Citations de Thierry Bizot (40)
– Bon… Tu connais Internet ?
- Ben oui ! Tu me prends pour qui ?
-Et Facebook ?
Sadge secoue la tête négativement.
« Et Twitter ? Instagram ? » Sadge soupire, vaincu.
« C’est quoi ? »
Nicolas sourit.
« C’est des réseaux sociaux, ça sert aux gens à poster les photos de leur chien ou de leurs potes, à raconter ce qu’ils ont mangé à midi ou à donner leur opinion sur tout et n’importe quoi… Et il y a tout un tas d’imbéciles pour lire ça et faire des commentaires. »
Les choses n’ont pas changé tant que ça en seize ans, tu sais. Il y a toujours des boulangeries, des camions-poubelles, des troquets sinistres et des connards partout…
Nous sommes tous enfermés, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans un corps que nous n’avons pas choisi et qui, de surcroît, se détériore un peu plus chaque jour. Nous pouvons protester, bien sûr, mais à quoi bon ? Nos enfants grandissent et puis nous quittent, sans même se retourner. Nous pouvons nous en plaindre– nous ne nous en privons pas, du reste –et puis nous finissons par nous résigner à leur ingratitude. Nos parents meurent sans nous demander notre avis, nos collaborateurs nous déçoivent. Nos rêves rétrécissent pour faire place à des désirs plus petits… Et toutes les choses que nous aimons changent et disparaissent.
-C’est gai !
-C’est la vie.
Il sait bien qu’on ne peut jamais tout à fait comprendre la douleur des autres.
Chacun a un don inné pour la délation, un goût pour l’insulte et un dévorant besoin d’être entendu.
Tout cela ne laisse pas présager une visite agréable de ces égouts numériques.
La foi, à mes yeux, était réservée aux gens sérieux, aux pieux, aux prieurs acharnés même, aux vieux pleins de sagesse ou aux professionnels de l’Église... Maintenant je vois que je me trompais. Avoir la foi, c’est facile, c’est comme d’être amoureux ! La foi, c’est un vent de jeunesse, c’est de la joie, de la fantaisie, du plaisir ! C’est donné gratuitement et ça rend heureux...
Je dominais mon sujet et me voilà dépassé. Dépassé par cette sensation inconnue qui me révèle un sentiment profond, tapi en moi, un sentiment que je ne saurais qualifier, car il vient de se montrer pour la première fois au grand jour. Il m’intimide. J’ai l’impression de pouvoir toucher quelque chose que je ne sais pas.
Bien des fois j’ai été jusqu’à renier mon appartenance à cette religion qui a bercé mon enfance ; je m’en suis même ouvertement moqué, avec ironie. J’en ai alors secrètement voulu à l’Église de m’obliger à de tels sarcasmes, en restant une religion ringarde, incapable de séduire qui que ce soit, dans cette vision de gauche bien-pensante dans laquelle nous trempons.
C’est presque une honte aujourd’hui de s’avouer catholique. Cela semble plus difficile que de faire son coming out, ou de dire qu’on a pris des antidépresseurs, ou bien encore qu’on ne fait pas autant l’amour que la moyenne des Français.
En tout cas, dans le milieu dans lequel je vis, un catholique est ridicule, grotesque, risible, naïf, coincé. Il porte des slips kangourous et des chemises à manches courtes, sa femme a du poil aux pattes et le front luisant, il vote en secret pour l’extrême droite, il a les idées courtes et les ongles sales, il mijote dans de bons sentiments qui agacent, n’est jamais allé en boîte de nuit et trimballe une tripotée de mioches au nez coulant dans un Renault Espace délabré...
C’est l’exact opposé de l’image de producteur branché que je me dois de donner ! Allez expliquer au directeur des programmes d’une chaîne pour ados, ou à une animatrice en vogue, que vous allez à la messe, vous verrez l’effet !
‘’Soudain fond sur moi une vérité toute simple, qui me foudroie : cette petite troupe que j’ai sous les yeux, ces bras cassés, comme il me plaît de les qualifier, eh bien j’en suis un.
Je leur ressemble, mais je suis comme eux et je ne le savais pas.
Je suis un bras cassé. Un pauvre type comme les autres, qui cherche sa bouée de sauvetage. Une âme perdue. Comme chacun d’entre eux. Je ne suis ni mieux, ni moins bien. Je suis fait de la même pâte, du même sang, de la même banalité. Je suis de la race qui murmure. Je n’ai rien de supérieur. Et, si je suis ici, ce n’est pas par hasard. J’ai bien essayé de protéger mon amour-propre derrière ma certitude d’être plus intelligent, plus cultivé, plus équilibré, plus fort qu’eux…mais je suis aussi vulnérable que le vieux débris, aussi nécessiteux que la dame au chapeau, aussi simple que le portugais.[…]Et depuis le premier jour, je suis un mendiant, un mort de faim.’’
Quand on y pense, les gens qu’on aime, on les a tous apprivoisés, petit à petit : les membres de notre famille, nos amis, nos collègues… comme le renard avec le Petit Prince, tu sais.
Le jour où vous vous réveillerez sans avoir de questions , c'est que vous serez mort .
En fait, ça doit être ça, devenir adulte : s'émouvoir moins, s'endurcir petit à petit, ne plus se laisser emporter par les transports spontanés que l'on sent naître parfois au fond de soi... C'est un peu triste de renoncer à ces élans enfantins, mais d'un autre côté, embrasser la réalité sans retenue, quelle qu'en soit la laideur, a quelque chose de beau, de juste, d'irrésistible.
Il pensait être un homme solide et stable, sur qui a femme pouvait compter, et voilà que cette image, sur laquelle il s’était construit, vient de voler en éclats. Alors donc, comme tous les mâles inquiets à propos de leur virilité, il est tombé dans le panneau… Il imagine bien la poussée de testostérone qui a dû s’emparer de lui, à la cinquantaine pour qu’il éprouve le besoin irrépressible de se jeter dans les bras d’une femelle plus fraiche que la sienne.
Il a raison, le paysan, la reconnaissance des autres n'apporte qu'un soulagement passager et crée une accoutumance dangereuse, digne d'une drogue dure. C'est vrai aussi que les plaisirs s'usent vite et ne sont pas capables d'éteindre le résidu de tristesse que j'ai au fond du coeur.
Créez, commercez, soyez ce que vous voulez, commandez, prêchez, faites politique... mais faites-le pour l'amour de vos frères.
(p.185)
J'ai été un fils gentil, obéissant. Je suis content d'avoir réussi mes études, obtenu des jobs intéressants et fait quelque chose de ma vie professionnelle... mais j'ai parfois regretté d'avoir été aussi lisse, aussi sage, aussi lâche sans doute. J'ai souvent l'impression d'être né vieux.
(p.11)
Depuis que j'ai la foi, fondamentalement je suis le même homme. Pourtant, à l'intérieur de moi, tout a changé. J'ai acquis une incroyable sérénité depuis que je sais que, quoi qu'il arrive, je serai aimé par Jésus.
(Cité par Caroline Coldefy dans "Quand notre cœur s'ouvre à la spiritualité")
C'est vrai que j'ai été anodin, et même insignifiant, comme la plupart d'entre nous. Et cependant j'étais unique dans l'histoire de l'humanité toute entière : nul autre qui me serait identique en tout point n'a jamais existé avant moi et n'existera après. Mais je meurs quand même.
Je n'étais pas un capital à sauvegarder, je n'étais qu'une disposition à aimer.
Avec le temps, je me suis rendu compte qu'une simple écoute bienveillante était bien plus efficace pour soulager son prochain. Cela nécessite un vrai talent, que de savoir écouter . C'est si difficile... mais ça s'apprend, avec de l'humilité et de la pratique.
(p.128)
et si je decidais d'arreter de souffrir,?se liberer d'un seul coup, rien qu'en u pensant,d'un terrible poids qui pese sur le thorax; vouloir se sentir libre et leger rien qu'a cette pensee;..