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Critiques de Theodor W. Adorno (29)
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La fonction de la couleur dans la musique

Alors que me débattais avec cette lecture plutôt ardue, je suis tombée sur le dicton » Un livre à moitié lu est une aventure inachevée »

Je partage ce sentiment en demi-teinte car pendant très longtemps je me suis contrainte à venir à bout d'une lecture par principe, par obstination, comme une sorte de défi lancé à moi-même.



J'y allais réellement à reculons, « souffrant » d'un manque d'intérêt et d'alchimie mais m'échinant à accomplir une obligation que je m'imposais.

Je dois avouer qu'avec l'âge j'ai appris à considérer autrement la lecture.



Aujourd'hui elle représente pour moi surtout et avant tout une occasion d'évasion.

Compte tenu de nos « vies pressées » et de tous les impératifs qui nous laissent de moins en moins de temps de nous adonner aux plaisirs de la lecture, je ne m'acharne plus à devoir achever un livre qui me laisse hermétique et qui ne me transporte pas ailleurs.

Au bout d'une cinquantaine de pages mon bon sens m'informe que toute adaptation requise par rapport au style d'écriture et à la thématique aurait dû être récompensée.



La fonction de la couleur dans la musique m'a été offert lors d'une Masse critique par les éditions Contrechamps, que je remercie.

Etant plutôt intéressée par la musique, je pensais découvrir une oeuvre accessible sur la belle connivence entre la musique et ses cousins les arts plastiques.

Cet ouvrage, d'une grande complexité, n'est sans doute pas adapté à mon niveau de connaissances et de curiosité sur la musique classique.



Un néophyte y trouverait de quoi nourrir son bagage musical, mais après m'être escrimée avec un format syntaxique compliqué et indigeste, j'ai abandonné la bataille, sans culpabilité, en recourant au droit fondamental des lecteurs.rices de ne pas finir un livre, décret établi par Daniel Pennac en personne!!



Je vais alors m'accrocher à un autre dicton : « Ne pas finir un livre, c'est en commencer plus vite un autre » :)



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Mahler : une physionomie musicale

J'ai acheté ce livre assez jeune, aux alentours de la vingtaine, alors que je venais de découvrir la musique et la vie de Gustav Mahler, d'en tomber littéralement amoureuse. J'avais entrepris de lire tout ce qui avait été écrit à son sujet. J'investissai donc dans cet ouvrage d'Adorno, dont j'ignorais quasiment tout, puisque tous les articles que j'avais consultés donnaient cet essai comme incontournable.

Je commençai ma lecture avec avidité... et dès la seconde ligne, je me rendis compte que je n'avais rien compris de ce que je venais de lire. Je repris au début, et constatai, avec découragement que, même avec un dictionnaire, cela me restait hermétique. En effet, que ce soit le vocabulaire, les références, les idées développées, je n'avais pas les capacités intellectuelles nécessaires à l'accès à ce que le philosophe avait écrit. Frustrée, je refermai le livre, le rangeai dans ma bibliothèque, me résignant à mon incapacité.

Les années ont passé, la vie, les lectures, l'expérience et les rencontres ont fait leur oeuvre. Ma passion Mahlérienne ne s'est jamais tarie, étayée notamment par un voyage à la source Viennoise. Un jour, je retombai sur le livre d'Adorno, peut-être dix années après ma première tentative : je l'ouvris, commençai à le parcourir avec réticence, et... étrangement, voilà que je comprenais ce que lisais. Oh, bien sûr, ce ne fut pas facile, je dus lire et relire quelques passages , mais je suis arrivée au bout de l'essai, sans trop d'effort.

Ainsi, c'est aussi cela, la vertu de la lecture : nous faire réaliser combien nous avons progressé, mûri, gagné en intelligence, sans être forcément passé par les bancs de l'université, mais presque insidieusement, avec seule arme la curiosité, l'envie d'apprendre et de se frotter à l'inconnu, malgré ceux et celles qui seront toujours présents pour vous signifier que "ceci n'est pas pour vous", mais réservé à une élite consensuelle et cooptée.

Grâce à Adorno, j'ai beaucoup appris sur Gustav Mahler, mais encore davantage sur moi-même. Grâces lui soient rendues.
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Kulturindustrie

Kultureindustrie ("Industrie Culturelle") a paru originellement dans La Dialectique de la Raison.

Ce chapitre, le plus important, est repris ici par les éditions Allia dans cette petite collection que tous ceux qui traînent un peu dans de bonnes librairies sont habitués à voir dans des présentoirs bien pensés et qui font toujours envie. J'avais envie de lire du Adorno, et voila-t'y-pas que je vois celui-ci (et celui de Zweig, l'Uniformisation.... critiqué un peu plus tôt) dans un de ces fameux présentoirs en carton. Bingo !

Ce n'est donc pas, normalement, un texte publié tel quel.

Mais il fait sens seul, sans problème, même s'il est bon de garder à l'esprit son origine ainsi que l'époque à laquelle il a été écrit. 1947, c'est peu de temps après la chute du régime nazi, et loin avant que la télévision ne rentre dans tous les foyers. Il est donc normal que l'un soit très présent dans les références, et la dernière, presque absente, même si les auteurs ont bien pressentis ce qui allait advenir.

Ce livre dénonce un état de fait, un processus très avancé dès la fin de la guerre, la culture de masse et ses dérives, l'abêtissement, la pruderie, l'art comme marchandise disponible pour tous et donc sans respectabilité.

Les constats sont là, mais pas les solutions, et le vocabulaire de l'époque est un peu suranné aujourd'hui, ce qui gâche/gêne un peu la lecture...



Mais c'est un grand classique de la critique du monde de la culture, alors... il vaut le coup d'être lu, à titre de repère, même si depuis de meilleurs et plus actuelles analyses ont sans doute été écrites...
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La fonction de la couleur dans la musique

Les éditions Contrechamps, spécialisées dans l'édition de ce qui à trait à la musique et aux musiciens, nous offre à travers ce volume qui contient trois leçons, des lettres et des écrits de Theodor W. Adorno, nous offre une plongée dans l'univers du timbre dans l'histoire de la musique (essentiellement allemande ou autrichienne), mais aussi dans les rapports entre la musique et les arts, notamment la peinture. Pour un profane, il y a sans doute de la perte au niveau de la finesse de l'analyse mais c'est tout à fait lisible, compréhensible et intéressant. Pour les spécialistes de la musique ce livre est un document certainement précieux.
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Kierkegaard : Construction de l'esthétique

Dans cette thèse de doctorat qui fera connaître son auteur, Adorno aborde Kierkegaard en fonction de la « loi de la forme philosophique » qui « exige l’interprétation du réel dans la connexion concordante des concepts » (p,11). Cela ne revient pas seulement à éviter de partir de la lettre kierkegaardienne, mais correspond à lire Kierkegaard à l’inverse de la manière dont il se donne. Alors que pour Kierkegaard la subjectivité est la vérité, pour Adorno elle est plutôt volonté d’objectivité qui doit être mise en doute et critiquée.

L’existence n’est donc jamais prise en compte par Adorno, au profit du système (ou langage) de l’existence qu’il reconstruit à partir des écrits kierkegaardiens entièrement dans la réflexion, dans l’immanence de la pensée, de manière à pouvoir « le tenir dans le terrier de l’intériorité indéfiniment réfléchie »(p.25).

C’est ainsi que, pour prendre un exemple précis, sur le plan esthétique, alors qu’une lecture de Kierkegaard comme philosophe de l’exception montrera les idées esthétiques comme des passions subjectives pouvant être conditionnées différemment dans l’immédiat selon les époques, Adorno comprendra les appréciations subjectives kierkegaardiennes sur l’art comme des dogmes esthétiques, des « universalia post rem, obtenus par élimination des éléments historiques spécifiques » (p.40).

Pour prendre un autre exemple, alors que, pour Kierkegaard, l’existence vivante de l’exception, en travail au présent vers son idéal est le seul a priori qui soit digne d’être pris en considération, Adorno parle du sujet et de l’objet exclusivement dans l’histoire et en fait « la présupposition concrète du discours kierkegaardien sur l’existence humaine » (p.50). Il n’y a ainsi aucune transcendance possible pour Adorno, de sorte que la dialectique kierkegaardienne est un « mouvement que la subjectivité accomplit pour récupérer le « sens » à partir d’elle et en elle », dans « l’immanence de « l’intériorité » (p.54-55).

Ou encore, Adorno écrit que le « concept kierkegaardien d’existence ne coïncide pas avec la simple existence, mais avec une existence qui, dans son mouvement intérieur, s’empare d’un sens transcendant qui serait qualitativement différent de l’existence »(p.119). Par ce passage, Adorno distingue l’existence comme exception (liée à un sens transcendant) de l’existence comme subjectivité immédiate ou naturelle (la simple existence). Cette distinction est toutefois faite en parlant problématiquement d’un « concept », et Adorno d’ajouter que cette question se pose en fonction non pas « de l’existence pure et simple, mais comme question de l’existence historique »(p.119). La règle réduit ainsi l’exception à la seule vérité qui soit possible dans l’immanence de la pensée.

Bien qu’on ait montré l’insuffisance des traductions à partir desquelles Adorno a travaillé et l’importance des circonstances historiques particulières où son travail sur Kierkegaard a été conduit (voir Marcia Morgan, Adorno’s Reception of Kierkegaard: 1929-1933, Søren Kierkegaard Newsletter, Number 43, septembre 2003, p.8-12), ce n’est pas l’incohérence qui en ressort pour moi, mais plutôt une formidable lecture de l’exception par la règle. Adorno conclut d’ailleurs en avouant que son projet critique consiste à cristalliser une ontologie « à partir de la philosophie de Kierkegaard, en contradiction avec l’intention dominante de celle-ci »(p.235).

Et cette contradiction n’est pas réconciliée, de sorte qu’elle nous laisse dans l’alternative entre, ou bien l’absence de l’exception dans l’immanence de la pensée médiatisée, ou bien la possibilité de l’exception, dans la vie présente, comme immédiateté seconde.
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La dialectique de la raison

Prenant son inspiration chez Bacon, la réflexion ici rapportée, expose que la Raison, ou Aufklärung, pensée toujours en progrès, vise fondamentalement la dissipation de l’illusion des mythes. Elle y tend par le dégagement de connaissances, synthèse rassemblant le divers hétérogène du mythe. Posant des mots sur les choses, elle est nominaliste. Les connaissances organisent ainsi une nouvelle cohérence : « Son idéal,c’est le système ». Celui-ci s’impose à tous les autres : « la Raison est totalitaire ».

Comme la nature est soumise à Dieu dans le mythe, le monde est soumis à l‘homme dans la raison. La raison enferme le monde et la nature dans un système figé et enferme l’homme. La raison devient mythe et le mythe, synthèse antérieure de l’ordre du monde, relève déjà de la Raison dont il n’est qu’une étape localisée, dont les confrontation sous l’effet de la Raison mène à une autre cohérence, plus large ; un nouveau mythe.



La différence est que le mythe accepte de s’inspirer des lois de la nature, du moins d’un ordre des choses extérieur à lui car non encore intégré sous les lois de la raison, tandis que la raison, sans limite, entend soumettre la nature et toute extériorité à sa loi, expression de la volonté humaine. La source active de la Raison, c’est le Moi, qui fait le monde à son image. Autorité ultime, l’Homme, par l’usage de la Raison s’assimile à Dieu à qui toutes les choses et le monde sont soumis. Ce qui s’oppose à la raison et non pas le mythe, mais l’art, qui ne comporte aucune connaissance et se laisse contempler.



La connaissance, le pouvoir et la Raison sont trinitaires : ils soumettent le monde à qui les détient. Au nom de la Raison le pouvoir dominant explique aux autres Hommes, les dominés, que le travail, nécessairement rationnel, suit les lois rationnelles de la nature révélées par la Raison. Vérité et connaissances ne se superposent donc pas ; celle-ci est du côté du pouvoir rationnel dominant, celle-là du côté de la foi contemplative. Pour cette raison, l’apologiste est un menteur.



La raison qui produit la connaissance, source d’un nouveau mythe, scinde donc le monde humain entre dominants et dominés : elle mène inévitablement à l’organisation de la société - à la division du travail - et organise le monde humain. L’universel dès lors, valorisé par la connaissance de la Raison synthétique et dominatrice, s’assimile à la domination : « la domination s’incarne dans l’universel » et « la Raison est plus totalitaire que n’importe quel système ».



Ce faisant, le penser s’évanouit devant la prétendue évidence des faits et la Raison se soumet au mythe de ce qui existe qu’elle est devenue, elle s’aveugle elle-même et ne perçoit plus sa propre action dans sa création de l’ordre des choses. Les Hommes deviennent des choses, la Nature est instrumentalisée, l’économie mécanise le monde qu’elle fait tourner à vide pour sa propre autoconservation. Tout devient odieux et suspect à la Raison qui déniche le mythe dans les moindres recoins du langage pour soumettre la Réalité à ses lois mécanistes, supprimant jusqu’au Je, au Moi, qui la fonde pourtant. Nous avions relevé que l’apologiste est un menteur - ainsi se ment la Raison à elle-même.



Le plaisir et l’imagination sont des régressions, le principe du Moi ne reconnaît dieu qu’en lui : soit il soumet pour accroître le capital, soit il fournit les justifications pour fournir le travail. Le mythe d’Ulysse contient déjà ces vérités : attaché à son mât qui lui ôte toute action sur la réalité et le place en spectateur passif contemplant le chant des sirènes devenu forme artistique pure par l’inefficacité de leur expression, Ulysse anticipe la fonction ascétique de la bourgeoisie, protestante, renonçant au plaisir pour conserver le pouvoir et nourrissant son besoin de mythe dans des salles de concert où la plaisir du spectateur, purement contemplatif, est sans action sur le monde organisé par la Raison démythifiante. De même, les rameurs sont les dominés qui trouvent dans l’interdiction énoncé par Ulysse, leur chef, dominant possédant le savoir du danger des mythes - « propriétaire foncier qui fait travailler les autres pour lui » - de prêter l’oreille aux chants des sirènes, les ressources de leur autoconservation, c’est-à-dire le cadre rationnel nécessaire à leur fonction de dominés optimisant l’efficacité de leur travail : ramer. Les masses contemporaines, aveuglées par la connaissance totalitaire des dominants ne se comporte pas différemment et la Raison mythique de la triade travail-mythe-Raison est déjà attestée dans le mythe rationnel homérique.



Par la suite, l’ultra-rationalité de l’organisation humaine par la Raison égalise les modes d’accès à ses principes : les dominants conservent leur domination en donnant un destin et une mission à la Raison objectivante qui a soumis le monde. Son principe objectivant devient connaissance et nouvel instrument du Moi, source vive de la Raison. Les masses qui ont appris à se contenter du donné prennent honte de leurs éventuels penchants à s’en éloigner et se soumettent spontanément à la connaissance nouvellement établie justifiant leur dépendance de ce nouveau donné construit. Quand les choses seront devenues trop nombreuses pour qu’un nombre réduit d’hommes suffisent à leur gestion sera révélé aux masses le faible intérêt de se soumettre à tout mythe, le pouvoir inutile, s’évanouira en même temps que la domination de la connaissance. La Raison, principe de domination, s’accomplira en s’appliquant à elle-même, c’est-à-dire en s’autolimitant. Mais cette histoire, ce mythe sapientiel d’une humanité qui abandonnerait la domination de la Raison comme le voulaient les romantiques, et qui perdrait sa visée de dominer la nature, comme l’envisageait Bacon, sera difficile à admettre par des populations qui ont été si longtemps habituées à l’admettre comme une connaissance indépassable.





L’écriture d’Adorno et Horkheimer est saccadée et péremptoire, comme autant d’aphorismes et de jugements qui s’articulent pour former un système. Les métaphores et personnifications (la Raison pense, veut, domine, etc) sont employées à outrance. C’est sans doute la réponse au paradoxe d’un texte prétendant assimiler la connaissance à la domination qui ne voudrait pourtant pas soumettre mais exposer une vérité, celle d’une dialectique, celle de la Raison libératrice et dominatrice, d’une raison mythique et d’un mythe inspiré par la Raison. Ainsi « La dialectique de la Raison » par ses métaphores et personnifications qui nominalisent en noms propres des noms communs et exposent un système organisé totalitaire, de l’Antiquité homérique au XXème siècle, propose un mythe. On en infère que les dominés se contenteront des noms propres des auteurs pour admettre la valeur de connaissance du texte, les dominés plus curieux adopteront le mythe comme nouvelle connaissance - et les dominants ou apprenti-dominants remettront en cause le mythe nouveau voire l’instrumentaliseront sitôt acquis. Finalement, puisque la Raison se résorbe en elle-même, elle incite à relativiser la valeur de l’ouvrage entier, en tant que média de connaissance. Reste la Raison dominée par elle-même : la connaissance n’est pas indispensable à la vie : on peut bien se passer des livres.



Reste qu’il a bien fallu écrire celui-ci, reste qu’il a bien fallu le lire. Savoir que le savoir est inutile est encore un savoir - et la résorption de la Raison par elle-même ne semble pas si bien établie à celui qui en use pour le démontrer. La pensée est idéalisante et totalisatrice, quoiqu’ils en disent, puisque la Raison est nominaliste.





Les chapitres suivant le premier déclinent la critique désenchanteresse à l’Odyssée et Sade et à l’industrialisation culturelle : on se dit qu’une telle pensée monologique ne peut qu’être apologétique : menteuse.



L’antithèse de la connaissance est l’art : c’est Horkheimer et Adorno qui le disent. Ils auraient donc dû peindre une toile - ou faire une chanson.

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Quasi una fantasia

Cet ouvrage brillantissime est je pense accessible à des personnes ayant de solides connaissances musicales, en particulier de la période du début du XXème siècle, l'école viennoise, et surtout du dodécaphonisme. Par ailleurs, la lecture sera plus aisée pour un lecteur habitué à lire des ouvrages philosophiques et hautement intellectuels. Personnellement, j'ai pu m'accrocher quant aux références musicales (avec des différences notables, puisque si je suis très à l'aise avec Mahler, un peu avec Schoenberg, je le suis beaucoup moins avec Berg ou Webern...), mais je n'ai pas les capacités intellectuelles et les connaissances qui m'auraient permis de comprendre le développement de la pensée d'Adorno. Même si j'ai eu l'impression d'être parfois intelligente en lisant ces lignes, j'ai bien conscience que je n'ai pas dû comprendre grand-chose de ces idées tout de même assez austères. J'ai quand même souri (oui j'ai osé) en découvrant le regard du philosophe viennois sur le très français Carmen de Bizet.

Dans la dernière partie de l'ouvrage, le "finale", Adorno esquisse les préceptes du futur de la composition musicale qu'il entrevoit après l'entreprise de démolition de la tonalité par Mahler, assumée et prolongée par l'école viennoise, pour tenter une analyse de la musique sérielle et atonale. Là, j'avoue que j'ai carrément décroché. Mais je salue bien bas cette montagne d'intelligence... réservée à d'autres que moi.
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Minima Moralia : Réflexions sur la vie mutilée

Adorno a une pensée acérée, en digne héritier de Nietzsche son texte est fait d'aphorismes et d'une série d'essais à forme courte. Il cherche à contredire une pensée dominante qui détermine l'existence individuel en esclave d'elle-même. Que faire face à une vie de plus en plus "privatisée", objet de consommation ? Une civilisation peut-elle se reconstruire après les camps de concentration ? A la manière de Nietzsche, Adorno analyse avec beaucoup d'acuité les symptômes qui décomposent le corps social où l'individu est de plus en plus dilué, se délestant peu à peu de sa propre liberté. Et si Adorno n'offre que peu de solutions, son texte n'en reste pas moins stimulant, à une époque où l'on déplore l'absence ou l'excès de moral, il nous invite peut-être à cultiver à se construire une éthique de l'extranéité.
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Le nouvel extrémisme de droite

Un essai qui remet nos pendules à l'heure !

L'heure est grave mais faisons en sorte qu'elle ne soit pas désespérée ! Texte d'une conférence que Theodor W. Adorno a donné à l'Universrité de Vienne en 1967 qui vous éclairera .



Astrid Shriqui Garain

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La dialectique de la raison

Claire et irrévocable, voilà la pensée de l'école de Francfort exprimée dans sa quintessence et tout en clairvoyance.
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Kulturindustrie

Pas de longue critique pour ce livre que je n'ai pas terminé. Les pages lues n'offrent qu'un verbiage creux et non argumenté, une succession de d'affirmations qui s'appuient sur des idées aussi stéréotypées que l'industrie de la culture à laquelle elles veulent s'attaquer. Très déçu par ce petit opus dont j'espérais qu'il m'offrirait une réflexion un peu transversale et argumentée d'une certaine partie de la production culturelle actuelle, pas une caricature d'opposition intellectuelle qui assène que tout produit culturel est sorti des ateliers de Tricatel.
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Jargon de l'authenticité

J'ai échoué à lire ce pamphlet de 200 pages écrit tout d'une traite sans chapitres et, hormis quelques alinéas, sans paragraphes...
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Correspondance : 1925-1935

En 1924, Adorno assiste à Franfcort à la création des Frangments pour Wozzeck. Il est bouleversé par cette musique, au point de se rendre à Vienne pour prendre des cours de composition auprès d'Alban Berg. Bien que les leçons ne durent que quelques mois, les deux hommes entretiennent une correspondance tout à fait extraordinaire, de 1925 à la mort de Berg, en 1935. Une correspondance constamment placée dans un rapport de l'élève au maître - 'Lieber Herr und Meister', qui montre pourtant un déséquilibre entre la théorisation poussée à l'extrême d'Adorno et les réponses courtes de Berg. On y sent aussi la constante tension d'Adorno, appelé d'un côté par la nécessité de composer, et le besoin de mettre dans les mots ses idées théoriques. A cette période encore, il hésite. Un éclairage important d'un temps de bouillonnement de la musique et de la pensée, au coeur de l'Europe.
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Etudes sur la personnalité autoritaire

Le caractère très technique de ce livre de sociologie, et la narration du processus de recherche, des enquêtes menées, de la méthode empirique implique une lecture fastidieuse et lente.

Un des grands intérêt de ce livre est l'énumération des caractéristiques que peuvent avoir les individus qui, dans une population donnée, sont plus sensibles à des discours ou à de la propagande de type autoritaire. Le récit de la manière dont est menée l'enquête permet simplement d'être sûr de la pertinence de ces caractéristiques de la sensibilité autoritaire.
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Jargon de l'authenticité

Que dire ? De quoi parler ? De l'aigreur continuelle, qui va en s'empirant, que contient ce livre ? Je craignais le sociologisme le plus inadéquat, en ce qu'expliquer la genèse sociale d'une pensée n'est rien dire sur sa vérité (n'en déplaise à ceux qui voient dans des propos de philosophie pure des tentatives de justifications sociales qui, si elles existent sans doute en arrière-fond, n'est encore rien dire sur la validité du propos, autant en matière philosophique qu'en matière sociale - en acceptant encore l'hypothèse, bien douteuse, d'une détermination formelle et non d'un usage seulement possible pour la forme, la langue elle-même une fois socialement formée ayant de toute manière un corpus véritatif). Ce n'est finalement pas le pire de ce pamphlet, qui reste raisonnable sur ce plan en allant "seulement" chercher à montrer des accointances linguistiques, bien que la nuance lui semble visiblement mortelle. On ne reprochera pas à l'auteur une mauvaise compréhension de Heidegger et de Jaspers, car il ne dit pas trop de choses fausses dans ses comptes-rendus. Le problème tient à ce que l'on en fait. On lui reprochera plutôt l'aspect absolument pathétique du ton employé et la rapidité extrême de ses présentations : ce que fait l'auteur, c'est une espèce de soupe qui s'attaque à une philosophie uniquement parce qu'elle semble disconvenir à une théorie qui renverse l'ordre démonstratif ou descriptif, en pointant uniquement les applications les plus évidentes pour un contemporain sans montrer en quoi ces applications auraient une exclusivité et en quoi l'accointance est une espèce de détermination interne - ce n'est peut-etre pas du sociologisme pur et simple, les remarques sont globalement philosophiques, mais c'est un argumentaire dépourvu d'ordre (ne lui en déplaise, la philosophie est systémique, et sa propre exposition est déjà un système en ce qu'elle expose des accointances nécessairement structurelles). Rien n'est dit sur le fond, on n'a que des pétitions de principe. On le sait : ce texte devait faire partie de la Dialectique négative à l'origine. Il faudrait certes en tenir compte. Mais même en tenant compte, le sérieux n'est pas là. Enfin, quant à la forme, je vais éviter de juger l'absence totale de chapitre et les répétitions sur plus de 200 pages. C'est probablement volontaire, et cela constitue un exercice que j'ai essayé d'accepter.
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La fonction de la couleur dans la musique

Entre lettres, écrits et leçons, La Fonction de la couleur dans la musique, timbre, musique et peinture, Wagner, Strauss et autres essais est un texte, ou plutôt un regroupement de textes, plutôt difficile à appréhender au vu de la complexité du contenu, tant sur le plan syntaxique que sur celui musical. Il faut effectivement connaître certaines notions pour en comprendre le sens et le fonds. Adorno nous fait part ici de quelques relations entre musique et peinture affirmant que la dimension commune aux deux arts est qu’ils sont l’un et l’autre langage. Il est donc question, entre autres choses et à titre d’exemples, des liens et des comparaisons entre Stravinsky et Picasso ou encore Schoenberg et Kokoschka, ce dernier étant un expressionniste autrichien. Le livre fait la part belle, aussi, à Strauss et Wagner chez lesquels la couleur sonore est une dimension importante, que ce soit dans leurs opéras ou même leurs poèmes symphoniques. Là où Debussy, sous le pseudonyme de Monsieur Croche, fait part d’analyses plus ou moins sympathiques mais compréhensibles du grand public, il faut ici être néophyte pour comprendre certaines choses, c’est en effet assez compliqué et très analytique dans l’ensemble. Cette compilation de textes d’Adorno au sein de laquelle la musique contemporaine occupe une grande place, et j’avouerai que je n’en suis pas friand (Berg, Werbern ou Schoenberg pour ne citer qu’eux) m’aura intéressé mais l’ensemble aura été difficile à digérer, même en étant intéressé et passionné de musique, bien que l’ensemble soit bien entendu intéressant.
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Musique de cinéma. Essai.

Un des tous premiers essais consacrés à la musique de film. Plutôt daté aujourd'hui et même passéiste. De plus, cette prose n'est pas facile. Il faut vraiment être fan pour s'intéresser à ce livre.
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Dialectique négative : les vacances de la dia..

Avec Adorno, la critique devient absolue.

Si la forme est bien l’héritière de la philosophie hégélienne, son fond est nietzschéen.

Toute positivité doit être mise à mal, en espérant que le processus aboutisse à une « Utopie » qui ne se présente jamais autrement que comme un concept limite indéfini et sans craindre qu’il aboutisse plutôt à l’Apocalypse, ou simplement à une situation pire que la positivité actuelle.

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Dialectique négative : les vacances de la dia..

C'est ingénieux mais un peu agaçant. Adorno reprend la dialectique hégélienne mais la renverse dans sa méthode : plutôt que d'aboutir à une philosophie de l'identité il en vient à une philosophie de la non-identité. Ce renversement sera repris par Harbemas dans sa critique de Hegel qui, selon lui, supprime la théorie de la connaissance au profit d'une théorie de l'identité. Ce n'est pas une philosophie française de la différence de type deleuzien (chez Deleuze, la répétition de la différence est non-hégélienne et a-synthétique). Non, c'est pire que cela. Et c'est pire que de reséparer l'objet du sujet et de limiter ainsi la portée de la connaissance comme un critique classique de Hegel pourrait le faire : on reprend bien là la méthode de Hegel pour obtenir ce qui ne peut n'être qu'un absolu, on fait finalement de l'absolu même - qu'on ne suppose pas simplement ne pas atteindre - un non-ontos (plutôt qu'une multiplicité qui serait de toute manière subsumable). En effet c'est ici le positif qui revient au négatif (chez Hegel c'est l'inverse) et, en tant que c'est le négatif qui prend la place de l'absolu hégélien, il n'y a pas identification du positif et du négatif (non-identité finale), il n'y a donc nécessairement que le négatif. Cela ouvrira la théorie critique. Et c'est bien en partant a priori d'un projet politique qu'Adorno fait tout cela.

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Vers un nouveau manifeste

Une conversation qui a eu lieu en 1956? Remettons nous à l’époque : Staline était mort depuis peu de temps. La révolution en Cuba n’avait pas encore eu lieu. Le mur de Berlin était loin encore d’être tombé. La guerre froide était encore à ses débuts.



Ce livre, sorti en 2020, semble être la première traduction en langue française, alors qu’il semble être sorti en 1966 en Allemagne. Les traducteurs croient que c’est encore d’actualité ?



Les deux auteurs montrent leur divergence par rapport au communisme russe et semblent vouloir un retour aux valeurs de Marx.



Si j’essaye de m’imaginer à l’époque, 64 ans en arrière, je trouve un sens à ce dialogue mais aujourd’hui…



Avec le regard que j’ai aujourd’hui, je pense à ce que disait Raymond Aron dans “L’opium des intellectuels” des ces idéologies. Un dialogue complètement déconnecté de la réalité, par rapport au prolétariat, au travail, les loisir, les classes, etc…



Ce qui m’attire l’attention, et c’est pour cela que j’ai lu ce livre, est le fait que le centre des réflexions et toujours le prolétariat, l’ouvrier, vraisemblablement avec le même profil de celui qui était exploité par le père de Engels dans ses usines textiles, plus d’un siècle auparavant. Comme si toute la société devrait être construite à partir de ce profil typique.



On ne voit, nulle part dans ce livre, parler des vrais exclus, des SDF, de ceux qui sont encore au dessous du niveau de vie des ouvriers de l’industrie.



Aussi, par le niveau très élevé du dialogue, on peut se rendre compte que ces deux philosophes de l’École de Francfort sont, très probablement très loin et déconnectés du monde prolétaire, ce qui n’était pas le cas de Marx et de Engels.



A mon avis, il peut exister un intérêt historique mais il n’y a plus de place pour le communisme, ce livre m’a convaincu encore plus. Même si la flamme est encore allumée pour certains, j’espère qu’elle finira par s’éteindre. Il y a quelques idées à reprendre mais certainement pas le tout. C’est, à mon avis, le mieux qu’on peut souhaiter pour l’humanité.
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