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Citations de Steve Tesich (371)


Je savais qu'il mentait, au son de sa voix. Les mensonges avaient toujours leur petite mélodie, que je reconnaissais fort bien pour l'avoir souvent chantée moi-même.
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Il va me falloir beaucoup d’enthousiasme et d’énergie si je veux vendre à Cromwell les mérites de mon affaire. Il ne suffit pas d’être une pute. Je dois être une Salomé. Je commence donc mon chant et ma danse.
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Si Dieu devait se révéler maintenant et avec lui une poignée de vérités incontestables, presque tous ces livres disparaîtraient.
Si j'étais Dieu, me dis-je, je n'aurais pas le coeur d'apparaître maintenant. Pas après que ces livres et des millions d'autres ont été écrits. Non, je n'aurais pas le coeur d'apparaître aussi tard pour dire: "Me voilà, je suis venu vous dire la vérité et rendre superflus les siècles que vous avez passés à la rechercher." Non, s'Il était vraiment un dieu d'amour, Il resterait dans son coin. Il était trop tard, maintenant.
La tragédie de ce pauvre Dieu solitaire qui avait attendu trop longtemps pour apparaître m'envahit. Il était là, quelque part à la lisière d'un monde en expansion permanente, s'éloignant toujours plus de nous, filant loin de nous à la vitesse de la lumière. Il était là, avec sa poignée de vérités pour toute compagnie. Et nous, nous étions là, tout en bas, essayant de deviner ce que pouvait être la vérité, tentant de répondre aux grandes questions qui nous échappaient parce que même les indices que nous avions n'étaient pas bons.
Comment expliquer l'amour que je ressenti pour toute l'humanité à ce moment-là? Ce sens d'une futilité tragique qui m'unissait à chaque être vivant par des liens plus forts que le sang ou la fraternité. Et mon coeur s'élançait également vers ce Dieu solitaire, tout en haut, qui ne pouvait pas revenir régler les choses sans détruire l'homme.
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Nos tentatives de changement, du moment qu'elles se terminaient par un échec total, renforçaient les liens de notre amitié.
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La circulation, qui avançait par spasmes d’un mètre ou deux, ne cessait de s’arrêter, de repartir… de s’arrêter, de repartir… avant de s’arrêter complètement.
Puis les avancées par à-coup reprirent.
Le rythme était un peu celui des points et des tirets d’un message en morse.
Une file interminable de voitures enrubannaient la colline, envoyant au cosmos un message en séquences linaires répétées.
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Il n’est plus qu’un petit vieillard sans abri perdu dans l’univers, qui s’agrippe à sa main comme seule compagnie.
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On ne peut jamais vraiment tout savoir. Il y aurait toujours des aspects de Rachel qui m'échapperaient. Le comptable en moi ne réussirait jamais à en obtenir le portrait complet simplement en additionnant les images que j'avais d'elle. Le lutteur en moi ne parviendrait jamais à l'immobiliser au sol pour la définir une fois pour toutes. Peu importait le nombre de mots que j'écrirais et de journaux que je noircirais, l'ecrivain en moi n'arriverait jamais à expliquer la souffrance qu'elle faisait naître dans mon âme, ni à trouver le moyen de m'imposer dans son coeur, à l'exclusion de tous les autres. Elle était insaisissable. Et le désir que j'avais de m'insinuer en elle pour y receuillir des indices, tout comme j'avais fouillé dans les affaires de mon père, céda la place a un autre sentiment : le soulagement. Peut-être que mes efforts avaient ete inutiles. Peut-être que, de toute façon, je ne l'aurais jamais vraiment comprise. A la regarder danser avec les flammes, je ressentis soudain une immense délivrance à l'idée d'avoir à accepter une bonne fois pour toute mon échec.
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Pourquoi même se donner la peine de baiser quelqu’un s’il n’y a pas de témoin ?
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Quand je mens, j’ai l’impression de vraiment me cacher de la vérité. Ma terreur, c’est que si jamais je cessais de me cacher de la vérité, je pourrais découvrir qu’elle n’existe même pas.
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Elle poursuivit son histoire. J’allumai une autre cigarette et l’écoutai. J’avais le talent de pousser les inconnus à s’ouvrir à moi. En fait, ce n’était pas tant un talent qu’un petit tour de main, un savoir-faire dont j’usais aussi dans ma profession. Je posais des questions sur la vie de mes collègues, puis je les écoutais. Ils prenaient à tort […] l’émotion qu’ils sentaient dans leur propre voix, et la proximité qu’ils avaient avec leurs propres histoires, pour une proximité avec moi.
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Un des effets secondaires les plus décourageants de mon incapacité à m'enivrer n'était pas que je subissais ces ragots alors que j'étais sobre, mais que j'allais m'en souvenir le lendemain.
L'amnésie était l'un des vrais plaisires de l'ivresse.
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A la moitié du questionnaire, je me sentis las de ma vie et des informations factuelles qui la construisaient. J'ai donc commencé à mentir et à remplir les blancs avec des détails fantaisistes.
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"Quoi ? Qu'est-ce que vous venez de dire ? Un citoyen privé ? C'est ce que vous avez dit ? C'est ce que vous êtes, maintenant, un citoyen privé ? Mais ça n'existe pas, un citoyen privé ! On est soit une société et une nation ou pas, et la dernière fois que j'ai vérifié, nous en étions une. Les États-Unis d’Amérique. Vous en avez entendu parler, Saul ? Citoyen privé ! Citoyen privé, c'est un oxymore, espèce de connard. Vous ne pouvez pas être les deux. Vous ne pouvez pas être "privé" et "citoyen" en même temps. Citoyen de quoi ? Vous avez donc un pays privé, un monde privé, dont vous êtes le citoyen, où ce que vous faites n'affecte pas les autres ? Les seuls citoyens privés que je connaisse vivent dans des cellules capitonnées et ils ont des vestes à longues manches qui s'attachent dans le dos. Citoyen privé ! Vous savez ce que c'est, de penser que vous pouvez être un citoyen privé, d'avoir le putain de culot de penser que vous êtes un citoyen privé ? C'est de l'hubris, voilà ce que c'est. C'est de l'hubris !"
Et donc, une fois encore, mais ce coup-ci par une autre route, je me retrouvai cerné par les dieux vengeurs de la Grèce antique.
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Elle comprenait. Avec un sourire content, elle baissa les yeux sur sa poitrine puis me regarda de nouveau ; l'expression qui se lisait sur son visage était une expression de sympathie indolente. Qui pourrait vous le reprocher ? semblait dire son sourire. Ils sont vraiment magnifiques, n'est-ce pas ? [...]
Il viendrait sans doute avec une fille plus jeune, mais il était impossible qu'il puisse s'en trouver une avec des seins plus gros. Les seins de Elke me placeraient dans une position de pouvoir avant même que je démarre ma harangue. [...]
Ma diatribe se poursuivit encore un moment. Elke écoutait, elle clignait occasionnellement des yeux, très à l'aise grâce à sa certitude que j'adorais chaque centimètre cube de ses seins et que, malgré ma colère, je cherchais toujours à lui plaire. Son crime, son grand crime, son crime impardonnable, était qu'elle n'était pas intéressée.
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Même pour raconter une histoire, il vous faut un point de vue.
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Il a voulu passer à l'acte la veille au soir, mais n'a pas réussi, tout comme il n'avait pas pu un jour plus tôt. Manque de courage.
Même l'homme qui a tout perdu garde encore des inhibitions. C'est ce qui part en dernier.
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C’était bientôt la fin du lycée, et nous ne savions pas quoi faire de nos vies sinon nous cramponner les uns aux autres.
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Ô ma mère. Ces mots non prononcés parlent d’eux-mêmes dans son esprit.
Il n’éprouve aucune nostalgie pour cette maison où les moutons de poussière glissent sur le linoléum. Il ne parvient pas non plus à retrouver d’affection filiale sincère pour cette femme au peignoir élimé –sa mère. Et pourtant, le refrain « Ô ma mère » ne cesse de lui tourner dans la tête.
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N'espère jamais , me dit-il. Promets-moi de ne jamais esperer.
- D'accord, père.
- Tu me le promets?
- Je te le promets.
- Jamais?
- Jamais, jurai-je.
- Ça pourrait te tuer.
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Un médecin peut dire beaucoup de choses sur une personne, rien qu’à ses cheveux. Vos cheveux ont l’air morts, Saul. J’ai vu des poupées vas de gamme chez Toys’R’Us, dont les cheveux avaient l’air bien plus sains. Vos cheveux ont l’air malades. Morts.
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