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Critiques de Takeshi Kitano (40)
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La vie en gris et rose

Gris et rose… Pourquoi en gris et en rose me diras-tu ? J’écarte rapidement toute spéculation si tu penses à un vol de flamands roses sous un ciel gris. Avec une âme d’enfant, Takeshi Kitano complètera que ce sont les seuls pots de peinture que son vieux avait en stock. Il revient ainsi sur sa mémoire, tisse quelques mémoires à travers son regard d’enfant sur ce que fut ses jeunes années. Il fait revivre alors, le temps de courts chapitres, la maison familiale d’après-guerre. Dehors, quelques étrangers font leurs apparitions, des blancs et des noirs, des soldats d’occupation. Give me gum. L’amuseur public de la télévision japonaise ne semble pourtant pas avoir vécu une enfance très rose mais plutôt grise, un gris d’un foncé très sombre. Une enfance parfois, souvent, violente ; est-ce de là que viendra son goût d’afficher des éclaboussures écarlates sur la chemise des yakuzas, trous dans la tête, morceaux de cervelles sur le parebrise…



Avant d’être cinéaste, Takeshi traînait dans les quartiers chauds d’Asakusa, en qualité d’amuseur public. Là, je l’ai lu dans « Asakusa Kid », premier roman où l’auteur affichait ses débuts dans le monde du spectacle. Avec « La vie en gris et rose », l’auteur s’allonge sur un canapé pour se psychanalyser et parler de sa tendre enfance. Pas si tendre. Un père alcoolique, une mère rouée de coup, un frère doué pour les études, une pauvreté qui le met à l’écart des autres. De rose, il n’en est jamais question, à part lorsque son paternel, peintre en bâtiment en plus d’ivrogne notoire et d’ex-laqueur, repeint la façade d’une maison avant de ravaler celle de sa femme. Entre les chapitres de sa vie, l’auteur-dessinateur m’illustre d’un crayon naïf et enfantin ses propos. Une case, histoire de montrer qu’il faut voir en Takeshi un artiste aux multiples facettes, comique et producteur, comédien et réalisateur, peintre et dessinateur, une trajectoire qu’une telle enfance ne laissait pas prévoir…



Alors pour tout te dire, j’ai apprécié me plonger dans sa vie, Takeshi Kitano faisant partie de mes réalisateurs japonais préférés. Mélodie en « Sonatine » sur une plage d’Okinawa, la plus belle histoire d’amour silencieuse de « A scene at the sea », le regard d’un enfant dans « l’été de Kikujiro », les fleurs d’artifice de « Hana-bi »… Ses films m’ont beaucoup marqué à une certaine période de ma vie, et j’en garde encore des traces au fond de moi. Parce que sa violence n’est pas que violence, elle se teint d’une profonde humanité et de quelques instants de poésie visuelle. Et que dire du premier choc Kitano de ma carrière, son face-à-face avec David Bowie « Furyo », Merry Christmas Mr Lawrence, avec la musique lancinante de Ryuchi Sakamoto puis celle de Joe Hisaïshi qui le suivra sur l’ensemble de sa filmographie. Pour revenir à ce petit bouquin, il s’adresse avant tout au fan des réalisateurs, comme tout roman biographique même parcellaire. On ne l’ouvre pas par hasard, on le feuillette parce que le cinéma de Takeshi peut intriguer, déranger, passionner. La vie en gris et rose n’est pas un film, juste un bout de vie d’un gamin réel qui ne rêvait même pas de cinéma à cette époque, qui ne rêvait probablement pas du tout, sauf quand son esprit s’envolait avec les libellules.



Merci.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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La vie en gris et rose

Takeshi Kitano écrit comme il filme. Farceur intrépide, il nous raconte avec beaucoup de simplicité,dans un langage brut, son enfance dans l'après-guerre, dans les quartiers misérables de Tokyo.



A travers des petites anecdotes, sans suite chronologique,il nous croque par écrit et par petits dessins malicieux, son papa peintre en bâtiment, ivrogne et violent à ses heures,qui teste ses mélanges de pots de peinture sur la porte de leur maison;sa maman trés sévère,mais probablement grâce à qui, il pu faire des études; ses amis ,dont la plupart baignent dans la même misére, pourtant heureux , avec lesquels il s'amuse à chasser les grillons, convoiter les toupies, ....un chenapan qui profite de la vie et ne recule devant rien pour réaliser ses grands rêves d'enfant, comme posséder un porte-cartes en plastique où ranger les photos des sumos et joueurs de base-ball....



Son langage d'enfant qui s'adresse à un interlocuteur invisible, adoucit les descriptions de l'enfer d'une vie de famille et d'un environnement assez sordide.Mais c'est de l'aigre-doux, comme dans ses films,derrière l'humour à la Kitano, la violence n'est jamais loin. Il termine avec un épilogue touchant,"Je voudrais préserver indéfiniment ma sensibilité d'enfant.Aussi mature, aussi riche que je devienne, je veux rester intégre.,fidèle à moi-même, à ma vérité."

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Asakusa kid

Takeshi Kitano nous fait revivre le quartier Asakusa à Tokyo, dans les années 70. Ses débuts comme comédien dans un petit théâtre populaire. Au fils des pages on le découvre, très volontaire, à la recherche d'un petit rôle dans des sketches plus ou moins improvisés. On suit ses pas dans le quartier, dans les petits restaurants de nouilles, dans les bars où il va se saouler en compagnie des autres comédiens et des strip-teaseuses qui se produisent avec lui. C'est là qu'il se fera connaître comme comique en compagnie de son acolyte, et qu'il fera ses premiers pas à la télévision avant de rencontrer Nagisa Oshima qui l'aidera à se lancer dans le cinéma. Je retiens de ce témoignage l’opiniâtreté dont il a fait preuve pour devenir un des plus grands cinéastes mondialement reconnus. Cependant, le récit s'essouffle un peu au deux-tiers du livre et n'échappe pas aux redondances. Mais c'est un livre que je recommande à tous les passionnés du Japon et du cinéma Japonais.
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Kitano par Kitano

Dans ce livre d'entretiens Takeshi Kitano s'exprime, à bâtons rompus, sur maints sujets et se livre, avec une sincérité parfois désarmante, sur sa vie et sa carrière, qui débuta sur les planches d'un petit théâtre d'Asakusa, à Tokyo, dans lequel il était entré comme garçon d'ascenseur et apprenti comédien... , se poursuivant, après le succès rencontré par les "Two Beats", le duo comique qu'il avait formé, sur les plateaux de télévision , dont il devint au Japon l'une des plus grandes vedettes. Il apparut aussi alors au cinéma en tant que comédien d'abord, sous le nom de "Beat Takeshi". Oshima lui donna le rôle du sergent Hara dans "Furyo". Il passa à la réalisation ensuite en remplaçant Kenji Fukasaku, l'un des maîtres du "yakusa-eiga", film de gangster japonais, sur "Violent Cop". Très vite Kitano fait éclater les genres, s'inspirant de la peinture, du cubisme, faisant des films déroutants, où les scènes de violence, l'enchainement de gags grotesques et les obsessions libidineuses laissent place à beaucoup de sensibilité et de poésie et même parfois à de grandes angoisses. Kitano est un pitre, truculent et subversif, tout en restant "à fleur de peau", laissant une oeuvre à son image, complexe et paradoxale et très poignante, laquelle obtint la consécration à Venise avec un Lion d'Or et d'Argent pour "Hana-bi" et "Zatoichi".
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La vie en gris et rose

Une enfance japonaise : des anecdotes autobiographiques illustrées de dessins de l’auteur.



Le gris et le rose sont les couleurs utilisées par son père pour peindre les maisons, mais ce sont aussi les couleurs de l’enfance de Takeshi Kitano : le gris de la pauvreté, de la violence et de l’alcoolisme, et le rose des plaisirs de l’enfance, de la sensibilité et de l’imagination de ceux qui doivent inventer leurs jeux.



Une écriture vraie, qui parle les joies et les petits et grands drames de l’enfance : ne pas avoir de train électrique ou voir sa mère se faire battre par son père sont racontées avec une même calme lucidité.



De beaux extraits d’enfance qu’on aimerait voir durer plus longtemps, car on parcourt rapidement les 125 pages de ce charmant ouvrage.

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La vie en gris et rose

Je connaissais Takeshi Kitano l’acteur, le cinéaste, je découvre maintenant l’auteur. Ceci n’est pas un roman (quoi que j’ai lu ici ou là) mais un recueil de souvenirs d’enfance, dans lequel Takeshi nous parle de ses parents, de sa jeunesse, de sa pauvreté, qui paraît à peine croyable aujourd’hui. Il prend à témoin son lecteur de ce qu’il a vécu, en le tutoyant, comme s’il était un vieil ami. Chaque chapitre est extrêmement court (quatre à six pages), illustré par des dessins naïfs. J’ai pensé, en le lisant, au manga Une sacrée mamie, qui évoque aussi des conditions de vie difficile dans le Japon de l’après-guerre.

Le gris et le rose sont des couleurs emblématiques pour le père du narrateur, peintre en bâtiment de son métier. Un métier méprisé : les autres enfants n’auraient pas aimé avoir un père artisan, et Takeshi lui-même aurait aimé avoir un père salarié, policier, bref un père bien plus normal, un père qui aurait pu jouer avec lui au base-ball, comme le père des autres garçons de son âge, plutôt que de repeindre la porte de leur maison en gris, ou en rose, selon les pots de peinture qu’ils avaient en stock chez eux – et essayant de convaincre les clients que cette couleur était vraiment faite pour eux. Mais oui, le rose est à la mode, mais oui, le gris est ce qu’il vous faut.

Cela pourrait prêter à sourire n’était le caractère sordide de la situation. Ce père est alcoolique, violent, la mère s’acharne à faire étudier ses enfants, quand elle n’est pas battue comme plâtre par son mari. La famille est pauvre, les vêtements sont dans le même état que le paletot du jeune poète de Ma Bohème d’Arthur Rimbaud – en plus crasseux. Pourtant, il est encore des familles plus pauvres que les Kitano, il est beaucoup d’enfants orphelin à cause de la guerre. Toujours Takeshi Kitano raconte ce qu’il voit avec son regard d’enfant, sans compassion pour les autres, et certainement pas pour lui-même, sans dureté non plus : il assume tout ce qu’il a fait ou pensé étant enfant.

La vie en gris et rose est un récit émouvant pour tous ceux qui veulent connaître un peu mieux le Japon d’après-guerre, et un peu plus Takeshi Kitano.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Boy

Avant de devenir un cinéaste reconnu mondialement (Lion d’or à la Mostra de Venise pour son film Hana-Bi en 1997), Takeshi Kitano a beaucoup écrit, notamment des nouvelles. Les trois histoires contenues dans le recueil Boy ont été publiés au Japon en 1987. Elles ont toutes pour héros des adolescents lambda aux parcours parfois chaotiques. Dans la première, deux frères devenus adultes se souviennent d’une fête des sports de leur école où l’un d’eux, réputé pour sa nullité en éducation physique, avait failli contre toute attente remporter une épreuve d’athlétisme. Dans la seconde, ce sont encore deux frères qui, suite à la mort de leur père et à un déménagement à Osaka, se font maltraiter par leurs nouveaux camarades de classe. Seule échappatoire à ce douloureux quotidien, une passion commune pour l’astronomie qui les poussera, un soir glacial, à quitter leur foyer pour aller observer Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel après le soleil. La dernière nouvelle est un récit d’initiation assez classique où un collégien fugueur rencontre une jeune fille délurée qui lui procurera ses premiers émois.



Difficile d’être un garçon dans les récits de Kitano ! Entre violence, tendresse et sensibilité, le propos est empreint d’une nostalgie douce-amère. Le format de la nouvelle correspond parfaitement au style de l’auteur, tout en subtilité. C’est ce que j’aime dans ce genre si particulier : on brosse un portrait comme on peint une aquarelle et on laisse les héros en suspend, figures éphémères qui ne font que traverser l’écran...



Un beau recueil où l'innocence de l'enfance est souvent malmenée par la dure réalité.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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La vie en gris et rose

Takeshi Kitano, c’est le grand réalisateur, l’acteur de cinéma, l’artiste-peintre, l’humoriste. Mais c’est aussi un écrivain. Et quand il nous raconte ses souvenirs d’enfance dans le Japon d’après-guerre, il le fait avec sincérité en peignant son portrait de famille avec toutes les couleurs de la vie…



A cœur ouvert, Takeshi Kitano livre ce qu’il a gardé en mémoire de ses années en culottes courtes : la pauvreté du fils d’artisan méprisé par beaucoup de ses camarades, l’alcoolisme d’un père qui frappe faute de trouver les mots pour s’exprimer, l’espoir d’une mère qui veut le faire étudier quand lui aurait voulu éternellement jouer. Les joies de la cour de récréation, des après-midi avec les copains, les peines, les jalousies, l’imagination débordante des enfants qui avec une toupie, deux branches et trois brins d’herbe savaient s’occuper toute une journée.



Comme le titre l’explique, sa vie n’est vraiment pas toute rose, mais elle n’est pas non plus toute grise. C’est peut-être le propre de ses années innocentes d’oublier rapidement les malheurs pour passer à autre chose, même si ces souvenirs resurgissent avec beaucoup de violence bien plus tard. Gris et rose, c’est tout de même une palette des tonalités de la vie intrigante…Sachez qu’il s’agit des couleurs avec lesquelles son paternel peignait les maisons de ses clients, au gré de la disponibilité. Mais je n’en dévoile pas plus, l’histoire vaut le coup d’être lue !



Beaucoup de douceur, d’émotions se dégagent des mots employés par Takeshi Kitano. A aucun moment, il ne juge la vie qui a été la sienne, le contexte dans lequel il a grandi. Sans amertume, il en parle avec simplicité et s’adresse directement au lecteur, si bien qu’il crée une intimité touchante avec nous. L’enfance détermine beaucoup notre sensibilité d’adulte selon l’auteur. La sienne explique au moins autant son talent que sa créativité, l’attachement au détail et la présence à l’autre qui se dégagent de lui.



La vie en gris et rose est un petit livre qui nous ouvre une porte sur la connaissance de l’auteur. J’aime beaucoup ses films, il m’a souvent fait rire, notamment dans Kikujiro no Natsu et c’est un plaisir d’en apprendre plus sur lui. C’est une promenade bien agréable en sa compagnie, où la présence de dessins enfantins vient prolonger la résonance de l’histoire racontée, tout en en disant long sur les enfances japonaises de l’époque.
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Asakusa kid

« Asakusa Kid » est le récit autobiographique d’un p’tit con venu faire le comique dans les cabarets chauds d’Asakusa, entre deux strip-teases (je vous rassure de suite, Takeshi Kitano n’est pas dans le rôle de la strip-teaseuse mais assure plutôt la fonction du jeune con qui se croyait drôle). C’est de cette expérience que feront les débuts du Beat Takeshi, son nom de scène. Cela n’a rien de commun avec les autobiographies de grands acteurs, réalisateurs, chanteurs ou hommes politiques sans véritablement d’intérêt passionnant. Beat Takeshi montre ici ses débuts, souvent ratés, et nous immisce au cœur d’un quartier chaud de l’époque peuplé de gens bizarres, de clochards, de bêtes de foires et autres strip-teaseuses et bien évidemment de yakusas. De sa renommée et de son succès, il n’en est pas question, et Beat Takeshi s’éclipse dans son roman juste avant de devenir le Takeshi Kitano, réalisateur, que l’on connait mieux et que j’admire beaucoup.



Asakusa n’est plus ce qu’il était, les échoppes, troquets et cabarets sont en passe de devenir une espèce en voie de disparition. Beat Takeshi n’est plus ce qu’il était également. Au lieu de se désagréger dans cet environnement de misère, un coup du destin l’a poussé sur la voie de la réalisation, et… n’est plus le p’tit con comique de ses débuts. Comique, Takeshi Kitano l’est toujours, mais maintenant sa « drôlerie » a une renommée internationale.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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La vie en gris et rose

Kitano nous raconte une part de son enfance sans pudeur. Une famille pauvre : un père peintre, alcoolique , rustre, violent et peu instruit. Une mère colérique se battait en vain pour que son fils travaille en classe, et n’hésitait pas le motiver à coup de beigne. Les humiliations et les joies à l’école, ou avec sa bande copain. Il y a des histoires touchantes : par exemple celle qui raconte son désir son désir d’avoir un train électrique, et qui va se terminer par une beigne de son père…



Je connaissais surtout Kitano en acteur et en réalisateur. Mais c’est ici une nouvelle facette que je découvre. Un récit autobiographique plein de sensibilité et de réalisme : "Je voudrais préserver indéfiniment ma sensibilité d’enfant. Aussi mature, aussi riche que je devienne, je veux rester intègre, fidèle à moi-même, à ma vérité". On pourrait facilement faire un parallèle à un "petit Nicolas" japonais, dans sa version petit Nicolas des cités … Un récit découpé en petits chapitres, des anecdotes marquantes qui retrace sa jeunesse tout en HUMOUR, très rapide à lire.
Lien : http://nounours36.wordpress...
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La vie en gris et rose

Takeshi KITANO est un réalisateur qui nous livre ici une courte biographie de 127 pages tout à fait succulente. Un petit bonheur.



Il nous raconte son enfance dans le Japon de l'après-guerre auprès de son papa, peintre en bâtiment.

La famille est plutôt pauvre et chaque chapitre est un souvenir d'enfance raconté avec un ton d'enfant et un point de vue d'enfant. Les anecdotes m'ont souvent fait sourire et elles étaient souvent ponctuées de la phrase suivante dès lors que ses plans d'enfants capotaient : "La misère, je te dis".

Takeshi KITANO aborde les thèmes de l'argent de poche, de Noël, de l'école, des cerf-volants, le tout avec un trait d'humour et de joie malgré le manque d'opulence.



Je vous le recommande vivement.



Maintenant, il ne me reste plus qu'à découvrir sa filmographie.
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La vie en gris et rose

J'ai découvert Takeshi Kitano avec des films comme "Zatoichi", "Sonatine" ou encore "Battle Royal". Ces films sont de superbes expériences cinématographiques que je ne peux que conseiller, par un acteur et réalisateur japonais de légende ! J'ai un attrait particulier pour les films japonais dont certains, comme "Hanezu", transportent dans une expérience contemplative. J'aime le Japon, sa culture et sa capacité à allier la tradition à la modernité. J'ai été ravie de découvrir ce livre, une autobiographie centrée sur l'enfance de Takeshi Kitano.



Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Japon lui aussi se reconstruit. Au-delà de la vision "propre sur soi" de ce pays, nous découvrons une famille totalement dysfonctionnelle : un père alcoolique et violent préférant dépenser l'argent de son travail dans les bars, une mère autoritaire qui n'hésite pas non plus à lever la main sur son fils. Loin des codes de bonnes conduites, l'auteur nous présente sa famille sans voile ni artifice, égrenant ses souvenirs aussi douloureux soient-ils. Ils vivent dans la pauvreté, ce qui ne permet pas au jeune Takeshi de partager certains jeux trop onéreux avec ses camarades d'école. Une enfance bien malheureuse. Cette histoire est aussi l'imagination débordante des enfants qui pouvaient s'occuper avec trois fois rien, les espoirs d'une mère forçant ses enfants à étudier pour se sortir de ce quotidien miséreux.



Le plus frappant dans ce texte court, c'est le style : j'ai lu ce livre avec la voix de l'acteur en tête comme s'il me racontait son histoire. C'est une force, car le lecteur est partie prenante de ce que lui confie l'auteur. Il n'y pas d'effet d'exagération : c'est une simple description de ce qu'il a vécu dans son enfance dans une famille pauvre dans un Japon post Seconde Guerre mondiale. Il n'y a pas de jugement de ce passé, il n'accable pas ses parents et sans les excuser, donne des éléments de compréhension : l'illettrisme, le changement de travail de son père... Ce ton peut même sembler perturbant, car il y a aussi un peu de malice de la part de l'auteur, mettant à distance ces sombres années.



Durant cette époque, qui longe son enfance et sa préadolescence, Takeshi Kitano évoque les nombreux jeux auxquels il jouait avec ses copains : des jeux simples, la toupie qui m'a beaucoup marqué, le lecteur comprendra. Il met en parallèle cette façon simple de s'occuper et tout ce qui est mit à disposition aujourd'hui dans une société où on peut tout trouver tout de suite... Que l'on délaisse aussitôt débuté pour passer à autre chose.

Il y a beaucoup de tendresse dans ce livre. jusque dans la description du travail de peintre en bâtiment de son père qui testait des mélanges de couleur sur la porte de leur maison. Sans chercher à se faire plaindre, il évoque surtout son âme d'enfant. "Je voudrais préserver indéfiniment ma sensibilité d'enfant." Sans compter toutes ces privations : ce que certains copains avaient que lui ne pouvait qu'espérer... Mais il retient surtout cette belle amitié qu'il partageait avec eux qui, comme lui, n'avait rien.



En bref :



Un récit autobiographique qui nous plonge aux côtés d'une famille japonaise pauvre au sortir de la Seconde Guerre mondiale. De la tendresse, une enfance marquée par les coups et les privations, dont l'auteur apporte un beau témoignage.
Lien : http://lecturedaydora.blogsp..
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La vie en gris et rose

Les années 90 ont été la dernière grande décennie pour le cinéma indépendant et de genre : Tarantino, Jarmusch, Fincher... Et soudain on découvrit sur les écrans Violent Cop, un film japonais d'une violence sèche et d'un humour pince sans rire qui enchanta les spectateurs. Takeshi Kitano (le réalisateur) a ainsi enchaîné une petite dizaine de chefs d'œuvre (Sonatine, Hana-Bi) alors que son pays le considère et le connaît avant tout comme un animateur déjanté de jeux télévisés. Outre un talent certain pour la peinture, c'est un véritable délice de découvrir avec ce livre l'enfance de Kitano qui n'était pas rose, loin s'en faut...

L'écriture de cet artiste rappelle énormément le style de ses films, il se dégage de ces petites pastilles nostalgiques une crudité poétique qui n'existe nulle part ailleurs.

De plus l'ouvrage est parsemé de dessins de l'auteur illustrant les péripéties quotidiennes d'un jeune enfant japonais qui a grandi dans la misère.

Je ne sais si ce livre pourrait plaire à un non amateur de Kitano, mais pour celles et ceux qui l'apprécient, ce serait dommage de passer à côté !
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Asakusa kid

Il ne sera jamais question de cinéma dans ce livre de souvenirs. On est bien avant que Takeshi Kitano devienne réalisateur. Il évoque les années 70 dans le quartier des théâtres à Asakusa, moment où il décide de devenir comique de scène. Beaucoup d'anecdotes et de portraits. Intéressant sans être passionnant pour autant.
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La vie en gris et rose

J'ai bien apprécié ce court roman qui est articulé en plusieurs instants, moments de l'enfance de Kitano Takeshi !



Il nous décrit son enfance assez misérable, la violence et la colère de son père mais aussi la difficulté qu'il avait à exprimer ses sentiments, la sévérité et le dévouement de sa mère. Il nous parle de ses potes, de son quartier, de la précarité et de ses jeux.



J'ai adoré le ton qu'emploie l'auteur. Il tutoie son lecteur, l'interpelle, lui parle comme à un pote. Le lecteur est proche de l'auteur, et le récit en devient plus intime. Il peut aussi avec ce ton assez léger et ironique décrire des scènes dures sans que cela en devienne pesant.



J'ai beaucoup apprécié les descriptions des jouets. La patience qu'avaient ces enfants pour obtenir un jouet, LE jouet. L'argent qu'ils mettaient de côté, les sacrifices qu'ils faisaient. J'ai aimé revoir des scènes de jeux de cartes, de cerfs-volants, de toupies, de petits trains et de rails. Bref, les vieux jouets de mes parents qui ont une valeur aussi bien nostalgique que sentimentale.



C'est un court roman très touchant et remplie de nostalgie.
Lien : https://www.labullederealita..
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Boy

Boy parce que le garçon est le centre de ces trois nouvelles. Trois histoires basées sur les souvenirs d’enfance, que ce soit autour d’une course d’école, de l’astronomie ou d’une rencontre avec une jeune fille au cœur de Kyoto, on découvre la culture japonaise de façon tendre et savoureuse. La vérité n’est pas édulcorée et avec une pointe de dérision, Kitano montre comment se forge la maturité dans l’enfance. Une lecture très plaisante que j’ai plus apprécié que La vie en gris et en rose, autre livre de l’auteur.
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Naissance d'un gourou

"Quand je vous regarde, vous me paraissez très heureux. J'envie votre calme..." : c'est par ces mots qu Kazuo, jeune homme se retrouvant sans petite amie et sans travail, exprime son désir de rejoindre une secte après avoir assisté à une séance de guérison "bidon". Il est à un tournant de sa vie, se pose des questions métaphysiques et saute sur cette occasion, qui à ses yeux, va lui permettre de "réfléchir à toutes sortes de questions, et partager des idées. Sur ce qu'est dieu, par exemple, ou sur le sens de l'existence de l'homme".

Normal ! Une envie, un besoin largement partagé par tout individu qui après quelque épreuve essaie de "faire le point"!

La pensée qu'il va se mettre dans la gueule du loup ne m'a même pas effleuré l'esprit : l'écriture est simple, déjà pleine de tendresse pour les personnages de ce roman. On le pressent : ce n'est pas une secte perverse, juste une petite affaire, sorte de PME du prosélytisme !

Avec Kazuo, jeune homme ouvert à toute opportunité, d'une moralité sans trop de barrière, Takeshi Kitano décrit l'envers d'une secte avec un humour pince-sans-rire, à la limite du cynisme.

Kazuo c'est un pinocchio sans naïveté qui rencontre un Renard, et un des plus madré, duquel il accepte d'apprendre. Apprendre le pouvoir des mots et des gestes, accepter d'être manipulé pour manipuler. Il constate les malversations mais s'en arrange en toute simplicité. Il constate aussi, que dans cette secte d'autres s'y investissent avec un projet d'aider leurs concitoyens, avec une moralité probante, et surtout, qu'il existe un réel besoin de ses concitoyens pour ce type de "service".



Ecriture facile à lire, légère et drôle, qui se révèle lucide, et compatissante malgré le côté sombre de la pensée de l'auteur.

Tous les humains ont besoin de "conseils", espèrent des éclaircissements sur le pourquoi de leurs vie et tentent de trouver auprès de professionnels (religion, coaching, psys de tout acabit ?) des réponses qu'ils ne savent pas trouver et/ou affronter.

Mais aussi, en faisant le choix de gérer une secte, derrière l'attrait mercantile, il peut y avoir, aussi, une vrai question métaphysique



Les premières pages s'ouvrent sur ce conte où un vieil homme recueille un aiglon et l'élève pour qu'il prenne son envol, tandis qu'un enfant recueille et soigne un pigeon ramier. L'un et l'autre choisiront le même lieu pour relâcher leurs protégés. Et l'aigle fera sa proie du ramier. En prémices, l'auteur nous raconte-t-il le futur de Kazuo, gourou en devenir ?
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Kitano par Kitano

Voici un homme qui aime les paradoxes. A la base c'est un comique assez hystérique , qui officiait à la télévision , puis un peu au cinéma . Un accident de moto qui lui laissa des séquelles conséquentes l'entraina vers un nouveau visage , beaucoup plus rude , avec des oeuvres bien plus violentes . En paralléle il est important de noter que Kitano est également peintre , et écrivain . Ce qui ressort dans ces plus beaux films comme le somptueux Achille et la tortue . Ce livre , cette autobiographie pemet de mieux cerner l'un des plus importants cinéastes japonais des 50 derniéres années . En cela cet ouvrage est indispensable à tout cinéphile qui se respecte .
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Boy



Trois fictions rapides à lire sont présentes dans cet ouvrage de Kitano.



Elles ont pour thème commun l’adolescence, de la difficulté de grandir, de se trouver malmené par les gros bras de la classe ou les bandes.



On retrouve de la sensibilité, de la tendresse et une révolte chez ces jeunes qui ont du mal à trouver leur place.

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La vie en gris et rose

Takeshi Kitano est connu comme étant un grand réalisateur de films. Mais il écrit aussi. Asakusa Kid détaille ses premiers boulots alors que La vie en gris et en rose raconte son enfance. A travers quelques anecdotes, il raconte celle-ci dans le Japon d’après-guerre. mais surtout son père, peintre en bâtiment, qui a marqué ces années-là. Ce père parfois violent, souvent saoul mais que dans lequel Takeshi devine une grande sensibilité.

Les anecdotes nous font découvrir des aspects intéressants de sa vie et du Japon d’après-guerre, surtout pour les pauvres mais je n’ai pas aimé le ton adopté par Takeshi Kitano pour interpeller le lecteur (« Tu vois », « tu comprends »). Une narration floue par moments m’a aussi empêchée de lire ce petit livre d’une traite. C’est dommage parce que j’ai appris plein de choses sur ce grand réalisateur et que j’aurais préféré que ça soit de façon agréable !

(A noter que l'auteur a illustré lui-même son ouvrage.)

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