Citations de Thierry Cazals (33)
Somnolant dans l'herbe
j'ai servi de montagne
à deux ou trois fourmis
(" Le petit cul tout blanc du lièvre ")
J'adore le titre du recueil...
assis au cœur du jardin
assis au cœur du jardin
entre tes orteils
poussent le cresson et le trèfle
tu n’espères rien
ne désespères de rien
tu es au point précis
où l’effacement
devient
apparition
Il imagina, tout d'abord, devenir dompteur
de papillons dans un cirque ambulant.
Son numéro, c'est sûr, allait faire sensation !
Chaque soir, quand il entrerait dans la cage
et ferait claquer son fouet dans les airs,
le public retiendrait son souffle
pour entendre rugir
le silence des papillons.
Conversation d'automne
les arbres s'échangent
leurs feuilles mortes
( p68)
Agathe vivait seule avec son oncle Jean.
Il partait travailler avant l'aube et revenait tard
quand la lune était déjà haute dans le ciel.
Un lundi, pourtant, il rentra à midi.
Il avait la mine défaite. Et des larmes
coincées dans son nœud de cravate.
Comme tant d'autres avant lui,
il venait de perdre son emploi.
Le lendemain, Oncle Jean resta à la maison.
Et le jour d'après. Et le jour suivant encore.
Il parlait tout seul, tournait en rond dans le salon.,
interrogeant sans fin ses mains
qui ne lui répondaient pas.
Si tout est vivant,
si tout est peuplé et habité,
se demanda Monsieur Truc,
comment se fait-il que je me sente
si seul ?
( p 24)
Naître
Mourir
Y a-t-il une troisième chose à faire ?
( p 206)
Une maison, on ne l'habite pas qu'avec les yeux, mais aussi avec les oreilles. Et les bruits, ici, il n'en manque pas. Les pizzicati de la pluie sur les tuiles. Les murs de bois qui craquent dans la tempête. Le cri-cri du grillon quand je marche dans le noir pour tenter de surprendre une étoile à la fenêtre.
Chaque maison a sa Musique bien à elle. Et la vôtre, comment sonne t-elle?
Tu exiges
que je laisse toujours
une petite place
entre toi
et moi
pour que tu puisses venir à tout moment
me surprendre
avec ton présence
(ou ton absence)
L’oiseau invisible
premiers frissons de l’aube
tu vas à la rencontre des oiseaux
le rouge-gorge
le rouge-queue
dame merlette qui picore les lombrics
les roucoulades des tourterelles
sur les toits de tuiles roses
sans oublier
l’oiseau invisible
l’oiseau sans nom
dont on n’aperçoit jamais
que la branche qui tremble
il n'y a rien à faire, si ce n'est laisser fleurir ce rien.
Les enfants
aux mains et aux pieds
arrachés par les bombes
nous attendront à l'entrée du paradis
il faudra leur rendre
chaque doigt chaque orteil
mais aussi
la mousse des sous-bois
les baisers de sable fin
la douce morsure des boules de neige
Et tout l'infini du monde
qu'ils n'ont pas pu
caresser
( p 16)
La crise, la crise, la crise :
Tout le monde n’avait que ce mot à la bouche.
Une à une les usines fermaient.
Les vitrines des magasins se fanaient.
Le cœur des gens s’endormait sous la poussière.
Même les arbres des squares n’avaient plus la force de fabriquer de nouvelles feuilles.
Le chant de l'alouette
Le vide entre les nuages
Rien de plus
Les anges
n'ont que faire
de nos longues
fières
et si savantes phrases
pour deviner qui nous sommes
il leur suffit d'écouter
notre écoute
Il suffit parfois d'un mot pour sauver un coeur de la noyade.
Le coeur palpite
Jusqu'à ce que le ciel
Soit plein d'hirondelles
.
- Ryu Yotsuya -
Fête de printemps -
Du fond de l'eau
Les herbes m'appellent
- Niji -
Toujours à la même place
L'arbre bouge ses feuilles
D'innombrables façons
c'est drôle
depuis que je te connais
même le plus triste ciel gris
le plus terne caillou
ont un petit goût
de champagne