pompom mais ça c'était avant. Spielberg ne possédant pas la mainmise sur toute crevette marine susceptible de vous filer les jetons, Pendanx (au crayon) et Piatzszek (au scénar', sur un mot compte triple au scrabble et bonne nuit les petits) y sont allés de leur petit conte philosophique bien flippant.



De prime abord, le dessin est parfaitement maîtrisé. Au second également, c'était juste histoire de confirmer.

Les couleurs chatoient. Nan, elles vous pètent littéralement la rétine mais on en redemande vu la précision et la beauté des paysages dépeints.



Si le récit est un peu fourre-tout, il tient cependant la route grâce à une sombre histoire de vengeance parfaitement maîtrisée. Man vs Wild, c'est qui qui va gagner? Assurément le lecteur, accroché par la beauté saisissante du dessin à l'aquarelle associé à une mise en page à l'énergie débordante.



J'en connais qui vont chialer et pas que des larmes de croco...
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Kilomètre Zéro, Tome 1 : Une épopée ferroviaire

Mulhouse, au coeur du 19ème siècle, est une cité prospère grâce à l'industrie textile et aux nombreuses usines de filature dans lesquelles travaillent hommes, femmes et enfants.



Cette bande dessinée aborde l'histoire d'une famille, les Koechlin, qui sont à la tête d'un véritable empire industriel. Le fils voudrait faire sa vie au Brésil et la fille devenir journaliste. Elle y parvient tout en se défendant d'être une fille à papa, car celui-ci est également propriétaire de la presse locale.



Mais, le pater familias a une grande idée en tête : construire une ligne ferroviaire nouvelle qui relierait Mulhouse à Bâle.



Ce premier tome illustre les péripéties économiques et politiques de son entreprise nouvelle, tout en évoquant les conditions de travail des enfants dans les filatures, dictées par la loi du profit et la crainte de la concurrence.

Il aborde très brièvement le harcèlement sexuel sans développer le sujet.



Les planches dessinées sont assez séduisantes avec des noirs profonds, alternés avec des couleurs très vives, rouge feu des chaudières, diverses nuances de bleus diurnes ou nocturnes, elles illustrent parfaitement le propos des auteurs.



Ce premier tome est suivi de quelques pages relatant l'histoire de la terre industrielle française avec Mulhouse comparée à la "Manchester française", développe succinctement l'histoire de la famille Koechlin et son implication dans ce tournant ferroviaire très important pour la région.



C'est un premier aperçu intéressant de cette épopée à poursuivre avec la lecture du deuxième tome.
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Le Maître des crocodiles

Archipel des Banyak. Indonésie, au large de Sumatra, été 1984. Un bateau file à toute allure vers les Banyak. À son bord, Léo, documentaliste et militant écologiste, sa femme, Isa, alors enceinte, et leur ami, Bernard. Ils se font intercepter par les flics qui contrôlent leur matériel et qui les mettent en garde contre les GAM, un mouvement qui milite pour l'indépendance de la province de Banda Aceh et veut installer la charia. En arrivant sur l'île, ils sont accueillis par la Chamat et sa famille. Léo leur explique qu'il veut produire un documentaire visant à dénoncer les ravages de la pêche à l'explosif et par là-même leur propre suicide. Aussitôt, lui et son équipe sont priés de quitter les lieux sur-le-champ...



Bienvenue en Indonésie... ses petites îles paradisiaques, son eau d'un bleu intense, son soleil ardent... et ses crocodiles hargneux ! Visiblement, ces amis auraient dû se méfier aussi bien des GAM que de ces reptiles. Stéphane Piatzszek aborde différents sujets tels que la vengeance, l'écologie, notamment la pêche à l'explosif ou la déforestation. Cet album fait la part belle à la sombre vengeance de cet homme meurtri. Jean-Denis Pendanx nous plonge dans ces eaux cristallines. Usant et abusant de sa palette de bleu pour notre plus grand plaisir, il nous offre de magnifiques planches gorgées d'eau et de soleil. Dans ce décor paradisiaque et luxuriant très bien rendu, ces scènes de combat entre l'homme et le crocodile détonnent.
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Kilomètre zéro, tome 2 : Une saga familiale

Dans ce second tome, on retrouve avec plaisir la famille Koechlin dont le père poursuit ce rêve d’une folle ambition : construire la première ligne de chemin de fer qui reliera Bâle à Strasbourg. Sa fille, Salomé, rêve d’une carrière de journaliste à une époque où les femmes de la bourgeoisie ne travaillent pas et restent sous la coupe des hommes. Les aventures de l’héroïne au caractère bien trempé servent à nous montrer la vie des ouvrières, avec le harcèlement et la pauvreté, les conditions sanitaires déplorables et la mortalité infantile importante. Le combat féministe, avec Flora Tristan, est juste évoqué, dommage, on aurait aimé en savoir plus.

On découvre un 19e siècle en pleine mutation industrielle avec ses enjeux et ses espoirs. A travers les aventures des différents personnages que l’on a plaisir à suivre, on découvre une réalité historique et sociale et c’est tout à fait passionnant.

Le dessin est précis, l’époque bien restituée. On attend avec impatience le troisième tome de cette saga pleine de rebondissements.



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Kilomètre zéro, tome 2 : Une saga familiale

Suite de la destinée de la famille Koechlin dans ce deuxième tome qui, malgré la même qualité des planches, m'a moins accroché.



On y retrouve les thèmes du précédent avec le projet de cette ligne de chemin de fer qui relierait Strasbourg à Bâle, avec d'autres thèmes tels que la cadence dans les usines, le travail forcené des enfants ainsi que le harcèlement sexuel et le féminisme.



Ces deux derniers sujets sont à peine effleurés alors que, au moins pour le féminisme, il y aurait eu matière à développer grâce à la personnalité de la jeune journaliste, Salomé, fille du puissant industriel Koechlin. Mais c'est surtout la résignation qui transparaît dans les échanges entre les femmes, même si Salomé émerge dans les débats.



Malgré cela, le sujet reste digne d'intérêt avec l'évocation de toutes les espérances entrevues dans cette révolution industrielle ferroviaire.





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Les oubliés de Prémontré

Vous connaissez Prémontré ?

Non ?

Alors il est grand temps de pallier à cela en feuilletant cette page tragique de l'histoire que connut cet hôpital psychiatrique lors de la Grande Guerre alors perçue comme la Der des Ders.

Humour, humour, quand tu me tiens.



Point de départ, l'embauche, en août 1914, du discret Clément aux motivations énigmatiques.

Un fil rouge intrigant, prétexte à un récit particulièrement instructif à défaut d'être placé sous le signe d'une marrade exacerbée.

Car en effet, comment glousser de plaisir à l'évocation de cet asile abandonné par les plus hautes instances aux envahisseurs prussiens. Des teutons rarement classés dans les premiers à l'ATP (l'Association des Tragi-comiques Professionnels) pour la déconne.



Le propos est aussi édifiant qu'instructif.

Porté par un joli dessin expressif aux couleurs ocres contrastant avec la sombritude, Ségolène, tu sors, d'une époque pas si lointaine, ces oubliés de Prémontré prouvent qu'en terme de double peine, ils se posaient effroyablement là.
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Fête des morts

300 kilomètres au nord-est de Phnom Penh...

Accoudé, un livre entre les mains, Serge ne manque pourtant pas un seul geste de cet homme assis en face de lui. En effet, ce dernier passe gentiment sa main sur la cuisse du jeune garçon assis à côté lui avant de l'emmener dans sa chambre d'hôtel. Agenouillé face à lui, s'afférant à lui retirer son bermuda, il sera bien vite coupé dans son élan. Derrière lui, Serge lui attrape les cheveux violemment et lui apprend qu'il est français comme lui mais par-dessus tout flic, expatrié au Cambodge pour traquer les délinquants sexuels. L'homme lui donne tout l'argent qu'il a sur lui avant de déguerpir. Malheureusement, des petites frappes qui n'apprécient pas qu'on touche à leur commerce sexuel vont s'empresser de braquer Serge et lui donner par là même une bonne leçon. Cela fait seulement 3 semaines que le flic est ici et déjà la chaleur l'oppresse mais tout autant que cette corruption et ce réseau de pédophilie. Il fait équipe avec un policier local, le lieutenant Varanat, qui s'avère être aussi coiffeur pour arrondir ses fins de mois. Celui-ci l'envoie alors à Kep sur une sombre affaire de partouzes avec des gamins, organisées par un français...



La clope au bec, souvent la chemise grande ouverte, on le prendrait presque pour un touriste. Mais Serge n'est pas au Cambodge pour prendre du bon temps, profiter de la mer ou déguster de bons petits plats épicés. Bien au contraire... Envoyé au Cambodge par sa hiérarchie, il a pour but de démanteler un réseau de pédophiles qui organisent des partouzes. Voilà un sujet bien singulier que celui du commerce sexuel. Sans voyeurisme aucun, Stéphane Piatzszek traite ce sujet habilement, certes sous le soleil et les cocotiers mais dans une noirceur implacable. Le sujet est évidemment quelque peu sordide et douloureux mais l'auteur nous offre au final un polar très réaliste et intelligent. Ce flic bourru, renfrogné, aigri ou désabusé, est finalement très attachant. Le noir et blanc très profond de Cinna et son jeu d'ombre et de lumière renforcent le propos sombre tenu par l'auteur et nous plongent dans cette atmosphère moite et chaude.



Assistez à la Fête des morts...
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L'île des justes

Marseille 1942, la famille Cohen tente de quitter la ville pour échapper aux rafles afin de rejoindre la Corse dans un premier temps, la Palestine ensuite. Juste avant de fuir, Henri est arrêté à Marseille par la police française, alors que Suzanne et son fils, Sacha, partent en bateau et trouvent refuge en Corse. Tous deux sont protégés par la population alors qu'ils sont traqués par un commissaire trop zélé. Le danger est partout…



On découvre l'engagement d'un préfet et d'un prêtre, ainsi que la solidarité de toute une population, qui risquent énormément afin de cacher et aider des juifs et ainsi désobéir au gouvernement de Vichy.



Ce bel album, très agréable à lire, met en images les paysages corses et apporte un éclairage intéressant sur la vie en Corse durant l'occupation. Il est également un bel hommage à cette ile qui a été un refuge pour certains durant la Seconde Guerre mondiale. Une histoire touchante, bien servie par des dessins très réussis qui restituent admirablement l'ambiance de cette époque.

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Les oubliés de Prémontré

Près de Laon, dans l'Aisne, Prémontré abrite depuis 1867 un établissement psychiatrique sur le site de l'ancienne abbaye. En 1914, ce lieu fut très rapidement réquisitionné par les autorités allemandes. Ce superbe album nous retrace cette histoire.

Si je connaissais, pour être passée à proximité, ce lieu, je ne connaissais pas son histoire. Stéphane Piatzszek et Jean-Denis Pendanx nous retrace avec brio cet épisode oublié, c'est le cas de le dire, ou, en tous les cas, méconnu. À cette époque, il n'était pas rare que l'on qualifie ces patients de toutes sortes d'adjectifs peu agréables. Imaginez un peu lorsque la guerre s'est déclarée : personne ne s'est préoccupé de savoir si tout allait bien à l'asile !

J'ai vraiment apprécié ce roman graphique qui s'appuie sur des événements réels et des sources historiques. Cela m'a permis de faire, de mon côté, quelques recherches, afin d'en savoir un peu plus sur cet épisode historique.
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Le chevalier à la licorne

Je ne connaissais pas vraiment Juan Fernandez de Heredia, que le Wiki qualifie de "moine-soldat", grand maitre des Hospitaliers. Il n'est pas certain que cette BD qui en fait son personnage principal me donne un juste aperçu de ce que fut la vie de cet Hospitalier.





Les images sont belles, l'idée de cette licorne qui poursuit le chevalier aussi...

Tantôt malédiction, tantôt bénédiction, la chimère prend vie sous nos yeux.

Il ne convient pas de chercher un sens historique à ce scénario presque muet mais plutôt d'y trouver des réponses à une quête personnelle et intime.

L'impression finale reste flottante mais belle...
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Les oubliés de Prémontré

Prémontré. Ce nom est loin d'être inconnu pour moi. Lorsque j'étais petite, j'habitais dans le département de l'Aisne et dans la cour de récréation, ce nom de Prémontré était assez coutumier.

Comme on disait parfois à quelqu'un qui fait des choses insensées : " Tu es bon pour l'asile." , chez nous, on disait : "On va t'envoyer à Prémontré. "



C'est donc ce souvenir que m'évoque ce nom de Prémontré et c'est sans doute pour cela que le titre de cette BD m'a interpelée.



L'histoire commence en août 1914, à la veille de la première guerre mondiale, à l'asile de Prémontré entre Soissons et Laon. Le jeune Clément vient tout juste de se faire embaucher comme gardien.

Mais la guerre est déjà là : l'armée prussienne en vue, la mobilisation déjà active et les premiers fuyards se font déjà la malle.



A Prémontré, le directeur et les médecins abandonnent les lieux. Mais les ordres sont clairs : hors de question d'évacuer les malades. C'est l'économe André Letombe qui prend alors en charge ceux que l'on va nommer "Les oubliés de Prémontré. " Et pour l'aider, le jeune et mystérieux Clément...

Mais bientôt les vivres viennent à manquer et les malades condamnés à mourir de faim.



Cette histoire s'est réellement passée ainsi.

Elle est le témoignage d'un bel élan de courage et de générosité et comme le dit la 4eme de couverture "un petit miracle de survie au milieu de la fureur de la guerre".



Comme souvent, les éditions Futuropolis ont gâté leurs lecteurs.



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Rétine, Tome 1 : Guérilla dans la ville basse

Rien de nouveau sous le soleil de Quadrants. Un scénario SF assez convenu avec une oligarchie dominante et suscitant le désir de révolution des opprimés. Il y a aussi des traîtres (les kapos habituels) et les héros issus de la petite classe dominante qui vont s'éveiller à la conscience (Marx/Engels) et mener tout ce petit monde au ... tome 2.

Graphiquement, le monde urbain de Rétine est bien dessiné, style moderne et nerveux, couleurs vives.

Le français est sans surprise actuel (Le fameux "ce qu'il se passe"...) mais dans une police lisible.

Bref, de la SF facile et rapide à lire.
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L'Or, tome 1 : Issaïas ou le colibri

L’or, c’est ici l’or qui motive la quantité d’orpailleurs à la frontière entre le Brésil, le Surinam et la Guyane française. Frédéric Bihel et Stéphane Piatzszek débutent ainsi, avec Issaïas ou le colibri, une saga en six tomes chez Futuropolis qui nous dévoilera six points de vue sur l’exploitation et le trafic d’or, là où les principes républicains laissent la place à la jungle et à ceux qui savent en tirer profit envers et contre tous.



Issaïas, héros de ce premier volet, est un jeune Brésilien qui traverse la frontière avec son oncle pour faire fortune dans la recherche d’or. La nouveauté du lieu, la violence imposée par des employeurs peu scrupuleux et un état d’esprit qui ne l’inspire guère, tout se tourne contre le jeune Issaïas. L’environnement est plutôt hostile, mais n’est pas un obstacle majeur quand les vrais ennuis sont de choisir entre opter pour la liberté, se construire un début de fortune et conserver sa vie.

Le scénario de Frédéric Bihel s’attache à poser son décor au rythme de l’avancée du personnage principal : l’arrivée et la découverte sont relativement lentes, mais dès qu’un événement survient, tout se bouscule sans ménagement. Les allusions sont déjà multiples au fait de se trouver en partie sur le territoire de la République française, mais de n’y trouver aucune forme d’application des principes républicains posés en métropole, voire même sur la côte nord-guyanaise.

Quant au dessin de Stéphane Piatzszek, il fuit la ligne claire comme la peste : horizons flous et univers contrastés, ses graphismes proches de l’aquarelle rendent tout particulièrement changeante l’ambiance de guérilla continue qu’inspire ce récit. Certains pourront trouver cela simpliste ou trop embrumé, mais il n’en est rien.



L’Or, tome 1 me faisait envie dès sa sortie mais c’est une Masse Critique de Babelio qui me l’a procuré sous forme de cadeau de Noël en avance, merci à eux et aux éditions Futuropolis qui misent ici sur un duo d’auteurs non novices et sur une série d’ores et déjà construite et programmée en six volets de 48 pages.



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Rétine, tome 2 : Course dans le Salar

Deuxième volet.

Focus sur ce monde imaginaire

Les héros rayonnants ont quitté Rétine, la ville qui s'assèche.

On ne peut donc pas pleurer leur départ.

En ligne droite, très rapidement (trois cent mille km par seconde) on va vers le cristallin de ce monde : la Forge où se concentrent tous les prisonniers.

Là, ils fabriquent des stimuli ou artefacts qui sont renvoyés aux sept cerveaux reptiliens de ce monde.

Les images de ce monde virtuel sont réelles mais pas vraiment renversantes.

On n'en sort ni grandi ni grossi puisque le trajet s'arrête là ! On regrette que l'objectif n'ait pas été atteint !
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