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Critiques de Susanna Tamaro (68)
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Va où ton coeur te porte

L’approche verbale des secrets de famille est rarement chose aisée, le recours à l’écriture peut s’avérer nécessaire.



Olga habite Trieste, ville située à proximité de la nouvelle frontière italo-slovène. En cet automne 1992 les conflits armés s’intensifient sur le territoire de la proche Yougoslavie. Olga enrage de voir des innocents fuir le grand massacre des Balkans et traverser dans leur exode sa belle région du Carso tant de fois éprouvée elle aussi durant ce XXe siècle.



Cette dame octogénaire se sait condamnée à brève échéance. Depuis peu, elle consigne avec régularité sur le papier ses états d’âme mais aussi son parcours de vie jusqu’à ses secrets les plus enfouis.

Douze ans auparavant, Olga a perdu sa fille unique Ilaria dans un accident de voiture. Depuis ce jour tragique, elle élève seule sa petite-fille qui n’a pas connu son papa. Cette dernière, aujourd’hui âgée de seize ans, vient de commencer une année d'études aux USA.

Comment ne pas se faire du souci pour la jeune fille rebelle dont le caractère bien affirmé rappelle celui d’Ilaria ? Sans doute lui écrit-elle pour conjurer le sort qui frappe avec constance la famille, pour contrecarrer le malheur qui suit la ligne féminine et se transmet de mère en fille.

Sa propre mère au caractère intransigeant n’a pas été heureuse, sa fille Ilaria avant son accident broyait du noir, elle-même a vécu de nombreuses années empêtrée dans le conformisme d’un milieu bourgeois, prisonnière de la tyrannie des apparences.

Soulagée d’avoir mis son cœur à nu, d’avoir prodigué un dernier petit conseil, Olga a maintenant l'âme en paix. Cependant elle se garde bien d’expédier aux Etats-Unis une seule des quinze longues lettres, sa petite-fille les découvrira toutes ensemble à son retour.



Ce roman épistolaire de Susanna Tamaro, dans lequel la nature est omniprésente, s’adresse à un large public et rencontre depuis sa parution en 1994 un succès mérité. Petit par le format, il fait partie de ces livres dont la relecture n'est en rien rébarbative mais au contraire apaisante.



« Va où ton cœur te porte » est un formidable message d'amour d'une grand-mère libérée, un passage de témoin entre le siècle finissant et le prochain en devenir, une sorte de testament avec pour leitmotiv : « la conscience sereine d’exister ».
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Va où ton coeur te porte

Roman adapté au cinéma en 1996, avec Virna Lisi, qui a remporté le Globo d'Oro et le Nastro d'Argento de la meilleure actrice.

Vous adorez votre Mamie, sans doute plus que votre grandpa, car elle a bercé votre enfance...

Elle veillait sur vous!

Et puis, vous avez grandi et la Vie vous a éloignés, l'une de l'autre...



"Tu es partie depuis 2 mois, et depuis 2 mois, à part une lettre... je suis sans nouvelles de toi."

La grand mère va mourir, elle caresse la tête de Buck, le chien, et s'attarde devant la rose de sa petite fille...



Buck qui pousse un soupir, " à l'expression béate de sa tête, je suis sûre qu'il te voyait devant lui...". Il se souvenait de vos promenades.



Olga, la grand mère revient de l'hôpital, et se souvient aussi. Des scènes entre elle et sa petite fille adorée, qui n'a jamais connu son père...



"À l'époque où ta cuirasse se formait, la mienne était déjà en lambeaux. Toi, tu ne supportais pas mes larmes, et moi, je ne supportais pas ta dureté soudaine."

Si je t'avais informé de ma maladie, tu aurais interrompu ton séjour, en Amérique, et tu te serais précipitée ici. Et après?



Elle aurait préféré avoir de la compagnie pour partir en paix, mais ne voulait pas que cela soit un fardeau. "Tu l'aurais fait par dévouement, mais au fil du temps, ce dévouement se serait transformé en rage, en rancoeur."...



Elle va laisser une quinzaine de lettres, lui parlant d'Ilaria ( morte tragiquement) la mère de sa petite-fille et de son Passé.

" Ne crains rien, je ne veux ni pontifier ni t'attrister, juste bavarder un peu, avec l'intimité qui nous liait autrefois et que nous avons perdue, ces dernières années. "



Ces lettres d'amour ne seront jamais postées.

Des mots simples et émouvants, sur le Temps qui passe, sur les relations entre elles deux, d'Iliria, de secrets de famille... Olga parle de son mari Augusto, mais aussi d'Ernesto, l'homme qu'elle a aimé! Une ode à l'Amour et au pardon.



Y-a-t-il, parmi ces messages ( bouteilles jetées à la mer), une feuille blanche, sur laquelle la petite-fille pourra répondre, à la fin de ce beau livre?...

"Ne bouge pas, tais toi et écoute ton coeur.

Puis, quand il te parlera, lève toi et va où il te porte."

Pensez à dire à vos parents, ces mots remplis de bonheur qu'on oublie, par... pudeur?

-Je vous aime!

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Va où ton coeur te porte

j'ai dévoré ce livre avec enthousiasme car c'est une belle histoire: une femme âgée décide de raconter sa vie à sa petite fille qui vit loin d'elle et dont elle veut se rapprocher. Elle le fait sous la forme de lettre, elle exprime l'indicible avec pudeur, ses chagrins, la mort de sa fille, son mariage arrangé qui ne la rend pas heureuse, et son lourd secret : son infidélité. elle a vécu une belle histoire d'amour avec cet homme qui la fascinait, l'unique amour de sa vie en fait.

c'est très bien écrit, il y a une grande sensibilité.

Une très belle histoire que j'ai du plaisir à partager.
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Anima mundi

Susanna Tamaro - Anima Mundi - Pocket

Traduit de l'italien par Marguerite Pazzoli.

L'histoire de Walter se déroule en partie à Trieste et en partie à Rome.

Walter (le narrateur), vit avec ses parents, un père alcoolique, dessinateur sur un chantier naval et une mère passive, institutrice.

Pas d'amour dans ce foyer.Un père indifférent, qui ne s'adresse jamais directement à son fils, il utilise sa femme comme intermédiaire alors que Walter se trouve dans la même pièce.

Depuis tout petit, Walter souffre de solitude, il ne se sent bien qu'au milieu de la nature, il est broyé par un mal-être continuel et se pose question sur question sur le sens de la vie.

Arrivé à l'adolescence, les choses se dégradent, Walter éprouve de la haine pour son père et vers l'âge de 16-17 ans, ce qui devait arriver arriva, lors d'une dispute, Walter envoie son poing dans le visage de son père.

Il quitte la maison, et part sur les routes avec des forains et s'assure ainsi

un toit et le couvert.

Walter devient alcoolique, et suite à un accident de la route (dont il n'est pas responsable), et un mois d'hospitalisation, il décide d'entrer dans un centre de désintoxication, il veut en finir avec l'alcool. C'est là qu'il rencontre Andrea qui deviendra son seul ami. Après sa cure, Walter part pour Rome où pour survivre il fait la plonge dans un restaurant.

Il perd de vue son unique ami, mais y pense sans cesse.

Un jour, dans la petite chambre qu'il partage avec un autre locataire, Federico, Walter se met à écrire, écrire, écrire... Les pages blanches se remplissent les unes après les autres dans un rythme frénétique, il ne dort plus, quand il n'est pas au travail, il écrit. Il se sent bien pour la première fois de sa vie, comme si écrire le libérait d'un démon intérieur qui le ronge.

Grâce à Federico, il trouve un éditeur pour son livre qualifié de "chef d'oeuvre". Il a aussi une proposition d'un metteur en scène pour en faire un film. C'est l'euphorie, il déménage pour un petit appartement.

Hélas, le livre ne se vend pas bien, le metteur en scène ne donne plus signe de vie, Walter est désemparé, déçu, il retombe en dépression.

Pour survivre, il est contraint d'écrire des scénarios pour films cochons.

Ce qui le désespère encore plus.

Il végète ainsi jusqu'au jour où il apprend que son père est mourant.

Il reprend alors la route pour Trieste et s'occupe de son père tous les jours

jusqu'à sa mort, sa mère étant déjà décédée.

En nettoyant et rangeant l'appartement, il découvre une lettre d'Andrea datant de deux mois dans laquelle il lui demande de le rejoindre.

Ce qu'il fait après les funérailles. L'endroit est un couvent dans la montagne où seule une vieille religieuse y vit encore, Soeur Irène.

Walter lui demande de le conduire à Andrea, elle ne dit rien et l'emmène dans un lieu où il y a un petit monticule avec une croix, Andrea est là lui dit-elle. Walter est complètement abasourdi, désemparé, son seul ami est mort. Il apprend ensuite qu'il s'est suicidé.

Il reste au couvent et aide la vieille religieuse dans ses tâches quotidiennes et ils se parlent beaucoup. Soeur Irène s'éteint et l'histoire s'arrête là.

On ne sait pas ce qu'il advient de Walter, On peut espérer que grâce à ses échanges avec Soeur Irène il a pu trouver la paix de son esprit torturé.

J'ai déjà lu beaucoup de livres tristes, mais celui-là est un livre de désespérance, c'est noir, c'est dur.

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Va où ton coeur te porte

Ce livre, ce sont les confessions émouvantes qu'une grand-mère fait à sa petite-fille en tenant un journal. C'est un roman d'une grande sensibilité qui ne peut qu'interpeler le lecteur tant les mots employés sonnent juste. Pas de pathos, simplement une émotion pudique. Une auteure que je ne connaissais pas et que je viens de découvrir avec bonheur.
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Va où ton coeur te porte

"Sei partita da due mesi e da due mesi, a parte una cartolina nella quale mi comunicavi di essere ancora viva, non ho tue notizie." : Tu es partie depuis deux mois et depuis deux mois, à part une carte postale dans laquelle tu me disais être encore en vie, je n'ai aucunes nouvelles de toi.

Ainsi commence le livre.

Ainsi commence la première des lettres qu'Olga, octagénaire sentant sa fin proche, écrit à sa petite-fille.

Les relations entre Marta et son aïeule sont visiblement compliquées, la communication est quasi inexistante et Olga fait le choix de l'écrit pour essayer de renouer le dialogue.

En quinze lettres, la vieille dame s'interroge sur ce qui a pu les amener à cette situation, se demande ce qui aurait pu se faire autrement, mais surtout, elle raconte sa vie. Une vie qui paraît plutôt banale au début mais qu'elle va dévoiler petit à petit, révélant des événements dont elle n'avait jamais parlé.



Le titre ne me disait rien qui vaille : un peu gnangnan, il me faisait craindre une histoire à l'eau de rose ou un de ces livres "feel good" que j'exècre.

Mes craintes se sont vite envolées et cette lecture m'a enchantée.

Ce roman épistolaire est fin et sensible. Les personnages sont très attachants et le thème des secrets de famille est bien utilisé.

Va où ton cœur te porte ne peut que convaincre le lecteur qu'il faut savoir parfois sortir d'un chemin tout tracé, voire bousculer un peu les convenances pour trouver sa voie.

Tel est le message d'Olga à Marta.

Délestée d'un poids qu'elle a porté seule toute sa vie et apaisée d'avoir transmis toute son histoire à sa petite-fille, la charmante vieille dame pourra s'éteindre l'âme en paix.

Arrivederci Olga! Riposa in pace.



Un livre léger sans être mièvre. Une jolie lecture effectuée en version originale italienne (Va' dove ti porta il cuore), ce qui a ajouté à mon plaisir le charme de cette langue magnifique.

Pour ceux qui seraient tentés, sachez que le texte est simple et accessible et ne nécessite pas un niveau excessivement élevé. Laissez-vous donc tenter !
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Va où ton coeur te porte

La présentation du livre en 4ème de couverture est tellement bien faite que je me contente de la reprendre :

Dans la solitude de sa maison sur le haut plateau du Carso, près de Trieste, une femme âgée décide d'écrire une longue lettre à sa petite fille, sous forme de journal intime. Elle sait que le temps lui est compté et veut, par cette lettre d'amour, renouer une relation rendue difficile non seulement par la "crise de l'adolescence", mais aussi par la mort tragique de sa propre fille. Et c'est donc sa propre vie qu'elle est amenée à revisiter, son éducation rigide et bourgeoise, son mariage de convenance avec un homme gentil mais ennuyeux, sa relation clandestine avec le père de sa fille. Parcourant ainsi l'histoire de plusieurs générations de femmes, sans fausse pudeur, sans rhétorique, parfois avec dureté, elle se raconte à sa petite fille et l'invite à accomplir le même "voyage" qu'elle : un voyage à la recherche de soi, loin des fausses valeurs et des clichés, et en écoutant avant tout la voix du cœur.

J'ai découvert ce livre, et son auteure avec beaucoup de plaisir. L'écriture est fluide, simple. L'histoire coule, comme un ruisseau, pleine de philosophie, de douceur, d'amour.
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Va où ton coeur te porte

J'ai découvert ce livre lors d'un groupe littéraire où il était présenté par une bibliothécaire. Elle en a parlé de manière tellement enthousiaste que j'ai eu envie de me plonger dedans et je n'ai pas regretté.



Quel beau message adressé par une grand-mère à sa petite fille qu'elle a élevée suite au décès accidentel de sa fille.

Je me suis retrouvée dans tous ces bons moments partagés entre une grand-mère et sa petite fille.

Ce témoignage prend la forme de quinze lettres que la grand-mère écrit à sa petite fille partie poursuivre ses études aux US et qu'elle ne lui enverra pas. Elle le sait depuis le début de l'écriture. Cette dernière les trouvera après sa mort qu'elle pense imminente.

La grand-mère alterne des réflexions sur sa vie actuelle avec ses forces qui déclinent, des souvenirs de sa propre enfance, de son mariage, de la naissance de sa fille Ilaria, les difficultés liées à son adolescence ainsi que des souvenirs plus récents de la vie quotidienne avec sa petite fille.

Ce n'est que vers la fin du roman que l'on apprend et que l'on comprend ce qui a marqué la vie de la grand-mère.



Très beau texte très touchant que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. J'espère me remémorer longtemps certaines phrases très justes car je les trouve empruntes d'une grande sagesse.
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La Tête dans les nuages

ce livre ressemble à un conte philosophique. il nous raconte les pérégrinations d'un jeune homme à peine sorti de l'adolescence, qui accumule les maladresses, la plus importante étant qu'il tue son professeur en s'entraînant au javelot. il imagine tout un scénario catastrophe et s'enfuit. il rencontrera des personnes plus ou moins louches, au cours de ses fuites successives.

il a comme unique recours dans son esprit l'oncle d'Amérique....



il fuit sans arrêt, il n'assume pas ses actes car il attend la solution de l'extérieur, sans comprendre qu'il est responsable de son destin....



se lit et se relit facilement et toujours avec le même plaisir.
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Va où ton coeur te porte

Ce beau roman consiste en la correspondance d'une grand mère âgée avec sa petite fille qu'elle a élevée, partie au loin étudier. Ces lettres sont un témoignage fort d'amour. Non seulement la mamie veut transmettre certaines de ses valeurs à sa petite fille pour l'aider à conduire sa vie mais elle veut aussi éclairer certaines zones d'ombres de son passé pour mieux lui expliquer son caractère et l'éducation donnée. Un secret de famille qui ne sera révélé qu'à la fin sous tend tout le roman. Un beau texte à découvrir pour les personnes qui s'intéressent plus particulièrement aux relations familiales.
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Va où ton coeur te porte

Je suis touchée par la beauté de ce livre qui est terriblement touchant.

On est pris entre l'envie de le dévorer d'un trait et en même temps d'en garder un peu au frais comme on se préserverait une tarte encore tiède que nous aurait préparé notre grand mère afin qu'il nous en reste pour le lendemain.

C'est l'histoire d'une grand-mère qui décide d'écrire sous forme de lettres à sa petite fille pour lui retracer sa vie et les relations qu'elle a traversé au cours du temps...

Un livre tout en finesse peuplé de métaphores percutantes.
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Va où ton coeur te porte

Ce livre est une belle découverte, et une véritable pépite. J’ai lu avec délectation les quinze lettres qui le composent comme j’aurais touché une broderie ancienne.

J’ai été touchée par la tendresse de cette grand-mère, mais aussi par son réalisme, sa sincérité et sa sérénité (apparente, en tout cas) devant sa fin de vie toute proche. Elle livre sans craintes l’intimité de ce qu’a été sa vie, de ses sentiments, de ses doutes. Il se dégage de ce livre beaucoup de douceur, d’amour ; mais sans mièvrerie.

La vieille dame, au soir de sa vie, rappelle oh combien qu’une vie n’est ni rectiligne, ni sans aspérité. Chacun y a droit à sa part se secret, de non dit.

Ce livre me confirme un peu plus que le respect des convenances, et le maintient à tout prix des apparences ne mènent ni au bonheur ni à l’épanouissement.

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Va où ton coeur te porte

Va dove ti porta il cuore" lu en italien lors de sa parution.

Ce livre raconte une histoire forte et très humaine,sous forme de longue lettre ,écrite comme un journal,par une vieille dame à sa petite fille partie au loin.

C'est une lettre d'amour et ,en même temps une confession paisible et passionnée,à coeur ouvert. La confession d'une vie entière avec ses souffrances,son sentiment de culpabilité.

La grand-mère veut se reprendre en mains et restaurer le lien avec sa petite fille qui a choisi de partir en Amérique et qui est désormais l'unique personne qu'elle chérit.

C'est grâce à l'écriture que la vieille dame retrouve finalement le sens de sa propre expérience et sa propre identité.

C'est un livre rempli d'émotions fortes .

Bien sûr ,on peut déplorer des banalités,des lieux communs,mais il est bon de se laisser porter par cet amour grand-maternel et l'incitation à suivre son coeur plutôt que vivre dans l'obéissance et passer à côté de sa vie.
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Va où ton coeur te porte

Olga, grand-mère octogénaire guettée par la mort, écrit a sa petite-fille, une "ado" tête dure qu'elle a élevée et qui est partie pour un an en Amérique. En fait, elle n'enverra pas ces lettres, elle les laissera en évidence chez elle, en espérant leur destinataire les lira après sa mort.

On peut d'abord penser que le roman va se centrer sur les relations (devenues très difficiles) entre elles deux - mais non. On découvre vite la fille unique de la narratrice, Iliona, morte tragiquement alors qu'elle était encore jeune: celle-ci aussi ne s'entendait pas du tout avec Olga; elle était devenue une révoltée parlant un jargon "gauchiste", puis elle avait commencé une psychanalyse avec un "gourou" douteux sans jamais arriver à trouver sa place dans la société. Mais, finalement, c'est surtout sa propre vie que la narratrice examine dans ses lettres. Issue d’une famille bourgeoise où la seule exigence était de respecter les "bonnes manières" et scolarisée chez des bonnes soeurs très culpabilisantes, la jeune Olga a été vite obligée d'étouffer en elle tout ce qui faisait sa personnalité. Elle s'est mariée assez tardivement, sans vraie envie, avec Augusto: un homme plus âgé qu'elle, gentil et ennuyeux, qui n'a pris femme que pour suivre les conventions sociales. Olga sombre donc peu a peu dans la dépression. Pour s'en guérir, elle va faire une cure thermale dans une ville d'eaux où elle rencontre Ernesto, qui lui révèle ce que peut être une relation amoureuse. Un soir, au lieu de lui dire qu'elle voudrait mourir dans cet état de bonheur, elle lui demande "Je veux un enfant". C'est ainsi qu'a été conçue Iliona. Les deux amants, tous deux mariés, n'osent pas rompre leur lien conjugal, et la paternité est assumée par Augusto. Ironie de la vie: Iliona adulte, recherchant frénétiquement les responsables de son mal-être, a accusé pendant des années son "père", alors qu'il s'est contente de fermer les yeux sur l'adultère ! Après la mort d'Ernesto, Olga continue son existence médiocre, sans aucune joie de vivre. Devenue veuve et en butte avec des difficultés de relations croissantes avec sa fille, elle se "bricole" une philosophie de la vie, capable de la soutenir dans ses épreuves. Elle apprend à se méfier des solutions toutes prêtes et à faire confiance seulement à ce que lui dit son coeur, autrement dit à se (un peu) faire confiance.



Le titre du livre m'avait paru plutôt niais. Craignant que ce soit un roman de gare, j'ai hésité à l’ouvrir. L’ayant achevé, je dois dire que la lecture de ce roman est courte et ne m'a pas semblée inutile. Dans ses lettres, la narratrice soulève quelques-uns des grands problèmes de la vie des hommes et des femmes, mais elle le fait avec simplicité, sur un mode mineur, sans éclat ni malice, mais avec une certaine justesse. Pour prendre un seul exemple: c'est avec une calme lucidité qu'elle évoque ses parents (qui lui ont pourtant fait bien du mal !); revenant sur son enfance, elle note avec justesse: "Je détestais ma mère (...) et pourtant j'étais en train de devenir exactement comme elle".

Olga ne cache pas ses faiblesses et ses contradictions. Elle reconnait tristement que "Ernesto rayonnait et [qu'elle] reflétait sa lumière. Lui disparu, tout était redevenu opaque". Son ton est souvent mélancolique, méditatif, sentencieux, parfois plaintif - il m'a d'ailleurs irrité dans plusieurs passages. On peut dire que ce texte est la confession d'une femme simple, qui a eu le malheur d'être pendant son existence une "perdante"; elle a presque constamment subi à contre-coeur ses expériences de vie; après bien des désillusions, elle a tenté de "sauver les meubles". N'était-ce pas autrefois - et même aujourd’hui - le destin de beaucoup d'hommes et (peut-être surtout) de femmes ?

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Va où ton coeur te porte

un livre que j'ai relu plusieurs fois, avec à chaque fois beaucoup d'émotions liées au lien ténu entre une vieille femme qui n'a plus que quelques mois à vivre et sa petite fille qui s'est éloignée depuis quelque temps
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La Tête dans les nuages

Un conte dont la forme m'a rappelé le Candide de Voltaire, mais sans la même morale. En fait, il s'agit plus d'un conte sans morale, une vision linéaire et richement imaginée d'un début de vie, d'un adulte débutant face aux incroyables situations que la vie lui amène, et face aux décisions que tout un chacun a à prendre ... Il se structure autour d'une série de fuites où mon si favori sujet de la responsabilité est très sous jacent : notre jeune héros est maladroit et finit toujours par faire une regrettable erreur dont il imagine les pires représailles qui le poussent toujours à fuir encore un peu plus en avant, avec comme but ultime, l'oncle vivant aux Amériques. Des pauses végétales au sein de l'action rocambolesque sont les bienvenues, particulièrement quand le héros se retrouve gardien de jardin. Un roman charmant et dont la prose imaginative accompagne d'agréable façon l'ingénuité du personnage, qui verra tous ses malheurs récompensés en fin de livre par un beau hasard. Conte apologie du hasard ? Peut-être qu'il y a une morale finalement ....
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Va où ton coeur te porte

Ce qu'Olga n'a pas eu le temps de dire à sa petite fille, qu'elle a élevée et qui est partie en Amérique fâchée, elle l'écrit. A travers 15 lettres, cette vieille dame, qui est au crépuscule de sa vie prend la plume pour transmettre, avant que la vie ne la lâche.



Ce roman, c'est une transmission. Une transmission de conseils en tous genres, basés sur l'expérience, sur les leçons apprises, parfois durement, tout au long de sa vie.

C'est aussi l'introspection d'une femme à la fin de sa vie. Elle ne tente pas de se justifier ou même d'expliquer. Elle raconte, elle se souvient, elle donne un éclairage, elle admet n'avoir été qu'une femme, une mère, une grand-mère parmi d'autres.

Ce long monologue, c'est enfin des pistes de réflexion pour chaque lecteur sur le sens que l'on donne ou pas aux actions que l'on mène, aux décisions que l'on prend ou pas, aux routes qu'on a choisies ou qu'on a suivies par hasard.



Susanna Tamaro distille beaucoup d'émotions, subtilement, car elle renvoie chacun à sa propre vie, ses propres choix et son propre destin. Il y aura toujours au moins une lettre parmi les quinze qui résonnera plus profondément chez le lecteur. Ces lettres, c'est un peu à chacun qui les prendra en mains qu'elles s'adressent, simplement...
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Ecoute ma voix

Le sujet - la recherche de ses racines - me paraissait intéressant. Mais l'excès de "belles phrases", de réflexions philosophiques stéréotypées ("Qui suis-je?", "Pourquoi suis-je sur Terre?"...) et tutti quanti...m'excède !

De plus, chaque rencontre de l'héroïne avec de nouveaux personnages est un prétexte à de grands discours mêlant toutes sortes de sujets n'ayant à priori rien à voir entre eux. Quelle dispersion !

Un peu plus de simplicité et de cohérence auraient donné à ce roman la part de vérité que l'on trouve parfois, disséminée ici et là en petites pépites.
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Va où ton coeur te porte

“Et puis, quand plusieurs routes s’offriront à toi et que tu se sauras pas laquelle choisir, n’en prends pas une au hasard, mais assieds-toi et attends. Respire profondément, avec confiance, comme le jour où tu es venue au monde, sans te laisser distraire par rien, attends encore et encore. Ne bouge pas, tais-toi et écoute ton cœur…Puis, quand il te parlera, lève-toi et va où il te porte.”

C’est l’explicit du roman, ce qui est évidemment une histoire d'amour, mais aussi l'histoire d'une recherche de son environnement d'origine, de sa famille, menées avec le désir de se reprendre sa vie, mêlé de sentiments de dégoût et colère pour l'environnement et pour la famille dans laquelle on vit, mais sans avoir la capacité d’y trouver le centre de ses intérêts.

Le style flaubertien du récit fait couler la narration rythmiquement et musicalement comme un poème, dans lequel les émotions et les sentiments sont intensément lumineux, où, malgré la raison n’a pas un rôle fondamental, ça devient l'excuse juste un peu croyable pour légitimer les raisons du cœur, raisons que la raison ne connaît pas, selon une pensée bien connue de Pascal.

Le livre se lit d’un seul trait et c’est certainement le meilleur livre de Susanna Tamaro, je suis arrivée au livre après le film de Cristina Comencini, qui m'a beaucoup plu, diffusé par la RAI en 2014 en mémoire de Virna Lisi.
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Va où ton coeur te porte

Petit livre sans prétention, pourtant agréable à lire, avec un début peu accrocheur, mais l'inattendu surgit au deux tiers du livre, alors ça vaut le détour ...
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